^
Digitized by the Internet Archive
in 2011 with funding from
University of Toronto
http://www.archive.org/details/lesrevenusetlesd02prou
7
I
9
0
1
LES REVENUS ET LES DEPENSES
DE
L'HOTEL DE VILLE DE NIORT
AVANT 1789
LES REVENUS
ib^
ET
LES DÉPENSES
DE
L'HOTEL DE VILLE
DE NIORT
^V^NT 178Q
PAR
HENRI PROUST
SAINT-MAIXENT
IMPRIMERIE CH. REVERSÉ
1892.
DEUXIÈME PARTIE
LES DÉPENSES DE L'HOTEL DE VILLE
AVANT 1789
! M
Les huit premiers chapitres de ce travail ont été
insérés en 1890 dans les Mémoires annuels de la Société
de statistique, sciences, lettres et arts du département
des Deux-Sèvres. La première partie , qui traitait des
Revenus de l'hôtel de ville de Niort avant 1789,
avait paru en 1888 dans la même collection. J'ai présenté
à la Société , vers la fin de l'année dernière , les six
derniers chapitres qui complètent l'étude que j'ai faite de
l'administration de ma ville natale avant la Révolution.
Mais cette année-ci a vu disparaître notre petite académie
de province. Des semences de trouble et de discorde,
récemment introduites dans son sein par des prétentions
peu justifiées, avaient si largement fructifié qu'elle en
était depuis lors gravement atteinte dans sa vitalité.
Finalement, et malgré des avertissements multipliés à
ceux qui étaient ses tuteurs du moment, elle a succombé.
La résurrection ne paraît pas devoir être prochaine. Elle
avait près de soixante ans d'âge, et comme je serais son
c:
ffi
Je mettrai ainsi à la disposition de ceux qui s'intér
au passé de notre ville le résumé des longues rech
que j'ai faites,principalement dans ses archives. J'ai
un grand nombre de détails inédits et d'autre pa
documents originaux que je reproduis rectifient hei
de faits inexactement rapportés ou mal interprété
les diverses publications concernant l'histoire de Ni
Les six derniers chapitres qui vont suivre fori
le tome ii de la deuxième partie : Les dépens
l'hôtel de ville. La première^ qui a été entièi
publiée en 1888, se terminait par un index des ne
lieux et de personnes cités. Il en sera de mém^
celle-ci, et l'index placé à l'a fin de ce tome ii comp
les huit chapitres imprimés en 1890 dans les Mé
de la Société de statistique. Ceux-là seront ir
comme formant le tome i dans les renvois à la pagii
CHAPITRE IX.
Instruction publique.
§ 1. — Les écoles et collèges.
Les registres de l'hôtel de ville de 1453-57, les plus
anciens qui subsistent, nous apprennent qu'il y avait alors
à Niort un maître d'école autorisé par le corps de ville,
maître des écoles de grant-mayre , disent les délibé-
rations. Ce pluriel permet de croire qu'il avait sous ses
ordres un certain nombre de maîtres subalternes. Le
titulaire se nommait Anthoine Symonnet. A la date du
7 février 1455, il lui fut donné une nouvelle autorisation
d'enseigner, l'ancienne étant expirée. Elle lui fut délivrée
pour six ans, autant qu'on peut le conclure des termes
du procès-verbal d'assemblée qui est obscur et raturé.
L'année précédente, il y avait eu entre lui et l'échevinage
quelques difficultés, dont fait mention le procès-verbal
du 19 mars 1454, mais sans donner d'indications précises.
Ce maître d'école était , comme nous l'avons dit ,
autorisé par le corps de ville, mais non subventionné.
Il ne paraît pas avoir eu d'autres émoluments que la
rétribution qu'il percevait des écoliers. Les comptes de
1487-88, 1490-91, ne renferment non plus aucun article
de dépense relatif aux écoles. C'est seulement en 1535
que nous voyons la ville faire quelques sacrifices pour
C
f
r
ClllllUVjO
lesquels la question fut traitée à cette époque laissent
penser que les secours accordés alors étaient un début.
Les écoles étaient tenues par un nommé Mathurin
Colin. Il avait été dans son temps indiqué par M® Lucas,
régent du collège de Puygarreau, à Poitiers (1), et accepté
suivant la règle et l'usage par le prieur de Notre-Dame,
sur la présentation du corps de ville. Il demanda, vers
la fin de 1535, que la maison de l'artillerieXm fût donnée,
en jouissance s'entend , après qu'on y aurait fait les
réparations nécessaires pour qu'il pût s'y loger et y tenir
les enfants (2). Cette maison, qui servait ainsi d'arsenal,
était une masure couverte, non en tuiles, mais en pierres
plates (3) dont le poids avait rompu la charpente. II
pleuvait sur la dite artillerie comme si elle eût été dehors ;
aussi avait-on dû la placer provisoirement dans le château
et dans l'hôtel de ville. Même réparée, ladite maison
ne paraissait pas absolument convenable pour servir
d'arsenal, et le régent demandait à cause de cela qu'elle
fût mise à sa disposition. Si on lui accordait sa requête,
il promettait de mener chaque jour les enfants chanter
au ballouart de Saint-François un Salve Regina pour la
prospérité du roi.
Cela fut d'abord accepté ; la maison devait être réparée
et pavée en bols ; puis la décision fut renvoyée à une autre
assemblée sur le dire qviaucuns gens de bien avaient
donné à la ville par testament une maison pour tenir
les écoles, et comme on ne pouvait savoir la vérité à cet
égard, le procureur de la commune fut chargé d'obtenir
un moniloire i5t)ur admonester ceux qui pouvaient détenir
(1) Assemblée du 6 juin 1537.
(2) Assemblée du 26 novembre 1535.
(3) On voit encore près de Prahecq, par exemple, on voyait encore
à Niort, il y a quelques années, des maisons couvertes en larges pierres
plates imbriquées.
— 0 —
ce testament, aussi bien que ceux qui savaient où et par
qui le testament avait été passé.
L'affaire était donc ajournée. Dans le courant de l'année
suivante, un magisler, homme de bonne littérature et
scauoir, vint îx Niort pour demander à régenter en la
ville (1) avec celui qui y était déjà ; il s'était probable-
ment entendu avec Mathurin Colin , car il demandait
qu'on leur baillât une maison pour tenir les écoles ou
deniers pour en louer une. Le corps l'accepta, mais remit
la question d'argent â une autre assemblée, et ce ne fut
qu'après deux renvois successifs qu'il fut arrêté, dans la
séance du 30 septembre 1536 , qu'on donnerait aux
maîtres d'école dix livres par an payables par quartiers.
En 1537, au mois de juin, Matliurin Colin annonça
qu'il voulait céder les écoles â la fête de Saint-Jean
prochaine, c'est-à-dire â très bref délai. Un certain Hubert
Sylvain , maitre-ès-arts de l'Université de Paris , qui
était de passage à Niort allant à Bordeaux, fut informé
de cela et s'offrit à prendre la charge, s'il plaisait au corps
le recevoir et le présenter au ])rieur de Notre-Dame, Il
s'offrait à disputer contre Colin ou autres. Il fut accordé
que ledit Sylvain mettrait ses conclusions pour être
disputé par ung c/iascun, suivant la forme accoutumée,
et que l'on s'informerait si M® Lucas, régent de Puy-
garreau , voudrait se trouver auxdites conclusions et
consentirait encore une fois à élire l'un de ceux qui
pourraient survenir et auraient été présentés au prieur
de Notre-Dame. Il parait d'après cela que le prieur
de cette époque déléguait volontiers son droit d'examen
et ne se réservait que l'investiture. Le corps mettait
pour condition que celui qui serait accepté aurait un
compagnon pour l'exercice des écoles. Hubert Sylvain
fut donc admis à concourir et reçut même 40 sols pour
les frais qu'il faisait en s'arrétant dans la ville (2). Ce
r
n
(1) Assemblée du 12 juillet 1536.
(2) Assemblée du 6 juin 1537,
Colin abandonna ses ronctions , il ne resta plus
sous-régent pour tenir les écoles. Aussi le corps c
fut-il d'avis qu'il était nécessaire d'y pourvoir et
que l'on récrirait à quelques régents du colL
Poitiers (1).
En fait , ce fut Mathurin Colin qui présenta
agréer son successeur. Il se nommait Martial F
avait régenté en l' Université de Poitiers au col!
Saint-Jacques. Le maire, d'après l'avis de plw
le présenta à M® François Perrain , procureur d
Jehan de Nossay , prieur de Notre-Dame , qui
d'abord de l'accepter, parce qu'il trouvait cette ]
tation irrégulière ; il demandait une délibérati
corps de ville. Le maire rendit compte de l'inci
l'assemblée, qui conclut que ledit Reys serait p
dans la forme accoutumée en pareil cas (2).
Puis le corps s'occupa séance tenante de la q
du logement du maître. Le procureur syndic re)
qu'à Fontenay-le-Comte et Saint-Maixent on ava
les maîtres d'écoles dans les maisons appartena
confréries, à la condition, il est vrai, que, durant 1
et solennités desdites confréries , l'école cesserai
maison serait laissée libre. A Niort, ajoutait il, on €
entré dans cette voie en louant pour Martial ï
maison des confrères de Saint-Nicolas jusqu'à la
Michel prochaine ; ce bail très court, puisqu'il n(
que de quelques semaines, a été contracté avec
Gaillard, bâtonnier de la confrérie. Après cet ex^:
procureur , le corps délibéra et prit une décisi
plus autoritaires, ordonnant que les confrères de
Nicolas seraient contraints de louer leur maisoi
l'utilité du bien public , attendu qu'il n'y en a
(1) Assemblée du 15 juillet 1537.
(2) Assemblée du 11 août 1537.
- 11 -
cette ville de plus commode pour tenir les écoles. Les
dix livres de l'entrée de François Dabillon , reçu pair
tout récemment , étaient attribuées au régent , • savoir
moitié pour l'aider à vivre et moitié pour loyer d'une
année de ladite maison. Egalement pour l'aider à vivre,
défense était faite au maître de l'école de chant et aux
prêtres d'enseigner dans leurs maisons.
Il semble que cette délibération n'ait pas reçu d'exé-
cution en ce qui touche les confrères de Saint-Nicolas.
Le maître d'école resta jusqu'à la Saint -Michel ,
29 septembre 1537, dans leur maison^ mais la location
n'en fut pas continuée, et le 26 octobre suivant, le corps
était avisé cpie le régent demandait à être logé; sinon,
il voulait s'en aller. Un des membres proposa d'acheter
la maison de Jehan Boileau, qui était à vendre au prix
de 150 livres , mais l'assemblée refusa et se borna à
confirmer le vote de la subvention de dix livres. L'année
suivante , sur de nouvelles instances , on en revint au
projet d'approprier pour les écoles la maison de l'artil-
lerie, et il fut décidé d'en faire la visite pour voir si ce
lieu serait commode pour tenir les écoles (1). L'année
précédente , il avait été dit que l'artillerie serait placée
ailleurs ; on avait voté dans ce but la construction d'un
ballet près des Cordeliers, mais l'ancien arsenal devait,
dans les prévisions du conseil , être loué tel quel sans
réparations ; on l'aurait baillé à 35 sols par an (2). Puis,
ne trouvant pas de preneur, on s'était décidé plus tard
à le réparer, sans avoir égard à la dernière assemblée (3).
Les choses en étaient là , lorsque le maître d'école
renouvela sa demande en menaçant de s'en aller. Le
corps s'avisa alors que l'offre d'un bon logement serait
un moyen d'avoir des régents plus fameux, plus doctes
et scacants ; en fin de compte la maison de l'artillerie
(1) Assemblée du 15 avril 1538.
(2) Assemblée du 27 juillet 1537.
(3j Assemblée du 22 février 1538.
la Saint-Barthélémy, lorsque la ville se mit sur le pied
de guerre à cause des troubles qui renaissaient , le
pouldroyer rejDrit la maison pour les besoins de la
défense.
Les documents sont rares pour le seizième siècle; nous
en avons assez cependant pour constater que le souci de
l'instruction alla croissant chez les habitants de Niort.
En 1554 , Jehan Fourest , régent des grandes écoles ,
recevait 20 livres par an (1). Ce titre montre qu'il y
avait alors à Niort deux degrés d'enseignement. En 1572,
le chiffre des émoluments du régent des écoles, 80 livres
par an (2) , paraît s'appliquer à un maître capable d'en-
seigner plus que la lecture, l'écriture et la grammaire.
Cela est d'autant plus probable que, six ans auparavant,
il y avait eu de la part des échevins et bourgeois de Niort
une tentative sérieuse d'établissement d'un collège. L'ini-
tiative ne leur en appartenait pas , mais ils s'étaient
montrés fort empressés à profiter des dispositions de
l'édit d'Orléans de janvier 1560, qui était l'œuvre du
chancelier de l'Hospital. L'article 10 de cet édit (3j
était conçu comme suit :
Ordonnons que les deniers et revenus de toutes con-
frcdries (la charge du service divin déduite et satisfaite')
soient appliques à Ventretènernent des écoles et aumônes
es plus prochaines villes et bourgades où les dites con-
frairies auront été instituées, sans que les dits deniers
puissent être employés à autre usage pour quelque cause
que ce soit; commandons très expressément à nos
officiers et aux maires, échevins, capitouls et conseillers
des villes et bourgades, chacun en son endroit, d'y avoir
l'œil à peine de s'en prendre à eux.
(1) Archives de Niort, n° 883.
(2) Assemblée du li août 1572.
(3) Recueil général des anciennes lois françaises. Isambert.
Paris, 1824. Tome xiv, p. 67.
— 13 —
Malgré ces prescriptions formelles , six ans après la
promulgation de l'édit, rien n'était fait à cet égard dans
la ville de Niort. Le corps, réuni le 6 novembre 1566 (1),
décida sur la remontrance du procureur syndic que
requête serait présentée au roi pour que les chappelles
et stippendies qui sont tant à la seule disposition du
mayre ou eschevyns et bourgeoys de ceste ville, aussi
(1) Assemblée du 6 novembre 1566. Touchant d'adviser sur ce que
le procureur a remonstré que les officiers du Roy de nostre ville avaient
aulcunement encommencé l'exécution de l'édit d'Orléans touchant le
collège des escholles de nostre ville, ayant miz la main du Roy
sur les biens et revenuz d'aulcunes confrairies et iceulx fait
régir par commissaires sans toutesfois passer oultre à la d. exé-
cution et employ des biens où ils sont destinés par l'édit
l'intention du Roy, par quoy est nécessayre que les mayre,
eschevyns et bourgeoys associés en ceste affaire avec les d. officiers
prègnent en mains l'exécution du d. édit, sur ce fassent plaincte au
Roy de telle négligence des d. officiers, affln qu'il soit mandé à la
communitté de céans d'exécuter et faire exécuter l'édit du Roy, à
faulte de ce faire par les d. officiers dans certain délay compétent.
Et pour démonstrer et affirmer le zèle de nostre communitté à l'entre-
tènement de l'édit du Roy est convenable que les chappelles et
stippendies qui sont tant à la seule disposition du mayre, ou
eschevyns et bourgeoys de ceste ville que celles qui sont à la
présentation du d. mayre ou de nostre communitté et collation
de Mgr l'Evêque de Poictiers ou aultr es prélats soyent deslivrées
et attribuées au d. collège, veu que les d. confrairies sont de trop
petite valleur pour ériger le d. collège et le maintenir. Ce qui
ne se peult pas faire sans l'autorité souveraine du Roy qui permet
desroger à toutes institutions quelconques et destiner les d. charges
à son dessein en toutes les manières qu'il lui plaira, mesmement à
la requeste de ceste communitté à laquelle les d. chappelles et stipendies
ont esté données pour en disposer selon qu'il plaira aussy à la majesté
du Roy, attribuer l'institution des régens aux d. mayre, esche\7ns et
bourgeoys.
A esté par tous délibéré et par nous conclud que le d. procureur au
nom de ceste communitté présentera requeste à la majesté royalle
comme la d. remonstrance et conclusion du
procureur, en poursuyvra et luy sera alloué les fraiz
qu'il fera en ceste affaire qui seront remboursés et prins sur la recepte
des premiers deniers proceddans des d. chappelles et stipendies,
C
r
veu que les dîtes cojifrairies sont de trop petite valleut
pour ériger le d. collège et le maintenir.
Le corps do ville demandait ainsi , non seulemeni
l'exécution , mais l'extension de l'édit en proposant ,
outre l'attribution des revenus des confréries, celle des
chapelles et stipendies , ce à quoi il consentait tou1
d'abord en ce qui le concernait. Le revenu des confréries
était beaucoup trop minime pour fonder un collège e1
c'était là^ sans chercher d'autres motifs, une raison suffi-
sante pour que les officiers du roi^ après avoir mis ces
biens sous séquestre, n'eussent pas cependant poursuiv:
l'exécution des mesures édictées. Certainement, les reli-
gionnaires étaient les plus ardents pour demander qu'elles
ne restassent pas lettre morte, et c'est d'eux sans dout(
qu'émanait ce projet de dépossession des chapelles qu:
avait dû rencontrer de l'opposition de la part des catho-
liques. Quoiqu'il en soit, l'affaire n'eut pas de suite; \z
guerre religieuse s'étant rallumée dès 1567, la questior
du collège mise à l'ordre du jour eu 1566 fut enterrée ei
pendant toute la durée des troubles ne fut pas soulevée i
nouveau. Quand elle reparut, ce fut d'ailleurs sous unt
toute autre forme, alors que l'édit de 1560 était fort oublie
et de plus moins applicable que jamais.
11 serait cependant injuste de dire que le mouvemeni
en faveur de l'instruction publique se fût arrêté. Il fui
ralenti , enrayé même par les circonstances , mais ur
grand désir de progrès à cet égard n'en subsistait pas
moins dans les esprits.
Après la pacification, nous trouvons à la fin du sièch
établi à Niort un projèsseur détonnes lettres, AP François
Gastaud, qualifié de principal des écoles de celle ville
et durant de longues années cette charge sera continuée
dans la famille Gastaud ; les enfants et petits-enfants d(
I\P François Gaslaud seront conservés à la tête de l'ensei-
gnement public. On croit généralement que ce demie]
était originaire de Niort, sans en avoir toutefois la preuv<
absolue.
— 15 -
La première délibération de l'assemblée communale
où se rencontre le nom de François Gastaud est du
28 juillet 1600. Mais, d'après les termes du procès-verbal,
il exerçait déjà depuis quelques années. Quelles matières
enseignait-il 1 Nous n'avons, à vrai dire, aucun document
à cet égard ; celui de ses descendants qui , très peu
d'années avant l'établissement du collège de l'Oratoire,
était principal des écoles, professait jusqu'à la sixième
inclusivement; il enseignait les éléments du latin. Cela
est établi par les pièces relatives à la fondation du
collège des Oratoriens, comme nous le verrons plus loin.
On peut induire du titre de professeur de bonnes lettres
que le premier des Gastaud était lui aussi quelque peu
maître de langue latine.
Il recevait, en 1539, de la ville cent livres par an (1). Ce
(1) Assemblée du 28 juillet 1600. Sur la requeste présentée par
André Bidault pour M^ François Gaslault, professeur de bonnes lettres,
principal des écoles de ceste ville, que pour lui donner d'autant plus
d'occasion et de moyens de s'employer dignement au faire de la charge
de laquelle il s'est jusqu'à présent acquitté au mieux de son pouvoir,
estimant en avoir laissé tesmoignage sullisant en l'avancement de
d'aulcuns enfans dressés de sa main, aurions ordonné la somme de
33 escuz ung tiers par chascun an, payable par les quatre quartiers de
l'année, sur et de pareille somme que M" les juge et consuls des
marchands de ceste ville ont de coustume payer pour le loyer de la
chambre en laquelle ils tiennent leur parquet, de laquelle somme auroit
esté payé l'année dernière, ce qui est dilleré l'année présente par le
sr Goguyn, à présent juge, qui a la garde des deniers des amandes
de leur jurisdiction, et luy est dhcu de l'année présente deux quartiers
escheuz à la l'esté de St.jean-Baptisle dernière, requiert à ceste lin
d'estre paie des d. deux quartiers jà escheuz, et qu'à l'advenir il soit
paie de la d. somme, ou par tel aultre moien commode qu'il sera
advisé, alin qu'il continue la volonté qu'il a toujours eu .de servir
noslre d. corps et à l'enseignement des enfans de ceste ville, a esté
délibéré par tous, excepté par Chambier, que l'assemblée et délibé-
ration du 2(i mars 1599 sortira ellel et sera exécutée, et en ce faisant
que les deux quartiers de la somme de 33 escuz ung tiers escheuz
seront paies au d. Gastault et y sera contrainct le s'' Goguyn par toutes
voies dheues et raisonnables , nonobstant opposition et appellation et
sans préjudice d'icelles, et sera contiimé le d. payement au d. Gastaud
0
n
du tribunal consulaire qui prenaient à loyer pour
somme une des salles de l'hôtel de ville où ils 1
leurs audiences. D'après un document de 1571, re
par M. Emile Breuillac (1) , les juge et consuls î
alors fait les frais d'une réparation à la maison ce
qui dut évidemment entrer en compte dans le loy(
payaient à l'échevinage, qui peut-être même cons
loyer. Les registres de 1578-81 ne contiennent ri
cernant, soit le tribunal consulaire, soit le princ:
écoles. Les comptes d'Abraham Gaschet, 1593-9i
tionnent incidemment un loyer de 25 écus, soit 71
payé par les juge et consuls qui d'ailleurs, d'après
de l'article, ne versaient pas alors cette somme e
mains du principal des écoles. Le contrat, en vertu
une salle de l'hôtel de ville était laissée à leur dis;
moyennant finance, est donc antérieur à la décis
laquelle ce loyer fut attribué comme subveE
François Gastaud. Cette salle ne pouvait être
moins grande des deux situées au premier étag(
où se tenait aussi à certains jours la cour de juj
maire.
Il est fort probable que la délibération du 26 ma:
visée dans l'assemblée du 28 juillet 1600 ^ est c
constitua au principal des écoles son traitemen
loyer de la cour consulaire porté depuis peu de t(
75 à 100 livres, et non sans résistance de la part
membres. Le procès-verbal de 1600 et quelques
postérieurs témoignent du peu d'empressemeni
mettaient à s'acquitter envers le corps de vill(
mauvaise volonté s'explique par ce fait qu'ils
subi l'augmentation de 25 livres forcés con
par chascun an scelon et au désir de la d. assemblée du 26 m
et en apportant aquit du d. Gastault en seront deschargés
et consuls.
(1) La jxLridiction consulaire à Niort, par Emile Breuills
(Niort. Clouzot, 1880), p. 20.
— 17
En 1606, François Gastaud faisait pour ses émoluments
requête au corps de ville qui ordonnait le paiement par
les juges consulaires (1). De même en 1609, et il est
conclu alors que si les Juges consuls des marchands
refusent de payer , Us se pourvoiront de chambre
ailleurs (2) Ils payèrent et restèrent locataires de l'éche-
vinage jusqu'en 1093, époque à laquelle ils s'installèrent
dans la Salle Dorée (3). Il est à observer que leur
loyer alla en diminuant dans ce laps de temps ; il fut
réduit à 60 livres et même était un instant descendu à
40 livres (4). La ville compléta d'abord sur les deniers
patrimoniaux le traitement de cent livres au principal
des écoles, puis le réduisit à un chiffre représenté par le
loyer du tribunal consulaire, c'est-à-dire 60 ou 40 livres
suivant les époques , comme nous le préciserons plus
loin.
La situation de François Gastaud fut menacée en 1613.
Les religionnaires avaient établi à Niort un collège où l'on
enseignait la grammaire latine et grecque. Dans la séance
du mois de mai , le procureur syndic remonstra qu'à
présent qu'il y a un collège establi en ceste ville , les
cent livres qui ont été laissées à Gastaud, régent de la
d. ville, devaient être délaissées au d. collège. François
Gastaud était catholique, ce qui explique la proposition
faite contre lui et en faveur du collège protestant; mais le
sieur Toucquard, échevin, s'opposa à ce qu'iljutrien innové
contre le dit Gastaud qui continuait sa classe j et la
C
le
n
(1) Assemblée du 26 août 1606.
(2) Assemblée du 26 mars 1609,
(3) La Juridiction consulaire à Niort... p. 26.
(4) En 1679 , le loyer des juges consuls fut élevé subitement à
120 livres. Par délibération du 28 avril, le corps voulut leur imposer,
en outre des 60 livres qu ils donnaient alors au principal des écoles,
le paiement de 60 livres d'honoraires pour les prédications de la
dominicale. Cette décision ne reçut peut-être pas d'exécution ; dans
tous les cas elle fut abrogée très promptement par l'arrêt de règlement
de 1683.
la, se dessinait l'antagonisme entre catholiques et p
testants qui , dix ans plus tard, en 1622 , produise
suppression du collège protestant, à la suite de l'enqu
faite par les commissaires royaux. Il fut alors interdit :
religionnaires d'enseigner les grammaires latine
grecque; on leur permit seulement de tenir une é(
pour apprendre à lire et à écrire, et de plus défense
faite aux maîtres d'avoir à dogmatiser les écoliers. N
donnons en note les articles de l'enquête où les protesta
d'une part , les catholiques de l'autre , exposèrent le
griefs concernant l'instruction (1). Le principal du coll
des religionnaires était un écossais , nommé Jacq
Wilson.
En cet endroit, il est nécessaire d'ouvrir une par
thèse. Nous ne sommes plus sur le terrain de l'instrud
primaire. Le collège protestant, où l'on inseigne les grc
(1) Extrait des registres de l'hôtel de ville
Supplient très humblement les habitans de la religion prétei
réformée, résidans en la ville et faubourgs de Niort, disans que ce
les règlemens faicts en la d. ville, l'an mil cinq cent quatre vingl
neuf le dix-huict aoust, par aultres députés de Sa Majesté en exéci
de ledict de Nantes et au préjudice du d. édict et articles s 'étant fi
en faveur de la religion prétendue réformée, ils auraient esté empes
en l'exercice de l'école publique de gramynaire latine et grec
establie en la d. ville, scelon et conformément aux articles secrel
article trente-huict des particuliers et privés de toute commodit
faire instruire leurs enfans, sinon qu'ils fassent de grands fraiz
les envoler au loing.
Les eschevins, pairs et habitans catholiques de la ville de N
premièrement, se plaignent de ce qu'au préjudice de l'arrest inter
sur aultres plainctes présentées à Sa Majesté, le 25 avril 16-22
nommé Jacques Vilson , écossais de nation , soi-disant principa
prétendu collège des dicts de la religion prétendue réformée, a
toujours faict et exercé la d. profession et enseigné en sa maison
sieurs escoliers tant forains que de la d. ville, donné plusieurs inst
lions scandaleuses et contre la d. religion catholique,
— 19
maires latine et grecque^ l'école catholique de François
Gastaud , qui rivalise ou cherche â rivaliser avec cet
enseignement, sont des établissements qui donnent au
moins les éléments de ce que nous appelons aujourd'hui
l'instruction secondaire. Les documents, de 1454, 1535,
avaient trait à de simples maîtres d'école, enseignant la
lecture, l'écriture et sans doute un peu de grammaire
française; mais il parait évident que vers le milieu du
siècle il y eut à Niort une sorte d'éveil du goût des lettres,
mouvement ralenti, sinon complètement arrêté pendant
les guerres de religion^ repris et nettement dessiné après
la pacification. Cet enseignement plus élevé fut alors le
seul que la ville subventionnât.
Les registres très complets de 1599 à 1625 ne com-
prennent d'autre allocation à des maîtres que celle de
François Gastaud, et cependant il y avait à la même
époque , d'autres régents , d'autres instructeurs de la
jeunesse. Dans la Déclaration des tailles de 1619 {\), nous
relevons une maison , sise rue Notre-Dame , à Pierre
Fourestier^ instructeur de la jeunesse , une autre rue
Saint-François à Pierre Boudard, régent. Dans une sup-
plique à l'intendant de plusieurs habitants qui, en 1678,
arguent de leur pauvreté pour être exemptés de la taille,
on trouve le nom de Jean Texier, régent. Les registres
de l'état-civil des religionnaires, pendant le dix-septième
siècle, nous donnent en outre un grand nombre de noms
de maîtres, cjue voici avec les qualifications inscrites :
David Arnaud, régent., instructeur de jeunesse ; Pierre
Devillars, instructeur de jeunesse ; Isaac Andraud, ins-
tructeur de jeunesse. On y trouve en outre le nom de
Jean Chevalier, régent en la langue latine, mort en 1673 ;
ce qui prouve que malgré l'interdiction de 1622, les pro-
testants avaient trouvé moyen de faire enseigner à leurs
enfants autre chose que la lecture et l'écriture.
Les maîtres du premier degré, catholiques et protestants,
Q
(1) Bihliothhque de la Société de statistique. Fonds Briquet.
années du dix-huitième siècle un indice de subvention
l'autorité civile à l'enseignement primaire. M. Doi
intendant du Poitou, demandait, par lettre du 15 mai 1
l'autorisation d'imposer sur la ville de Niort une sot
de 200 livides qui serait répartie entre quatre ma
d'école ayant charge d'instruire chacun dix pauvr
cjui ne leur a pas été payée depuis l'année 1703 (1). ]
Tarrêt de 1683 ne comprenait pas ce chef de dépensi
rien non plus ne s'y rapportant, ni dans les registre
dans les comptes communaux, il ne parait pas que
gages de maître d'école aient jamais été affaires de l'é
vinage (2).
Deux pièces postérieures à 1789 nous éclairent un
sur la situation de l'enseignement primaire dans les
nières années de l'ancien régime, et si l'on admet, coi
cela est vraisemblable, qu'elle n'était pas nouvelle, i
résulte que l'autorité ecclésiastique avait presque enti
ment pris à sa charge les écoles primaires, du jou:
l'éclie vinage avait jugé ne devoir faire de sacrifices
pour un enseignement plus élevé. Dans une requête
date précise, le sieur Pierre Coulon exposait, peu a
1789, aux officiers municipaux qu'il avait été chois
(1) Correspondance des contrôleurs généraux avec les intend
Recueil de Boislisle, T. n, n° 1034.
(2) A Bressuire, vers la même époque, la ville faisait quelques s
fiées pour l'instruction primaire, mais, à vrai dire, aurait eu l'ami
de les faire pour un enseignement plus élevé. M. d'Ableiges, intei
du Poitou, par lettre du 21 mai 1710, proposait, conformément
demande des habitants de Bressuire, d'établir un régent d'école
enseigner le latin, aux gages de 60 livres par an payables sur les de
d'octroi, avec la faculté de prendre 20 sols par mois à chaque écoli
l'exemption des charges publiques, mais à la charge de ne reci
que des catholiques et de leur donner l'instruction religieuse
marge, le contrôleur général a écrit : Mailre d'école seulen
(Correspondance des contrôleurs généraux avec les intendi
Recueil de Boislisle, T. n, n° 133.)
— 21 —
1787 par l'évêque de Poitiers pour tenir une école gratuite
dans la paroisse de Notre-Dame. La municipalité, par
suite des événements, avait pris la charge des institutions
de ce genre, mais avait, pour cause d'économie, réuni les
écoles de Saint-André et de Notre-Dame ; le requérant
demandait à être conservé dans son emploi et dans son
traitement qui était de 60 livres par an. D'autre part,
Françoise Brunet, veuve Simonnet et Jeanne Caillas,
instituées pour les paroisses de Notre-Dame et de Saint-
André par révéque de Poitiers, réclamaient leur ancien
traitement, en tout cent livres par an, pour l'exercice de
leurs fonctions qu'elles avaient continuées.
A ces quelques renseignements se borne ce que nous
pouvons dire de l'enseignement primaire à Niort. Ce qu'il
nous reste à exposer touchant l'instruction publique se
rapporte aux écoles tenues par les descendants de François
Gastaud et au collège des Oratoriens.
François Gastaud mourut en 1624, laissant deux fils,
Denis et François, qui succédèrent â leur père en qualité
de professeurs. Ils demandèrent au corps de ville une aug-
mentation de traitement qui leur fut accordée dans la
séance du 20 juin 1624 (1). On leur alloua 150 livres.
Quelque temps après, ils proposèrent d'établir â Niort une
forme de collège, avec trois classes, si on voulait leur
(1) Assemblée du 20 juin 162i. Sur la requeste de M^s Denis et
François Gastault, professeurs de bonnes lettres, enfants de feu M* F.
Gastault, maître-ès-arts, à ce qu'il plaise au corps de céans leur con-
tinuer la somme de cent livres que le corps avait accoustumé de
donner... et augmenter de telle autre somme qu'il plaira au d. corps,
attendu qu'ils sont deux qui s'efforcent de continuer l'instruction de la
jeunesse que faisait feu F. Gastault leur père, a esté par tous dellibéré
et par nous conclud que le corps de céans donnera par chascun an sur
les deniers patrimoniaux à M<=s Denis et François Gastault frères la
somme de cent cinquante livres, aultant et sy long-temps qu'ils conti-
nueront la charge du d. F. Gastault, leur père, pour l'instruction des
enfans et jeunesse de ceste ville, à commencer du premier quartier à la
St-Micliel prochaine et continuer de quartier en quartier.
un commencement a exécution, puisque le aernier qm
de l'année 1624 leur fut payé sur le pied de 400 livre
La lacune de registres qui existe après 1625 nous
pêche de suivre cet essai de collège ; nous savons ceper
qu'il ne fut pas couronné de succès. Il ressort des te
d'une délibératioii du 25 octobre 1641 (3) que les i
(i) Assemblée du li septembre 162i. Veu la d. exposition
scindiq que M^* François et Denis Gastault frères veulent entrep
une forme de collège en ceste ville, en leur donnant le d. c(
céans quatre cens livres, a esté par tous dellibéré et par nous c
à la pluralité des voix que les d. Gastault frères auront la son
quatre cens livres... que les d. Gastault feront les trois classes ex
par le d. scindiq... tant et sy long-temps que les d. Gastaud frères
les d. classes.
(2) Assemblée du 31 janvier 1625. Sur la requeste présent
M«^ Denis et François Gastault, professeurs de bonnes lettre:
d'estre payés du quartier à culx dheu et escheu à la St-Michel à
de cent cinquante livres par an, et le quartier escheu à Noël à
de quatre cens livres, aussy par an, suyvant les assemblées di
de céans portant que les d. sommes leur seront données, a esté p
dellibéré et par nous conclud à la pluralité des voix que les d. G
seront payez des d. sommes et quartiers à eulx dheus, sçavoii
escheu à la St-Michel, à raison de cent cinquante livres par an, e
escheu à Noël, à raison de quatre cens livres aussy par an
deniers patrimoniaux de céans.
(3) Assemblée du 25 octobre 16il. Remonstré par le pr(
scindiq que pour le bien du général et particulier des habitans d
ville et évitter une excessive dépense qu'on est obligé de faire p
enfans envoyez aux estudes hors ceste ville qu'il serait à désirer
collège, au moins de trois classes, y fust estably et à ceste
rechercher les moyens et les assurances.
Le corps, d'une commune voix, a approuvé la d. proposition et
icelle fort avantageuse aux habitans de ceste ville, et afin que le
puissent estre certains pour le d. establissement, joint que le c(
pas fondz pour y suffire, qu'il sera supersédé jusqucs à nostre
de Paris pour scavoir sy on y trouvera quelque avantage et l'es]
que le corps a de faire restablir les denyers d'octroy, et ce faici
S"" Gastaud, instruisant la jeunesse, sera mandé pour scavoir de
désirrait entrer dans la composition du d. collège en considéra
bien que son père et luy ont aporté en ceste ville.
23
Gastaud ne réussirent pas dans leur entreprise, et très
probablement la subvention de 400 livres ne leur fut pas
allouée longtemps. En 1641, une proposition d'établisse-
ment d'un collège était de nouveau faite au corps de ville
dans des conditions identiques à celles qui avaient été
indiquées en 1624. Le sieur Gastaud, car il n'est plus ques-
tion que d'un seul des deux frères, est invité a entrer dans
la composition du d. collège, mais il ne doit plus en être
le chef, le principal. On lui offre simplement une chaire
dans le futur établissement en considéracion du bien que
son père et lui ont apporté en caste ville. Malgré cette
louange, on doit penser néanmoins que lui et son frère
avaient assumé, en 1624, une tâche au-dessus de leurs
forces.
Dans cette même assemblée du 25 octobre 1641, il avait
été décidé que le maire, Jean Briand, irait à Paris pour
tâcher de faire restablir les denyers d'octroy. La situation
financière de la ville était alors en effet des plus précaires,
comme nous l'avons indiqué et développé en traitant des
revenus de la commune (1). Le voyage du maire fut sans
résultats et cette deuxième tentative d'établissement d'un
collège échoua comme la première, faute de fonds sinon
pour d'autres motifs.
Les frères Gastaud restèrent donc à Niort la source
unique où les enfants pussent aller puiser le savoir. En
1645, François, le seul qui exerçât, touchait cent livres,
comme jadis son père (2). Le traitement de 150 livres qui,
en 1624, avait été fait aux deux frères, était réduit à
l'ancien taux, probablement depuis le jour où l'un des
deux, soit qu'il fût mort, soit qu'il se fût retiré, avait
cessé ses fonctions. Les cent livres étaient fournies, savoir :
40 livres par les juges consuls pour loyer de leur chambre
d'audience^ 60 livres sur les deniers patrimoniaux.
r
r
(1) Première partie, p. 49.
(2) Archivies de Niort, n" 962. Comptes de Claude Arnaudeau,
1645-1646.
Il était pair du corps et, dans l'assemblée du 29 septem
il fut arrêté « l'unanimité que la place serait confiée^/
à Denis Gastaud, son fils, attendu les services qu'a rei
le père et ceux que le dit Denis rend au public. E
Gastaud avait un frère appelé Laurent qui professait
lui; depuis quelque temps sans doute, tous les (
avaient remplacé leur père. Leur traitement était b
coup moindre qu'autrefois ; il avait été réduit à 40 li
faites uniquement par le loyer de la cour consulaire,
faut pas en conclure qu'ils eussent démérité ; les terme
la susdite délibération prouvent qu'ils n'avaient d(
aucun motif de plainte. Bien au contraire peut-être,
école avait prospéré et la rétribution payée par les él
était sans doute assez importante pour que le corps
pensé pouvoir diminuer la subvention.
Ce traitement fut cependant augmenté en 1678 et j
à 60 livres, ce que l'échevinage fit sans bourse délier, c
à-dire qu'il porta à 60 livres le loyer de la cour consul
Les deux délibérations des 30 décembre 1678 et 4 jai
1679 prouvent que les juges des marchands, comme a
fois, payaient malaisément et de mauvaise grâce
(1) Assemblée du 30 décembre 1678. A esté pareillement rem»
que M" Denis et Laurent Gastaud , suppost du collège de ceste
n'ont esté payés de la somme de 40 livres de gages qui leur on
octroyés par 'Sl''^ du corps pour les services qu'ils rendent au public
l'instruction de la jeunesse, à prandre sur les amandes qui se des;
à la Cour consulaire et pour les loyers de la d. chambre en laque
juges consuls des marchands de cette ville rendent justice, pour le
escheu à la Saint-Michel dernière passée, et sont les d. juges cons
greffiers refuzans de leur en faire le payement.
A esté délibéré et par tous unanimement conclud que les d. s""
teau seroient payés de la somme de 40 livres, et à cet effet nous, i
prendrons la peine de faire adviser les d. juges et grelTiers de f;
payement de la d. somme dans le jour, aultrement et à faulte de ci
que la porte de l'hôtel de ville et de la chambre consulaire leur
fermées, mesme ont esté d'advis que dorénavant il sera payé <
Gasteau la somme de 60 livres par an.
Assemblée du i janvier 1679. Arresté que les juges C(
■
- 25 —
L'arrêt de 1683, qui régla les dépenses de la ville,
réduisit définitivement à 40 livres les émoluments du prin-
cipal des écoles.
Au début de l'année 1679, le corps de ville reprit pour
la troisième fois l'idée de fonder un collège, cette fois plus
complet, composé de cinq classes des humanités et de la
philosophie. Il offrit cet établissement à la congrégation
de l'Oratoire, qui était établie à Niort depuis 1624. A
cette époque, le corps avait fait des démarches pressantes,
non seulement pour avoir une maison de l'Oratoire (1),
congrégation enseignante pour les jeunes gens , mais
encore une maison de religieuses Ursulines pour l'instruc-
tion des filles. Il donna mille livres à ces dernières pour
faciliter leur établissement, qui eut lieu en 1625(2). Quant
aux Oratoriens, ils s'étaient installés à Niort l'année pré-
donneront pour la location de la chambre la somme de 60 livres aux
S" Gastaud et feront les réparations nécessaires à la d. chambre, les
60 livres payables par quartier, et faulte de ce seront descheus de la
chambre.
(1) Assemblée du 15 mars 1623. Le d. Coyaud, scindiq a remonstré
que l'exercice de l'establlssement des pères de la congrégation de l'Ora-
toire en ccste ville de Nyort a esté différé jusques à présent au sujet des
troubles On escrira à Mgr l'Evesque de Poictiers et au Général de
la congrégation de présent à Paris pour les supplier très humblement de
voulloir faire advancer l'establisseraent des pères de la congrégation en
ceste ville.
(2) Assemblée du 17 février 1625. Sur la remonstrance du sieur
Maronneau, procureur scindiq, qu'il y a en ceste ville un grand nombre
de personnes qui désirent l'eslablissement de religieuses Ursulines pour
l'instruction des filles, lesquelles religieuses oflrent de venir en ceste
d. ville, s'il plaist à la ville d'y consentir de les recepvoir, leur assister
de quelques commodités pour leur d. cstablissement , a esté par tous
délibéré et par nous conclud à la pluralité des voix que le corps de céans
procurera le d. cstablissement des d. religieuses Ursulines à son pou-
voir... et à ceste Un sera donné à iceiles religieuses une fois payé par
le d. corps de céans mille livres tournois des plus clairs deniers du
corps par le recepveur de céans. Assemblée du 20 août 1625. Les
religieuses Ursulines requièrent la somme de mille livres promise.
C
presque un siècle avant qu'ils pussent y fonder un coll
Il ne suffisait pas, en elïet, que le corps de ville fût
désireux de leur confier cet établissement; il fallait er
leur fournir les ressources nécessaires pour crée:
installer une maison c[ui comprît la série complète
classes de l'enseignement secondaire. Nous ignc
absolument s'ils contribuèrent à l'instruction pendai
temps où ils n'eurent pas de situation officielle. Fi]
ils quelques cours publics? Professèrent-ils dans F
rieur des familles ? Aucune indication ne se tr
(1) Cette congrégation fut établie en France, avec la permissi
roi Henri IV, par le cardinal de BéruUe, au mois de décembre
elle fut approuvée et confirmée par une bulle du pape Paul
9 mai 1603. La ville de Niort désira d'en avoir une maison ; en
Messire Jacques Gastaud, docteur en théologie^ prêtre de la c(
gation, natif de Niort, acquit de M>" de S'-Gelais une maison a
alors l'hôtel de la Médaille , ou b Grand-Maure , qu'il céda
mars 1G19 à M^ Thoreau, fondé de pouvoir de Mgr le cardii
BéruUe, avec agrément de M"" Chastaigner de la Roche-Posay, (
de Poitiers qui, sollicité par les officiers municipaux , consen
16 avril 1624, que des prêtres de ceUe congrégation s'établis
Niort, y fissent le service divin dans l'église de chapitre prépar
eux à cet effet et y exposassent le Saint-Sacrement. Cependant
église ou chapitre n'était point ce qu'elle est aujourd'hui, puis*
permission donnée par Mgr l'évêque de Poitiers pour bénir la pn
pierre est du 18 mars 1650. L'église n'a été finie qu'en 1653 et
le 21 juillet. En s'établissant à Niort, les prêtres de l'Oratoire n'y
d'abord d'autre fonds ou revenu que leur maison. Le même
Gastaud, qui doit en être regardé comme le fondateur dans cetti
était titulaire du prieuré de S'-Thomas de Croisé près Niort ; il
sa démission entre les mains du pape pour en pourvoir la dite i
et il en poursuivit la réunion qui se fit en 1628, du consentem
Mgr le cardinal évêque du Bellay, présentateur du dit prieuré, (
prieur de Chetay, ordre de S'-Augustin. Le roi autorisa par ui
de son conseil cette réunion qui fut approuvée par Mgr l'évêc
Poitiers. Le collège s'a été établi qu'en 1720 par arrêt du (
d'Etat du roi du 30 avril, lettres patentes sur icelui du 20 mai
gistrées en Parlement le 6 février 1721. (Affiches du Poitou, r
du 15 septembre 1774.)
— 27 —
à cet égard dans les termes de la délibération que nous
allons reproduire ; dans tous les cas , s'ils enseignèrent
quelquefois, ce dut être dans une mesure fort restreinte.
Le projet de fondation d'un collège fut présenté, dans
l'assemblée du 27 janvier 1679, par le maire qui était alors
Philippe Cochon, s'' du Puy, docteur en médecine. Nous
ne pouvons mieux faire, pour exposer les motifs déter-
minants et les moyens proposés, que de donner la copie
textuelle du procès-verbal de la séance où fut discutée
cette question :
« Propozé par nous d. maire Cju'un des plus grands
avantages que l'on puisse procurer à ceste ville est l'esia-
blissement d'un collège pour l'instruction de la jeunesse,
d'où naistraient plusieurs biens spirituels et temporels en
ce que premièrement les esprits de la jeunesse y seroient
cultivez et formez aux bonnes mœurs et aux belles-lettres,
que le libertinage des enfans causé par leur oisiveté seroit
banny, la plupart des habitans de ceste ville n'aiant pas le
pouvoir de les envoier,estudier dans les autres collèges cir-
convoisins. Déplus, ce'seroitun moien d'avoir des prebstres
en nombre plus considérable en ceste ville, en aiant beau-
coup de besoing vu le petit nombre qui est aux paroisses,
ce qui ne contribueroit pas peu à l'augmentation de la
religion catholique de ceste ville où la religion prétendue
réformée a toujours beaucoup de règne. Mais, outre les
avantages spirituels , ceste ville en retireroit beaucoup
d'utilités temporelles, en ce qu'en premier lieu l'argent
qui en sort pour les pensions des enfans en assez grand
nombre que ceux qui en ont les moiens sont obligez
d'envoier estudier ailleurs seroit retenu en ceste ville, et
de plus ceux des environs qui envoieroient leurs enfans
au collège aporteroient de l'argent considérablement,
ce qui feroit subsister beaucoup de familles et donneroit
moien aux marchands de vendre et débiter les marchan-
dises et denrées nécessaires à la nourriture et entretien
des escoUiers, mesme pourroit fournir occasion à plusieurs
— 28 -
personnes de la campagne de venir s'establir en ceste
ville pour y faire estudier les enfans, qui aideroient à
payer la taille qui est extrêmement grosse et autres
charges de ceste ville , laquelle est considérable , fort
commode et spatieuse pour avoir un collège , estant la
seconde en la province et bien propre pour cela, aiant
une rivière navigable et encores un siège roial, eslection
et bourse de marchands, et lorsque les Révérends Pères
de l'Oratoire s' establirent en ceste ville, ce fut avec ceste
condition cju'ils enseigneraient et feroient des classes ;
mais comme ils n'ont point eu de fondation pour cela,
l'on a esté privé de ceste espérance : néantmoings comme
la majeure partie des habitans ne sont en pouvoir
d'envoier leurs enfans ailleurs, que plusieurs auroient
l'intention de les faire estudier , le dit a eu plusieurs
conférences à ce sujet avec les d. pères de l'Oratoire, et
le R. P. Denis, supérieur , nous a dit qu'il en avait com-
muniqué aux supérieurs de la congrégation qui luy ont
tesmoigné qu'ils auroient une forte inclination pour Festa-
blissement du d. collège en leur maison, afin de rendre
le service au public, lesquels enseigneroient jusquesàla
philosophie inclusivement moyennant une fondation suf-
fisante , et comme il est impossible de trouver autre
expédient que d'appliquer soubz le bon plaisir du Roy
une partie des deniers d'octroy de ceste communauté
qui ne sauroient estre plus utilement emploiez, les d.
pères aiant assez de logement à l'exception de quelques
classes dont la despence ne seroit pas grande , nous
requérons que la compagnie délibère. »
« A esté unanimement délibéré, arresté et par nous
conclud que l'on accepteroit les offres des RR. PP. de
l'Oratoire et que le corps consent à ceste fin soubz le bon
plaisir de Sa Majesté qu'il soit pris annuellement sur le
prix du bail de la moitié du dixième la somme de mille
livres, payable par l'adjudicataire aux d. pères de l'Ora-
toire, moyennant qu'ils establiront le collège composé de
— 29 —
cinq classes des humanité:^ et de la philosophie, à perpé-
tuité, ce que les d. pères se chargeront de faire agréer à
Sa Majesté qui en sera très humblement suppliée de
manière que, moyennant la somme de mille livres prise
sur le bail de la moitié du dixième, le corps ne sera obligé
d'y contribuer aucune autre chose que le présent consen-
tement, n'y mesme qu'à l'advenir , pour quelque cause
que ce puisse estre, les d. Pères puissent directement ou
indirectement s'adresser au général ny au particulier du
corps, à quoy ils renonceront par le concordat qui en sera
passé avec eux, pour lequel passer ou en régler les clauses
et conditions ont esté nommez commissaires avec nous d.
maire et le procureur sindic les personnes de Christophle
Augier, Philippe Gauguing, eschevins^ Louis Madien et
Pierre Vaslet l'esné, pairs, lesquelles clauses et concordat
dressés, que sera auparavant que cela passe porté au corps
pour l'aprouver, et que pour le bastiment des classes on
sollicitera tout aultant que l'on pourra les particuliers à
contribuer suivant leurs forces , et se mettront les d.
Pères en estât de faire cet cstablissement le plus tost
que faire se pourra , afin que cela faict et lorsqu'ils
enseigneront efïectivement ils reçoivent la d. somme de
mille livres mesme dès la feste de S'^-Michel prochaine,
sy faire se peult et que les enfans de la religicui pré-
tendue réformée seront reçus indistinctement avec les
cathohques. »
r
n
Ce dessein de collège paraissait établi sur des bases
plus solides que ceux qui avaient précédé. On s'adressait
à une congrégation dans le sein de laquelle on était assuré
de trouver les ressources de savoir nécessaires pour l'en-
seignement ; puis le corps offrait une subvention annuelle
de mille livres. Cependant il ne fut donné aucune suite
au projet. Pendant les deux années que subsista encore
le corps des cent pairs, aucune discussion nouvelle n'eut
lieu à ce sujet; du moins, pas une trace n'en est restée
dans les registres de l'époque. Le maire, Cochon du Puy,
préparait aeja ja aeciieance ou corps ue vuiu qui
effectuée en 1681 ; il paraît donc certain que la pro]
sition ne rencontra aucun appui de la part de l'autor
royale. D'un autre côté, les offres de Téchevinage fur<
sans doute regardées comme insuffisantes par- les su]
rieurs de l'Oratoire. Après que la mairie perpétuelle (
été imposée h la ville en 1692 , l'établissement d
collège fut sûrement une des choses dont se préoccupa
moins l'acquéreur de la charge, le sieur de Pierre-Lev
D'ailleurs, aucune initiative en ce sens n'était possible
milieu des embarras financiers de la fin du règne
Louis XIV ; ce fut seulement après la mort du grand
que les habitants de Niort purent soulever de nouveai
question du collège si souvent débattue et la faire aboi
enfin^ un siècle après leur première tentative et quara
ans après l'échec de la troisième.
Durant ce dernier intervalle, la ville n'eut donc, con'
auparavant, d'autre collège que celui des frères Gasta
En 1713, le principal en était encore Laurent Gasta
celui qui, à la mort de son père, lui avait succédé dan
corps de ville. Il mourut cette année-là, et son fils Jacc
Gastaud, le dernier, croyons nous, de cette dynastie
professeurs, fit requête pour être investi des foncti
qu'avait exercées son père , ce qui lui fut accordé
décision du 22 décembre (1). 11 occupa la place peu
(1) Assemblée du 22 décembre 1713. Aujourd'huy 22 décembre i
par devant nous Jacques de Chasteauneuf, chevalier, s»" de Pierre-L
la Rivière , la Goupillière et autres lieux , lieutenant du roy dai
ville et chasteau de Nyort, maire perpétuel d'icelle et lieutenant gé
de police du d. lieu, Pierre Thibault de Boutteville, conseiller du
receveur des tailles de la ville et élection de Nyort, Symon Guillaui
ancien conseiller du roy et commis aux inventaires, André Laf
conseiller du roy et son procureur en l'élection du d. Nyort,
eschevins du corps de cette ville,
A comparu en sa personne Jacques Gastaud, fils de défunt M^ La
Gastaud, principal du collège de cette ville, lequel nous a remontn
le jour d'hier il présenta sa requête à nous d. sieur de Pierre-L
— 31 —
temps; en 1722, il n'existait plus, et la classe qu'il
faisait fut réunie au collège de l'Oratoire, ainsi qu'on le
verra plus loin. Quatre générations de cette famille avaient
ainsi professé â Niort sans interruption. Le dernier de ces
maîtres portait le même prénom que le père Jacques
Gastaud, qui doit être considéré comme le fondateur de
rOratoire â Niort. Il est probable que l'Oratorien était
de la même famille que les professeurs qui, avant 1600,
puis dans tout le cours du dix-septième siècle et au delà,
occupèrent la principauté ; nous n'avons toutefois aucun
document qui le prouve absolument.
Dans l'année qui suivit la mort de Louis XIV, après
que la paix rétablie eut permis de réparer quelque peu
les ruines de la guerre, le corps de ville reprit les négo-
ciations avec l'Oratoire. Les bases sur lesquelles on
voulut traiter d'abord ne difiéraient pas sensiblement
de celles qui avaient été posées en 1679. En février 1716,
il fut arrêté dans une réunion des échevins et des habi-
tants notables qu'un collège serait , si faire se pouvait,
établi à perpétuité dans la maison des Pères de l'Ora-
toire (1). Le général de la congrégation accepta en
principe par une lettre du 4 avril ; l'évêque de Pcitiers
consulté écrivit aux maire et échevins de Niort, à la date
du 6 avril, que rien n'était plus louable que le dessein
C
par laquelle pour les raisons y contenues, il nous aurait supplié de le
déclarer principal du collège que son père, son aieul et bisaieul ont
exercé et tenu depuis plus d'un siècle avec honneur et distinction, au
bas de laquelle nous d. sieur de Pierre-Levée avons ordonné par notre
ordonnance du jour d'hier qu'il en seroit rapporté au corps pour y être
pourvu etc et nous requiert de délibérer sur la d. requête.
Pour quoi nous maire et eschevins, du consentement du procureur
du roi de ce corps, avons unanimement accordé au s"" Gastaud la faculté
de tenir le collège de cette ville pour y enseigner les belles-lettres, ainsi
et de la manière que le dessus dit s^" Gastaud, son père, ses aieul et
bisaieul ont fait et a preste le serment par devant nous au cas
requis.
(1) Cette délibération est la première pièce de la liasse qui existe aux
archives, concernant le collège de l'Oratoire, n°s 2202 à 2298.
personne notable serait envoyée à Paris auprès
S. A. R. le duc d'Orléans, régent du royaume, j
obtenir les lettres patentes à cet effet. Le député et
fut M^ Pierre Vaslet, s"" de la Cliastaudière, avocat
parlement et au siège royal de Niort, ancien éche
Puis, selon l'usage adopté pour les affaires importan
les habitants furent consultés en assemblée gêné
réunie le 18 décembre 1716 dans la grande salle di
maison de l'Oratoire.
C'est dans cette assemblée (1) que fut exposé en d(
le projet de fondation du collège. Dès le mois de jan
1717, les Pères devaient établir trois classes, sixie
cinquième et quatrième. Dans la même année ,
devaient y joindre celle de troisième ; puis enfin, 1
qu'ils auraient obtenu par union de bénéfices les f(
nécessaires^ ils compléteraient les cours en ajoutant
classes de seconde, rhétorique, logique et physique,
congrégation ne demandait à la ville que la somnn
mille livres une fois payée , mais à la condition
chaque écolier paierait une rétribution annuelle
cinq livres.
La matière mise en délibération, les susdites cla
furent approuvées et en outre déterminées d'une mar
précise. 11 fut arrêté que la somme de mille livres s(
fournie au moyen d'une collecte faite parmi tous
habitants de la ville, privilégiés ou non. Quant aux f(
que les Pères espéraient avoir par union de bénéfices
fixa à 2,400 livres de revenu annuel la dotation nécess
pour qu'ils fussent obligés d'enseigner toutes les clas
Jusque là, il fut accordé que les écoliers paieraient >
livres par an. Une fois le dit revenu assuré, ils ne doi
raient plus que la somme d'une livre pour employt
rachat de prix ou autres choses à la discrétion
(1) Voir dans VAip^endice à ce chapitre le procès-verbal in exU
— 33 -
Révérends Pères. La séance se termina par la nomi-
nation de commissaires pour faire la dite quête de mille
liores, choisis parmi les personnes les plus considérables
de la ville.
Deux mois après cette assemblée, les Oratoriens com-
mencèrent à faire les classes de la sixième à la troisième
inclusivement et enseignèrent ainsi jusqu'au sept du
mois de septembre 1718. Ils déclarèrent alors ne
pouvoir continuer ; ils n'avaient pu trouver aucuns
fonds, ni obtenir aucuns bénéfices (1) D'autre part, la
collecte n'avait produit que la somme de 107 livres (2) ;
les promesses de l'assemblée du 18 décembre 1716
^'avaient donc pas été tenues, et l'on ne pouvait plus
compter sur une souscription volontaire. Aussi les éche-
vins durent-ils chercher ailleurs les mille livres promises;
dans la séance du 14 octobre 1718 (3) ils les imputèrent
sur des fonds appartenant à cet hôtel et consignés à la
cour des Ai/des. Le soin fut laissé aux RR. PP. de
faire viser et approuver cette délibération par l'intendant.
En fait, pour une cause ou pour une autre, le fonds sur
lequel on disposait ainsi était une non-valeur et l'expé-
dient fut de nul effet. Le corps avait eu probablement
on vue le prix du remboursement des ofiices qui ne fut
jamais versé en espèces.
La fondation du collège allait se trouver assurée par
des moyens plus effectifs. A cette même époque, venait
de se produire un fait des plus importants pour les
finances de Niort ; Par arrêt du Conseil d'Etat du
2b juillet 1718 et lettres patentes du 5 octobre suivant,
avait été établi un tarif d'entrée des marchandises et
denrées , sur le produit duquel on prévoyait , toutes
charges payées , un excédent libre assez considérable.
r
r
(1
(1) Assemblée du li octobre 1717.
(2) Déclaration du supérieur de l'Oratoire, insérée aux registres à
la suite de l'arrêt du Conseil d'Etat du 30 avril 1720. Voir VAppendice
à ce chapitre.
(3) Voir dans VAppendice à ce chapitre le texte de la délibération.
maison , comparurent devant le corps de ville , i
lèrent ce qui leur avait été promis, ce qu'ils avaiei
en conséquence, et demandèrent qu'on leur donr
moyens de soutenir le dit collège naissant, n'ou
pas de faire miroiter aux yeux du Conseil la r€
possible de quelques bénéfices. Séance tenante, le
leur vota une subvention annuelle de 2,400 livr
prendre sur le revenant bon du tarif, sauf approl
des habitants qu'on réunirait en assemblée générr
sous le bon plaisir du roi. A cette condition, la c(
gation s'engageait ii tenir un collège complet, co:
d'une préfecture et de sept classes, qui seront enseï
par sept régents et un préfet, s'interdisant de dem
plus d'une livre à chaque écolier. Ils promettaient
entendu, de déduire de la subvention le revenu po
provenir d'une réunion de bénéfices qui, disons-le ur
pour toutes, ne s'effectua jamais.
A partir de cet instant, le terrain devenait plus
et les choses marchèrent rapidement. Dès le lend(
24 février, l'assemblée générale des habitants app
la décision des échevins, mais sous cette réserve q
Pères ne recevraient à l'avenir aucune sotnnh
écoliers (1). Le 23 mars, il fut arrêté qu'un placet
présenté au roi pour le supplier d'accorder les 1
patentes autorisant le collège. Des copies en forme f
faites de la lettre de l'évéque de Poitiers du 6 avril
pour joindre au placet qui fut présenté au roi, dai
derniers jours de mai, par le chevalier Renau, lient
général des armées du roi , grand-croix de 1'
militaire de S'-Louis, ayant lettres de service pot
généralités de la Rochelle et du Poitou (2). Le che^
Renaa d'Eliçagaray, le célèbre inventeur des bomba
avait été chargé â Niort de l'affaire du tarif d'octroi.
o'
(1) Voir l'Appendice à ce chapitre.
(2) Assemblée du 1^^ juin 1119.
— 35
Le 30 avril 1720, le Conseil d'Etat rendit son arrêt sur
l'établissement du collège (1), conforme à la délibération
de l'assemblée générale des habitants. Le collège était
constitué à sept classes: sixième, cinquième, quatrième,
troisième, seconde, rhétorique et philosophie; il était doté
de 2,400 livres à prendre annuellement sur le revenant
bon du tarif. Les Oratoriens devaient enseigner gralis,
sans rien exiger des écoliers étudiants (2). L'arrêt du
Conseil cite parmi les considérants et motifs qu'avaient
présentés à. l'appui de leur demande les échevins et habi-
tants de Niort les grands avantages que l'on attendait de
l'établissement d'un collège, ta)it pour Jaire rejleurir
l'ancien commerce de cette ville que pour la conversion
des religio/inaires dont le nombre est fort considérable
en cette province, en contribuant à détruire peu à peu
les semences de l'hérésie qui se perpétue dans les familles
par la mauvaise éducation que les enfants reçoivent dans
la maison paternelle.
Les lettres patentes qui donnaient la vie légale à
l'institution furent signées à Versailles le 20 mai 1720,
présentées aux habitants de Niort en assemblée générale
le 2 mars 1721, enregistrées en parlement le 28 mai, puis
au siège royal de Niort le 13 août de la même année, et
enfin à la Chambre des comptes, à laquelle elles n'avaient
pas été adressées en temps utile, seulement le 7 mai 1734,
en vertu des lettres de relief d'adresse et surannation
délivrées à cet effet.
A ce titre primordial de la fondation du collège il faut
ajouter d'autres lettres patentes concernant une question
accessoire, qui furent données à Versailles le 31 mars
1732. Il s'agit de la réunion au collège de l'Oratoire de la
classe de sixième, et ceci demande explication.
r
(1) Voir VAppendice à ce chapitre.
(2) Ceci s'applique bien entendu aux élèves externes seuls. Les
Oratoriens eurent un internat qui forma sans doute la meilleure partie
de leurs revenus. En 1753, la pension d'un interne était de 324 livres,
sans compter quelques frais accessoires.
1 arrêt au i^oiisen au àu avril, aisaieni pourtant
explicitement que le collège serait composé des cls
sixième, etc. On avait apparemment oublié le pi
que possédait le dernier des Gastaud de tenir cette
et d'y enseigner les éléments de la langue latine,
de 1683 avait consacré cette sorte de monopole et i
au titulaire un traitement de 40 livres. Jacque
taud réclama, sans doute, et fut maintenu dî
fonctions que l'on appelait la principauté. Il mouri
1122 , et parait bien n'avoir été que momentai
troublé dans sa possession ; cela ressort des termes
délibération du 14 mars 1722 (1), qui cite les lettres
tes de 1720 comme mentionnant seulement les cla
cinquième, etc., puis surtout de la teneur des
de 1732, qui rappellent les premières en omettant 1;
de sixième. L'erreur, le passe-droit si l'on veut,
donc implicitemeut reconnus par cette prétérition.
Le nouveau collège, composé de sept régents (
préfet, en tout huit titulaires, recevait de la ville 2,
"vres, ce qui faisait 300 livres pour chacun. Ajou
(1) Assemblée du li mars 1722. — A aussi été proposé pai
maire que par l'arrêt de Noss. du Conseil du 6 février 1683^
accordé pour les gages des s''* Gastaud qui y tenaient ci-devant
lège la somme de 40 livres à prendre sur les deniers d'octroi,
les d. s" Gastaud sont décédés, et qu'il n'y a plus de régent pou
gner la langue latine, que d'ailleurs il a plu au Roy accorder le
dans la maison des RR. PP. de lOratoire, par lettres patentes c
régistrées oîi besoin a été, pour tenir les classes de cinquièm
trième, troisième, seconde, rhétorique, logique et physi
conviendrait de leur accorder la principauté et leur donner les ^
à ce destinées et accordées par le d. arrêt du Conseil de 1683.
Sur quoi, la matière mise en délibération, a été unanimemen
que la principauté de cette ville sera réunie au collège des R
de l'Oratoire, à la charge que les d. maire et cschevins nommer
personne telle quils jugeront à propos pour faire les fondions e
gner les principes et les premiers éléments de la langue latine,
nant quoi les 40 livres portées par l'arrêt du Conseil seront pay
prêtres de l'Oratoire, dans la maison desquels celui qui sera
— 37
maître pour la sixième revenait à une charge supplémen-
taire de 300 livres par an. C'est" ainsi que comptait l'Ora-
toire, et ce fut en etïet ainsi (jue les choses furent réglées
quelques années plus tard. Le corps de ville savait sur
quelles bases la congrégation faisait son calcul et n'était
pas pour l'instant disposé â s'imposer de plus grands sacri-
fices en faveur de l'instruction publique. Aussi proposa-t-il
aux Oratoriens de prendre la principauté, autrement dit la
sixième, aux mêmes conditions que la tenait feu Gastaud,
c'est-à-dire moyennant 40 livres par an. La maison four-
nirait un local au nouveau régent qui pourrait faire payer
à chaque écolier 25 sols par mois.
Ce régent de sixième devait être un auxiliaire étranger
à la congrégation. Les Pères acceptèrent et il fut entendu
que le nouveau professeur serait choisi par le corps de
ville, sur la présentation de trois candidats faite par l'Ora-
toire (1). Le premier sur la liste, Edouard Dempsy^ irlan-
dais de naissance, fut nommé. Le choix n'était pas merveil-
leux ; cet Irlandais était fort ivrogne et se présentait
souvent au collège hors d'état de faire sa classe. Comme le
dirent plus tard fort judicieusement les considérants de
l'arrêt du Conseil d'Etat qui réunit la principauté au collège
de l'Oratoire : // est difficile que de tels mcdtres puissent
r
C
sera tenu de régenter dans le collège sous l'inspection du supérieur et
du Père préfet, et en cas que le régent ne fasse pas son devoir, ils en
porteront leurs plaintes aux maire et eschevins pour y être pourvu, et à
la charge par les d. prêtres de l'Oratoire de fournir au d. régent une
classe dans leur collège, et pourra le régent faire payer par chaque
écolier 25 sols par mois.
(1) Assemblée du 20 mars 1722. — Entre les RIl. PP. Payan,
supérieur, et Augustin de Paule, préfet, et les maire et échcvins a été
convenu.... Le régent sera choisi par le corps de ville sur la présenta-
tion de trois personnes faite à nous par les RR. PP. de l'Oratoire ... la
somme de 40 livres payée ordinairement au principal sera payée aux
Pères.... outre laquelle le régent sera payé de 25 sols par mois par
chaque écolier de sixième.
Les trois candidats présentés furent Edouard Denipsy , Richard
Dempsy et Joseph Quaissot.
latine. Edouard Dempsy fut remplacé par son frère
chard, qui ne valait pas mieux et d'ailleurs partit pour
pays natal au mois de septembre 1731. On était alor
instance pour la réunion absolue de la sixième; maiî
attendant, il fallait un professeur. Le 3 novembre, les
rieur présenta au corps le sieur François Pontarlier,
fut choisi d'une voix unanime. La réunion fut efEec
par arrêt du Conseil d'Etat du 29 janvier 1732 et le
patentes du 31 mars (1), mais nous savons par un mén
des Oratoriens conservé aux archives (2), que le
Leblanc, supérieur, ne se crut pas tenu de faire prof*
la sixième par un membre de la congrégation ; il fit re'^
Richard Dempsy pour donner les premiers princip(
latin aux jeunes enfants et lui fournit une chambre da
maison. Comme on était assez content de cet ho
devenu plus sage et plus exact qu'il n'était auparai
on le laissa continuer jusqu'à son décès qui ai
en 1746. A partir de cette année-là seulement, les mz
furent tous de l'Oratoire.
Il faut revenir un peu en arrière pour exposer à qi
conditions la classe de sixième devint partie intégran
collège.
En 1730, le corps de ville, à cause du meilleur éi<
ses finances et sans doute aussi de la satisfaction qii
causait la prospérité croissante du collège , accord
secoui'S à l'Oratoire. Le 2'è mars, l'assemblée fut i
d'une demande présentée par le père Hodoul, supérie
la maison, qui réclamait le paiement de mille livres
mises par décision du 14 octobre 1718 et devant être
imputées sur plus grande somme, qui appartenait ait
et était entre les mains du receveur des consignatio
la Cour des Aydes à Paris. Nous avons déjà dit qu
(1) Voir V Appendice à ce chapitre.
(2) Archives de Niort, n° 2256.
— 39
mille livres n'avaient pas été payées ; la délibération du
28 mars dit explicitement que les maire et échevins
d'alors s'étaient trouvés dans U impossibilité de prouver
qu'il était dû au corps une somme de deniers par le rece-
veur des tailles. Il est vrai que l'allocation n'avait été faite
aux Oratoriens qu'en remplacement du produit présumé
de la collecte qui n'avait pas eu de succès, et qu'en accep-
tant le collège après la délivrance des lettres patentes ils
s'en étaient remis pour cet argent à la bonne volonté de
Af" de la ville de Niort. Mais ils arguaient aujourd'hui,
pour faire revivre cette vieille créance, de dépenses indis-
pensables à faire dans les classes. Leur requête ne fut pas
immédiatement admise ; ils la renouvelèrent quelques
mois plus tard en portant à 1,500 livres le chifïre demandé.
Dans la séance du 7 octobre 1730, le corps alloua mille
livres à prendre sur l'excédent du tarif, sauf approbation
de l'intendant, laquelle somme leur fut en effet versée
par un mandement en date du 12 mai 1731.
Il s'agissait là d'un secours une fois donné, mais dans
cette même année 1731 le corps se décida à augmenter la
subvention annuelle aux fins de réunir la sixième. Pour ce
nouveau régent à établir^ les Pères comptaient comme
pour les autres 300 livres par an ; ils demandaient en outre
que les 40 livres allouées au principal de Tancien collège,
et depuis au régent externe de sixième, leur fussent don-
nées pour distribuer des prix de deux ans en deux ans. Le
corps délibéra à ce sujet le 20 septembre 1731 (1), admit
0
(1) Assemblée du 20 septembre 1731. — A comparu M. Louis
François Madien, avocat au siège royal de cette ville et procureur du
roi de cet hùtel, lequel nous a remoniré que M''^ les maire et échevins,
nos prédécesseurs, ont obtenu de la bonté du roi des lettres patentes
portant l'établissement d'un collège en la maison de M" les prêtres de
l'Oratoire de cette ville, le d. collège composé de sept classes : cin-
quième, quatrième, troisième, seconde, rhétorique, logique et physique,
et d'une préfecture, qu'à l'égard de la sixième classe elle a élé enseignée
par le s"" Richard Dempsy.... en vertu de la commission et brevet que
nous lui avons accordé, pour raison de quoi il lui a été annuellement
ses à une assemblée générale des habitants, qui fut c
quée le 6 octobre suivant.
L'assemblée générale donna son approbation aux c
proposées ; elle n'ajouta qu'une seule condition, c'es
les prix donnés seraient marqués aux armes de la
afin qu'il fût bien déterminé qu'ils étaient dus à sa
ficence. L'affaire se poursuivit (1), et l'année su:
furent délivrées , conformément à l'arrêt préalab
Conseil d'Etat, les lettres patentes donnant autorii
définitive (2). Le collège de Niort était ainsi comph
à partir du premier janvier 1733, les Oratoriens ;
assurés d'une subvention annuelle de 2,700 livres, i
moyennant cette dotation qu'ils dirigèrent l'é^
sèment pendant cinquante ans environ. Nous v^
que vers 1780 les conditions financières furent co
rablement modifiées.
Les lettres patentes furent enregistrées en Pari
payé sur nos mandements la somme de 40 livres par le receA
octrois de cette ville, somme destinée pour les gages du princ
tenait autrefois le collège de cette ville en enseignant seulei
première classe des humanités.... et comme le s»" Richard a qui
ville et passé en Irlande, le d. s"" procureur du roi croit qu'il ser
et avantageux à cette ville que cette classe de sixième fût ensei§
les S" prêtres de l'Oratoire, et que pour la pension de celui d'er
qui l'enseignerait il leur soit payé annuellement la somme de 30
qui sera prise, sous le bon plaisir du roi, sur l'excédent du taril
pour donner de l'émulation aux écoliers, dont on voit avec plaisi
nombre s'augmente de jour en jour, il serait à propos de leur di
des prix de deux ans en deux ans en suivant la pratique de p
autres collèges, à cet effet employer la d. somme de 40 livres,
payait au s"" Richard et avant lui au principal du d. ancien c(
l'achat des prix.
{[} Assemblée du 18 décembre 1731. — Au maire, cent
montant des frais du voyage qu'il avait fait à Poitiers, acco
d'un gagé, pour les afTaires de la ville, en particulier pour la c
sixième et les prix à distribuer.
(2) Voir dans l'Appendice à ce chapitre les lettres patei
31 mars 1732, reproduites in-extenso.
-Ai-
le 10 décembre 1733, à la Chambre des comptes le
12 août 1734. Ce dernier corps , avant d'enregistrer ,
rendit un arrêt qui enjoignait de communiquer les
lettres concernant la classe de sixième et les prix à
Mgr révêcj[ue de Poitiers, aux fins, d'avoir son consen-
tement pour les dits établissements. Le dossier fut
renvoj^é au corps de ville (1) qui, dans la séance du
29 juin 1734, délégua à Poitiers le maire et le procureur
du roi pour requérir les consentement et approbation
nécessaires.
Les déboursés faits pour l'enregistrement des lettres
patentes du 31 mars 1732 s'élevèrent, d'après un borde-
reau conservé aux archives (2), â la somme de 210 livres
10 s. 6 d. Nous n'avons pas le compte relatif aux lettres
de 1720 , dont les frais furent d'ailleurs payés par la
congrégation, en vertu d'une convention spéciale insérée
dans l'engagement qu'avait contracté le supérieur général
de l'Oratoire, â la date du 6 décembre 1720.
La première distribution des prix se fit en 1734. Nous
avons aux archives le mémoire de la dépense faite à ce
sujet (3). Comme on peut le voir , le crédit qui n'était que
Ub
c
(1) Comptes du receveur Philippe Arnauldet : Pour avoir retiré du
bureau de la messagerie le 20 juin 1734 un paquet en toile cirée pour
l'établissement du collège et d'une sixième classe , que le comptable
a remis le même jour entre les mains de M" les maire et éche-
vins ; • 5 livres.
(2) Archives de Niort, n° 2252.
(3) Archives de Niort, n° 1020. Du 29 août 1734 :
à M"" Elies le jeune pour livres pris chez lui . . . 40 livres » sols,
à M'' Elies le père id. ... 27 10
à M*" Desbordes id. ... 26 10
à M'' Savignac pour le satin, la doublure et la
dentelle d'or 10 10
à M" Chevallereau et Poulot pour la dorure des
livres 9 »
à M"" Poulot pour la dorure des gorges 6 »
à la couturière » 10
Total .... 120 livres.
ment au corps ae viiie qui, oes le ^y juiuei^ avaiL
un supplément de 40 livres. M' l'intendant de Poi
fut invité à honorer de sa présence cette première di
bution de prix. On chanta une pastorale qui lui (
dédiée (1), et des élèves jouèrent une tragédie. Le ser
d'ordre était fait par les gagés de mairie qui soupèrei
soir aux frais de la ville (2). Ces solennités se reno
lèrent chaque année de millésime pair jusqu'en 11
année où les distributions de prix devinrent annue
Pendant vingt ans, de 1734 à 1754, la cérémonie con:
une représentation théâtrale, suivant Tusage qui, de
jours encore, se perpétue dans les maisons d'éduca
religieuses. Le Musée de l'hôtel de ville renferme
sieurs programmes imprimés sur soie de la distribu
des rôles dans les pièces représentées ^ tragédie
comédies (3). Il faut ajouter que le supplément de cr*
accordé pour l'achat des livres de prix en 1734, ne
pas une exception unique ; les comptes de la vilh
offrent d'autres exemples (4). Beaucoup des mém(
(1) Archives de Niort, n° 1017. Comptes des deniers patrimon
Payé à M"" Paradis, prestre de l'Oratoire, faisant tant pour le
Pouleau que pour autres ses confrères, la somme de 10 livres
avoir chanté la pastorale en chant dédiée à M"" l'intendant.
(2) Archives de Niort, n° 1020. Mémoire de François Bari
De la part de M" les maire et échevins, les gagés sont venus s
chez moi, à la réserve des gagés de service, le jour de la tragédie (
à M"" l'intendant. Archives de Niort, n° 1023. Mémoire de
Barillot, 17 août 1742. Six gagés de mairie sont venus souper le je
la tragédie de l'Oratoire 4 1.
(3) A la distribution des prix du 20 août 1738, on joua une com
Les imposteurs ; à celle du 46 août 1654, une trajédie : Démétri
une comédie : Le glorieux.
(4) Archives de Niort, n° 1021. Du 24 août 1738, 80 livres
l'excédent des livres qui ont été donnés à M^^^ les écoliers du collé
cette ville.
Même somme en 1742 , d'après les Registres de l'hôtel de
Archives de Niort, n° 1029. Du 28 août 1754, mandement de 69
pour des livres fournis en augmentation des prix ordinaires disti
— AS
détaillés des libraires qui fournissaient sont conservés
aux archives. On donnait environ une soixantaine de
volumes parmi lesquels reviennent invariablement VHis-
toire de Charles XII ^ les Révolutions de la République
romaine , les Lettres de Rollin, puis fréquemment les
Ornements de la mémoire, les Merveilles de la nature,
et quelques autres compilations que , trop fidèle à la
tradition , le collège de Niort décernait encore en prix
près d'un siècle plus tard.
En 1756, les Pères demandèrent au corps de ville de
vouloir bien rendre annuelles les distributions de prix;
ils en donnaient pour motif le désir d'établir parmi les
écoliers des hautes classes une académie, à l'instar de
celles qui étaient créées déjà dans quelques-unes de leurs
maisons. Une légère récompense à la fin de l'année ,
disaient -ils, en assurerait le succès. Le 28 mai, le supé-
rieur et le préfet exposèrent leur projet devant les maire
et échevins réunis à l'hôtel de ville (1). Le Conseil fît
aux écoliers du collège à la fin de cette année, l'ayant ainsi délibéré
pour exciter l'émulation de la jeunssse et l'application des régents
par des motifs particuliers à nous connus.
(l) Assemblée du 28 mai 1756. Aujourd'hui 28 mai 1756, sur les
dix heures du matin, en l'assemblée convoquée par nous Jacques
Etienne Rouget, conseiller du roi, lieutt gai de police, maire et capi-
taine de cette ville de Niort et tenue par nous d. maire et échevins
soussignés, étant en la salle de l'hôtel de cette d. ville.
Sont entrés M" Dupleix , supérieur de la maison et collège de
l'Oratoire de cette ville et Poisson , préfet du collège, lesquels ont
représenté que l'émulation qu'ils voient avec plaisir régner parmi les
écoliers de ce collège les a aussi émus de leur part à chercher des
moyens de l'exciter encore davantage tout au moins pour la soutenir.
De tous les expédients qui ont été proposés, il ne leur en est pas paru
un plus convenable que celui d'établir parmi les écoliers des hautes
classes une académie à l'instar de celles qui sont déjà établies
dans quelques unes de leurs maisons , et comme nous sommes
fondateurs et protecteurs nés de ce collège, pour lequel nous avons
toujours témoigné une singulière attention, ils nous prient de donner
notre agrément à cet établissement et de prendre les moyens pour en
assurer le succès par une distribution anyiuelle de prix pour
délibère, lut d avis qu une école de mathématique
sein du collège, serait plus utile que cette académ
fut même arrêté que l'on en poursuivrait l'établisse
par les voies ordinaires. En réalité, il ne fut pas d
suite à cette décision; la nouvelle classe de mathémat
ne fut pas créée. Quant à l'académie en question, ell
croyons nous, établie, mais sans que le corps de ville
tribuàt à cette fondation. Modelée sur celle de Ji
elle devait se composer du père supérieur protect
du préfet, des régents de rhétorique, seconde, troisi
appelés directeurs, enfin de neuf des meilleurs él
savoir : quatre rhétoriciens, trois élèves de seconde,
de troisième (1).
Ce qui nous fait penser que ladite fondation se f
même sans retard, c'est le détail des exercices public
soutenir le projet, l'espoir dune légère récompense donnée au
étant infiniment précieuse et respectable à ceux qui ont 1 avantc
parvenir. En supposant que cet établissement soit de notre g(
nous mettent sous les yeux un détail de la forme qu'il faudrait pr
Sur quoi, la matière mise en délibération, les d. sieurs supéri
préfet s'étant retirés , nous avons réfléchi que dans l'état pré:
serait plus convenable tant au bien du collège qu'à celui du pul
général d'établir une école de mathématiques , la proximité oî
sommes du port royal de Rochefort, de la ville de la Rochelle
autres ports maritimes, joint au bon air dont nous avons le b(
de jouir dans ce pays, ne pourrait qu'y attirer beaucoup de per
propres à cette science, sans compter les habitants de cette >
lieux circonvoisins, parmi lesquels nous en connaissons beaucoi
ont un désir marqué de faire cette étude. En conséquence nous
arrêté et délibéré que nous travaillerons incessamment par les
ordinaires à faire cet établissement sous la protection singuli
S. A. S. Mgr le prince de Conty, qui sera très humblement sup]
l'avoir pour agréable. Nous ne prétendons pas refuser de faire dr
la proposition de M""* de l'Oratoire, mais nous les prions de trouv
que l'effet en demeure suspendu pour quelque temps.
Fait et arrêté les jours et an susdits.
Signé : Rouget, maire ; Moriceau, L. Juin de la Girai
Chabot, Piet, Cherbonneau, Piet-Berton, Barré.
(1) Archives de Niort, n" 2258,
— lib —
furent faits par les élèves à la distribution du mois d'août
1756. Les Pères s'avisèrent, lorsqu'ils eurent en tête leur
projet d'académie, que la tragédie comme la comédie
était indigne d'une congrégation respectable. Du moins,
ils le laissèrent dire et développer par le personnage offi-
ciel qui prononça le discours d'ouverture, NP Thomas du
Fief-Mauzay, procureur du roi des traites (1). L'orateur
exposa que les vaines douceurs de la. tragédie seraient
remplacées par les agréments inestimables de l'art ora-
toire , contre lequel quelqu'un est peut-être prévenu ,
ajoutait-il. Ce quelqu'un était sans doute le corps de ville,
accusé de n'avoir pas voulu subventionner l'art de bien
dire.
Lorsque le discours eut été prononcé et applaudi, quatre
élèves parurent sur l'estrade. L'un représentait Jules
César, les autres trois capitaines de son armée. La scène
se passait sur les bords du Rubicon ; tous les quatre argu-
mentèrent et débattirent la question de savoir s'il fallait
passer sur la rive droite, enseignes déployées. Après que
César se fut décidé à marcher contre Rome et Pompée,
(1) Archives de Niort, n° 2260. Discours de M'' Thomas du Fief-
Mauzay La tragédie, une représentation théâtrale, n'est-
elle pas indigne d'une congrégation respectable, faite principalement
pour l'ornement et la règle des mœurs, d'une congrégation que l'éducation
a polie, que la science éclaire, que le sentinient conduit, que les grands
exemples aiguillonnent, que les talents décorent, que la vertu anime ?
Mais la rhétorique, l'art de bien dire Que l'on
compare à présent, si on l'ose, les vaines douceurs de la tragédie
avec les agréments inestimables de l'art oratoire.
Préparez-vous, aimables athlètes, à mériter les lauriers qu'on vous
destine, rendez aimable à toute cette assemblée un art contre lequel
quelqu'un est peut-être prévenu.
Rendez-le aimable à ce sexe respectable qu'un faux préjugé fait
regarder comme ennemi du haut goût, des sciences, de la littérature,
Mais, ô surprise agréable, ô douceurs, je le vois ce sexe,
je le vois déjà promettre à cet exercice toute son attention, toute sa
bienveillance Pour vous, dignes disciples d'un digne
maître, pouvez-vous commencer sous un plus favorable augure, et puis
je finir avec plus de satisfaction ?
pas ete bien béotiens, en préférant une école de math
tiques aux émotions d'un poème dramatique (1)
palpitant d'intérêt. Toutefois, ils ne vinrent pas à réi
cence, et ce fut seulement en 1773 que leurs succès
fournirent les ressources nécessaires pour avoir une d
bution de prix annuelle. Ils le firent par un vire
de crédit, en destinant à l'achat de livres la somn
40 livres que l'arrêt de 1683 avait allouée pour les ga.
que l'on fait venir de tout temps, sujet qui sera traité
un autre chapitre.
A cette époque, la vaine tragédie, et même la cor
étaient rentrées en grâce auprès de l'Oratoire ;
le 11 août 1773, les élèves chantèrent une paston
jouèrent Le Bourgeois gentilhomme. Le 8 août 17'
programme ne comprenait qu'une pastorale. C'est C(
nous apprennent les affiches sur soie du Musée de 1'
de ville.
Outre les crédits supplémentaires qui furent votés
la distribution des prix, l'échevinage accorda, plus
fois et à divers titres, des secours à l'Oratoire. A
le 13 mars 1742, le corps de ville disposa de 110 "
pour l'acquisition d'une machine pneumatique^ la c
des objets nécessaires à la vie ne laissant pas defon
collège pour cet achat. Le 30 décembre 1754 fut d(
un mandat pour un globe d'électricité {?). Le 28 oc
1756, les Oratoriens présentèrent rec[uête à l'intei
pour obtenir que la ville fût astreinte à faire les ré
tions urgentes aux classes du collège. Rien d'ailleurs,
les archives, ne témoigne qu'il ait été fait droit à
demande.
Vingt ans plus tard, ce ne fut plus seulement une
tion de réparations, mais bien celle de la reconstru
d'une partie des bâtiments du collège, qui se posa
(1) Archims de Niort, n° 2259. — Programme de l'exercice
pour la distribution des prix du 13 août 1756.
— 47 —
le corps de ville et la congrégation de l'Oratoire. Déjà
dans deux requêtes, l'une de 1763 au corps de ville (1),
l'autre de 1771 au Contrôleur général des finances {2), les
Pères avaient exposé le mauvais état de leur maison
et l'impossibilité où ils étaient, par défaut de ressources
suffisantes, de faire le nécessaire à cet égard. Ils faisaient
beaucoup valoir, entre autres motifs k l'appui, la gratuité
absolue de l'instruction pour les externes. Malgré tout, ils
n'avaient rien obtenu et, en 1777, ils renouvelèrent leurs
démarches (3) ; les bâtiments étaient, disaient-ils, en si
mauvais état qu'il y avait danger de les voir s'effondrer
au premier jour. Le corps de ville continuant à faire
la sourde oreille, le supérieur envoya son ultimatum par
la lettre suivante adressée au maire, qui était sur le point
de partir pour Paris (4) :
« Niort, le 4 mars 1778.
« Monsieur, je me suis présenté sur les six heures
à votre hôtel pour vous pévenir de la nécessité où nous
sommes de suspendre hic et nunc les exercices du col-
lège. Aucun de nos régents ne veut exposer davantage
sa vie et celle de ses élèves. J'ai eu l'honneur d'en écrire
à M"" l'intendant.
« Je vous souhaite. Monsieur, un heureux voyage, et
nos Muses un prompt retour.
« Je suis avec respect. Monsieur, votre très humble
et obéissant serviteur.
« Le Clerc, prêtre de l'Oratoire. »
Les échevins comprirent qu'il fallait aviser. Dans la
séance du 26 avril, le procureur du roi exposa l'état de
la question. « Depuis quelque temps , dit-il , le collège
C
ç
r
(1) Archives de Niort, n° 2'263.
(2) Archives de Niort, n° 2265.
(3) Archives de Niort , n° 2271.
10 février 1777.
(4) Archives de Niort, n° 2274.
Requête à l'intendant , du
oco c.vci L/H^co. . .. vyci/tc lii tel 1 uptivjii U.C; L/iaoocs a eu
motif le dépérissement de quelques parties des
ments du collège. M" de l'Oratoire ont présent<
requête , dès le 10 février dernier , à l'efifet d'ave
logement provisoire ; cette requête vous a été ren
dès le 12 ; vous avez fait des démarches à cet égî
Sans en attendre la réponse, M""^ de l'Oratoire onl
qu'il était instant de démolir.... La reconstruction
fait pas. ))
Voici en résumé ce qui s'était passé : le corps d<
avait fait des démarches sans résultat pour loue
maison, rue du Mûrier, à proximité du collège, ce
M"" Clialmot de S'®-Ruhe. Or, la congrégation pours
un dessein plus étendu ; elle demandait qu'on lui
donnât l'immeuble vacant des dames de S^-Françoi&
de l'hôpital, ou mieux le couvent des Cordeliers quii
alors occupé que par quatre religieux. Les Orato
dans une requête aux officiers municipaux, du 25 fé
alléguaient que l'on ne pourrait, quand même on
en état cVacquérir toutes les maisons enclavées dam
terrain, y faire un bâtiment régulier et capable d(
tenir le nombre d'élèves qu'ils se proposaient de rec>
Il y manquerait toujours les jardins et les cours /
saires. Les officiers municipaux, en cela d'accord
l'intendant, ne voulaient pas déposséder les Cord(
Quant au terrain des Franciscaines, ils objectaient 1(
sinage de l'hôpital et du cimetière. « L'emplacemei
est au-dessus de la place de la Brèche, disaient-i'
conviendrait beaucoup mieux ; la position du collé;
sera plus favorable et, posé sur une route publiqi
attirera l'attention des voyageurs. Plus à porté(
citoyens^ on éviterait le désagrément du voisina^
l'hôpital général et de cimetières qui, quelques pr
tions qu'on prenne , exhalent souvent un mauva:
(1) Assemblée du 26 avril 1778,
Il9 —
et pourraient occasionner des maladies fâcheuses. » Il
ne fut pas donné suite à ce dernier projet, mais il est inté-
ressant d'observer que les ëchevins de 1778 avaient, à peu
de chose près, visé l'emplacement qui a depuis été choisi
pour y construire le Lycée. Aucune détermination ne fut
prise d'ailleurs dans la séance du 26 avril ; il fut seulement
arrêté que M'"'' de l'Oratoire seraient invités à se trouver
à l'hôtel de ville le mercredi suivant, 29 du mois, â deux
heures de relevée.
La conférence qui eut lieu ce jour-là ne donna aucun
résultat précis. On décida seulement que de nouvelles
démarches seraient faites auprès de M'' de S*^-Ruhe, et
celui-ci ne se montra pas mieux disposé qu'auparavant.
Il ne voulait pas affermer parce que, disait-il, et peut-être
avec assez de clairvoyance , il ne pourrait plus déloger de
sa maison les pères de l'Oratoire. Les maire et échevins
écrivirent à l'intendant, en le priant d'employer son auto-
rité, autrement dit, demandèrent, non pas l'expropriation,
mais, comme on dirait aujourd'hui, l'occupation tempo-
raire de la maison du propriétaire récalcitrant. Le 2 juillet
M"" de Blossac leur écrivait : « Je trouve, comme vous.
Messieurs, un peu fortes les clauses et conditions qu'exige
M'" de S^®-Ruhe.... mais comme les bons procédés sont
toujours préférables à toutes autres voies, je vous con-
seille de ne venir à celle de l'autorité quecomme à une
dernière ressource. »
Ce fut après cette réponse de M"" de Blossac que les
bases d'un accord se posèrent entre la ville et l'Oratoire.
La congrégation renonçait à demander la concession d'un
autre immeuble, se décidait â reconstruire ses propres
bâtiments, mais à deux conditions, d'abord que pendant
la durée des travaux la ville fournirait pour le collège un
logement provisoire et commode, puis que la subvention
annuelle serait portée à 5,400 livres, c'est-à-dire doublée.
La question fut discutée à l'hôtel de ville le 16 juillet,
entre les officiers municipaux et les prêtres de l'Oratoire.
Après l'examen et le rejet de différentes propositions, les
4
r
n
Les Oratoriens, ne cloutant pas que la convention
avec l'échevinage ne fût approuvée, reprirent leurs <
Dès le commencement de 1779, ils s'installèrent pro
rement dans une maison de la rue du Mûrier, qu
probablement était celle de M'' de S^^-Rulie, bien qu';
document ne dise explicitement qu'un accord fût
venu entre la ville et lui. Mais l'affaire était encor
d'être terminée. M'" de Blossac trouvait exagéré(
demandes des Pères et ne se hâtait pas de les
adopter par l'autorité compétente. Deux ans plus
ou peut s'en faut, les choses n'étaient pas bien ava:
car l'intendant écrivait au maire, le 2 avril 178<
qu'à son avis on pouvait accorder à M''® de l'Or
depuis 450 livres jusqu'à 500 pour chacun d'eux,
non au-delà « Ils sont persuadés , disait-il , qu'(
(1) Assemhlée du i6 juillet 1778. — Ont comparu M" Jean I
Duvivier, prêtre et visiteur de la congrégation de l'Oratoire, .
Louis Le Clerc, prêtre de l'Oraloire, supérieur de la maison et
de Niort, Pierre Chevas, prêtre de l'Oratoire et missionnain
d. maison.... ont dit que pour se mettre en état de faire face
afi'aires ils avaient jugé convenable de demander :
1° Que la ville leur procurât un emprunt sans intérêts de la
de 20,000 livres, dont ils feraient le remboursement par partie
l'espace de cinq ans, ou plus tôt s'ils le pouvaient.
2° Qu'on portât la totalité de leurs honoraires à la somme de 6
vres.
Le corps de ville refuse pour l'emprunt, disant que la ville a (
elle-même faire un emprunt considérable destiné à acquérir les
municipales. Quant aux honoraires, il ne lui est pas possible, ei
à ses facultés, de porter si haut l'augmentation.
Les Pères restreignent leur demande, renoncent à demander l'e
et se contenteront de 5,400 livres annuellement, à la charge t
par la ville de leur fournir gratuitement un logement provisic
commode.
Leur proposition réduite à ces termes est acceptée par le c
ville.
(2) Archives de Niort, n° 2292,
— 51
saurait les remplacer, ce qui cependant n'est nullement
impossible. » Les maire et échevins n'étaient pas du
même sentiment ; ils reconnaissaient que la pension de
5,400 livres serait une lourde charge pour la ville, mais,
d'autre part , ils ne doutaient pas que ces messieurs ne
fussent résolus à abandonner le collège si l'augmentation
n'avait pas lieu , ce qui d'abord ferait baisser Voctroi
d'entrées et serait en outre une perte irréparable pour la
ville. W' de Blossac se rendit â ces raisons et , dans
l'assemblée du 8 avril, les officiers municipaux décidèrent
que l'on écrirait â M' Amelot, ministre secrétaire d'Etat,
pour obtenir l'approbation de la délibération du IG juillet
1778. Dans une autre réunion qui eut lieu quelques jours
après, le 14 avril, on arrêta que ces démarches seraient
communiquées aux Oratoriens, auxquels on donnerait en
même temps l'assurance du vœu unanime de la ville pour
les conserver {1). Malgré ce témoignage de bonne volonté,
les Pères, fatigués des lenteurs que subissait l'affaire du
collège, usèrent du moyen qui, une fois déjà, leur avait
réussi, et déclarèrent cpi'ils allaient cesser les cours (2).
Sur cette notification péremptoire, le maire se rendit
sans délai â Poitiers pour voir l'intendant et lui demanda
la permission d'aller solliciter â Paris l'arrêt réclamé.
M'" de Blossac autorisa et le maire partit en toute hâte.
Lorsqu'il se présenta au bureau de M'' Amelot, il fut très
C
c
(1) Assemblée du li avril 1780. — Arrêté que demain, à neuf heures,
nous nous rendrons chez M" de t'Oratoire, et que nous leur ferons part
des nouvelles démarches que nous avons faites près de M"" Amelot, que
nous demanderons à M"" le supérieur d'en instruire sur le champ ses
supérieurs majeurs, et que nous-même nous écrirons pour leur renou-
veler le vœu unanime de la ville pour les conserver parmi nous.
(2) Du 15 avril 1780. — A M"^^ les maire et échevins : « En vertu
des pouvoirs que je vous présente, je suis obligé de vous notifier que
nous cesserons de fournir des professeurs et des régents à la S^-Luc
(18 octobre) de la présente année, à moins que vous ne soyez assurés,
avant le mois de juillet prochain, que le doublement de dotation sera
effectué pour l'année prochaine.
« Louis Le Clerc, prôtre et supérieur de l'Oratoire. »
15 avril, c'est-à-dire précisément du jour où la coi
tion avait envoj'é son deuxième ultimatum. Nous d
in extenso cette pièce (1), qui constitue la dernier
nisation du collège des Oratoriens. Il est croyable
Pères, instruits du peu de chaleur que mettait Fin
du Poitou à recommander leur affaire, avaient
d'autres voies. L'ignorance dans laquelle ils pai
être restés de la décision du Conseil d'Etat peut
quer par la lenteur des communications, mais il est
de supposer aussi qu'ils avaient voulu dissimu
démarches qu'ils faisaient en dehors de l'autorité
ciale.
Ainsi fut réglée la question du collège de Niort, l
ter du l^*" avril 1780 (2)^ les Oratoriens reçurent
lement 5,400 livres de subvention. Durant les
1779 â 1782, ils occupèrent la maison de la rue du \
dont la ville paya le loyer pendant quatre ans, sur
(1) Voir VAppendice à ce chapitre.
(2) Archives de Niort, n° 2-296. — Mandements et quiUance
à 1788 :
Nous, maire et échevins de la ville de Niort soussignés, vu
du Conseil du 30 avril 1720, 29 janvier 1730 et 15 avril 178
M"" François-Elisée Prioleau, receveur syndic des deniers coc
excédent du tarif de cette ville, de payer à M"" Roman, super;
maison et collège de TOratoire, la somme de cinq mille cinq ce
cinq livres, savoir ; six cent soixante-quinze pour les trois
janvier, février et mars de l'année dernière 1780, et quai
cinquante pour les neuf derniers mois, à raison de tn
cinquante livres par quartier, suivant et au désir de l'arrêt d
du 15 avril dernier, plus celle de huit cents livres pour deu^
du loyer de la maison et chambres accordées à ladite maison
toire, suivant aussi et conformément au dit arrêt, lesquelles dite;
se montant ensemble à celle de cinq mille cinq cent vingt-c;
seront allouées au dit s'' Prioleau dans la dépense de ses co
rapportant la quittance du dit supérieur de l'Oratoire, laquelle s
gistrée, avec le présent mandement, sur le registre à ce destin*
Fait à l'hôtel de ville de Niort, le 3 janvier 1781.
Signatures,
— 53 —
de 400 livres par an, d'après les mandats conservés aux
archives. Les travaux de réparations et constructions
indispensables durèrent donc à peu près ce laps de temps.
Les pères avaient acquis plusieurs maisons contiguës ou
voisines de la leur, sur l'emplacement desquelles ils firent
élever, entre autres, les bâtiments neufs que l'on voit
encore à l'angle des rues Saint-Jean et du Musée, et qui,
par leur asjDect comme par leur manque de solidité, font
peu d'honneur aux architectes de l'Oratoire.
Nous ignorons quels étaient au juste les travaux exécu-
tés lorsque les Oratoriens abandonnèrent la maison de la
rue du Mûrier et se réinstallèrent dans les bâtiments, tant
anciens que neufs, leur appartenant ; ils firent après cela,
ou commencèrent au moins d'autres constructions sur
lesquelles nous n'avons pas de données précises. Alexandre
Briquet, qui pouvait être exactement renseigné à l'époque
où il écrivait son Histoire de Niort, parle très succincte-
ment des agrandissements de l'Oratoire. « Les Pères,
dit-il (1), avaient fait l'acquisition; en 1781, d'un terrain
vague et de deux maisons (2), en face de la porte d'en-
trée de leur église. Ils comptaient y bâtir des classes et
une salle d'exercices publics. Ils achetèrent aussi une
autre maison, avec ses dépendances, rue Saint-Nicolas,
pour y loger les pères de l'Oratoire, excepté les préfets
de pension. Déjà ils s'occupaient à reconstruire cette der-
nière maison, lorsque la Révolution vint anéantir leurs
projets. »
Une fois sa nouvelle organisation assurée, le collège de
Niort avait repris sa marche régulière. La dotation de
5,400 livres fut payée par la ville jusqu'à la suppression
C
0
(1) Histoire de la ville de Niort, par Hilaire-Alexandre Briquet.
Niort, Robin, 1832, t. n, p. 154.
(2) M. Léo Desaivre a publié dans les Bulletins de la Société de
statistique (janvier-mars 1889, p. 263) une notice sur les bâtiments neufs
de l'Oratoire, oii se trouve la désignation de trois immeubles acquis par
la congrégation.
était devenue annuelle depuis 17/^. D après les co:
de la ville, la somme attribuée pour cette dépense fi
année de 120 livres en moyenne dans les derniers t
Au point de vue des crédits visés par les mandats, (
décomposait ainsi : 40 livres, traitement de l'anc
principalité ; 40 livres allouées pour les gazettes qu
faisait plus venir ; 40 livres à prendre sur les d
patrimoniaux. Pour cette somme de 120 livres, on r
pas plus de 50 â 60 volumes, suivant les mémoii
libraires qui existent presque tous aux archives po
dernières années. C'était du reste le contingent de
mières distributions, sans variation depuis Tépoq
elles avaient été instituées.
§ 2. — Cours d'obstétrique professé aux frais de la \
Dans une des publications de la Société de statistiqi
M. Léo Desaivre a donné un extrait du Plumitif d
diences du siège royal de Niort concernant un difl
qui s'éleva^ en 1695, entre les maîtres chirurgiens
ville et le sieur Cochon du Puy, médecin du roi, (
de leur faire un cours d'anatomie et de médecine (
toire. M' Cochon du Puy était rétribué pour ces le»
50 livres par an, payées par lesdits chirurgiens
deniers de la ville n'étaient donc pas engagés d
question et nous ne citons le fait que pour mémoire.
Dans l'année 1765, une dame du Coudray, ma,
matrone de la ville de Paris, vint à Niort, appel
l'administration municipale, pour y donner des
d'accouchement, et y professa pendant deux mo
maire sortant^ Jacques-Etienne Rouget, présenta
l'assemblée du 27 juin, le compte des frais dus à c(
(1) La congrégation de l'Oratoire fut supprimée par une
5 avril 1792.
(2) Bulletins de la Société de statistique (janvier-mars 1889),
— 55 —
par la ville. Ils avaient été avancés par lui ; le total en
était de 889 livres 10 sols. Pour honoraires et frais de
transport, il y était compté 389 livres 10 sols. La maîtresse
snge-femme avait été logée et défrayée chez M""*" la com-
tesse du Bourdetj à raison de 100 livres par mois, soit
200 livres. Enfin, en partant, elle avait laissé à la ville une
forme pour L'usage de l'instruction, c'est-à-dire un man-
nequin figurant une femme sur laquelle on exécutait les
manœuvres d'un accouchement. Cette pièce était estimée
300 livres. Le paiement de ces dépenses fut imputé sur
l'excédent du tarif. Nous ajouterons qu'il n'existe pas dans
nos archives d'autre exemple de cours do médecine opéra-
toire.
§ 3. — La bibliothèque publique.
La bibliothèque publique de Niort a été fondée le
23 mai 1771. Voici de quelle manière et dans quelles
circonstances :
Ce jour-là, les officiers municipaux s'assemblèrent à
l'hôtel de ville. Le maire. M'' Rouget de Gourcez , annonça
au corps que le curé de Notre-Dame était dans l'intention
de donner sa bibliothèque à la ville. Nous laissons main-
tenant la parole au procès-verbal de la séance : « Dans cet
instant a comparu messire Jean-de-Dieu-René Bien, archi-
prêtre de Niort , curé de la paroisse de Notre-Dame de
la dite ville, et l'un des conseillers du corps municipal (1),
lequel a dit que c'est avec la plus grande satisfaction qu'il
voit se former et adopter un projet de bibliothèque publi-
que pour lequel il respirait depuis longtemps... ; il a
présenté et laissé sur le bureau le catalogue des livres (2)
0
(1) Le curé Bion avait été nommé conseiHer \o 30 mai 1770, confor-
mément à la nouvelle organisation municipale en vigueur depuis 1765.
(2) Le registre sur lequel a été inscrite une c()pi(! de ce catalogue,
disposée par ordre de matières, est conservé à la bildiothèque. La dona-
tion du curé Bion comprenait 1,38"2 volumes. Les acquisitions faites de
1772 à 1789 ont été inscrites à la suite, dans chacun des titres.
donner avec les six armoires qui les renferment, à (
tion néanmoins de ne pouvoir être déplacés de chez
son vivant, attendu que son âge avancé et ses infii
ne lui permettraient plus de se rendre dans le lieu qi
être destiné pour la bibliothèque , ajoutant au si
qu'indépendamment de la dite donation il est pr
fournir telles autres assurances qu'il serait jugé ]
saire pour la rendre encore plus certaine s'il est pos
et tout â fait irrévocable, que d'ailleurs il se confi
soins et à la vigilance de messieurs les officiers m
paux pour le choix et la préparation d'un lieu comm^
Après avoir ainsi manifesté ses intentions, le cure
se retira. Il voulait, comme on le voit, donner seul'
après sa mort. Séance tenante, les officiers munie
prirent les résolutions suivantes :
(( Il sera député chez M"* le curé de Notre-Dame
lui témoigner toute la reconnaissance et la parfaite
tude du corps, et pour le prier néanmoins de rem;
qu'en remplissant son bienfait de son vivant, non
ment- il déterminerait tout de suite l'établissement
aussi l'agrément nécessaire pour les dépenses qu'i
viendrait faire^ tant pour le lieu qui y sera destir
pour un autre fonds à employer en livres qui ne se
vent pas parmi les siens, que cependant il lui sera to
libre de retenir chez lui tous les livres qu'il Jugera à p
comme de faire prendre à la bibliothèque ceux c
feront plaisir.
« Il sera préparé un appartement au-dessus de 1<
des assemblées de cet hôtel de ville pour servir à l'é
sèment de la bibliothèque ; en conséquence il sera f
réparations utiles et nécessaires suivant les forme
tées.
« Il sera fait un fonds annuel qui sera pris sur '
dent du tarif de la somme de 500 livres, pour être en
annuellement en livres qui seront jugés nécessaire;
— 57 —
augmenter utilement la bibliothèque et en acquitter les
gages du bibliothécaire, suivant qu'ils seront réglés aux
meilleures conditions qu'il sera possible. »
En présence de cet empressement et de cette bonne
volonté, messire Bion se rendit aux désirs du corps de
ville, et le même jour^ dans la salle des séances de la mai-
son commune, fut passé l'acte par lequel il donnait de
suite et sans réserve sa bibliothèque à la ville de Niort (1).
L'intendant, M"" de Blossac, approuva, par ordonnance
du 28 novembre 1771, la délibération du 23 mai et permit
de disposer annuellement sur l'excédent du tarif d'une
somme de 500 livres, dont deux cents seraient appliquées
au paiement des gages du bibliothécaire et trois cents à
l'acquisition de nouveaux livres (2), après néanmoins que
les dépenses nécessaires pour la mise en état de la salle
auraient été acquittées (3).
La salle, étant située au-dessus de celle des séances, se
trouvait sous la toiture du côté qui a vue sur la rue des
Halles. Un an après la donation, les aménagements néces-
saires étaient terminés et, dans l'assemblée du 30 mai 1772,
le corps de ville examina les mémoires dont le total s'éle-
vait à 903 livres 6 sols 6 deniers (4). Dans cette même
C
0
(1) L'acte de donation fut reçu par M« Bion, notaire, frère du curé
de Notre-Dame, qui ne voulut rien prendre pour ses honoraires. Les
frais de contrôle et de timbre s'élevèrent à 104 livres 3 sols.
Cet acte a été publié par M. l'abbé Alfred Largeault dans les Mémoi-
res de la Société de statistique, année 1885, p. 107.
(2) Les pièces justificatives des comptes de la ville comprennent un
mémoire de livres fournis par Elles, libraire, à la bibliothèque, s'élevant
à 835 livres pour les neuf années de 1774 à 1182, deux autres de Lefranc
pour 1786 et 1787, qui montent à 97 livres 10 sols. Mais il n'est pas
certain que ces mémoires représentent la totalité des livres achetés.
(3) Assemblée du 30 mai 1772.
(4) Détail des mémoires pour l'aménagement de la salle de la
bibliothèque :
A Devois, charpentier, pour avoir retait en entier
de 200 livres par an. La place fut donnée à l'abbé Pe:
vicaire de Notre-Dame.
Il fut arrêté que la bibliothèque serait ouverte au:
teurs deux jours par semaine, les lundi et vendred
huit à onze heures et de deux à cinq dans la période
Pâques et la Saint-Michel, de neuf heures k onze h
et demie et de deux à quatre pendant le reste de l'an
La bibliothèque publique de la ville, dont celle di
Bion a fourni le premier noyau, est aujourd'hui et
comme on sait, dans les anciens bâtiments de TOratc
APPENDICE.
L
Assemblée générale des habitants de la ville de Nio
« Assemblée générale des habitants de cette vi
Niort, tenue et convoquée ce jourd'huy, 18 décembre
sur les deux heures après-midi, par M" les maire et >
vins de cette dite ville, étant dans la grande salle
maison des pères de l'Oratoire, en présence du Ré\
le plancher de la chambre 73 1.
A Daniau, blanchisseur, chaux, chaple, journées
pour crépir et blanchir 18 1.
A Pinoteau, xw^ de bois, sapin et bois blanc pour
t plancher et armoires 304 1.
A Moisnier, cloutier. . ' 34 1. 19 s
A Huguet , serrurier 88 1. 19 s
A Lucas, vitrier, pour les armoires 150 1.
A Fleury, peinture des armoires et boiseries. . 24 1.
A Bernier, secrétaire, pour sept écritoires. . . 8 1. 8 s,
Total 903 1. 6 s
(1) Extrait des registres de Vhôtel de ville.
— 59 —
Père Durand, supérieur de ladite maison, à laquelle
assemblée ont assisté :
« Messire Jacques de Chasteauneuf, chevalier, seigneur
de Pierre-Levée, lieutenant pour le roy des chasteau et
ville du d. Niort, inspecteur des milices bourgeoises du
haut et bas Poitou, maire perpétuel et juge de police de
cette d. ville ; messire Emmanuel Augier de la Terrau-
dière, archiprestre et curé de Notre-Dame de cette d. ville;
Jacques Baston, curé de S'-André de cette d. ville; Jean
Pinet, prestre ; Madreu, prestre ; Barrault, prestre, et
Desmier, prestre ; M'"^ Jean Gerbier, écuyer, seigneur de
Mornay, conseiller du roy, trésorier de France au bureau
des finances de la ville et gouvernement de la Rochelle et
président en la sénéchaussée et siège royal de cette ville;
Daniel Madien, lient' particulier, assesseur civil ; Paul
Esserteau, lient' particulier, assesseur criminel; Alexan-
dre Follet , s'' de Ste-Ouenne ; Pierre Palustre , s' de
Boismé, tous conseillers du roy, juges et magistrats au
d. siège ; M'"^ M® Jean Arnault, conseiller et procureur du
d. siège ; Jacques Poudret, procureur du roy de la police;
M" M® Nicolas Avice, écuyer, s'' de la Motte ; Benêt, con-
seiller du roy, ])résident de l'élection de cette ville ; Jean
Decemme, lient' particulier ; Pierre Boucher ; Pierre-
Gabriel Macé, tous conseillers du roy, élus en la d. élec-
tion; André Lafîton, procureur du roy ; Antoine Jousselin^
enquêteur au d. siège ; messire Claude de Condé, cheva-
lier, s"" de Condé ; Jacques de Brémond, chevalier, s'' de
Vernon, Le Chironnail et autres lieux ; Antoine Vidard,
écuyer, s'' des Bouchetières, chevalier de l'ordre militaire
de S*-Louis ; Louis de Villiers^ écuyer, s"" de Chantemerle,
d'Antes et autres lieux ; René Clémenson, écuyer, s*" de
Bellefois, chevalier du guet, prévôt provincial au départe-
ment de cette ville ; Jean Thibault, écuyer, s"" du Planty ;
Pierre Thibault, écuyer, s'" de la Gaschère ; Joseph Savi-
gnac, écuyer, s"" des Roches ; Pierre Savignac, écuyer,
s"" de la Brumaudière ; Joseph Louveau, écuyer, s"" de
Ligné ; Pierre-Moïse Bouchot, s"" de Martigni ; M* Jacques
C
0
n
Thibault de Boutteville, avocat au parlement et ai
eschevin ; Jean Hugueteau, s"" de Chaillié, avocat;
Thomas de la Chapelle, procureur du roy des ti
foraines et avocat; Antoine Fautret d'Alleret, avocat;
de Bonneval, avocat en parlement ; M" Pierre Augier
Terraudière, ancien subdélégué et avocat ; Simon Gu
deau, ancien commissaire aux inventaires et ancien e
vin; Jacques Hyppolyte Baudoin, ancien élu contrô
René Chauvegrain, ancien lieut' criminel de lad. élec
Antoine Berthon, ancien avocat du roy de la d. électi
eschevin ; M""^ Pierre Bastard, procureur et ancien e
vin; Louis Madien, procureur; Jean Piet, procure
ancien eschevin ; Jacques Allonneau^ procureur ; Ja^
Arnault, procureur et margu illier de S'- André ; ;
Brunet , procureur ; Pierre Cassin , procureur ; ,
Ferré, procureur ; Pierre Perault, greffier ; M" Alex;
Clémenson, notaire royal; Jean Sabourin, Antoine
ton et Jean-René Mangou^ aussi notaires royaux ;
Baptiste de Bonneval , inspecteur des manufacti
Jacques Pelletier, le jeune, greffier des traites fora
Pierre Coezard, hérault commis à la recette des ta
M^ Jean Juin, juge des consuls en exercice et esch
Jacques Fradin, eschevin; Jean Martin, eschevin; (
les Urtebise, tous anciens juges des marchands ; ^
Urtebise ; Jean Clerc, le jeune ; Charles Allonneau ; '
les Rivollet ; Abraham Allonneau de la Bouchetière ;
Clerc , l'aîné ; Gabriel Birault ; François Garenc
Michel Jouhot ; Jean Varvarée ; Louis Marot ; Ph:
Doreil ; Louis Pelletier, s"" de Nizeau ; Jean Gigault; S
Binet; Louis Cruveher; Jean-de-Dieu Bion, s'" du ]
Henri Augier; Louis Allonneau, s'" du Planisseau;
Bernard ; Noël-Joseph Gaultier ; Jean Elier ; Fra
Taillefert ; Pierre Binet ; Jacob Pillot de Beaure
Jean Perot, s"" des Ousches ; Philippe-Elisée Viet ; ,
Desbordes et Jean Mestreau, tous marchands, faisan:
les corps et habitans les plus notables de la d. ville.
— 61 -.
« Les dits sieurs, maire et eschevins, et M'" Alexis Barré,
l'un d'iceux faisant les fonctions de procureur du roy de
l'hostel de cette dite ville, ont dit qu'il n'y aurait rien de
plus utile pour cette ville qu'un collège pour l'instruction
des enfants, dont la plupart des pères sont hors d'état de
répondre à leurs dispositions, leur donner la direction
nécessaire et leur faire apprendre la langue latine, aussy
bien qu'à ceux des lieux circonvoisins dont la majeure
partie se trouvent enfants de nouveaux convertis. Ils ont
ce requis et prié, faisant pour le général des dits habitants,
lesdits RR. PP. de l'Oratoire, establis depuis plusieurs
années en cette ville , de vouloir accepter à perpétuité et
irrévocablement, par une permission expresse du roy, par
des lettres patentes qu'ils espèrent obtenir de l'avis de
M^'' nostre illustrissime et révérendissime évesque de
Poictiers, et de M^'' l'Intendant de la généralité de cette
province de Poictou, ledit collège et iceluy tenir composé
des classes de sixième, cinquième, quatrième, troisième,
seconde ou humanités, rhétorique et philosophie, de dire
les moyens pour parvenir et ce qu'ils désirent des habi-
tants, en attendant que les dits RR. PP. ayent trouvé des
fonds convenables et suffisants par l'union de bénéfices
qu'ils pourront obtenir, ou autrement, en faveur dudit
collège.
« Les dits RR. PP. de l'Oratoire^ par la bouche du R. P.
Durand, leur supérieur, ont dit que pour répondre aux
intentions des dits habitants ils acceptent volontiers, sur
le bon plaisir de leur très R. P. supérieur général et de
son conseil, ledit collège qu'ils commenceront les premiers
jours du mois de janvier de l'année prochaine 1717, sous
les permissions et approbations requises et nécessaires.
L'establissement du dit collège pour trois classes, savoir
la sixième, cinquième et quatrième, lesquelles trois classes
seront enseignées par deux régents, que l'année suivante
1717 ils y joindront la classe de troisième et un régent de
plus, que dans la suite, et lorsqu'ils auront les fonds qu'ils
pourront obtenir par union de bénéfices, ils seront tenus
C
r
régents, toutes lesquelles susdites classes qui compos(
le dit collège en son entier seront conduites et enseig
par sept régents et un préfet. Les dits RR. PP. ne de:
dent aux dits habitants pour enseigner que la somn
mille livres une fois payée, aux conditions néann
qu'ils prendront de chascun des escoliers estudian
somme de cinq livres par chacune année pour l'entr
des deux régents de l'année prochaine 1717, et des
pour les années suivantes, en attendant l'établisse]
parfait du dit collège et les fonds nécessaires poi
parvenir.
« La matière mise en délibération, tous les dits 1
tants ont unanimement accepté, sous les permissioi
approbations requises et nécessaires, les offres et condi
proposées par les dits RR. PP. de l'Oratoire, auxquel
conséquence de la promesse par eux ci-dessus faite, il
payé, par cette dite ville, la dite somme de mille 1
par eux demandée, qu'à cet effet on se transportera <
les maisons des dits habitants , exempts et non, exe,
privilégiés et non privilégiés , pour recevoir d'ew
qu'ils voudront donner volontairement pour conif.
la dite somme de nulle livres, de laquelle il sera
délivrance, aux dits RR. PP. de l'Oratoire, par t
partie, savoir : Un tiers quinze jours après qu'ils ai
commencé à enseigner la sixième, cinquième et quatrii
l'autre tiers à la fête de Saint-Jean-Baptiste prochain
enfin l'autre tiers restant à payer à la fête de Tou
saints de la dite année 1717, desquels dits paiemenl
seront tenus de donner quittances aux dits sieurs n
et esche vin s, pour être déposées au secrétaire du dit h
de ville et jointes à ces présentes ; est arresté que lor
les dits RR. PP. auront obtenu, en faveur du dit col'
des fonds par réunion, donation, jusqu'à la concurr
de la somme de deux mille quatre cents livres de re^
annuel, ils ne pourront plus prendre de chascun escc
— 63 —
soit de cette ville ou d'ailleurs, la dite somme de cinq
livres, mais seulement celle de une livre pour employer à
l'achat de prix ou autres choses à la discrétion des RR. PP.,
et alors seront tenus d'enseigner tous les dits escoliers
gratuitement à la raison de la dite somme de une livre
pour chascun des dits escoliers des huit classes composant
le dit collège enseignées par sept régents.
« Et afin de faire la dite quête de la dite somme de
mille livres, les dits habitants ont prié les dits sieurs maire
et eschevins de la faire incessamment, et pour commis-
saires pour travailler conjointement avec eux à faire la
dite quête , ils ont nommé M""® les curés de cette ville , et
en leur absence M""^ les vicaires, M'"® Gerbier, président de
ce siège, de La Mothe A vice, président de l'élection, M'"® de
Villiers et Thibault de La Gaschère, eschevins, M""^ Thi-
bault de Boutte ville, avocat et ancien eschevin, Sabourin,
notaire royaL Juin, marchand, juge des consuls en exer-
cice, lesquels dits sieurs maire et eschevins et commissaires
seront tenus de remettre ce qu'ils amasseront en la dite
quête entre les mains de M"" Bernard Pellerin, procureur
au dit siège, et faisant les fonctions de secrétaire du dit
hostel de ville, lequel s'en chargera et sera tenu de le
délivrer aux dits RR. PP., par ordre des dits maires et
eschevins, dans les termes ci-dessus expliqués et non plus
tard, mo3ennant quoi le dit sieur Pellerin en sera quitte.
Consentent les dits habitants que le dit sieur Pellerin
délivre grosses des dites présentes, tant aux dits RR. PP.,
stipulant et acceptant le contenu en icelles, qu'aux dits
sieiu's maire et eschevins. Fait et arrêté les jours, an,
heure et lieu susdits, et ont signé : Suivent les signatures
des habitants présents.
« Et après que le présent acte a été communiqué aux
communautés régulières pour approbation, se sont sous-
signés ce vingt-six décembre 171G, ainsi signé :
({ Fr. P. Rabot, gardien des Cordeliers, Bairault, doc-
teur en théologie, Fr. Ravallon, vicaire, Fr. Félix de
Civray, capucin, vicaire de la communauté des capucins,
r
0
Niort, Fr. Barnabe de Poictiers, prédicateur, capuc
ancien missionnaire apostolique dans les Missions é
gères, Fr. René Chauvegrain, prieur des religieux i
Charité, Fr. Marc Antoine Masson. »
IL
Assemblée du corps de ville.
« Aujourd'hui, 14 octobre 1718, étant en la sali
assemblées du corps et maison commune de cette vil
Niortj par devant nous, François Desprez, écuyer, sie
la Potterie, conseiller du roy^ receveur ancien des t^
et maire de cette ville, Louis Blactot, conseiller du
lieutenant des eaux et forêts, eschevin, Jean Thom;
la Chapelle, Pierre Thibault de Boutteville et Jea:
Dieu Bion du Parc, aussi eschevins, a comparu ÎM® .
Baptiste de Bonneval, avocat en parlement et au
royal de cette ville, procureur du roy dudit corps, 1<
nous a remontré qu'il a été informé que, par acte d'as
blée du 18 décembre 1716, qui est es mains du
Pellerin^ ci-devant commis secrétaire du corps de
dite ville^ les maire et eschevins qui nous ont précé'
le général des habitants de cette ville, sous le bon p
du Roy, ont offert à perpétuité, aux RR. PP. de l'Ora
de cette ville^ un collège en leurs maisons, lequel il
accepté, et deux mois après ils ont enseigné les class
sixième, cinquième, quatrième et troisième, ce qu'il
continué de faire jusqu'au sept du mois de septembre
nier, et comme le dit procureur du roy a appris que '
blissement de ce collège, si utile aux habitants de
ville et lieux circonvoisins éloignés des autres villes
y a des collèges^ est sur le point de tomber, parce
depuis la dite année 1716, les RR. PP. de l'Oratoire i
pu trouver aucun fonds ni obtenir aucuns bénéfices
— 65 —
entretenir les préfets et régents qui enseignent les dites
classes, que d'ailleurs ils ne sont pas en état de bâtir les
classes qui leur manquent, il croit qu'il est de l'intérêt
public de soutenir cet établissement, et pour y parvenir
de faire présent aux dits RR. PP. de quelques sommes
pour aider à entretenir les dits préfets et régents, et aider
à bâtir les classes qui manquent, et d'autant que les
deniers patrimoniaux de cet hôtel de l'année présente ne
suffiront pas pour faire faire les réparations publiques
urgentes et nécessaires, il estime que l'on ne peut employer
plus utilement partie de la somme qui est entre les mains
du greffier ou receveur des consignations de la Cour des
aydes de Paris appartenant a cet hôtel, et qui y a été
déposée par des receveurs des tailles de cette dite ville ,
qu'à donner aux dits RR. PP. de l'Oratoire les moyens
d'aider â nourrir les dits régents et à bâlir les classes qui
manquent, requérant qu'il nous plaise délibérer sur sa
remontrance et s'est soussigné,
(( BONNEVAL. M
« Arrêté.... que les dits RR. PP. de l'Oratoire seyero/ii!
payer de la somme de mille livres.... prient les receveur
des consignations et greffier de la Cour des aydes de Paris
de faire le paiement de la dite somme de mille livres,
après que les RR. PP. auront fait approuver et viser la
déhbération par M^'' l'intendant... . ce que le R. P. Payan,
supérieur de la maison do l'Oratoire, a accepté. »
r
r
IIL
Assemblée du corps de ville.
« Aujourd'hui, 23"'^ jour de février 1719, en l'assemblée
ordinaire tenue en la salle de l'hôtel de ville de Niort, par
nous, François Desprez, écuyer, sieur de la Potterie,
ont comparu en personnes M'"® François Payan, prêtre,
supérieur de TOratoire de cette ville, et M'^ François
5
collège, lesquels nous oni remonxre que par acK
semblée générale des habitants de cette dite ville
du 18 décembre 1716
« En conséquence de cet acte, les dits PP. de l'O
ont enseigné les classes de sixième, cinquième, qua
et troisième en l'année 1717, et depuis ils ont faii
des régents pour enseigner la seconde ou humanitc
rhétorique^ et comme ils ont fait le tout à leurs d
les cinq livres qu'ils ont fait payer à chascun escol
conformité du susdit acte, n'ayant point suffi pou
les dites classes, et qu'il n'est pas possible qu'ils pi
continuer à enseigner les susdites classes, sans qii
secours de cette ville, jusqu'à ce que qu'ils aient >
la réunion de quelques bénéfices en faveur du dit c
ils nous prient d'avoir égard à leur remontrance et (
donner le moyen de soutenir l'établissement du dit (
naissant aux offres qu'ils font, tant pour eux que poi
de leur congrégation, d'exécuter toutes les clai
conditions ci-dessus et celles établies en le susdit
et ont signé :
« Payan, prêtre et supérieur de l'Oratoir
« DuPLEix, prêtre de l'Oratoire et préf
du collège. »
« Le procureur syndic de cette dite ville
attendu que les RR. PP. de l'Oratoire de cette v
sont point en état de soutenir la dépense qu'il co
faire pour entretenir les sept régents et un préfet, :
qu'il est de son devoir de nous remontrer qu'il S(
propos de prendre sur le revenant bon des droits d
qui se perçoivent aux portes de cette ville dep
premier octobre dernier, la partie du roy préalab'
acquittée, la somme de deux mille quatre cents livr
sera annuellement payée aux RR. PP. de l'Oratoii
charge par eux de tenir le dit collège composé des si
sept classes et d'une préfecture, qui seront enseign(
— 67 —
sept régents et un préfet, et qu'ils ne pourront recevoir
qu'une livre de chascun escolier, et comme il est ci-dessus
expliqué, à la charge aussi qu'aussitôt que les dits RR. PP.
de l'Oratoire auront obtenu quelques réunions de béné-
fices, ou qu'il leur sera donné quelques biens à quelque
titre que ce soit jusqu'à la concurrence de la susdite
somme de 2,400 livres, on cessera de leur en faire le
paiement, et au dit cas seront tenus ù toujours et â perpé-
tuité d'enseigner les susdites classes, sans pouvoir s'en
dispenser, sous prétexte c^ue les dites réunions de béné-
fices et dons à eux faites n'ont été faites qu'en faveur de
leurs maisons et non du collège, et a signé,
« BONNEVAL. »
« Sur quoy, la matière mise en délibération, attendu
que nous ne pouvons disposer des deniers communs de
cette ville, sans le consentement des habitants de cette
dite ville, avons arrêté et délibéré que le présent acte
d'assemblée leur sera par nous communiqué en assemblée
générale, qui sera par nous convoquée demain, une heure
de relevée, au Palais-Royal de cette dite ville »
IV.
r
c
Assemblée générale des habitants (1).
« les habitants sont d'avis qu'il soit annuellement
payé aux RR. PP. de l'Oratoire, par demi-année, la
somme de 2,400 livres pour la nourriture des dits préfet
et régents, laquelle somme sera prise, sous le bon plaisir
du Roy, sur le revenant bon ou excédant des droits
d'entrée ; le paiement diminuera au fur et à mesure
que les RR. PP. de l'Oratoire obtiendront la réunion de
quelques bénéfices, ou qu'il leur sera fait quelc|ues dons
qui seront toujours présumés faits en faveur du dit collège,
(1) Extrait des registres de l'hôtel de ville,
reunion et de donation ou autrement, ce que les RR
Payan... . ont accepté, promis d'exécuter et faire appr
par leur R. P. général; ont promis, 'ce requérant le
habitants, ne plus recevoir à l'avenir aucune somn
escoliers , tant pour prix qu'autrement , au moy(
paiement annuel de la somme de 2,400 livres. F
arrêté »
V.
Arrêt du Conseil d'État sur Vétablissemem
du collège de l'Oratoire (1).
(' Extrait des registres du Conseil d'Etat sur la n
présentée au rov, estant en son conseil, par les i
esclievins et habitants de la ville de Niort, concernai
leur ville qui est grande et fort peuplée, et qui es
trepôt des provinces circonvoisines, manque néant
d'establissements les plus utiles et les plus nécessai
entre autres d'un collège pour l'instruction de la jeui
que dans la vue d'y pourvoir, sous le bon plaisir
Majesté, ils se seraient unanimement assemblés e
acte du 18 décembre 1716, ils auraient requis le
Durand, supérieur de la maison des pères de l'Orato
sa communauté établie depuis longtemps dans la
d'accepter à perpétuité le dit collège pour y ten
classes de sixième, cinquième, quatrième, trois
seconde, rhétorique et de philosophie, et qu'en atte
que les dits RR. PP. eussent trouvé les fonds convei
pour son entretien, les dits suppliants seraient con
de leur donner une somme de mille livres une fois \
et auraient consenti qu'ils reçussent de chaque es
étudiant 100 sols par an, aux conditions toutefois qu
qu'ils auraient obtenu en faveur du collège des fond;
(1) Extrait des regislrea de l'hôtel de ville.
— 69
par réunion de bénéfices, soit par donation, jusques à la
concurrence de la somme de 2,400 livres de revenu annuel,
ils ne recevront plus gue 20 sols de chaque escolier par an,
que par autre acte d'assemblée du 5 septembre 1717, tenue
du consentement et par les exhortations du sieur Evesque
de Poitiers, et en vertu de l'ordonnance du sieur de la Tour,
maître des requêtes et intendant de la généralité de Poi-
tiers, du deux du même mois, les suppliants auraient
consenti à l'union de quelques chapelles en faveur des
RR. PP. pour contribuer à l'établissement du dit collège,
que depuis ayant plu à Sa Majesté de leur accorder, par
arrêt du 25 juillet 1718 et lettres-patentes du 5 octobre
ensuyvant, la commutation de leurs impositions en un
droit à percevoir sur les marchandises et denrées qui
entrent dans la ville, l'adjudication qui a été faite du dit
droit par les sieurs commissaires de Sa Majesté produisant
un excédant au-dessus de leurs impositions, dont une
partie pouvait être utilement employée à l'entretien du
dit collège, ils auraient, par autre acte d'assemblée du
26 février 1719, délibéré et arrêté que Sa Majesté serait
très humblement suppliée de leur en accorder ses letti'es
patentes, et que pour en soutenir la dépense, il leur serait
permis, sous son bon plaisir, de prendre sur l'excédant
du produit de leur tarif une somme de 2,400 livres pour
être payée annuellement, et de six mois en six mois, aux
dits RR. PP. de l'Oratoire pour V entretien de sept classes
et d'une préfecture, qui seraient enseignées par sept
régents, avec ces clauses aussi que si par réunion de
bénéfices ou par donation ils obtenaient jusqu' à la concur-
rence de la dite somme de 2,400 livres de revenu annuel,
le dit paiement cessera de leur être fait par les suppliants,
comme aussi qu'il diminuera à proportion du revenu des
dites réunions ou donations, qu'ils enseigneront gratis
sans rien exiger des escoliers étudiants , et comme les
motifs qui engagent les suppliants â demander une pareille
grâce à Sa Majesté sont assez puissants pour oser l'espérer
de sa bonté, à cause des grands avantages qu'il y a lieu de
0
n
cien commerce de cette ville que pour la conversa
religionnaires^ dont le nombre est fort considérable
cette province, en contribuant à détruire peu à /:
semences de V hérésie qui se perpétue dans lesfamiL
la mauvaise éducation cjue les enfants reçoivent cl
maison paternelle. A ces causes, requièrent les sup]
qu'il plaise à Sa Majesté, en autorisant les dites (
rations ci-clessus énoncées, leur accorder des lettre
l'établissement du dit collège en la maison des RR. ]
l'Oratoire, conformément aux conditions portées ai
actes d'assemblée du 18 décembre 1716 et 26 février
et en conséquence qu'il leur soit permis de dispose
prendre sur l'excédant du produit de leur tarif, leurs
sitions préalablement acquittées, une somme de2,40{
pour être payée aux dits RR. PP. de l'Oratoire, de si
en six mois et d'année en année, sur leurs simples quil
visées des maire et eschevins par le receveur des tai
exercice, et ce à commencer du premier janvier 171
charge par eux d'enseigner gratis et d'exécuter les
clauses et conditions insérées aux dits actes ; Vu la re
les dits actes d'assemblée du 18 décembre 1716,
tembre 1717 et 26 février 1719, ensemble le consenl
du dit sieur Evesque de Poitiers du 6 avril 17
l'ordonnance du sieur de la Tour du 2 septembre
vant, les dits arrêts et lettres patentes du 25 jui
5 octobre 1718, l'adjudication faite le 8 mars 1719 ]
dits sieurs commissaires de Sa Majesté des droits c
de la dite ville à Jean Savarit, moyennant 49,700
par chascun an, à commencer du premier janvier 1
l'arrêt du Conseil qui confirme la dite adjudicati
18 avril ensuyvant, ouï le rapport du sieur Law, cor
du Roy en tous ses Conseils, contrôleur généi
finances, le Roy estant en son Conseil , de l'avis d(
seigneur le duc d'Orléans, régent, a autorisé et home
autorise et homologue les dites délibérations des
eschevins et habitants de la dite ville de Nioi
71
18 décembre 1716, 5 septembre 1717 et 26 février 1719,
jointes à la minute des présentes, ordonne Sa Majesté
qu'elles seront exécutées selon leur forme et teneur, et
conformément à icelles, a promis et promet Sa Majesté
aux dits maire et esclievins de disposer en faveur des dits
Pères de l'Oratoire jusqu'à la concurrence de la somme de
2,400 livres pour Tentretien de leur collège, à prendre sur
le revenant bon et excédant des droits du tarif de la dite
ville, les impositions préalablement acquittées, laquelle
somme de 2,400 livres leur sera payée de six mois en six
mois , en continuant ainsi d'année en année , sur leurs
simples quittances visées des maire et eschevins, par le
receveur des tailles en exercice, et ce à commencer du
premier janvier 1719, lesquelles quittances seront passées
et allouées dans les états et comptes que le dit receveur
rendra du dit excédant et par devant qui il appartiendra,
à la charge par les dits RR. PP. de l'Oratoire d'exécuter
de leur part les clauses et conditions portées aux actes
d'assemblées et notamment en celui du dit jour 23 février
1719, enjoint Sa Majesté au sieur de la Tour de tenir la
main à l'exécution du présent arrêt, pour l'exécution
duquel arrêt seront toutes lettres nécessaires expédiées si
besoin est. Fait au Conseil du Roy, Sa Majesté y étant,
tenu à Paris le 30"'^ jour d'avril 1720. Signé Phélippeaux.
C
0
<( Louis, par la grâce de Dieu roy de France et de
Navarre, à notre ami et féal conseiller en nos Conseils,
maître des requêtes ordinaire de notre hôtel, le sieur de
la Tour, commissaire départi pour l'exécution de nos
ordres dans la généralité de Poitiers, salut; Nous, de
l'avis de notre très cher et amé oncle, le duc d'Orléans,
régent, nous mandons et enjoignons par ces présentes
signées de nous de tenir la main à l'exécution de l'arrêt
ci-attaché sous le contre-scel de notre chancellerie, ce
jour d'huy donné en notre Conseil d'Etat, nous y étant,
pour les causes y contenues ; commandons au
notre huissier ou sergent sur ce requis de signifier le
n en ignore , ei cie laire pour son execuiion loiis a
et exploits nécessaires sans aucune permission , car
est notre plaisir. Donné â Paris le 30™'' jour d'avril :
et de notre règne le cinquième. Signé Louis et ^
bas : Par le Roy , le duc d'Orléans régent. «S
Phélippeaux ».
«Jean Baptiste des Gallois, chevalier , s='' de la T*
conseiller du roy en ses Conseils , maître des requ
ordinaire de son hôtel et Intendant de justice, polie
finances en la généralité de Poitiers.
« Vu l'arrêt du Conseil d'Etat ci-dessus et
sur iceluy du grand sceau de cire jaune, nous ordoni
qu'il soit exécuté selon sa forme et teneur. Fait à T
le 21 novembre 1720, Signé de la Tour. »
A la suite, sur les registres de l'hôtel de ville :
« Jésus Maria
« Nous soussigné Pierre-François Delatour j supéi
général de la congrégation de l'Oratoire de Jésus-Cl:
notre Seigneur , de l'avis et consentement des I
Gilles François de Monteil, Jean Mérindol et Frai
Joseph de Vezien , nos assistants , promettons coi
moment aux actes des assemblées de la ville de Nioi
18 décembre 1716 et 23 février 1719, premièrement
notre collège dans la d. ville sera fourni de sept réc
et d'un préfet, et qu'on n'exigera rien des écolier
conséquence du fonds de 2,400 livres par an que la d.
nous accorde pour l'entretien du d. collège; secui
que les frais de l'enregistrement des d. lettres
l'établissement du d. collège seront payés par ]
maison de Niort ; tertio , et quant aux mille liiv
nous promises par l'assemblée de 1716, sur lesqi
on n'a encore perçu que la somme de 107 livres,
voulons que nos Pères de Niort s'en remettent à la b
volonté de M'* de la ville de Niort. Fait à Par
— 73 —
e-»" décembre 1720. Signé P. -F. Delatour, G. T. Mon-
TEiLj IMÉRiNDOL, DE Vezien, et plus bcts : de l'ordre de
notre T. R. P. général et de son conseil. F. Galipault,
secrétaire. »
Et au clos est écrit: « Je soussigné, supérieur de l'Ora-
toire de cette ville de Niort, certifie que le pouvoir et les
seings apposés de l'autre part, savoir : du T. R. P. Déla-
teur etc.. sont véritables et ceux dont ils se servent
ordinairement. A Niort le 19 décembre 1720. Signé:
Payan, supérieur et prêtre de l'Oratoire.
« Les originaux des arrêt et pouvoirs ci-dessus sont
restés es mains do IVP Claude Arnauldet, secrétaire du
corps de cette ville , conformément à l'acte de ce jour
d'huy, 19 décembre 1720, dont nous maire et échevins
soussignés, ce requérant le d. procureur syndic, avons
donné acte les jour et an que dessus , et s'est le sieur
Payan avec nous soussigné.
Signé « EssERTEAU, maire, Louis Arnauldet, Vaslet
Malleray , BiON DU Parc , écbevin , Macé , Payan,
supérieur de l'Oratoire, Arnauldet, secrétaire. »
VL
Lettres patentes pour l'établissement d'un régent
pour la sixième classe au collège de Niort en Poitou (1).
« Louis par la grâce de Dieu Roy de France et de
Navarre à tous ceux qui ces présentes verront Salut;
nos chers et amez les Maires, Echevins et habitants de
la ville de Niort, généralité de Poitiers, Nous ont fait
représenter que nous aurions par arrest de notre Conseil
du trente avril 1720 et nos lettres patentes sur iceluy du
vingt may en suivant autorisé et homologué leurs délibé-
rations des dix-huit décembre 171G, cinq septembre 1717
C
0
n
(1) Archives de Niort, n° 2240,
plaisir ils ont requis les Prestres de l'Oratoire establi
la ditte ville, il y a plus d'un siècle, d'accepter à perpé
un collège dans leur maison pour y tenir les classe
cinquième, quatrième , troisième, seconde, réthori
logique , physique (1) et une préfecture , et en ce
quence Nous avons ordonné que les d. délibéral
seroient exécutées selon leur forme et teneur aux cls
et conditions y énoncées et, conformément aux d. dé
rations, avons permis auxdits maire et échevins de disj
en faveur des dits Prêtres de l'Oratoire jusqu'à cou
rence de la somme de deux mil cjuatre cent livres
Fentretien du dit collège, à prendre sur le revenant
et excédant des droits de tarifs de la ditte ville ,
impositions préalablement acc[uittées , ainsi qu'il
plus amplement expliqué par nos dits arrests et le
patentes, lesquelles ont été enregistrées en notre P
ment en la manière accoutumée suivant l'arresi
vingt huit may 1721 et au greffe du siège royal c
ditte ville le neuf juillet de la même année , c[U(
exposants ont veu avec une entière satisfaction
le dit collège; les écolliers y faire tous les progrès
quels on pouvoit s'attendre et détruire en la ditte
l'hérésie par les soins et les attentions continuelles
Prêtres de l'Oratoire; mais que depuis ayant consi
avec les dits habitants que le s'" Richard d'Em
habitant de la ditte ville, qui enseignoit la sixième c
en vertu de la commission qu'ils luy avoient donn
quitté la ditte ville et passé en Irlande, lieu de sa :
sance, dès les premiers jours de septembre dernier et
seroit beaucoup plus utile et plus avantageux qi
sixième classe, comme les autres^ fût enseignée pa
dits prestres de l'Oratoire , parce qu'il est difficile
des personnes establyes dans une ville, que des aff
(1) Les lettres patentes de 1720 portaient : sixième, cinqui
quatrième, troisième, seconde, rhétorique et philosophie,
— 75 —
domestiques occupent, qui demeurent éloignées du col-
lège, puissent se rendre en classe aux heures marquées
avec cette exactitude absolument nécessaire pour con-
tenir de jeunes enfants, que le bon exemple qu'on doit
donner à de jeunes écoliers si susceptibles (à cet âge) de
mauvaises impressions n'est pas d'une moindre consi-
dération, qu'il est souvent arrivé que ces régents externes
se sont présentés au collège hors d'état de pouvoir faire la
classe, ce qui a obligé de renvoyer les écoliers, qu'il est
difficile que de tels maîtres puissent élever les enfants dans
la piété et leur en donner les principes plus nécessaires
encore que ceux de la langue latine; enfin que la manière
d'enseigner, souvent difïérente de celle du collège, retarde
et même dégoutte les enfants du latin, que les dits expo-
sants ayant aussy considéré que pour donner de l'ému-
lation aux écoliers du dit collège, dont le nombre
s'augmente de jour en jour , il seroit à propos de leur
distribuer des prix de deux ans en deux ans, suivant la
pratique des autres collèges, ils se sont assemblés avec
les d. habitants et par leur délibération du six octobre
dernier, acceptée par le supérieur de la maison des dits
Prêtres de l'Oratoire, il a été sous notre bon plaisir unani-
mement convenu d'établir une sixième classe pour être
enseignée dans le collège des dits Prêtres de l'Oratoire par
l'un d'entre eux ; et qu'il sera distribué de deux ans en
deux ans aux écolliers du dit collège des prix qui seront
marqués aux armes de la ditte ville et distribués au nom
du corps de ville en présence des exposants et de leurs
successeurs, maires et échevins, par les supérieurs de
la maison et preffet du dit collège , au jour qu'il sera
convenu entre les d. supérieurs, preffet et les maires et
échevins, et que pour en soutenir la dépense il seroit pris
sur l'excédant des droits de tarif et octroys sur quit-
tances visées des maires et échevins par le receveur
de la ditte ville, à commencer du premier janvier mil
sept cent trente trois, en continuant ainsy de six mois
çn six mois et d'année en année et que les dittes
C
r
le dit receveur rendra du dit excédent et octroys
devant qui il appartiendra, â la charge par les pr
de l'Oratoire d'exécuter de leur part les clauses et
ditions portées ausdits actes d'assemblée , avons en
à notre commissaire départy en la généralité de Poi
de tenir la main à l'exécution de notre dit arres
lequel nous avons ordonné que toutes lettres nécess
soient expédiées, lesquelles les exposants nous ont
humblement fait suplier leur vouloir accorder. A
CAUSES , de l'avis de notre Conseil et conforméme
notre dit arrest du vingt-neuf janvier dernier cy ati
sous le contre-scel de notre chancellerie, nous avoni
ces présentes signées de notre main autorisé et h
logué, autorisons et homologuons la ditte délibér
des maires et échevins et habitants de la ditte vil
Niort du six octobre mil sept cent trente un, ordor
qu'elle soit exécutée selon sa forme et teneur et co
mément à icelle permettons auxd. maire et échevi:
disposer en faveur des d. prêtres de l'Oratoire ju
concurrence de la somme de trois cent livres
l'entretien du régent qui enseignera la sixième clas
dit collège à prendre sur le revenant bon et excéder
droits du tarif de la ditte ville ses impositions pi
blement acquittées et la somme de quarante livres
l'achat des prix que nous voulons estre distribue:
écoliers du dit collège de deux ans en deux ans
manière expliquée en la ditte délibération du six oc
mil sept cent trente un à prendre sur les octroys
ditte ville, lesquelles deux sommes seront payées, se
celle de trois cent livres de six mois en six moi
celle de quarante livres d'année en année sur les sii
quittances des dits prêtres de l'Oratoire visées def
maire et échevins par le receveur de la ditte vil
commencer du premier janvier mil sept cent trente
en continuant ainsy de six mois en six mois et d':
en année, voulons que les dittes cjuittances soient p{
— 77
et allouées dans les états et comptes, sur le revenant bon
du dit tarif la somme de trois cent livres pour estre payée
annuellement ausdits prestres de l'Oratoire pour l'en-
tretien du régent qui enseignera la ditte sixième classe,
les impositions de la ditte ville préalablement acquittées
à condition que les d. prêtres ne pourront rien prendre ny
exiger des écoliers , qu'il a encore été convenu par la
même délibération qu'il seroit pris annuellement sur les
deniers d'octroys qui appartiennent au corps de la ditte
ville la somme de quarante livres destinée pour les gages
du principal qui enseignoit les premières classes des
humanités en conformité de l'arrest de notre Conseil du
six février 1683 , laquelle avec celle cy dessus de trois
cent livres sera payée ausdits prêtres de l'Oratoire , à
commancer le premier payement au premier janvier 1733
et en continuant d'année en année à la charge par eux
d'exécuter les clauses et conditions insérées au dit acte
et sans donner atteinte à celles énoncées dans les d. déli-
bérations des dix-huit décembre 1716 , cinq septembre
1717 et vingt-six février 1719 , les exposants s'estant
pourveus par devant nous. Nous aurions par arrest
de notre Conseil du vingt-neuf janvier dernier, confor-
mément à l'avis du s'" de Baussan, autorisé et homologué
la ditte délibération des maires et échevins et habitants
de la ditte ville de Niort du six octobre dernier qui est
demeurée jointe à la minutte de notre dit arrest du vingt-
neuf janvier aussy dernier, ce faisant avons ordonné que
la ditte délibération seroit exécutée selon sa forme et
teneur , et conformément à icelle avons permis ausd.
maires et échevins de disposer en faveur des d. prêtres
de l'Oratoire jusqu'à concurrence de la ditte somme de
trois cent livres pour l'entretien du régent qui ensei-
gnera la sixième classe du dit collège, à prendre sur le
revenant bon et excédant des droits du tarif de la ditte
ville , ses impositions préalablement acquittées et la
somme de quarante livres pour l'achat des d. prix qui
seront distribuez aux écoUiers du dit collège de deux.
C
r
n
aeuDeraxion au six ocioDre l/ôl , a pcenare sur
octroys de la ditte ville, lesquelles deux sommes sei
payées, scavoir celle de trois cent livres de six mois
six mois et celle de quarante livres d'année en ar
sur les simples quittances des prestres de l'Oratoire
dit receveur rendra compte du dit excédent et octroys
devant qui il appartiendra, à la charge par les dits près
de l'Oratoire d'exécuter de leur part les clauses et condit
portées ausdits actes d'assemblée. Sy donnons en \.
DEMENT à nos amez et féaux conseillers, les gens tei
notre cour de Parlement à Paris, sénéchal de Poitoi
son lieutenant général à Niort et à tous autres
justiciers et oflSciers qu'il appartiendra que ces prése
ils ayent à faire registrer et du contenu en icelles 1
jouir et user les dits exposants plainement et paisiblen
selon leur forme et teneur, car tel est notre pla
Donnée à Versailles le trente unième jour de mars
de grâce mil sept cent trente deux et de notre règn
dix-septième.
Signé: « Louis ».
« Par le Roy : Phélippeaux. »
« Registrées ouy le procureur général du Roy /
estre exécutées selon leur forme et teneur et jouir pa]
impétrans et les dits prestres de l'Oratoire du collèg
la ville de Niort et leurs successeurs au d. collègi
leur effet et contenu aux charges et conditions poi
aux dittes Lettres patentes, en celles du vingt niay
sept cent vingt, en Uarrest d' enregistrement d'icelU
vingt-huit may mil sept cent vingt et un, en la dé
ration du six octobre mil sept cent trente et un, sui
l'arrest de ce jour à Paris en parlement le dix déceh
mil sept cent trente trois.
Signé: « Dufranc ».
(( Registrées en la Chambre des Comptes oui
procureur général du Roy pour jouir par les impét)
— 79 —
de Veffet et contenu en icelles et estre exécutées selon
leur forme et teneur suivant et aux charges portées par
l'arrest sur ce fait le douze aoust mil sept cent trente
quatre.
Signé : « Noblet ».
VII.
Arrêt du Conseil d'État qui autorise l'augmentation
de la dotation du collège (1).
« Vu par le Roy, étant en son Conseil, la délibération
prise le 16 juillet 1778, par les maire et eschevins de Niort
en Poitou, sur les représentations du sieur Jean Servant
Duvivier, prêtre et visiteur de la congrégation de l'Ora-
toire, Joseph-Louis Leclerc, prêtre de ladite congrégation,
supérieur de la maison et collège de Niort, et Pierre
Chevas, aussi prêtre de la congrégation et missionnaire de
ladite maison, les dites représentations contenant que les
bâtiments, où se tiennent les classes et qui leur appar-
tiennent, menaçaient tellement ruine que, pour prévenir
les accidents que leur chute pourrait occasionner, ils ont
fait démolir une partie des dits bâtiments, et cjue ce qui
reste sur pied est dans un tel état de dépérissement qu'il
est indispensable de reconstruire le tout, c[u'ils n'ont pour
fournir à cette dépense et à celle de leur nourriture et de
leur entretien qu'une somme de 2,700 livres qui leur est
annuellement accordée par la communauté pour un préfet
des classes et huit régents, que cette somme est insuf-
fisante, surtout actuellement que toutes les denrées sont
renchéries^ que dans cet état il serait à désirer que la dite
communauté augmentât la dite dotation, et qu'elle la
portât annuellement k 600 livres pour chacun des huit
régents et préfet. Ce qui ferait une somme annuelle
de 5,400 livres, au moyen de lac[uelle les dits prêtres de
(1) Extrait des registres de l'hôtel de villd
(
reconstruction des bâtiments du dit collège, sur lesqi
représentations les dits maire et échevins ont pris la
bération du 16 juillet 1778, sur laquelle ils ont arrê
porter la dite dotation des dits prêtres de VOn
desservant le collège de Niort à la scunme annuel
5,400 livres, et de leur fournir un logement penda
temps que durera la reconstruction des bâtiment
collège, à la charge par les dits prêtres de l'Oratoi
reconstruire à leurs frais les dits bâtiments , vu p
lement l'avis de l'intendant de la généralité de Poi
ouï le rapport,
« Le Roy étant en son Conseil a approuvé et conf
approuve et confirme ladite délibération prise le 16 j
1778 par les maire et échevins de la ville de Niort, vo
qu'elle soit exécutée en toutes ses charges, claus
conditions, et qu'en conséquence il soit payé annuelle
des fonds et revenus de la ville de Niort au préfet e
huit régents qui desservent le collège de la ville la se
de 5,400 livres, à raison de 600 livres pour chacun
et de leur fournir un logement convenable pendant t
temps c[ue durera la reconstruction des bâtiments d
collège, à la charge néanmoins par les dits prêtres de '.
toire desservant le collège de faire faire la reconstri
à leurs frais. Fait au Conseil d'Etat du Roy, Sa M:
y étant, tenu à Versailles le 15 avril 1780.
Signé « Amelot. »
CHAPITRE X.
ï^tablissements religieux et assistance publ:
Les établissements charitables de la ville de Nio]
été étudiés par ApoUin Briquet. Le travail qu'il ava
— 81
sur ce sujet a été publié, après sa mort, par Abel Bar-
donnet (1). L'auteur s'occupe d'abord de deux fondations
d'aumône^ celle dite du Bidon, et une autre connue sous
le nom de Charité de la Blée. La première était admi-
nistrée par le prieur de Notre-Dame ; la seconde par le
corps de ville. Les comptes du receveur de la commune,
pour l'année 1487-88^ contiennent sur la Charité de la
Blée des détails intéressants qui sont reproduits et com-
mentés dans un mémoire de Briquet, antérieur et publié
par lui-même (2). Bien qu'en principe les finances de la
ville ne fussent pas intéressées dans cette fondation cons-
tituée par des donations particulières^ cette aunée-là le
corps ajouta 47 livres aux fonds disponibles et l'usage
d'une subvention à cet égard paraît avoir été habituel, •
pour une somme plus ou moins élevée. La Charité de la
Blée disparut d'ailleurs dans le cours du xvi^ siècle, â une
époque indéterminée, c'est-à-dire que les quelques rentes
en blé qu'elle possédait cessèrent d'être payées, ou furent
réunies aux Aumôneries.
La ville avait, dès le xi^ siècle, deux établissements de
ce nom, celui de -S'-Georges-de-Beauchamp, le plus
important, et celui de S'-Jacques. Les administrateurs
étaient, dans le principe, des ecclésiastiques, et furent pris
ensuite dans le sein du corps de ville qui nommait à ces
fonctions l'un de ses membres, sous le titre d'aumônier,
avec dix livres de gages suivant les plus anciens documents
connus. Ces émoluments furent ensuite portés à cinquante
livres. Après la réduction de 1681, le maire devint de
droit aumônier et ne dut rien toucher pour cette charge.
Ainsi que nous l'avons indiqué dans les sommaires des
chapitres^ le budget de la ville et celui des aumôneries
étaient distincts. Les deniers de la ville ne contribuaient
f
le
tm
(1) Les établissements charitables à Niort. Œuvre poslhumc de
M. Apollin Briquet. (Mémoires de la Société de statistique, 2« série, xx.)
(2) Commentaires sur les comptes rendus par les receveurs de
Niort {U87-88, li90-91j, par M. Apollin Briquet. (Mémoires de la
Société de statistique, 1" série, ix.)
6
l'on sait de cette administration par Féchevinage est
leurs une mauvaise page de son histoire ; nous av(
plusieurs endroits cité les faits qui firent peser s
aumôniers de graves soupçons de malversation d;
maniement du fonds des pauvres.
Après ces indications préliminaires , nous expoi
maintenant, dans la mesure où le permettent nos arc
ce que la ville de Niort fit aux différentes époques
assister les pauvres et les malades, et aussi pour sul
aux besoins du culte religieux.
En 1454, les aumôniers élus par le corps de villi
chaient dix livres. L'assemblée nommait aussi un rec
de la Charité de la Blée aux gages de cent sols, ou
donnait un supplément de pareille somme au recev<
la commune pour remplir ces fonctions (1). En outre
dit expressément, dans un procès-verbal de 1455, c
les fruits de la Charité de la Blée ne sont pas suffisai
surplus sera donné aux frais de la ville (2). En 14:
surplus de distribution est liquidé à 70 sols (3). En
la ville donna, comme il est dit plus haut^ 47 livres
1536, 20 livres sans compter les frais accessoires,
30 livres en 1537 et 1538. Le 30 juin 1536, le proc
syndic avait remontré que sur les rentes autrefois do
pour cette œuvre de bienfaisance, il y en avait très p
payées, et qu'en fait la charité se faisait aux dépens
ville. L'époque n'était pas éloignée où elle devait to
absolument en désuétude. A la vérité, cette instit
ancienne n'était pas pour les pauvres un soulage
efficace ; l'aumône consistait en une distribution de
faite un seul jour de l'année, le 3 mars, fête de la Sj
Croix.
Un usage curieux de cette époque^ et qui se perj
(1) Assemblée du 19 mars li5i.
(2) Assemblée du 7 février li55.
(3) Assemblée du 27 août Îi57.
— 83 —
longtemps, était l'allocation de gages à un ou plusieurs
médecins sur les deniers publics. En 1454, un seul, nommé
Jehan Tartax^ recevait 10 livres par an (1). Il fut congédié
dans cette même année , nous ne savons pour quelle
raison, et alla résider à Poitiers, d'où il fut rappelé ensuite,
mais ne voulut pas revenir. Il fut remplacé par M* Robert,
puis par M® Guillaume Lemoyne qui touchait 15 livres.
Ce dernier ne satisfaisait sans doute pas le public, car, en
séance du corps, Jehan Bastien et Jehan Jourdan firent
opposition au paiement de ses gages (2). Beaucoup plus
tard, en 1536, la ville subventionnait deux médecins,
M*^ Jacques Gastavoyne et Nicolas Pageau, et la même
opposition qu'autrefois au paiement de leurs émolu-
ments se produisit dans l'échevinage (3). L'année suivante
cependant , ceux des membres qui avaient refusé la
dépense s'étaient départis de leur opposition ; aussi
M^ Gastavoyne demanda alors et obtint d'être continué
dans ses gages^ qui étaient de 20 livres par an^ en plus
d'être payé d'un arriéré se montant à 15 livres. Cela fut
décidé sous la condition qu'il n'y aurait plus aux gages de
la ville qu'un seul médecin, qui visiterait les malades des
aumôneries une fois par semaine, et en outre traiterait
gratuitement les pauvres. L'institution d'un médecin
rétribué sur les fonds de la commune ne subsista pas
longtemps après cette époque ; nous ne pouvons indiquer
précisément quand elle fut supprimée, à cause de la longue
lacune de 30 ans que présente ici la série des registres. Ce
fut assurément dans cette période, car les archives de
Thôtel de ville n'en font plus mention dans les années
postérieures.
Les dépenses faites par la ville, au cours du xvii^ siècle,
en faveur de quelques ordres religieux présentent le
caractère d'assistance publique indic[ué dans le sommaire
général des chapitres de ce travail ; mais, dans les xv^ et
(i) Assemblée du 2 janvier li5i.
(2) Assemblée du 19 septembre li57.
(3) Assemblée du 30 septembre 153Q,
xvr siècles, les sommes attribuées par l eciievina^
établissements religieux, de même que la contribut
corps à certaines cérémonies, n'eurent d'autre obj
de rehausser l'éclat du culte, d'aider ses desserva
d'associer la religion à la vie publique en favorisa
exercice et ses pratiques.
L'échevinage de Niort était bienfaiteur du couve
frères mineurs de Saint-François, autrement dit
deliers, très anciennement établis dans la ville. L
sans doute beaucoup aidé à la fondation de cette r
que depuis il protégeait et aidait de ses deniers (1).
(1) Assemblée du 26 octobre 1537. Les Cordeliers, vu leur i
et les réparations urgentes qu'ils sont obligés de faire, demande
que somme des deniers de la ville.
Assemblée du 29 mars 1538. Les religieux de Saint-ï
remontrent que leur vieux dortoir est tombé et qu'ils n'ont pas (
pour payer les ouvriers qui le refont, et demandent à ce que
leur aumône quelques deniers et qu'ils prieront Dieu pour le c
ville,
Délibéré qu'on leuraumônera 10 livres sur la première entrée d
Assemblée du 24 septembre 1638. Sur ce qui a esté remoi
corps par Louis Coyaud, eschevin, faisant pour les susdictz ri
Cordeliers de ceste ville, que la congrégation des pères de cet
de ceste province estant assignée au commencement du mois d
prochain, auquel se doibvent rendre jusques au nombre de quatr
religieux, au moyen de quoy les d. gardiens et religieux de ce
seront obligés de faire de grandes et extraordinaires despence
plient le corps de vouloir bien leur faire départir quelques charit
y subvenir ,
A esté dellibéré et conclud à la pluralité des voix qu'il sera
le plus promptement que faire se pourra aux gardien et ri
Cordeliers de ceste ville la somme de cent cinquante livret
par moictyé sur le revenu du dixiesme et de l'aulmosne
cette ville, et en ce payant seront et demeureront les recej
aulmosnier deschargez, — sans toutesfoys que les d. religieux ]
en façon quelconque user d'aulcune contraincte pour le payei
ces cent cinquante livres comme estant une simple aulmosm
ville entend leur faire, et où ils vouldroient se mettre en debvo]
faire le d. corps les a dès à présent desclarez descheuz de ceste g
Le registre de 1457 contient mention d'une subvention ana
un autre ordre religieux : dix livres aux Augustins de Poitie:
— So-
les échevins, conseillers et pairs du corps étaient-ils, en
reconnaissance de leurs bienfaits, reçus des confrères du
dit ordre, et qui plus est, admis à éire ensevelis, si bon
leur semblait, en habit du dit ordre et dans le couvent de
cette dite ville, et étaient tenus les dits religieux de bailler
le dit habit (1). En outre, chaque année, un service était
célébré dans la maison de Saint-François pour les mem-
bres du corps décédés (2).
Après que Niort eut été reconquis sur les Anglais par
le connétable Du Guesclin, l'usage s'établit et se perpétua
longtemps de faire, le jour anniversaire de la reprise, une
procession à la chapelle de Recouvrance construite en
commémoration de cet événement à l'extrémité du fau-
bourg du Port. La messe d'actions de grâces était chantée
dans l'église de Notre-Dame (3), mais les Cordeliers figu-
raient en première ligne dans la cérémonie, et la somme
qui leur était allouée pour ce service était beaucoup plus
forte que celle des honoraires de l'officiant de Notre-Dame
comptés à cinq sols. En 1491, les religieux de Saint-Fran-
çois recevaient 40 sols (4), et en 1537, 60 sols (5). Nous
devons ajouter que les comptes d'Abraham Gaschet, docu-
ment très complet et intégralement conservé, ne renfer-
ment aucun article de dépense pour la procession du jour
de la reprise (6). Dans l'intervalle, cette solennité patrioti-
que était tombée en désuétude , probablement par le fait
des guerres de religion.
(1) Thrésor de Nyort, p. 159.
(2) Thrésor de Nyort, p. 215.
(3) Le xv'"^ jour d'avril à Messire Jehan Bonnet, vicaire de Notre-
Dame, pour la messe à notte et pour faire la procession le jour de la
reprinse v sols.
{Comptes de Guillaume Tarquex, 1490-91.)
(4) Item a baillé et payé le dict receveur à Guyot Sabiron, apothicaire,
receveur des frères mineurs de la dicte ville pour le service que les dits
frères mineurs ont accoustumé faire par chacun an à la procession et
reprinse de la dicte ville la somme de xl sols tournois. {Comptes de
Guillaume Tarquex, 1490-91.)
(5) Assemblée du 27 avril 1537.
(6) Voir ces comptes dans l'Appendice au chapitre de la Gestion
financière.
inr
f-)
con/reres, les maire, ecnevins, conseillers ei pairs
Niort, leur était payé dix livres de toute ancienneté
L'allocation en fut confirmée par l'arrêt de 1683. C»
cérémonie religieuse paraît avoir été d'usage consi
jusqu'à la fin de l'ancien régime. Le corps de ville, d
sa séance du 14 février 1748, liquidait quelques de
arriérées, parmi lesquelles le coût des lettres d'invitai
pour le service aux Cordeliers de feu Thibault de B(
teville, mort dans l'exercice de la mairie le 4 octobre 1"
Plusieurs maires et écbevins furent enterrés dans le c
vent, entre autres Augier de la Terraudière. Les armoi
de ceux qui y avaient leur sépulture étaient placées s
les cloîtres. En 1679, au sujet d'un secours accordé
religieux pour la construction des voûtes de leur église
fut décidé que les armes de Niort seraient apposées
l'une des clefs (2). On doit conclure des termes de la c
bération qu'il n'y eut pas avant cette année-là de vo'
en pierre au-dessus de l'église de Saint-François.
Les Cordeliers, et plus tard également les Capuc
faisaient à Niort des prédications payées par le corp;
ville. Un procès-verbal d'assemblée de 1538 contient
appréciation très flatteuse des talents d'un religieux
l'ordre de Saint-François, M'" Jehan de Troye, qui a
prêché l'Avent et le Carême. Le corps de ville lui con
(1) Assemblée du 4 juillet 1625. Les religieux Cordeliers de
ville seront payés des dix livres qu'ils ont accoustumé d'avoir
chascun an pour le service à l'hôpital de ceste ville. Leur sera
20 livres pour les deux années du dit service à eux deues et échu
la feste de S'- Jean-Baptiste du mois passé.
(2) Assemblée du 16 juin 1679. Proposé par Christophle A
que les Cordeliers font voûter leur église et demandent aide. On
300 livres à charge du service annuel jjour les maire et éclu
le 12 juin. Les armes des plus considérables de la ville sont dans
cloîtres ; on apposera sur la voûte les armes de la ville.
[D'après les termes de ce vote, le corps avait l'intention, à eau
cette subvention de 300 livres, de s'exonérer du paiement annu
dix livres pour le service. L'arrêt de 1683 ne tint pas compte de
délibération et rétablit la rétribution de dix livres.]
— 87
ses honoraires plus largement qu'il n'avait coutume, et
eut en outre pour lui des attentions particulières (1).
Même â l'époque où les Cordeliers étaient le seul ordre
d'hommes existant â Niort, ils n'avaient pourtant pas le
monopole des prédications extraordinaires. En 1535 et
1536, on avait eu M'"^ Loys Benêt, docteur en théologie,
prieur des Carmes d'Aulnay, qui reçut 10 livres pour
î'Avent et 15 livres pour le Carême, puis après lui , en
1536 et 1537, un Dominicain, le frère Dominique Feret,
auquel il fut alloué pour les mêmes causes 7 livres et
15 livres.
Apollin Briquet a écrit dans ses Commentaires sur les
comptes des receveurs que, chaque année, un moine de
l'ordre des Dominicains venait à Niort prêcher I'Avent
et le Carême, et que ces prédications se faisaient sous la
halle, les curés ne voulant pas permettre qu'un étranger
vînt dans les églises paroissiales empiéter sur leur
ministère. Nous ne croyons pas que ceci soit exact.
D'abord, le prédicateur n'était pas nécessairement un
dominicain ; puis l'existence d'une chaire sous la halle ne
prouve pas que le prédicateur étranger ne se fit pas
entendre ailleurs. Cette chaire sous la halle était d'an-
cienne date (2). En 1491 , le corps de ville la faisait
réparer (3). Elle subsistait en 1624 ; un père Calixte, de
(1) Assemblée du 24 mars 1538. Il sera donné au prédicateur
100 fagots pour le soulagement de sa personne.
Assemblée du 26 avril 1538. Touchant M^e Jehan de Troye, reli-
gieux de l'ordre de Saint-François, qui a prêché I'Avent et le Carême
en celte ville, vu sa qualité, sa littérature, son travail et qu'il n'a
pas quêté, il lui sera donné 25 livres ; le receveur paiera ses frais de
conduite de Poitiers à Niort et lui donnera 50 sols pour le faire recon-
duire à Poitiers ; de plus, on le priera de rester pour gardien en cette
ville et on le fera élire.
(2) Il y a d'autres exemples de ces chaires en plein vent. A Vitré, par
exemple, on en voit une en pierre accolée extérieurement à l'église
paroissiale.
(3) Le 20 may 1491 , feys fère une eschalle pour la chaire du pres-
cheur qui est en la halle de la dite ville avec deux grans crochetz de fer
pour tenir l'eschalle à la dite chaire, dont j'ay payé de la dite eschalle
et crochetz xij sols vj deniers. (Comptes de Guillaume Tarquex, 1490-91.)
Uitf
aes prédications incenaïaires, approuvant et encourag(
les gens qui pillaient les grains amenés au port de N
pour y être embarqués. Sur la plainte de l'échevinag*
fut rappelé à l'ordre par l'évêque de Poitiers.
Ces prédications en plein vent avaient cependant i
uue longue interruption, d'abord pendant les guerres
religion, par force majeure, tout le temps que les réfor
dominèrent à Niort, et légalement ensuite en vertu
règlement fait pour l'exécution de l'Edit de Nantes. F
lorsque les troubles religieux surgirent de nouveau du
la minorité de Louis XIII, le règlement de 1599 fut ou
et, en 1622, les réformés réclamèrent vainement conti
reprise de ces prédications formellement autorisées £
par lettres royales de l'année précédente. Le blocu;
la Rochelle était commencé et les catholiques pouva
librement opprimer la minorité protestante. Il fallut 1':
dent de l'émeute de 1624 pour faire sentir le danger
excitations qui empruntaient le prestige et l'autorité c
religion. Sans que cela soit dit explicitement dan.'
documents qui nous restent, il paraît certain que les pi
cations de la halle tombèrent en désuétude à parti
cette époque. "Mais la ville n'en continua pas moins à :
chaque année les honoraires d'un prédicateur étrangei
parlait du haut de la chaire des églises paroissiales ;
est dit expressément, comme nous allons le voir.
Les registres du xvii* siècle ne contiennent qu'un
procès-verbal d'assemblée relatif aux honoraires des pi
cateurs, et cette délibération (2) nous apprend d'al
(1) D'après le rapport des commissaires Chalas et Amelot, env(
Niort en 16'23 pour juger les griefs allégués tant par les protestani
par les catholiques, les Capucins auraient été autorisés à faire les
cations sous la halle par lettres patentes du Î4 mai 1G51. Ces 1
avaient été obtenues du roi pendant son séjour dans la ville ; il ^
entré le dimanche 23 mai.
(2) Assemblée du 28 avril 1679. Il ne se trouve pas de fonds
les paroisses pour la récompense et honoraires des prédicateur,
prêchent la Dominicale alternativement aux dites paroisse
— 89 —
que ce n'était plus pour les sermons de l'Avent et du
Carême que le corps faisait une allocation, mais pour ceux
de la Dominicale, c'est-à-dire de tous les dimanches de
l'année, sauf précisément ceux de l'Avent et du Carême.
Ces prédications se faisaient alternativement dans chaque
paroisse, et enfin elles étaient devenues le privilège pres-
que exclusif de l'ordre des Capucins. Cette sorte de mono-
pole leur fut même reconnu par l'arrêt de 1683 qui attri-
buait aux Pères Capucins, pour le paiement du prédica-
teur de la Dominicale la somme de cent livres par an. En
1679, la délibération citée plus haut allouait 60 livres pour
le même objet, et il faut remarquer la source où les puisait
le corps de ville; non content de faire financer les juges
consuls pour les gages des régents, comme nous l'avons
vu au chapitre de rinstruction publique, il leur imposa
les honoraires du prédicateur, avec menace de leur retirer
la chambre de l'hôtel de ville, s'ils refusaient. Les juges
consulaires ne furent rien moins que satisfaits de cette
exigence nouvelle et l'on sait que peu d'années après ils
s'installèrent dans un local leur appartenant.
itmr
sont d'ordinaire les Pères Capucins de cette ville. Les commissaires
nommés à l'assemblée de Notre-Dame n'auraient pas trouvé d'expédient
plus prompt et plus certain que de prendre le dit fonds de la location de
la chambre qu'occupent les juges consuls, lesquels pourraient être
augmentés, attendu que ce qu'ils ont accoustumé de donner est très
peu considérable eu esgard à l'importance de la d. chambre et aux
dégradations qui se commettent à cette occasion dans le présent hostel,
dont mesme tous les degrés ont esté ruynés par l'affluence des parties
qui viennent aux cours des juges consuls, lesquels d'ailleurs pourront
aisément prendre ce fonds sur les amendes qu'ils reçoivent.
Conclud qu'il sera pris annuellement la somme de 60 livres pour le
paiement des honoraij'es pour les prédicateurs de la Dominicale,
laquelle somme sera paiée par advance à chascune élection de juge
consul.... outre ce qu'ils ont accouslumé de paier aux sieurs
Gastaud, principaux du collège.... Si les juges consuls refuseront
faire la soubmission à ce payement, a esté arresté que la d. chambre
leur sera interdite, sauf à eux à se pourvoir comme ils adviseront pour
achapter un hostel ou quelque autre endroit pour l'exercice de leur
jurisdiction.
partir de 1683, une subvention de cent livres sur les i
nus d'octroi, et même elle fut accrue ensuite par le (
de ville cjui prit le supplément sur les deniers patr
niaux. En 1732, les religieux demandèrent 250 livre
leur en fut accordé 150, c'est à dire 50 livres en plu
qu'ils touchèrent annuellement jusqu'en 1761 (2). (
année -là, ils revinrent à la charge et demand(
200 livres par an ; ils les obtinrent, même avec rétroacl
pour 1760 (3). Ils furent rétribués ainsi pendant un ce
temps, mais, d'après les comptes des dernières année
moins depuis 1774, ils paraissent avoir été ramené
chiffre de 150 livres, tout compris.
(1) Assemblée du 25 août 1732. Les Pères Capucins ont prés
Mgr l'intendant requête contenant que la rétribution de 100 livre
la Dominicale n'est pas suffisante. Ils demandent 250 livres et p
ront pendant l'Octave du Saint-Sacrement outre la Dominicale.
La requête a été renvoyée au corps de ville qui alloue 150 livre:
approbation de Mgr l'intendant. La Dominicale n'est prêchée qi
mois, déduction faite de l'A vent, du Carême et des vacances p(
lesquelles le dominicallier ne prêche pas. Pendant l'Octave du 1
Sacrement, cela concerne les fabriques. Des honoraires de 250
seraient une rétribution exorbitante.
(2) Assemblée du 3 mai 1752. Au R. P. Fulgence, gardi(
Capucins, 50 livres de gratification, parce que la rétribution c
livres pour prêcher toute l'année la Dominicale alternativement d;
deux paroisses est trop modique.
Cette allocation est reproduite chaque année de 1732 à 1759.
(3j Asseinblée du li avril 1761. Les Pères Capucins ont a
à Mgr l'intendant de Poitou la requête suivante :
« Supplient humblement les Capucins de Niort et vous représ
respectueusement qu'ils sont chargés de prêcher les dimanci
fêtes dans les deux paroisses de cette ville, depuis la Toussain
qu'à la Nativité de la Sainte-Vierge, excepté l'Avent et le C;
pour lequel emploi ils sont obligés d'avoir un religieux uniqu
occupé à cet objet ; la ville en paie l'honoraire à raison de 100
en conséquence de l'arrêt du Conseil du 6 février 1683, ce qu:
pas suffisant pour la nourriture et l'entretien du prédicateui
Capucins vous prient très instamment d'ordonner qu'il leur soii
par le corps de ville la somme de 200 livres. »
Après délibération, le corps vota les 200 livres et ordonna ains
l'année 1760.
— 91 —
L'arrêt de 1683 comprend trois articles concernant des
rentes dues aux paroisses, chapelles et confréries religieu-
ses, l'une de trois livres au curé de Saint-André, une
autre d'une livre au chapelain de la chapelle de la Ca-
gouette desservie en l'église Notre-Dame, enfin une troi-
sième de 7 livres 10 sols aux confrères de Saint-Nicolas.
Ces rentes étaient de tradition ancienne ; celle des confrè-
res de Saint-Nicolas avait été mise, vers 1650, à la charge
du fermier de la coutume de Sèvre, ainsi que nous l'avons
précédemment indiqué. Cette clause fut abolie par Tarrét
précité.
Ce même arrêt de règlement alloua 15 livres pour les
chandelles qui se distribuenl aux maire et échevins à la
Pari/îcalion, et 30 livres pour les frais de la cérémonie
du Sacre (Fête-Dieu), tant pour les flambeaux que le
maire offre que pour les armoiries ; c'est-à-dire que le
corps de ville assistait officiellement aux deux processions
de la Chandeleur et du Saint-Sacrement, les maire et
échevins portant des cierges dans ces cérémonies. L'usage
était ancien, mais nous devons dire cependant que les
comptes du quinzième siècle ne comprennent aucune dé-
pense à ce sujet. La première mention s'en trouve dans
ceux d'Abraham Gaschet (1593-96), et encore ne s'agit-il
que des cierges de la Fête-Dieu. Le libellé de l'article
pouvait, il est vrai, ne pas avoir été fait avec détail com-
plet. Depuis lors, les registres parlent souvent de cette
dépense de cierges d'une manière plus ou moins explicite,
citant quelquefois les deux fêtes, d'autres fois seulement
celle du Saint-Sacrement (1). Dans le dix-huitième siècle,
(1) Assemblée du 28 juin 16il. Pierre Sergent sera payé de la
somme de quatre livres à liiy dlieues pour les armoyries par luy fournyes
au jour de la Feste-Dieu dernière.
Assemblée du 26 juillet 16'iL Proposé de payer le sieur François
Bastard ciergier de la somme de l'2 livres 5 sols à luy dheuespour avoir
fourny à la Chandeleur et Fesle-Dieu dernière dix-sept cierges, comme
il appert de ses partyes de luy signées.
Assemblée du 31 mai 1675. Arrêté (jue nous maire serons paie et
de l'arrêt de 1683 ; on prenait l'excédent sur les dei
patrimoniaux (1). On trouve aux registres de la n:
époque trace de dépenses extraordinaires faites par la
pour les processions. Le six août 1738, le receveur pj
24 livres à deux joueurs de hautbois qui avaient joué
grand-messe et à la procession (2).
Nous avons vu au chapitre de V Administration les
relies de préséance qui s'élevèrent souvent avec les offi
du siège royal au sujet des processions. Le corps de
eut aussi maille à partir avec le commandant du chât<
cause du détachement de milice urbaine que l'on me
sur pied pour maintenir l'ordre et rehausser la pompi
dites cérémonies. Le commandant jalousait le poste d'
neur pour les soldats de sa garnison et ceux-ci vii
quelquefois sur son ordre déplacer la garde bourg
postée aux côtés du dais (3).
remboursé des frais qu'il a convenu faire pendant ces deux a
dernières et la présente par le grand receveur et qu'il luy sera
dans ses comptes pour la procession du Sacre.
Comjotes de Michel Arnault du Pasty, 1678-81. Pour le lum
des deux Sacres, années 1680 et 1681 80
(1) Assemblée du 30 mai 1722. Legay ciergier ne peut fourr
flambeaux du Sacre pour 30 livres ; la cire blanche est plus cli
vaut 4 livres la livre pesant. Il faudra en plus 18 livres qui seront
sur les deniers patrimoniaux.
Assemblée du 27 août 172i. Les flambeaux coûteront 50 liv:
lieu de 30.
(2) Archives de Niort, n° 1015. Comptes des deniers patrimoi
(3) Assemblée du li août 1731. On avait décidé de mettre se
armes pour la procession de l'Assomption un détachement de 60 hoi
sauf agrément de il/"" de la Mare, commandant du château
maire et échevins sont allés au château pour le solliciter. Madem
de la Mare a répondu que le commandant était chez les Pères de
toire. Le corps de ville s'est transporté au collège, oîi M"" de h
leur a fait dire sans vouloir les recevoir : « Ces messieurs sont al
château dans le temps qu'ils savaient que je n'y étais pas ; dite
qu'ils fassent de leur côté ; je ferai du mien. » On a tenté enc
le voir au château pour avoir des explications, mais sans succès.
Assemblée du 28 mai 1739. Trente hommes par compagnie a
93 —
Les maire et échevins avaient dans les églises paroissiales
de la ville un banc spécial placé du côté du pupitre, oîi ils
s'asseyaient immédiatement aprèfi le curé, et plus haut
que les autres prêtres ou ecclésiastiques qui pouvaient
assister aux offices. M'' Prugnier, curé de Notre-Dame au
temps d'Augier de la Terraudière, considéra qu'il y avait
abus et voulut que les maire et échevins ne prissent place
qu'après les ecclésiastiques. Le différend se manifesta au
mois d'août 1673 et ne fut arrangé qu'au mois de novembre
suivant, au moyen d'une transaction passée par devant
notaire. La querelle fut soutenue très âprement par le curé
qui alla jusqu'à interrompre le service divin, un jour que
le maire, accompagné de plusieurs du corps, avait fait
déplacer les prêtres qui occupaient les sièges jusque-là
réservés à l'échevinage. L'évêqiie et l'intendant, M""^ de
Clérambault et de Marillac, furent saisis de l'affaire, et c'est
sous leurs auspices que fut conclu le traité de paix, en vertu
duquel les maire et échevins perdirent d'ailleurs la pri-
mauté et durent ne plus prendre place qu'après les ecclé-
siastiques, immédiatement après eux, dans un banc qui
fut clos par les soins du curé, mais construit, orné et tapissé
aux frais de la ville (1). Nous donnons en note les divers
été mis sous les armes, comme d'usage, pour la procession de la Fête-
Dieu ; douze hommes étaient de chaque côté du dais. M'' de la Mare les
a déplacés pour y mettre vingt hommes de la garnison du château.
Arrivé vers l'Oratoire, il a défendu aux tambours de battre en arrivant
aux reposoirs, comme c'est l'usage. Le maire malade était absent.
Procès-verbal a été dressé et sera adressé aux jjuissances.
Assemblée du 1'^'^ juillet 17 il. L'an dernier, à la suite de la plainte
faite au prince de Conti, M»" de la Mare avait laissé les grenadiers près
du dais, à la procession. Cette année, il les a de nouveau déplacés pour
y faire mettre les soldats du château. On sait que les garnisons des
châteaux des villes voisines, Saumur, Blois, Angers, Nantes, Angou-
léme, ne tigurent pas aux processions. Plainte sera de rechef adressée
au prince de Conti.
(Ij Ce banc fut décoré d'un tableau aux armes de la ville, sur lequel
était écrit en grosses lettres : places et séances pour m" les
MAIRE, ESCHEviNS ET PAIRS. Il fut en outre garni de tapisseries et de
fleurs de lys {Assemblée du 30 mars I61(t),
cette petite guerre (1). On observera que le curé de Sa
(1) Assemblée du 26 août 1673. Le maire expose que bien qi
temps immémorial le corps se soit placé dans Téglise Notre-I
immédiatement après le curé, au banc du côté du pupitre, i
moins le dit curé prétend que tous les prêtres et ecclésiastiqm
placent au banc avant le corps, ce qui est une atteinte à l'autori
la charge, à quoi il y a nécessité de pourvoir.
Arrêté unanimement que, pour éviter un scandale, M' le curé
visité par deux personnes de ce corps qui sauront de lui ce qu'il
faire, apès lui avoir remontré qu'il ne peut ignorer le droit du cor
ville. S'il est de sentiment contraire, la possession sera maintenue
l'autorité de la charge ; au cas oîi il voudrait troubler cette posses
plainte sera formée pour raison du dit trouble par devant juges co
tents contre ceux qui l'auront fait, et en outre que l'on se pour
devant Mgr l'évèque de Poitiers pour lui déclarer et l'avertir que d
quelque temps il ne se dit plus de matines à la dite paroisse, qu'il
fait plus de processions par la ville et au grand cimetière hors
comme l'on avait accoutumé de faire, et que cette année on a
daller à une procession oîi, de temps immémorial, on allait dan
de Magné à la chapelle de Sainte-Macrine.... ; toutes ces chost
causé et causent journellement des scandales, non seulement parr
catholiques, mais parmi les personnes de la religion prétendue réfc
dont le nombre est très grand en cette ville et de plus de la tierce p
Assemblée extraordinaire du 11 septembre 1673. Le sieur Dj
rend compte de sa visite à Mgr de Poitiers au sujet des difficultés
dantes avec le curé de Notre-Dame. Mgr l'évèque a répondu q
connaissance de celte sorte d'alTaires appartenait plutôt aux juges la
qu'aux juges ecclésiastiques, et n'a rien voulu décider. Le sieur
bault, chargé de voir le sieur curé, rend compte de sa mission, j
avoir demandé quinzaine pour se déterminer, le sieur curé a d<
qu'absolument il ne permettait pas que nous, ni les échevi
pairs, prissions séance dans le chœur au banc accoutumé, et
entendait que le banc fût occupé par les ecclésiastiques et r,
que, si nous nous y pjlaçons, il cessera le service et ne dira
la messe.
Arrêté unanimement que la possession du banc sera maintenu^
le maire qui se fera accompagner pour cela de quelques échevins et
et, si le banc est occupé par des ecclésiastiques, les en fera ôter.
Assemblée du 13 novembre 1673. Le maire expose ce qui s'est
depuis qu'il a été question dans l'assemblée du conflit avec le ci
Notre-Dame. Le sieur curé n'ayant pas eu égard aux civilités q
— 95 —
André ne prit pas fait et cause pour son confrère et laissa
Féchevinage en possession des places qui lui étaient attri-
buées par ancienne tradition dans son église.
ont été faites par le corps, le maire a continué à prendre sa place accou-
tumée, dont le sieur curé aurait conçu tant de dépit qu'il aurait
fait cesser le service divin et n'aurait dit de grandes messes à
quatre différents dimanches, et même le jour de la Toussaint, et
comme le dit jour les prêtres diacres habitués en la dite église
s'étaient de dessein assis en notre place pour ouir la j^rédication,
voyant le refus fait par l'un de nous rendre la dite place, après
l'avoir prié civilement nous l'aurions suivant les ordres du corps
fait ôter de la dite place. Mgr de Marillac mis au courant de ces faits
a écrit le 10 courant au maire pour lui proposer un accommodement
conclu d'accord avec Mgr levêquede Poitiers.
Arrêté que le maire ira à Poitiers pour passer du diiïérend ci-dessus
par les avis de Mgr 1 evèque et de Mgr de Marillac et des personnes
qu'ils choisiront pour conseils, au jugement desquels le corps promet
d' acquiescer comme à arrêt de cour souveraine.
Assemblée extraordinaire du 16 novembre 1673. Le maire expose
que depuis la dernière assemblée il a fait faire sommation au curé de
Saint-André qui a déclaré ne point vouloir approuver la contestation
élevée par le curé de Notre-Dame, et consentir que nous continuerons
à prendre nos séances dans son église à la manière accoutumée. De
plus, le maire a recouvré une pièce décisive, un concordat conclu en
1653 entre le curé de Notre-Dame et le corps de ville, portant que le
banc dont il est question nous demeurer-a de la manière dont nous
l'avons toujours occupé, et comme ces pièces sont décisives, requiert
le corps de délibérer si l'avis émis dans la dernière assemblée sera suivi.
Arrêté unanimement qu'encore bien que par le moyen de la décou-
verte des pièces ci-dessus l'affaire en question soit de la nature de
celles qui ne doivent pas être mises en compromis, néantmoins par
le respect que cette compagnie porte à Mgr l'évêque de Poitiers et à
Mgr de Marillac, conformément à ce qui a été arrêté à la précédente
assemblée, on s'en rapportera à leur décision.
Assemblée du 24 novembre 1673. Lecture est donnée de la transac-
tion signée le 19 novembre. [Le résumé de cette pièce est au Thrésor
de Nyort, p. 265. J Le nouveau banc de l'échevinage était situé au
devant de la chaire, hors du chœur, à prendre puis le pilier du
cliœur à main droite jusques à l'autre pilier le suivant immédia-
tement du même côté, de largeur de quatre pieds. Il communiquait
avec le banc du chœur par un tambour tournant autour du pilier
contre lequel est la place du maire.
1
— 96 —
Depuis la transaction du 19 novembre 1673, la décora-
tion du banc de Notre-Dame fut entretenue sur les deniers
communs. Les registres comprennent plusieurs mentions
de dépenses à ce sujet (1). Bien entendu, la fabrique était
responsable de la conservation du banc à la place indiquée
par la transaction. Un procès-verbal d'assemblée de 1723
prouve que le curé de Notre-Dame ne mettait pas toujours
beaucoup de bonne grâce à remplir cette obligation et
peut-être même eût été bien aise de voir le maire et les
échevins déguerpir de leurs places privilégiées (2).
La ville contribuait à la réparation des églises dans les
cas extraordinaires. Nous pouvons en citer deux exemples,
l'un pour l'église de Notre-Dame, l'autre pour celle de
Saint-André. Dans la séance du 22 janvier 1738, le corps
examina un devis dressé par M. de Ponchon, ingénieur,
pour la réparation de la flèche de Notre-Dame , qui avait
été frappée par la foudre le 25 septembre de l'année précé-
dente. Par suite du même accident^ la nef elle-même était
gravement endommagée. On résolut de demander une
imposition répartie sur la ville et l'élection, attendu, dit
le procès-verbal, que cette flèche est un des plus beaux et
(1) Assemblée du 9 août 1718. Les bancs de 1 echevinage dans
1 église Noire-Dame sont dégarnis de la tapisserie qui les décorait. Cette
tapisserie était à fleurs de lis. Arrêté qu'ils seront réparés.
Archives de Niort, n° 1015. Pour le banc de M. le maire à Notre-
Dame, 2 livres 7 sols [Comptes des deniers patrimoniaux, année 1729].
Adjudication du 8 avril 1729. Bail des réparations à faire au banc
de Notre-Dame. Il couTient relever la balustrade, mettre 12 aunes de
tapisserie, faire une serrure avec neuf clés. Le travail est adjugé à
Gaultier, tapissier, pour 83 livres.
[Les neuf clés prouvent qu'en outre du maire et des six échevins
prenaient place dans le banc de l'échevinage le procureur du roi et le
secrétaire.]
(2) Assemblée du 17 décembre 1723. Les bancs concédés au corps
de ville dans l'église Notre-Dame par la transaction de 1673 ont été
démolis. M. le maire et M. Decemme se transporteront chez M, le curé
qui sera prié de les faire rétablir. A faute de ce faire, sera formée
instance en complainte contre les sieurs Barbelevée et Gaultier,
marguilliers.
— 97 —
hardis ouvrages de ce royaume. Un nommé Jean Com-
pagnon, dit Faron, était monté i\ la cime du cloclier pour
visiter les dégâts causés par la foudre. Il avait reçu pour
cela la somme de trois livres (1).
L'imposition fut autorisée, mais seulement sur tous les
héritages des deux paroisses, sans distinction de privi-
légiés ou non. La ville était comprise au rôle^ à raison de
ses revenus, pourGO livres. Les paroissiens de Saint-André
contribuèrent, comme on voit, aux réparations de Notre-
Dame ; mais, après l'achèvement des travaux, ils adressè-
rent une requête aux maire et échevins demandant la
réciprocité, c'est-â-dire cpie ceux de Notre-Dame contri-
buassent à leur tour aux réparations urgentes qui étaient
à faire â Saint-André. Entre autres choses, la muraille de
cette église, du côté du jardin des Ursulines, était dans un
très mauvais état et se dégradait de plus en plus. Les
motifs allégués dans la requête furent admis (2), et les
deux paroisses taxées, comme on avait fait pour les répa-
rations de Notre-Dame j mais â une somme moindre,
car la quote-part de la ville ne fut dans cette nouvelle
imposition que de 53 livres.
Pour terminer ce que nous pouvons dire des rapports
financiers entre l'échevinage et les paroisses, nous citerons
l'attribution à celle de Saint-André d'une amende infligée
à un nouveau converti (3)^ ])uis une subvention toute
particulière du corps de ville à la fabrique de cette même
église. En 17G0, l'église de Saint-André n'avait que deux
(1) Avchives de Niort, n" 1,017. Coin[>les des deniers paliiiuoniaux.
(2) Assemblée du 10 novembre ll'tO.
[Il est observé en marge de la requête des liabitants de Saint-André
que les marguilliers qui lavaient signée accusaient dans la paroisse
10,000 communiants, tandis qu'il n'y avait pas 10,000 habilants. Erreur
de copiste sans doute, dit la note marginale.]
(3) Cour du maire, novembre 1691. Procès fait à un nouveau convcrii
pour n'avoir pas salué le Saint-Sacrement. Interrogatoire de l'accusé
et des témoins. Amende de 12 livres applicable à l'église de Saint-André
pour l'acquisition d'un dais,
7
cloche qui fut nommée Nyort, et aida à son acquit
par un cadeau de 500 livres imputé sur les deniers \
mon i aux (1).
Les dépenses que nous venons d'indiquer donne
peu près la mesure dans laquelle la ville contribua, su
les circonstances, à l'exercice du culte catholique. (
qu'il nous reste à énumérer sont principalement rela
à l'assistance publique ; non entièrement toutefois
nous trouverons le partage de subventions d'origine
ciale entre des établissements charitables et d'autres "
ment rehgieux.
Le mode d'assistance publique vis-à-vis des ma
subit de grands changements dans la première moit
dix-septième siècle. Après la destruction, en 1568,
bâtiments des aumôneries situés en dehors des mur
service hospitalier avait été, après quelques an
concentré dans une maison dite du SouUré, sise enti
(\) Archives de Xiort, n" 1,031. Comptes des deniers patrimoi
M^Arnauldet, advocat au parlement et receveur des deniers cou
de cette ville de Nyort, payera à M""* les marguilliers de la paroi
S*- André , la somme de cinq cents livres que nous avons accordt
contribuer à la dépense de la troisième cloche que l'on a jugé nécc
à la dite paroisse, de laquelle on nous a établi parrain et que
nommé Nyort, laquelle somme lui sera passée dans ses compt(
deniers patrimoniaux en rapportant le présent mandement quittan
dits sieurs
A Niort, le 16may 1760
Signé : Rouget, maire ; Chantecaille , Charrier Marcard
Cherbonneau
Nous soussignez, Pierre Arnault de la Jolinière et Christophe Ji
la Giraudrie, marguilliers de la paroisse de S'-André de cette vi
Niort, reconnaissons avoir reçu de M"" Arnauldet . receveur des d(
patrimoniaux de cette ville, la somme de ôOO livres pour les causes
quées au mandement de l'autre part, de laquelle nous le tenons qu
tous autres.
A Xiort, ce 19 may 17G0.
Suivent les signatures.
— 99 —
rues Basse et de Saint-Gclais, à la hauteur de la rue de
Beauchamp actuelle. Dans Tannée 1622, l'administration en
futconfiée aux religieux de la Charité, autrement dit frères
du bienheureux Jean-de-Dieu (1). Il leur était payé quatre
sols par journée de malade, sur les fonds des aumôneries.
On trouve à cette époque, dans les comptes de Pierre
Beraud, receveur de 1621 â 1623, trace d'une subvention
sur les deniers de la ville, une rente constituée aux pauvres
sur le Poids-le-Roy. L'aumônier en touche un quartier
évalué à 9 livres 18 sols. Cet article de dépense n'est pas
répété dans les comptes suivants.
Les Charitains eurent de suite un service des plus diffi-
ciles. Les malades et les blessés de l'armée royale, qui
bloquait la Rochelle, furent envoyés en grand nombre à
Niort. Les fonds des aumôneries devinrent insuffisants et
la ville dut leur venir en aide par des avances et des sub-
ventions; nous donnerons les détails à ce sujet au chapitre
des Dépenses militaires. Les registres mentionnent un
secours de 232 livres 16 sols voté aux frères de la Charité
dans l'assemblée du 12 juin 1623, puis, dans celle du
4 juillet 1625, cent livres encore pour dresser une boutique
ir apothicaire à l' Hôpital. Les documents font défaut pour
les dernières années du siège de la Rochelle ; le déficit
avait sans doute été toujours croissant.
Les religieux se trouvèrent bientôt à l'étroit dans le
local du SouUré et, dès l'année 1628, achetèrent une
maison située près de Notre-Dame, â l'endroit où s'élève le
Palais de Justice actuel ; ils firent d'autres acquisitions,
construisirent et enfin, en 1652, s'installèrent dans leurs
nouveaux bcàtiments. Ceuxde lame Saint-Gelais furent con-
cédés aux religieuses Hospitalières (2), qui avaient ailleurs
(1) Assemblée du 1^' mars 1622.
(2) CeUe concession fut faite aux Hospitalières par acte du 25 septembre
1654, à charge de retour à la ville si elles venaient à abandonner les dits
bâtiments pour une cause ou pour une autre. L "éventualité prévue se
réalisa en 1784. Un décret de levéque de Poitiers du 3 mars 1781, et à
la suite des lettres patentes d'avril 1783, enfin un arrêt du Parlement du
alors conclu entre les treres cie la unariie et les m?
échevins agissant en qualité d'administrateurs des ;
neries. Il fut accordé aux religieux 150 livres par ai
les médicaments, 400 livres de pension annuelle, c
pour chaque enterrement de malade décédé à l'hôpit
journée de malade était portée à cinq sols. Tout cel;
quittait du reste sur les ressources des aumôneries ;
point seulement l'éclievinage agissait au nom de k
mune. Il délaissait aux Charitains la jouissance
maison dite du Sanitat, sise près du nouvel hôpital,
dition qu'elle serait employée, sous la surveillanc
frères, pour la retraite des pauvres passa/its, se rés(
du reste la faculté de reprendre la dite maison, e/
nant aux religieux 150 livres pour bâtir un lieu c/.
demeure des dits religieux ou tout près pour servi
pauvres passants.
Le corps de ville usa sans doute et dans un bref d(
cette faculté pour une cause que nous ignorons ; c
1667, les frères de la Charité demandèrent à arrer
maison du Sanitat, moyennant huit livres par an à ]
tuité, à la charge d'y faire 300 livres de réparations,
délibéré en séance du corps sur cette proposition
décidé que si les frères voulaient prendre à ferme ]
2 avril 1784, ordonnèrent l'extinction et suppression de la comn
des iilles de Saint-François établies près de l'Hôpital général, et
de leurs biens tant aux dames Hospitalières de Niort qu'aux rel
de Saint-Fiançois de Poitiers et de Pezay-le- Vieux. Les habit
Niort furent réunis en assemblée générale, le 21 août 1784, et ci
sur l'opportunité delà mesure, avant que l'enregistrement du Parle
la rendît détinitive. Ils consentirent à la translation des Hosp
dans l'ancien couvent des Franciscaines, local plus grand
salubre. Il fut décidé en même temps qu'un plan serait lev
maison de la rue Saint-Gelais pour fixer la portion qui deva
retour à la ville. Les Hospitalières, d'après cela, avaient ai
cette maison en acquérant des terrains et des bâtiments contigu!
qui appartenaient à la ville, ou plutôt aux aumôneries.
(1) Assemblée du 29 octobre 1667.
- 101 —
maison, pour neuf années, à un prix raisonnable, ils lô
pourraient à la c/iarge que au cas où la ville fût affligée
de maladie ou peste la ferme demeurerait résolue sans
dommages-intérêts , mais qu'on n'en passerait aucun
arrentement. Cette clause résolutoire n'était que la repro-
duction de celle insérée dans le traité de 1652 au sujet de
la concession gratuite. La maison du Sanitat resta donc
propriété de la ville. En 1679, le corps était poursuivi pour
en rendre déclaration au roi comme dépendant des aumô-
neries. Le procureur syndic fut chargé de rechercher et
fournir les preuves à ce sujet (1)^ ce qui semble bien signi-
fier que le corps n'admettait pas que cette maison fit partie
du domaine des aumôneries. Du reste, à l'époque de la
Révolution, elle fut vendue comme bien de la commune ;
jusque-là les frères de la Charité en avaient sans doute
conservé la jouissance. Il n'en est fait aucune mention aux
registres dans tout le cours du dernier siècle.
Au sujet des secours fournis aux établissements cha-
ritables sur les fonds communaux proprement dits,
il y a lieu de faire une observation générale ; c'est
qu'ils se sont en somme réduits â fort peu de chose. L'as-
sistance publique avait â Niort son budget spécial formé
par les revenus des aumôneries, et la ville ne contribuait â
l'augmenter que dans une mesure très modique, par des
allocations toutes de circonstances. L'arrêt de règlement
de 1683 ne comprend aucun article de dépense à cet égard.
C'est seulement dans les dernières années de la monarchie
que la municipalité fit directement des sacrifices considé-
rables pour le soulagement des pauvres. D'ici-hï on ren-
contre seulement quelques rares subventions accordées
par l'échevinage ; nous les citerons successivement.
Dans le courant du dix-septième siècle, sans qu'on
puisse dire précisément de quelle époque datait cet usage,
le maire adjugeait chaque année, vers la fin du carnaval,
le droit de vendre de la viande aux malades et aux infirmes
e*»-
^m
Assemblée du 28 avril 1679.
pendant les temps d abstinence. L est ce qu on ^
le bail du Bureau des chairs ; nous en avons c
mot dans la Première partie, an chapitre de la I
boucherie. Le produit de cette adjudication était '
buë aux liôpitaux et couvents. Ainsi, en 1663, le mont!
de 125 livres qui furent réparties comme suit : 20
aux frères de la Charité, 25 aux Hospitalières, 2
Cordeliers, 20 aux Capucins, 40 aux filles de Saint-
çois. En 1665, un nouvel établissement vint au pa
C'était l'Hôpital général, fondé cette année-là par le;
du duc de Navailles, gouverneur de Niort, à la suit<
déclaration royale de juin 1662 sur l'entretien des p!
et des orphelins. Quelques années plus tard, en 167;
faisait la part du lion dans le bail des chairs. Le g'
neur avait demandé que la totalité lui en fût attribué
corps de ville ne put que s'incliner devant l'express
ce désir (1).
Le duc de Navailles avait proposé et fait accep
même temps de remplacer pour les divers établisse]
autres que l'Hôpital général, leur paît du bail des
par une part dans les amendes qui se pourraient enc
L'occasion ne tarda pas à se présenter d'appliquei
disposition. Au mois de janvier 1676, peu après que
venait d'être fait maréchal, la duchesse et son fils, 1
quis de Navailles, faisaient une entrée solennelle à '.
la compagnie de cavalerie ayant été commandée pou
au devant d'eux^ les manquants furent condamnés
(1) Assemblée du îi juin 1675. Proposé par nous maire
dernière assemblée de l'Hospital général de cette ville Mgr 1(
Navailles tesmoigna souetter que le prix du bail des chairs fût
ment emploie au dit hospital général et qu'au lieu que nous a)
coustume de le distribuer à tous les hospilaux tant d'homme
femmes, et dames de la Miséricorde et religieux de cette vil
n'estre privés pas des charités qu'ils avaient accoustumé de rec
nous, nous applicassions à ce toutes les amendes qui se pc
encourir, sur quoy nous requérons l'advis de la compagnie.
Arrêté dans les termes de la proposition.
— 108 —
amendes que l'on attribua par tiers aux Cordeliers^ aux
Capucins et aux Charitains.
Les adjudications du bail des chairs, relevées dans les
registres jusqu'en 1691^ varient de 65 livres, prix mini-
mum, à 210 livres, prix maximum et exceptionnel. La
moyenne était de 120 livres, qui étaient toujours encaissées
par le trésorier de l'Hôpital général. A partir de 1691, les
registres ne mentionnent plus cette adjudication que l'on
fît cependant jusqu'en 1789. En 1689, il fut distrait par
une clause spéciale une portion du produit au bénéfice des
dames de la Miséricorde (1)^ qui durent recevoir de l'ad-
judicataire 250 livres de chair, et des Capucins qui furent
gratifiés d'une peau de bœuf verte ou dix livres d'argent à
leur choix. Ces mêmes conditions étaient imposées en
1690, et une autre en sus : l'étapier eut droit de prendre la
viande qui lui serait nécessaire lors des passages de troupes
en carême à deux sols et demi la livre. En 1691, les dames
de la Miséricorde reçurent deux cents livres de viande et e^-
les pères de la Charité cinquante. D'après un acte cité par ^.m
Abel Bardonnet dans ses Ephéniérides (2), l'adjudication »•%
fut faite en 1789 pour trois ans par le lieutenant-général "
de police. En outre de l'Hôpital, les religieux de la Charité,
les Capucins, les Hospitalières, les dames delà Miséricorde
et les officiers de police durent avoir diverses quantités de
viande, gi\atuitement ou â un prix inférieur au tarif.
Dès la fondation de l'Hôpital général, le corps de ville
s'était mis en quête de Cj[uelques ressources éventuelles
(1) Les dames de la Miséricorde étaient une association de dames de
la ville fondée dans le but d'assister les pauvres et les malades sous la
direction des Pères de l'Oratoire. Elle fut autorisée par une bulle du
pape Alexandre VII, du 10 janvier 16ôG, obtenue par le zèle et aux frais
de Magdeleine Assailly [A?T/itues départementales, H. 266]. La pre-
mière supérieure fut la duchesse de Xavailles. Cette confrérie se per-
pétua pendant tout le dix-huitième siècle. En 1757, l'échevinage lui
accorda, à l'occasion de la convalescence du roi, après l'attentat de
Damiens, lîO livres pour distribuer aux pauvres honteux des deux
paroisses de la ville [Assemblée du 22 mars 1757].
(2) Mémoires de la Société de statistique, 3'^^ série, i, p. 260.
loyersde corps de garde abandonnés (1), celui d'unepièc(
terre inculte, dite l'Ouche Barrault, près de Romagné
qui fut affermée alors pour trois livres 10 sols par an,
encore le produit de quelques amendes (3). Au m€
moment, on chercha, mais sans succès, à reprendre posf
sion du Marc à draps, pour en faire également do
l'Hôpital (4).
Le corps de ville montrait beaucoup de bonne voie
en faveur de la fondation du duc de Navailles, mais
minces bribes qu'il détachait ainsi de son avoir ne p
vaient grossir beaucoup les revenus de l'établissement
Un acte de générosité plus sérieux de la part de l'échu
nage, un peu contraint forcé, il est vrai , fut l'attribui
d'une somme de cent livres de rente annuelle â l'hôpi
somme que le gouverneur comprit dans son arbitrage
dommages intérêts infligés à ]\r"* de la IMortmartin
consorts, qui avaient, le 27 janvier 1679, tué un bon
sous la halle et insulté le maire Cochon du Puy. C
affaire a été exposée en détail au chapitre de l'Admii
tration.
En 1737, le docteur Cuvillier Champoyault, qui des
vait gratuitement l'Hôpital général, demanda une gr
fication annuelle ; les directeurs de l'établissement
(1) Assemblée du 2i décembre 1665. Proposé par nous maire
y a un hôpital en cetle ville qui n'a pas de fonds suffisants pour l'ei
tien et assistance des pauvres, qu'il y a des corps de garde aux pi
de cette ville qu'on pourrait louer, et encore quelques petites chose
(•?) Assemblée du 26 juin 1666.
(3) Cour du maire, 4 avril 1665. Dix livres d'amende applicab
l'Hôpital contre Caillet pour avoir blasphémé le >aint nom de Dieu.
(i) Voir Première partie, p. 247.
(5) Les terres des aumôneries, qui formaient la grosse part du bu
de l'assistance publique, s'affermaient au-dessous de 2,000 livres à 1
du dix-seplièrae siècle. Ce revenu était réparti entre les trois hôpi
de la ville, Charilains, dames Hospitalières et Hôpital général. Le
de ferme progressa ensuite jusqu'à 3,450 livres, somme qu'il avait att(
dans les dernières années de l'ancien régime.
— 105 —
répondirent qu'ils n'avaient pas de fonds disponibles. Il
adressa alors â l'intendant une requête qui fut renvoyée
aux maire et éclievins. Ceux-ci proposèrent de lui accorder
200 livres par an sur le revenu de VOctroi fixe, attendu
qu'ils n'avaient aucune autre ressource â cause de la
dépense extraordinaire que nécessitait la construction des
casernes. Cet octroi n'ayant été concédé que pour un
temps déterminé, l'intendant approuva l'allocation jusqu'au
terme de la période. Depuis elle fut continuée^ comme
d'ailleurs l'imposition surlaquelleelle avait été imputée (1).
Après l'établissement du tarif des droits d'entrée, en
171!^, la ville fit un sacrifice considérable en faveur des
établissements hospitaliers. Le mieux traité fut l'Hôpital
généra], qui obtint, dés 1724, la franchise entière pour
toutes les denrées et matières qui s'y consommaient. Les
frères de la Charité et les dames Hospitalières furent
exemptés des droits pour des quantités limitées de bois et
de vin. Leschllïi'es ont été donnés au chapitre du Tarif de
1718. Il y a seulement lieu de faire ici une rectification
en ce qui concerne les frères de la Charité. En vertu d'une
convention faite en 1766 avec l'éclievinage, ils furent mis
sur le môme pied que l'Hôpital général, c'est-à-dire obtin-
rent l'exemption absolue des droits d'entrée. Ceci ressort
d'une lettre, conservée aux archives, qu'écrivait le 2 juillet
1770 M^ Gaultier, secrétaire de l'intendant, â M'" du Cou-
dray subdélégué à Niort (2). Le fermier du tarif faisait des
difficultés, et ce n'est pas surprenant, car les baux de cette
époque, et môme ceux postérieurs, ne mentionnent tou-
jours pour les religieux de la Charité qu'une franchise
limitée (3). D'après cela, l'exemption totale devait faire
(1) Voir Première partie, p. 7^2.
(î) Archives de Niort, IP 2,161.
(3) Vers cette époque, les Capucins obtinrent, on vertu d'une clause
formelle imposée au fermier du tarif, la francliise pour toutes denrées
généralement. La collection des baux étant fort incomplète, on ne peut
préciser l'année. La mention de cette franchise générale pour ledit ordre
a été omise au chapitre consacré dans la Première p.\rtie au Tarif
de 1718.
1 OOJcL u un cunipie emie le iciimei cl la viiic, cuii
cela se pratiquait d'ailleurs pour quelques autres privilëg
Nous terminerons cette matière de l'assistance publi
par l'exposé des mesures auxquelles, dans les dern
temps de l'ancien régime, eut recours l'échevinage p
soulager la misère extrême provenant de la disette
grains. Trois fois en vingt ans, il fallut employer
moyens extraordinaires.
Les ateliers de charité qui furent créés à la fin de 1
et continués dans les années suivantes, pour les trav
de la place de la Brèche et de la terrasse Saint-Gel
apportèrent quelque adoucissement, mais devant les bes(
croissants de la classe nécessiteuse, ils ne pouvaient sufl
Au mois de mai 1770, le blé avait atteint le prix exc(
pour l'époque de 300 livres le tonneau (1), soit enviroi
livres le sac ou hectolitre d'aujourd'hui. La populatior
Niort s'était soulevée (2) et avait voulu empêcher les ^
de la campagne, les voituriers des provinces voisines d
lever le blé sur le marché. Dans l'assemblée du 18 ma
maire proposa d'acheter au compte de la ville des blés
l'on céderait ensuite avec une certaine perte sur les ]
courants. Il fut arrêté que l'on disposerait de 12,000 liv
somme suffisante pour acquérir 40 tonneaux de from
Ces grains devaient être placés dans un magasin qui se
ouvert aux pauvres de la ville les mardi et samedi, de i
heures du matin à midi, le jeudi depuis une heure jusi
sept heures du soir. Le prix en était fixé à cinq sols
boisseau au dessous du cours, soit un vingtième en m
seulement.
Il était évident que cette mesure ne pouvait être qi
palliatif; aussi d'autres avaient été prises simultaném
Le maire, peu de jours après, dans la séance du 22 i
(1) Le tonneau de froment pesait 2,400 livres; il se composa
60 boisseaux contenant, en mesure de nos jours, 25 litres.
(2) De pareils troubles, et même plus graves, se produisirent
plusieurs povinces. L'exportation des grains fut prohibée par ordonn
royale du U juillet 1770.
— 107 —
rendit compte de ce qui avait été obtenu de la charité
privée, sur les sollicitations de la municipalité. On avait
visité toutes les maisons aisées. Le quartier de Notre-
Dame, depuis la halle jusqu'à la porte et faubourgs, avait
souscrit pour 2,429 livres de pain par semaine ; dans le
reste de la ville, on en avait recueilli 2,764, en tout
5,193 livres, et il en faudrait pouvoir fournir, dit le maire,
6,325 livres pour faire face aux besoins connus. En résumé,
le déficit était de 1,132 livres. Le corps arrêta, séance
tenante, quel'on prendrait sur les deniers publics la somme
nécessaire pour couvrir ce déficit, et même ce qui pourrait
manquer par la suite, attendu que des familles honteuses
qui inéi'itentdes secours ne s' étaient pas déclarées. D'après
les comptes du receveur, les frais de fournitiu^e de pain
faits par la ville pendant la durée de la crise s'élevèrent à
1,629 livres 4 sols 9 deniers. Il faudrait y ajouter, pour
avoir la somme totale consacrée à l'assistance publique, la
perte éprouvée sur la vente du blé aux indigents.
En 1785, le même mode d'assistance fut employé, mais
sur une plus grande échelle. A la fin de l'année, les prix
des grains étaient supérieurs à ceux de 1770. Le froment
valait 340 livres le tonneau ; le seigle 245. Le maire rendit "S
compte le 16 décembre des mesures déjà prises, devant
une assemblée qui comptait dans son sein un certain nom-
bre de notables adjoints pour la circonstance aux membres
du corps ; puis il leur demanda d'arrêter dans ses détails
l'organisation des secours â donner ultérieurement.
La rareté des grains était si grande qu'il avait été malaisé
d'en acquérir la quantité nécessaire pour approvisionner la
ville. On espérait recevoir, avant la fin de janvier, 7,000 sacs *
de froment et 1,500 de seigle. L'intendant avait procuré
en attendant 300 sacs de froment et annonçait 50 milliers
de riz. Il est vrai que cette dernière denrée n'était pas
entièrement destinée â la ville de Niort ; elle devait être
partagée entre plusieurs élections. D'après une lettre de
l'intendant. M'" Boula de Nanteuil, â M' Blactot, subdé-
m
•)
circonscription. L envoi était fait par le contrôleur généi
et paraît avoir été un secours accordé par l'Etat, u
aumône dans le sens absolu ; le riz devait être, non f
vendu, mais donné aux indigents inscrits sur les lisl
dressées à cet effet. Il n'en était pas de même des grai
achetés par la ville, qui étaient destinés à être vendi
comme en 1770, â prix réduit.
L'assemblée des notables de Niort décida que le frome
serait vendu auœ malheureux sur le pied de 320 livres
tonneau, et le seigle à raison de 230 livres. On fit en oui
une taxe du pain spéciale pour les indigents , à 2 S(
3 deniers la livre, en dédommageant les boulangers sur u
base qui n'est pas d'ailleurs indiquée. Le maire fut autor:
à emprunter, si besoin était, une somme de 1,200 livr<
On nomma un receveur^ pour la vente des blés emma^
sinés par la ville ; nul n'était admis à bénéficier de la d
tribution sans un certificat établi, sur formules imprimé(
par les curés des paroisses.
Quatre ans plus tard, en 1789, la disette sévissait
nouveau ; le prix des grains était sensiblement le mêi
qu'en 1785. Les mesures d'assistance prises par la mui
cipalité ne furent pas tout-à-fait les mêmes que dans '
crises antérieures. Il neparaitpasque l'approvisionneme
ait été aussi difficile que pendant la famine précédent
on pensa que les boulangers pourraient se procurer
matière première^ sans qu'il fût nécessaire de recourir pc
cela aux voies extraordinaires, et on procéda en leur ii
posant une taxe inférieure au prix de revient du pai;
une indemnité leur était allouée sur les deniers coramui
A vrai dire, les choses ne furent pas de suite aussi équi
blement réglées à l'égard des boulangers.
Dans une assemblée de notables, du 8 août, présid
par le maire M'" Rouget de Gourcez, celui-ci expliqua q
(1) Archives historiques du Poitou. Poitiers, Oudin, 1889, t. :
p. 167.
109 —
la réunion avait pour objet de rétablir l'ordre dont on
s'était écarté dans celle tenue tumultueusement le deux de
ce mois. On avait demandé, prononcé et proclamé tout de
suite avec éclat, une diminution de cinq deniers par livre
sur le pain de première qualité et trois deniers par livre
sur la seconde. Il en résultait une perte effective pour les
boulangers^ et cependant on ne s'était point inquiété de
leur allouer une indemnité; les prix ainsi fixés par ce vote
arbitraire correspondaient au cours de 260 livres pour le
tonneau de blé, tandis qu'il en valait 340. Le maire pro-
posait de fixer sur cette base l'indemnité, pour la période
du deux au quinze août, sauf diminution pour dix ton-
neaux de blé offerts par M'" Panvillier au prix de 310 livres.
L'assemblée, plus rassise que la précédente, se rangea
à cet avis et autoi'isa le maire à emprunter la somme
nécessaire, car l'hôtel de ville n'avait pas de fonds dispo-
nibles ; ses revenus étaient même saisis â l'occasion d'un
prétendu droit d'amortissement exigé sur le terrain de la
place de la Brèche. Ce droit était ce que l'on appelle
aujourd'hui droit de main-morte, comme nous l'avons
indiqué antérieurement. Au demeurant^ ni les registres,
ni les comptes ne nous apprennent pendant combien de
temps et pour quelle somme furent payées les indemnités
aux boulangers.
Les derniers registres de l'échevinage, desquels nous
avons extrait ces détails sur les secours donnés pendant
les disettes, font connaître quelques incidents qui, par
leur nature, se rattachent aux matières du présent cha-
pitre. La ville de Niort^ à ti'ois reprises différentes, en
1764, 1765, et encore en 1786, se trouva en lutte avec les
autorités ecclésiastiques qui se refusaient à laisser accroître
ou même tendaient â diminuer les ressources de l'assis-
tance publique (1). On put éviter l'amoindrissement, mais
on échoua dans toutes les tentatives d'augmentation.
^■m
(1) La notice d'Apollin Briquet déjà citée, sur les établissements
charitables, mentionne l'action qu'eut à soutenir l'échevinage de Niort
contre l'ordre de Saint-Lazare, en 1678, au sujet des aumôneries. Les
paroisses et hôpitaux de Niort. Le 14 décembre 176S
chapitre de Saint-Liguaire prit une déUbération (1)
laquelle, sous le bon plaisir de l'évêque de Saintes
était leur diocésain, ils consentaient à être sécularisé]
unis à la ville de Niort, oi^i ils transféreraient leurs ofï
de fondation. Ils demandaient que les religieux existe
pussent résider là où bon leur semblerait et eussen'
jouissance des revenus de l'abbaye, comme par le pa
Après leur décès, les dits revenus seraient appliqués
besoins de l'hôpital général, sauf une portion destinée
vicaires des deux paroisses. Conformément à cet acte c
tulaire, le roi autorisa, par un brevet donné à Fon
nebleau le 26 octobre 1763 (2), les maire et échevir
poursuivre l'extinction et la suppression de la me
conventuelle, pour les dits revenus être employés à l
tretien de trois vicaires dans chacune des deux égli
suivant la répartition et distribution qui serait faite
dits revenus par le sieur évêquede Poitiers et pour êti
surplus, si surplus il y a, appliqué au profit de l'hôp
général de Niort (3).
Le commendataire de l'abbaye était M'' de Rabre
doyen de l'église de Poitiers. Il s'opposa à la réunion j
jetée, disant s'être lié les mains par la parole qu'il a
donnée au chapitre de Saint-Pierre de Poitiers d'y f:
faire cette réunion. En conséquence^ il fut arrêté, dan
séance du 24 mars 1764, que le maire et le procureur
religieux de cet ordre prétendaient, en vertu d'un édit de réunion rc
par Louis XIV, s'emparer de l'administration de ces fondations. La
eut gain de cause ; il fut jugé que l'édit n'était pas applicable, en ce
la concernait. Les poursuites avaient commencé en 1674.
(i) Archives de Niort, n° 1974.
(2) Archives de Niort, n° 1975.
(3) L'abbaye de Saint-Liguaire était de l'ordre de Saint-Benoît,
revenu est estimé quatorze mille livres dans l'Etat de l'électioi
1716. (Méynoires de la Société de statistique, S"»^ série, m, p. 21.)
— 111 —
roi iraient à Poitiers, pour communiquer et même signifier
à M"" de Rabreuil l'arrêt du Conseil d'Etat rendu en exé-
cution du brevet du roi, le même jour 26 octobre 1763.
Celui-ci tvouca bon qu'on lui fît cette signification, n'ayant
pas d'autres motifs, disait-il, de refuser le consentement
requis que ceux indiqués ci-dessus. En fin de compte, la
réunion ne fut pas effectuée^ à cause de l'opposition que fit
l'évêque de Saintes. Ce qui suit fera voir en outre ciue le
budget de l'assistance publique, aussi bien que celui du
culte catholique, restèrent jusqu'à la Révolution, tels qu'ils
étaient à l'époque où fut tenté ce rattachement.
L'année suivante, la question n'était plus d'obtenir des
ressources nouvelles pour les paroisses et l'hôpital, mais
bien d'empêcher que ces établissements ne fussent dépouil-
lés, et cela au profit d'un bénéficiaire fort éloigné. Autre-
ment dit, il avait été projeté de réunir les biens du prieuré
de Noire-Dame au chapitre noble de Brioude. Le corps de
ville délibéra à ce sujet, le 27 août 1765, et arrêta d'abord
que l'on ferait opposition devant l'Olllcial. « Nous avons
ici », dit le procès-verbal, « deux curés â portion congrue,
c' est-à-dire 306 livres par an, des vicaires qui n'ont
cV autre revenu cjue le casuel, sauf 200 livres de fondation
particulière à Saint-André. La ville ne dispose que de
quatre lits à la Charité et aux Dames Hospitalières ;
l'Hôpital général renferme 284 pauvres et n'a pas les
revenus suffisants pour les entretenir. La ville a 18 à
20,000 luibitants » Ce dernier chiffre était un peu
exagéré pour les besoins de la cause.
Le deux septembre, la question fut de nouveau discutée
en séance de l'hôtel de ville. Al'"^ Arnauldet du Maire et
Clémanson furent chargés de faire une enquête et de rece-
voir les observations des habitants. Le corps, de son côté,
rappelait l'origine des donations faites au prieuré ; elles
avaient eu pour but de procurer aux habitants les secours
spirituels et de soulager les pauvres (1), s'il y avait un
(1) Le prieur devait, en vertu des anciens titres de donation, une
demi-livre de pain, trois fois la semaine, à chaque pauvre qui S9
transférés à un chapitre étranger.
Bien que les registres ne le disent pas explicite
cette translation n'eut pas lieu. Vingt ans plus tard,
que de Poitiers voulut à son tour s'emparer des bi
prieuré. Le corps de ville reçut assignation à comp;
devant le sieur abbé de Cressac, vicaire généraldud:
pour consentir à l'extinction du prieuré et à la /'<
de son revenu au grand séminaire. Il fut naturel!
arrêté que l'on ferait opposition. formelle à la mesui
jetée. Les considérants étaient toujours les mên:
dénuement de l'iiôpital, les curés, sans vicaires, ré'
la portion congrue ; on donnait cependant un mot
veau, la situation du collège qui, sans aucuns re
manque de tout et ne subsiste que par la plus g
économie sur ses pensionnaires. Il y avait en effet
temps que la ville avait été obligée de doubler la si
tion qu'elle faisait aux Oratoriens. u Enfin «^ ajoi
maire dans la séance du 25 août 1786^ « les vér
revenus du prieuré, ce sont les dîmes ; c'est pour
vice des paroisses, le besoin des pauvres du teri
qu'un pareil droit a été établi; tous les biens ecc
tiques n'ont été donnés qu'à de pareilles conditions
Le maire de Niort traduisait ainsi, pour la défen
légitimes intérêts de la ville maladroitement mena
que chacun, aux approches de la Révolution, dis
pensait. Le prieuré ne fut pas rattaché au grajid sém
mais, trois ans plus tard, ses biens furent réuni
nation, comme d'ailleurs tous les biens du clerf
longue et véhémente discussion, que souleva ce gra\
dans le sein de l'Assemblée nationale, fut close
célèbre discours de Mirabeau qui entraîna le vote de
Remontant à l'origine des donations faites à l'J
présentait depuis le premier dimanche de carême jusqu'à la Saii
Cette obligation fut convertie en une rente annuelle en faveur de 1
général. (Archives de Niort, n° 1925.)
— 113 —
l'illustre orateur établit qu'elles n'avaient eu d'autre but
que le service du culte et le soulagement des pauvres.
Montrant ensuite, d'une part les desservants réduits à la
portion congrue, les populations dans la misère, et en
regard les hauts dignitaires ecclésiastiques vivant dans le
luxe, il fit voir comment et à quel degré ces richesses
avaient été détournées de leur véritable destination. Sa
parole détermina peut-être cette dépossession considérable,
mais il faut dire qu'elle puisait sa force dans le senti-
ment public, dont elle ne fut ce jour-là que l'éloquente
expression.
CHAPITRE XI.
Dépenses militaires.
§ 1. — Défense et sûreté de la ville.
La question des fortifications ayant été traitée dans l'un
des chapitres précédents, nous aurons seulement à recher-
cher ici de quelle manière il fut, suivant les époques,
pourvu à la défense des remparts et à la sûreté de la ville,
c'est-à-dire quelles furent les forces dont on disposa, quels
étaient leur organisation et leur armement.
Les titres les plus anciens à ce sujet sont les lettres de
Jean, duc de Berry et comte de Poitou, de juin 1378, par
lesquelles il octroya aux maire, écheuins, bourgeois et
habitants de Niort le guet sur les manants et habitants de
S^-Reniy et de S^-Maxire, étant de la châtellenie de
Fontenay -le- Comte, et sur les habitants de Chauray,
étant de la châtellenie de S^-Maixent ; puis d'autres lettres
octroyées par le même duc de Berry, adressées au sénéchal
8
manants et habitants de la ville, à veiller et faire le
et garde en cas d'éminent péril (1). Le droit de gu
garde sur les gens de Saint-Remy, Saint-Maxire et Cha
n'était pas accordé à toujours, mais à un an seulemen
droit de contraindre même les gens d'église à fai
service des remparts n'était donné que pour le cas de
imminent. En dehors de ces mesures extraordinaires
avait certainement à Niort une milice urbaine organ
mais comment ? Avant le dix-septième siècle, on ne
que conjecturer à cet égard. Le maire en était capit:
cela n'est pas douteux, et très probablement les éch(
commandaient sous ses ordres un certain nombr^
compagnies.
Quelle que fût d'ailleurs cette organisation, elle
fort rudimen taire. On peut en juger par le détail des
paratifs (2) qui furent faits lorsque la ville se mit en
de défense, au moment de l'invasion de Cliarles-Ç
dans le midi de la France.
Le 28 juin 153G, le maire, assisté de sept échevins <
six pairs, se transporta à la tour du Maire, qui servait;
d'arsenal, et constata qu'il y avait des boulets, des tr
de la poudre à canon et du soufre. On décida que ces n
tions seraient transportées à l'hôtel de ville. Deux j
après, on y réintégra les bâtons de la ville, qui furent r(
d'après l'inventaire chez Durand Maignen, auquel on al
24 livres 10 sols pour les avoir gardés. Il est probable q
avaient été placés provisoirement, pendant les grands
vaux de reconstruction d'alors, dans la maison de Mai^
qui était sise rue Yver en face de l'hôtel de ville (3) .
(1) Thrésor de Nyort, pp. 209, 210.
(2) Ce qui concerne ces préparatifs est extrait des registres de 1
de ville, 1535-38, dont la bibliothèque de la Société de statistique ren
un dépouillement complet, par Apollin Briquet.
(3) Bibliothèque de la Société de statistique. Déclaration des ti
de 1619. (Fonds Briquet )
— 115 —
Ces bâtons, avec des piques et des hallebardes, formaient
l'armement de la majeure partie des habitants. En faisant
le récolement, on reconnut qu'il n'en existait pas un nom-
bre suffisant et, d'un autre côté, les habitants parurent peu
disposés à s'en procurer sous prétexte qu'Us ne voulaient
pas en acheter dans la ville. Ceci nous apprend que les
miliciens devaient s'armer à leurs frais, au moins de ces
bâtons, et de plus qu'il n'y avait pas à Niort de fabricant
réputé de ces sortes d'épieux ferrés.
On fît aussi le récolement de l'artillerie sur un inven-
taire déjà ancien et Ton reconnut qu'il manquait onze
pièces, tant faulconneaux que arquebuses à crochet de fer.
Elles étaient, paraît-il, dispersées dans les maisons de la
ville et au dehors, ce qui prouve que depuis bien des
années la défense de la ville était une des moindres préoc-
cupations des habitants ; il fut arrêté qu'elles seraient
retirées de là où elles étaient, puis nettoyées et essayées. Il
y avait aussi un certain nombre d'arbalètes qui durent être
remontées. On parla également d'acheter d'autres arque-
buses que l'on trouvait à cent sols la pièce.
Les nouvelles du midi étant favorables, on ne se hâtait
pas beaucoup à Niort de se mettre en état de défense.
Cependant , il fallut suivre le mouvement ; le ban et
l'arrière-ban de Saintonge et d'Angoumois étaient réunis
à la Rochelle ; Poitiers, plus éloigné que Niort du théâtre
de la guerre, fermait strictement ses portes. On prit le
parti d'en faire autant, seulement à la date du 18 août;
le guet se fit sur les murailles et les portes furent gardées.
Le maire fit publier et crier par les rues une ordonnance
enjoignant aux habitants de se procurer des munitions et
instruments de guerre, et rendant responsables les maîtres
qui avaient des serviteurs étrangers. Le maire, accom-
pagné d'un membre du corps de ville, dut passer la revue
des maisons pour faire exécuter ces dispositions.
Un garde de l'artillerie et des munitions fut institué aux
gages de cent sols par an. Il s'appelait Jehan Baudin et,
depuis sa nomination, le rétablissement de l'armement de
1
même bien après que la retraite de l'armée espagrK
éloigné toute crainte de péril.
Le 15 septembre 1536, Jehan Baudin reçut en
21 faulcojineaux , plus un autre qui était rompu
arquebuses à crochet de fer, sept grosses pièces don
montées sur roues ; quelques jours après, trois
fauconneaux retirés de chez M^ J. Bastard, avocat (
Marché fut fait avec Antoine Perrotin, arbalestrier
nettoyer et remonter de cordes les arcs et banda
deux douzaines d'arbalestres de la ville et asson
noix à sept d'icelles à 8 sols pièce et fourbir les alla
à 2 sols 6 deniers pièce. On fit venir de Poiti(
marchand, nommé Jehan Tatin, qui arriva avec des
buses, hallebardes, piques et bâtons ; il lit son éta
ne vendit en tout et pour tout qu'une arquebi
demanda si la ville voulait lui acheter ses arr
réclama, dans le cas contraire , quelque taxe po
frais. Le corps, assemblé le premier octobre, lui f
de séjourner encore un jour pour vendre à cei
étaient dépourvus d'armes, et que d'ailleurs il lui
donné cent sols pour ses intérêts. Les maire et éc
voulaient faire faire aux habitants montrée en ar\
attendaient pour cela qu'ils s'en fussent munis. 1
Tordonnance, il ne paraît pas qu'ils se soient mis en i
et la revue n'eut sans doute pas lieu.
Seul, le service de l'artillerie était en bonne vc
27 octobre, on paya 10 livres 10 sols pour avoir re
quatre grosses pièces appeléesyat^co/is, plus sept \y\
rouhier pour trois paires de roues neuves avec les e;
plus 'deux essieux , plus des réparations aux autres
Enfin, le 29 décembre ^ Bastien Grimault recevait !
6 deniers pour avoir remonté à neuf de roues et d'(
le gros canon. Nous n'avons aucune description
dernier engin. Un autre article de dépense, du27avri
donne le poids de deux pièces d'artillerie à croci
étaient rompues et furent refondues de marché fai(
— 117 —
Nycolas Notiyon. Elles pesaient 80 livres chacune ; on
paya à Nouyon 6 livres 10 sols de façon et 6 livres 12 sols
pour 33 livres de métal à 4 sols la livre pour adoucir la
matière. Les pièces furent essayées à double charge de
poudre et de plomb et acceptées. Le 23 février de cette
même année, on avait payé â Pierre du Rousseau, y«?se«/'
de pouldre, 30 livres 12 sols pour 153 livres pesant de
poudre à 4 sols la livre (1).
Toute cette artillerie était logée dans une maison sise
près des Cordeliers , maison en si mauvais état qu'il
pleuvait sur les pièces comme si elles eussent été dehors,
disait le procureur syndic dans la séance du 26 novembre
1535. Elle était grossièrement couverte en pierres plates
dont le poids avait fait rompre la charpente. Le 16 juin 1536,
on décida qu'elle serait réparée et recouverte en tuiles.
L'artillerie fut, en attendant, placée partie dans le château,
partie dans l'hôtel de ville. Nous savons par ce qui a été
dit au chapitre de l'Instruction publique que cette
masure, réparée tant bien que mai, devint le logement du
régent des écoles. Sur la requête de Jehan Baudin^ on
avait parlé de la remplacer par un ballet ou hangar qui
devait être construit également près des Cordeliers ; mais
il ne paraît pas que ce projet ait été exécuté et l'artillerie
resta sans doute là où elle avait été provisoirement placée.
En 1572, le régent fut délogé d'urgence et sa maison encore
une fois utilisée comme arsenal, puis de nouveau aban-
donnée, et finalement elle tomba en ruine, après avoir
cependant été louée quelque temps; les comptes d'Abraham
Gaschet, 1593-96, la mentionnent, mais pour dire qu'on
n'en tirait alors aucun revenu. Ce n'était plus à cette
époque qu'une masure inhabitable.
Les registres de 1535-38, en outre de ces détails sur le
l\) Les comptes de 1490-91 comprennent une dépense de 16 livres
17 sols 6 deniers pour achat et transport d'une charge de soufre destinée
à faire de la pouldre à canon. Ce soufre avait été acheté d'un négociant
de la Rochelle, nommé Baltazar Dupérat.
le personnel qui le manœuvrait. Jehan Baudin , no
maître de l'artillerie en 1536, â cent sols d'^. gages pr
fut confirmé dans ces fonctions le 16 juin 1537, et a]
perpétuité en reconnaissance des services qu'il
rendus à la ville dans son emploi. Ce même jour c
délivra cent sols pour acheter deux hoquetons à livré(
seront donnés, dit le procès-verbal d'assemblée, à
hommes demeurant à Niort , de bonne i^enomm
conduite, qui seront tenus servir le maire et lui
pour les affaires de la ville, sous la charge du dit Ba
Celui-ci, quinze jours après^ mettant à profit la t
volonté du corps^ déclara que ses gages étaient insuflG
et demanda qu'on lui donnât une casaque , ce qi
accordé. On lui promit les dix livres de droit d'in
du premier pair qui serait reçu , pour les emplo;
l'achat d'une casaque des couleurs et devises qu'
plairait. En même temps on arrêta qu'il ferait porter
deux hommes les hoquetons â découvert , afin
fussent connus. Dès l'année suivante^, le maître de 1
lerie revint à la charge; le 21 juin 1538, il annon^
corps c[ull avait employé l'an passé les cent sols
acheter deux hoquetons à livrée, et que maintenani
pouvait trouver d'hommes pour le servir dans Fex*
de sa charge, à moins d'avoir chacun 50 sols de g
Après délibération, les gages furent alloués; on doit(
d'après tout cela que Jehan Baudin était un cano
fort réputé et considéré comme indispensable. Ses t;
ne furent pas d'ailleurs mis à l'épreuve.
Il faut arriver à la période des guerres de religion
trouver à Niort autre chose que des préparatifs de de
et voir la ville partie active dans les luttes sans merc
durant trente ans, désolèrent le royaume et surtout 1
de la France.
Niort fut assiégé au mois de juin 1569 par le coït
Lude et défendu par le capitaine protestant Pluv
Lorsque l'approche de l'armée catholique ne laissa p]
— 119 —
doute sur l'attaque qui allait avoir lieu, les gens de guerre
mirent le feu aux maisons du faubourg du Port, afin d'em-
pêcher que l'ennemi ne s'y logeât et fortifiât. Cinquante
ans après , les traces de cette destruction n'étaient pas
encore effacées (1). L'historien La Popelinière a donné un
récit fort détaillé de ce siège, mais nos archives ne renfer-
ment aucun document qui y ait trait. Pour l'époque de la
Saint-Barthélemy et du premier siège de la Rochelle,
nous avons un registre assez incomplet des années 1572-73,
qui fournit quelques détails sur la milice urbaine. Jean-
Baptiste Chabot, échevin d'un étendard (2), se plaint dans
une des assemblées de ce que la plupart des habitants
inscrits aux rôles dédaignent de faire leur service et se
rendent au camp de la Rochelle, de telle sorte que les
étendards sont presque sans troupes et incapables de
repousser une surprise. Les catholiques s'en allaient ,
comme on voit, en grand nombre pour prêter main forte à
l'armée royale sous les murs de la Rochelle. Le corps de
(1) Déclaration des maisons pour la taille, de l'an 1619. Art. 239.
Une maison et ses appartenances de jardin et aultres qui fust cy devant
en mazures, au moyen du feu qui fust en l'an 1569 mys au port et faulx-
bourg de Nyort universellement par les gens de guerre, pour doubte du
siège qui tost après arriva devant la ville du d. Nyort par l'armée du
Roy commandée par Mgr le c'« du Lude, gouverneur et lieutenant
général pour le Roy en pays de Poictou. {Bibliothèque de la Société
de statistique. Fonds Briquet.)
(2) Les compagnies de milice urbaine étaient d'après cela commandées
par les échevins. Le maire, capitaine de la ville , et par suite chef de
la milice, en outre de ce commandement général, avait celui de l'une
des compagnies. Le 20 mars 1616, le corps délibérant sur les honneurs
qui seraient rendus au comte de la Rochefoucauld, lieutenant général
en Poitou , à son entrée à Niort , décida que l'on mettrait sur pied une
partie de la milice urbaine comme suit ; A'^e sera falote aultre com-
paignie que celle du maire qui sera grosse jusqu'à trois cetis des
plus capables habitans de ceste ville et sera prise l'enseigne
blanche. En la dicte compaignie seront condampnez chascun des
contrevenans à vingt livres d'amande. D'après les termes ci-dessus,
la compagnie du maire était formée ce jour-là d'hommes empruntés à
toutes les autres.
soldats et d'habitants payés sur les amendes infligées
absents. Ces amendes furent fixées à 50 sols.
Niort était^ à cette époque, rentré sous l'autorité roy
Après que le comte du Lude eut été obligé de levé
siège, dans les premiers jours de juillet 1569, les réfor
s'y étaient maintenus quelque temps ; mais, dès le r
d'octobre suivant, le duc d'Anjou avait repris possesi
de la ville et, depuis lors jusqu'à la prise par le sieu:
Saint-Gelais, c'est-à-dire pendant vingt ans sans interr
tion, les catholiques y prédominèrent. Cène fut pas, à
dire, sans que les protestants essayassent de reprendr
dessus. Les registres de 1578-81, une des rares séries
ce temps-là qui aient échappé à la destruction, lors
pillage de 1588, mentionnent les mesures prises contre
tentative alors faite par les réformés. Comme d'autres
avaient précédé (i), elle échoua ; mais le péril n'en e
pas moins réel et imminent chaque jour. Dans la massi
la population, les protestants étaient en minorité ; ce|
dant,pour la direction des affaires publiques, ils balança
l'influence des catholiques, parce que les principales fam
se partageaient entre les deux religions, sans avantage l
sensible d'une part ni de l'autre. Au sein du corps de v
les forces s'équilibraient, et il avait été convenu que 1
qu'il y aurait lieu de remplacer un échevin ou un paii
membre nouveau serait de même religion que celui
pour une cause ou pour une autre, laissait la place vaca
Les catholiques ne conservaient donc le pouvoir qi
prix de quelques concessions, mais ils firent bien
qu'ils étaient les maîtres lorsque le roi de Navarre fit c
pagne en Poitou. Ils lui fermèrent les portes et se mi
(1) La nuit d'entre le lundi 16 et 17 mai 1575, la ville de Niort !
être prise par escalade par les huguenots qui y étaient arrivés sur 1
du jour du matin et se retirèrent à Pied de Fond, où étant, ceux de '
sortirent desquels un fut tué et deux ou trois blessés par les
huguenots {Journal de Guillaume et Michel Le Riche, 153i-:
publié par M'^ de la Fontenelle, p 226).
— 121 —
en état de défense ; le gouverneur de la province, M'" de
Malicorne, vint pour cela à Niort et s'y trouvait le jour oîi
la ville fut surprise et enlevée par les capitaines huguenots.
Parmi les catholiques de Niort, un des plus ardents était
le lieutenant-général Laurens, dont le nom a été déjà
prononcé au sujet des luttes que l'échevinage eut à soutenir
pour la défense de ses privilèges. Dans l'année 1588, il fît
augmenter l'armement de la ville, s'en occupant avec
beaucoup plus d'activité que le gouverneur, M"" de Mali-
corne, qui était d'un grand âge. On raconte qu'il fit fondre
deux couleuvrines pour saluer, disait-il ironiquement, le
roi de Navarre lorsqu'il approcherait des murailles. Ces
deux pièces, dites couleuvrines bâtardes, furent décorées
des armes du roi de France, de celles de la ville et aussi
de celles du maire en exercice, pour bien montrer qu'elles
avaient été faites â Niort et des deniers communs (1).
(1) Archives de Niort, n° 2345.
Nous François Chanson, sieur du Boys de la Rochelle, commissaire
ordinayre de l'artillerie de France et lieutenant de Monseigneur le duc
de Scully, pair de France, en le département de Poitou pour la dicte
artillerie, certiffions à tous qu'il appartiendra qu'en le maguazin du
chasteau de ceste ville de Nyort, lorsque caste d. ville fut prinse par le
seigneur de Parabère soubz le commandement du Roy nostre sire, il y
avoit au dict maguazin nombre de poudre et bouUets dont je ne say
aultrement le nombre certain, ny d'où les d. boullets H pouldres sont
venues, comme aussy il y avoit au dict maguazin deux 2:)iesses de
canon, appelées couleuvrines battardes, et lesquelles sont encores
de présant au dict maguazin, faictes et fondues en ceste ville en
l'année mil cinq cent quatre-vingt huict, qui est l'année que la dicte
ville fut prinse par le d. sieur Parabère, et estoyt lors mayre en
la dicte ville Jacques Pastureau , sieur de la Roche Quartault, qui
auroyt faict fondre et faire les dictes piesses et sur icelles faict
mectre les armoyries du deffunl Roy, celles de la ville et celles du
d. Pastur eau mayre, comme il se veoid sur les dictes piesses, estant
pour monstrer que les d. piesses ont esté faictes au d. Nyort et la
despense faicte par les d. mayre et eschevins, dont de tout ce que
dessus je certifie véritable, ay aussy aux sieurs mayre et eschevins octroyé
le présent acte pour leur valloir et servir ce que de raison. Faict au dict
Nyort le vingt troisième décembre mil six cent huict.
Chanson.
la ville neuf pièces de canon de batterie.
Depuis cette époque, les documents de nos archives
parlent plus d'artillerie existant à Niort ou du moins app
tenant à la ville. Les registres de 1599 û 1625, série t
complète, ne comprennent aucune délibération relativ
des acquisitions d'armes, quelciues-unes seulement con(
nant des approvisionnements de poudre (1). D'après
que nous avons vu touchant cette matière au temps
François premier, les habitants inscrits aux rôles devai
en principe se fournir d'armes. Dans cette dernière pèrii
de vingt-cinq années, la ville dut plusieurs fois se mei
sur le pied de guerre ; nous l'avons indiqué au chap
des Fortifications. Si, en même temps, il y avait
quelques frais importants pour l'armement, les pro(
verbaux de l'hôtel de ville en eussent gardé la trace. F
tard on trouve bien mention d'achat d'armes, mais s
détails (2).
En fait de dépenses pour la sûreté de la ville, les régis
et les comptes, à partir des premières années du dix-s
tième siècle, renferment plusieurs déhbérations et de n(
breux articles concernant le bois et la chandelle consomi
dans les corps de garde. Cette dépense paraît nouvelh
cependant elle avait dû se faire de tout temps ; auparav
elle se prenait sans doute sur des ressources qui n'entrai
pas en ligne de compte. Ainsi les états de dépenses
1593-96 n'en contiennent aucune de ce genre. Depui;
moment où les archives nous donnent des chiffres à
égard, leur importance plus ou moins grande peri
d'apprécier le plus ou moins de précautions que l'on prei
pour se garder. En 1615 par exemple, année de troub
{\) Assemblée du 31 janvier 1625. 200 livres de poudre achète
une foire, à 19 sols la livre, pour mettre au magasin du corps.
(2) Assemblée du 20 septembre 1665. Sur la demande du duc (
Vieuville, disant que Niort est frontière et voisine de la Roch
conclu qu'il sera fait achat de poudre et de plomb, et armes, pour m
dans les magasins du corps jusqu'à la somme de 1,200 livres.
— 123 —
la dépense est relativement très forte, 572 livres 9 sols, y
compris quelques réparations aux corps de garde (1). Sur
d'autres comptes, elle est beaucoup moindre, parfois même
citée comme nulle, pour mémoire seulement.
En 1621, la milice urbaine, sur laquelle nous n'avons pu
donner jusqu'ici que des indications assez vagues, fut
régulièrement organisée sous le nom de Régiment royal
de Niort. Elle fut ainsi constituée par ordonnance royale (2),
rendue au camp de Saint-Jean-d'Angély pendant que
Louis XIII assiégeait en personne la ville rebelle. Le
gouverneur de Niort, M'" de Parabère, désignales officiers
et sergents des douze compagnies (3) qui composèrent le
régiment, et l'organisation de ces cadres est bien un signe
des temps. Six compagnies durent avoir capitaine et
enseigne catholiques, lieutenant et sergent protestants ; les
six autres, à l'inverse, capitaine et enseigne protestants
avec lieutenant et sergent catholiques. Ces premières
nominations furent faites par ordonnance royale ; par la
suite, les officiers reçurent leurs commissions du gouver-
(1) Comptes de Lucas Coutocheau, 1615-1616.
Achat de châlits et réparations aux corps de garde. 64 1.16 s.
Bois pour les gardes 356 15
Chandelle 150 18
Total 572 1. 9 s.
(2) Le Roy désirant establir quelque ordre pour la garde et la conser-
vation de la ville de Nyort, par le moyen duquel tous ses sujets, tant
catholiques que de la religion prétendue réformée, y seront admis, et
s'estant fait représenter le rolle des principaux habitants de la dite ville,
veult et ordonne (ju'il soit estably douze compagnies soubz la charge de
douze capitaines, lieutenans et enseignes cy dessous desnommez. Man-
dons et ordonnons au sieur de Parabère, gouverneur de la dite ville, de
prendre et recevoir leur serment et en suite les establir et ordonner à la
garde des portes de la dite ville et leur commander ce qu'ils auront à
faire pour la seureté et conservation d'icelle, tenant la main à ce qu'ils
vivent et se comportent ensemblement en touteunion, amitié et concorde.
Fait au camp de Saint-Jean-d'Angély, le 26 juin 1625. Signé LOUYS et
plus bas Phélippeaux iThrésor de Nyort, p. 253).
(3) A la date du 23 janvier 1625, reiïectif des compagnies fut réglé à
110 hommes par le baron de Neuillan, gouverneur de Niort.
Du temps d'Augier delaTerraudière, il était d'usage C(
tant que les capitaines fussent pris parmi les échevins,
lieutenants et enseignes parmi les pairs du corps. Le m
était de droit colonel du régiment. Lorsque l'assemblée
cent pairs eut cessé d'exister, c'est-à-dire à partir de 1'
cette dernière règle fut la seule qui subsistât. Pou
formation des rôles, la ville était partagée en douze q
tiers dont les habitants étaient pour chacun affectés à
même compagnie. Les forces urbaines "de Niort fu
augmentées d'une compagnie de cavalerie créée en 1
et d'une compagnie de grenadiers ajoutée en 1706, ce
porta à treize le nombre de celles d'infanterie. Les gr
diers formaient l'élite du régiment, étant presque
d'anciens militaires.
Chacune des compagnies du régiment de Niort de
avoir un tambour payé et habillé aux frais de la ville. 1
les premiers temps, la dépense à ce sujet ne fut pas (
naire et régulière; on ne possédait pas toujours les caif
on les louait et même les hommes pour les battre. Ens
elle fut déterminée par l'arrêt de règlement de 1683,
la fixa à 70 livres par an (2). Quelques années aupara^
(1) Par exception, pendant les vingt dernières années du règ
Louis XIV, l'hôtel de ville fit les nominations d'ofTiciers de sa p
autorité. Il avait acquis ce droit, fort contre son gré, ainsi qu
verra plus loin. C'était une réunion forcée, comme pour les (
municipaux.
(2) Pour les gages de douze tambours servant aux douze comp?
du régiment créé par le Roy en la dite ville, 40 livres. Pour les ji
corps qui seront fournis aux dits tambours de six: ans en six a
somme de 30 livres par chacun an, qui demeurera entre les mai
receveur qui sera en charge jusqu'à ce qu'il y ait six années escl
qui feront la somme de 180 livres. (Arrêt du Conseil d'Etat de fi
1683.)
Lorsque cette somme était dépassée, l'excédent se prenait s
deniers patrimoniaux. En 1729, l'habillement des treize tamboi
régiment coûta 374 livres 4 sols. On employa 18 aunes 3/4 d^
bleu, 66 aunes de sargette rouge. Les galons étaient d'argent. (A jv
de Niort, n" 1015. Comptes des deniers patrimoniaux).
— 125 —
les gages étaient de 30 livres, suivant la mention d'un
incident futile insérée aux registres (1). Le tambour major
et le sous major, c'est-à-dire les tambours de la compagnie
colonelle et de celle du lieutenant-colonel, avaient pré-
tendu, dans l'année 1677, toucher seuls cette somme ; les
dix autres tambours réclamèrent et les officiers furent
réunis pour arranger le difîérend. Le régiment avait
nécessairement un étendard et des enseignes de compa-
gnie ; avant comme après la formation de 1621, on faisait
à cet égard ou on complétait suivant les circonstances.
Noas n'avons pas du reste aux comptes d'article spécial à
ce sujet, seulement aux registres quelques mentions rela-
tives à ces drapeaux de la milice bourgeoise (2). Malgré le
règlement de 1683, l'entretien du matériel de toute sorte
ne se fit jamais avec une grande régularité ; les choses
furent remises en état, surtout dans les occasions où le
régiment fut appelé à prendre part à la défense des côtes.
Nous rejetterons les détails de ces mobilisations au para-
graphe suivant, préférant ne nous occuper dans celui-ci
que du service urbain.
Dans le chapitre de l'Administration et police, nous
avons dit le nécessaire au sujet du service de patrouilles
que faisait la milice bourgeoise pour la sûreté de la ville.
Elle eut quelquefois â faire un service extraordinaire j)our
la garde des prisonniers de guerre qui, à diverses reprises,
furent internés au château. Voici le premier exemple que
nous en puissions citer. C'était après la victoire de Rocroy :
« Les prisonniers étaient un grand embarras ; jamais on
(1) Assemblée du 29 octobre 1611 .
(2) Assemblée du 20 février 1613. Seront les enseignes faites aux
despens du corps à la charge qu'elles demeureront au dit corps.
Assemblée du 25 juillet 1680. Ou fera faire un guidon pour la
compagnie de cavalerie qui doit aller au devant du maréchal de Navailles.
A.ssemblée du 1 décembre 1100. En vue du passage annoncé du roi
d'Espagne, qui du reste n'eut pas lieu, on achète un drapeau colonel
pour le régiment.
Assemblée du 2 juillet 1139. Pour avoir réparé les drapeaux du
régiment, une livre.
iilUUUCO OUI ICO VlliCO VJUVCltCO VJ.C/ ICI V^Jatllll|JClgllC t ..
dans l'Ouest, à Rouen, Nantes, Loches, Niort. Leur su
tance était mise à la charge des villes qui réclamaien
compensations toujours promises et rarement données >
A Niort, les prisonniers furent logés dans le châl
où il fut établi un corps de garde pour lequel le régii
dut assurer un service journalier. Les comptes de Cl
Arnaudeau, receveur des deniers patrimoniaux, 164J
comprennent plusieurs articles de dépense à ce sujet (;
En 1676, on trouve aux comptes des deniers patr
niaux 15 livres pour la nourriture des Espagnols. I
juillet 1691, le corps de ville s'occupait encore du loger
de prisonniers espagnols (3). Dans l'année 1712, une i
arrivée de prisonniers fut signalée par un événement
gique ainsi relaté dans l'inventaire des archives du g
du siège royal de Niort : « Meurtre de l'échevin Gabr
de la Gastière, capitaine de la milice bourgeoise^ par (
(1) Histoire des princes de Condé, par M"" le duc d'Aumal
l'Académie française, t. iv, p. 127.
(?) A Jacques Fournier Vadepied 4 livres 10 sols pour ses sallai
dépence d'avoir été à Poitiers porter un paquet de lettres à M"" d'A
son et rapporter réponse touchant le logement et assurance des capi
et soldats prisonniers.
23 août 16i5. Il est ordonné de payer à la vefve Angicourt 5(
pour du papier par elle vendu pour fère les ordonnances et r
journaliers des habitans qui doibvent la garde au chasteau pc
conservation et assurance des prisonniers Espagnols, Vallons et It;
y estant, suivant qu'il a été arresté au corps.
4 octobre 16i5. Il est ordonné au recepveur.... de payer à IN
Quariliand, menuisier, la somme de 3 livres 6 sols 6 deniers pc
vente d'une table neuve pour servir au corps de garde que fo
habitans pour la conservation des capitaines et soldats Espagne
"Vallons prisonniers, laquelle somme
li octobre 16i5. Il est ordonné au recepveur.... de payer à \
Carillan, menuisier, 3 livres 11 sols pour deux grands bantz m
servir au corps de garde des Espagnols, laquelle somme
(3) Assemblée du 26 juillel 1691. Nous avons reçu des ordres
recevoir des Espagnols prisonniers et les garder. Il serait bon de n
les compagnies en état.
— 127 —
officiers du régiment de Normandie, tenant garnison au
château, sur un conflit d'autorité pour le logement au
donjon de quelques prisonniers de guerre» (Ij. D'après
l'ordre du roi conservé aux archives^ ces prisonniers faits
sur les alliés en Flandre étaient au nombre de trois cents (2).
A partir de cette époque, il y eut encore des prisonniers
de guerre internés au château de Niort (3), mais ils ne
furent sans doute plus confiés à la garde de la milice bour-
geoise. La série des registres de l'hôtel de ville étant sans
lacunes depuis 1718, on devrait y trouver des mentions
analogues à celles qui viennent d'être citées, si le cas s'était
présenté.
Jusqu'au milieu du dix-huitième siècle, le régiment de
Niort parait avoir été maintenu régulièrement sur pied.
Nous avons aux registres un rôle de la compagnie de gre-
nadiers et de celle de cavalerie, de 1734. Le régiment
figurait au complet, en 1749, dans la cérémonie qui accom-
pagna la proclamation de la paix d'Aix-la-Chapelle, et
cette même année le maire, en qualité de colon.el^ présen-
tait ses officiers au gouverneur du château, M'" de Carrel,
qui venait d'être nommé, par lettres données k A'ersailles
le 28 décembre 1748, en place de M"" de la Mare décédé.
Le corps des dits officiers fut complété par ordonnance du
prince de Conti, datée du 29 décembre 1751. C'est à partir
de ce temps-là que le régiment de Niort semble avoir été
fort négligé. Lorsque les Anglais, en 1757, occupèrent l'île
no
(1) Extrait de l'article publié au sujet de cet événement par M"" Léo
Desaivre. (Bulletins de la Société de statistique. Janvier-mars 1889,
p. 259.)
(2) Archives de Xiorl, n° 2349.
(3) Pendant la guerre pour l'indépendance des Etats-Unis, un grand
nombre de prisonniers anglais furent envoyés à Niort. D'après les Afft^
ches du Poitou, le 28 janvier 1780, 266 prisonniers de cette nation,
détenus dans le château, furent envoyés à Rochefort pour y être embar-
qut's par suite d'un cartel d'échange. En quittant Niort, ils remercièrent
le commandant du château, M"" de la Pomélie, et le maire de Niort,
M' Rouget de Gourcez, pour le bon traitement dont on avait usé vis-à-
vis d'eux.
places d'officiers étaient vacantes et d'autres occupé(
des titulaires incapables de faire un service actif,
reproduisons plus loin les détails que fournissent les
très au sujet de cette alerte ; il n'y a lieu d'en retei
qu'un seul relatif à l'armement qui consistait, paraît-
cinq à six cents fusils, dont beaucoup en mauvais
« Nous sommes absolument dépourvus de pièces d'
lerie et de toutes autres munitions de guerre », »
procès-verbal du premier octobre 1757.
A la suite de cet événement^ les cadres du réginK
Niort furent réorganisés, mais sans grande hâte, et €
ils ne le furent que sur le papier. D'après les comp
la ville, on avait cessé, vers 1753, d'habiller les taml
et ce ne fut qu'en 1775, lors des réjouissances pourk
de Louis XVI, qu'on leur fît faire des tenues neuv
coûtèrent 660 livres. Quant à leurs gages, ils avaien
jours été payés. En même temps^ on compléta le
des officiers ; les maire et échevins firent les présenta
mais les nominations furent confirmées et signées
ment â la fin de l'année suivante par le duc d'Orléans
gouverneur du Poitou (1).
(1) Le duc d'Orléans écrivit à ce sujet aux maire et échevins 1
suivante : {Archives de Niort, n° 2516.)
« 2 décembre 1776.
« Messieurs, l'ancienneté de vos titres, les services que v(
rendus à certaines époques, l'utilité dont vous êtes journellem
police de la ville de Niort, particulièrement dans les temps (
sont de justes motifs pour mériter de ma part soutien et protec
confirme en conséquence la nomination des officiers que vous i
sentez et vous assure que je serai dans tous les temps disposé
donner des marques de ma bienveillance.
« Je suis véritablement, Messieurs, votre affection
« L. P. J. d'Orléans. »
Les cadres avaient été réorganisés comme suit :
Le maire, colonel ; le lieutenant de maire, lieutenant-colonel.
Jacques-Claude-Louis Arnauldet de Maire, major;
— 129 —
Le procès-verbal de l'assemblée du 27 juin 1775 où fu-
rent arrêtées les présentations, après avoir rappelé les
dernières nominations qui étaient de 1760, se termine par
ces mots : Depuis cette époque, on ne s'est plus occupé du
régiment. Cependant, il y en eut toujours une fraction
tenue à peu près en état; ce fut la compagnie de grena-
diers créée en 1706 et composée, comme nous l'avons dit,
en grande partie d'anciens soldats. Dans les dernières
années de la monarchie, elle figurait souvent seule dans
les cérémonies (2), et sans doute fournissait presque exclu-
sivement les gardes pour la police de la ville.
La ville dépensa, de 1771 k 1789, près de 6,000 livres
pour l'équipement de cette compagnie (1); les hommes por-
Taillefert, aide-major ; Jean-Baptiste Barré, sous-aide-major.
Alexis-Pierre Chevallereau de la Saunerie et André Piet
Bois-Neuf, porte-drapeaux.
Charles Baudin, chirurgien major. Pierre Piet-Berton du
Vigneau, aumônier.
Compagnie de grenadiers : RouGET de Gourcez, lieutenant-cri-
minel, capitaine ; François-COnstant Thibault, lieutenant ; Fran-
çois-Christophe Martin, sous-lieutenant.
Chacune des douze autres compagnies : un capitaine, un lieute-
nant et un sous-lieutenant.
La compagnie de cavalerie était composée de 40 cavaliers, un
fourrier, quatre maréchaux-des-logis, quatre brigadiers, un trompette.
Elle avait pour officiers : le maire, capitaine ; Antoine-Etienne Piet-
Berton, capitaine en second ; François Taillefert, lieutenant ;
Pierre-Isaac Bastard, sous-lieutenant ; Charles-Alexis Rouaille
DE LA Rabrie, porte-étendard.
(2) La compagnie de grenadiers fut seule mise sous les armes, lorsque
M"" Elle de Beaumont vint prendre possession pour le com/c d'Artois de
son apanage de Poitou, en 1779. Toutes les compagnies avaient cepen-
dant été assemblées lorsque le prince était passé à Niort en 1777 ; on
lui présenta alors les lettres de fondation de Louis XIIL Ce f>i oeut-étre
la dernière fois que le régiment figura en entier.
(1) Archives de Niort, n° 2523. Etat des mémoires et fournitures
faites pour la compagnie des grenadiers du régiment de Nyort, de
1771 à 1789.
Armurier 1,2431. 5s. 6d.
Fourbisseur et doreur 1,426 12 3
Butlleteries 987 5
Fournitures diverses 2,128 12 3
Total 5,785 1. 15 s.
9
1»
boutons dorés étaient aux armes de la ville et un bor
poils garni d'une plaque, de quatre glands et d'un pli
Leurs arrties et leurs buffleteries étaient entretenue
les deniers communs. Il est probable que les crédits a
pour l'habillement des tambours, et qui n'étaient pas
tuellement dépensés, furent attribués aux grenac
mais^ d'après les chiffres indiqués plus haut, ils étaier
de suffire.
Les archives contiennent un certain nombre de r
de la compagnie passées par les commandants mili
de la province (1). La première est du 26 septembre
M. de la Tour du Pin, maréchal de camp, constate (
compagnie de grenadiers de la ville de Niort est com
de 48 hommes, dont plus de la moitié a fait la guerre
bien armés, bien habillés uniformément et coiffa
bonnets. Cette compagnie, ajoute le rapport, a pa,
état de rendre de bons services. La revue de 1';
suivante accuse un effectif de 54 hommes.
La milice bourgeoise, outre les treize compa
d'hommes de pied, en comprenait une de cavalerie
sous Louis XIV, vers 1672 , ainsi que nous l'avons in^
déjà. Elle subsista jusqu'aux derniers temps de la m
chie. Le 13 juillet 1775, elle figura aux fêtes du sac
Louis XVI, où elle était en bataille près de Téglise IS
Dame. En 1777, elle se rendit au devant du comte d'P
à une certaine distance de la ville. D'après l'état de
ce corps comptait une cinquantaine de cavaliers. Du ]
nous ne savons rien de sa tenue, ni de son arménien
archives de l'hôtel de ville sont muettes à ce sujet,
de la mobilisation de 1674, les cavaliers bourgeois d^
se fournir à leurs frais de chevaux, pistolets et mou;
tons , et il est croyable qu'il en fut toujours ainsi
cette troupe qui ne se recrutait que parmi les habi
aisés.
(1) Archives de Niort, n°^ 2519-2522.
— 131 —
Le privilège concédé aux habitants de Niort de posséder
un régiment royal de milice bourgeoise, privilège dont ils
paraissent avoir été assez fiers, devint contre eux un expé-
dient de finance, sous Louis XIV, au moment où la
vénalité des charges de toutes sortes fut un des moyens
les plus fructueusement employés pour remplir les caisses
du Trésor. Il faut ajouter cependant qu'il n'y eut pas
d'exemption pour les villes où pareille organisation n'exis-
tait pas ; elle y fut alors établie pour les besoins du fisc.
Au mois de mars 1694, parut un édit portant création
d'ofiiciers héréditaires à gages des régiments de bour-
geoisie (1). Les officiers en fonctions, et nuls autres
d'ailleurs, ne se montrèrent disposés à faire l'acquisition
de ces charges ; aussi, le 24 août suivant, fut rendu en
Conseil d'Etat un arrêt (2) , qui gardait et maintenait pour
toujours les maire, échevins et habitants des villes de
Poitiers, Niort, Chàtellerault^ Saint-Maixent, Fontenay,
les Sables-d'Olonne, Thouars, Parthenay^ Montmorillonj
Civray et Bressuire en la possession d'établir des colonels,
majors, capitaines, lieutenants et autres officiers de bour-
geoisie ; à cet effet, réunissait et incorporait aux dits
hôtels de ville moyennant finance les offices créés par
l'édit du mois de mars et toujours sans acquéreurs.
On voit que les habitants des villes voisines n'avaient
pas été, plus que ceux de Niort, tentés par cette nou-
velle institution. La ville de Niort était taxée à 9,200 livres
et les deux sols par livre pour lesdites charges, savoir :
700 livres pour le colonel, 500 pour le major, 400
pour chacun des onze capitaines, onze seulement, parce
qu'une des compagnies était commandée par le maire
colonel, ainsi que cela était d'usage, enfin 300 livres
pour chacun des lieutenants. La finance totale parait
avoir été réduite à 7,000 livres et les deux sols ; mais la
ville paya malaisément. On alla jusqu'à mettre des garni-
m
(1) Archives de Niort, n° 2479.
(2) Archives de Niort, n" 2480.
saires cuez lo nmim «l les eciieviiis, eu ii muui pour o
main levée de cette garnison que les officiers fissent l'f
d'une partie des fonds (1). En 1704, il y eut une no
taxe de 2,000 livres et les deux sols pour con/îrn
d'hérédité. La ville essaya de la faire payer par les offi
ceux-ci refusèrent, disant que les charges avaiei
réunies en 1694 à l'hôtel de ville, qui depuis faisf
nominations de sa propre autorité et devait par conse
acquitter les droits de confirmation de ce privilège.
Les offices de milice bourgeoise se prêtèrent, s^
pression des circonstances , à d'autres mesures fi
encore ; ils furent supprimés par édit de 1706^ puis n
en 1708, c'est-à-dire remis en vente une deuxièm<
Les mises à prix étaient un peu plus élevées qu'en
les charges de capitaine avaient été portées à 450 li\
les deux sols, soit 495 livres. Un seul acquéreur, k
Clémanson, se présenta, et ce fut pour un office de
taine. Aussi, le 20 août 1711, l'intendant, en verti
arrêt du Conseil dont nous ignorons la date, ordonr
maire et échevins d'imposer sur les bourgeois et hafc
la somme de 3,355 livres et les deux sols par li
laquelle avait été , sous le bon plaisir du roi , mode
finance, sous déduction toutefois de la somme de 495
payée par le sieur Clémanson. Le libellé de cette c
nance nous apprend que les gages à payer par
étaient fixés au denier seize , sans compter les
et exemptions habituellement accordés aux acqu(
d'offices. L'intérêt était élevé et aurait pu tenter i
n'avait eu la crainte assez justifiée qu'il ne den
impayé.
Après avoir été ainsi exploité à diverses repris(
soi-disant privilège de réunion et d'hérédité des cl
d'officiers du régiment de milice bourgeoise dis
définitivement, en vertu des édits de suppression d'(
rendus au début de la Régence.
(1) Archives de Niort, n° 2481.
— 133 —
§ 2. — Service dû par les forces urbaines
dans l'armée royale.
Réquisitions de guerre imposées à la ville.
Son contingent dans les milices provinciales.
Dans l'année 1414, le duc Jean, oncle du roi Charles VI
et son lieutenant dans les pays de Berry, d'Auvergne, de
Poitou, de Languedoc et de Guyenne, convoqua le ban et
l'arrière-ban de ces provinces à l' encontre du duc de Bour-
gogne. Etaient mandés tous sujets nobles et autres qui ont
accoutumé servir les armes et autres qui tiennent fiefs et
arrière-fiefs revenant à vingt livres tournois par an, ou
au-dessus, montés et armés suffisamment. En outre^ il
était enjoint aux bourgeois et habitants des bonnes villes
de ces pays d'envoyer gens cV armes et de trait pour servir
le Roy. Mais, en même temps, par lettres spéciales, don-
nées à Paris le 6 juillet 1414, le duc de Berry octroyait
aux maire, échevins, bourgeois et habitants de sa bonne
ville de Niort, qu'ils ne fussent contraints ni tenus de
venir ni envoyer au dit mandement et armée, et les lettres
motivent cette exemption sur ce qu'il faut que les habitants
demeurent en notre dite ville à la garde et défense
d'icelle (1). Tel est le titre primordial en vertu duquel les
maire, échevins et habitants de Niort ont, pendant toute
la durée de l'ancienne monarchie, réclamé et obtenu la
dispense du ban et de l'arrière-ban. Cette dispense devint
particulièrement intéressante après l'anoblissement par
Louis XI des maire, échevins et conseillers, ceux d'entre
eux qui abandonnaient leurs professions pour acquérir la
noblesse étant soumis aux mêmes obligations militaires
que les nobles d'autre origine, c'est-â-dii'e devant se pré-
senter en personne aux montres ou revues, et servir en
armes en dehors de la ville dès qu'ils étaient mandés.
Le duc de Berry, en 1414, avait aussi exempté les habi-
tants de Niort d'envoyer à l'armée gens d'armes et de trait.
(1) Archives de Niort, n° 84. Thrésor de Nyort, p. H3.
dégarnir la province de Poitou que menaçaient les Ang
mais elle n'eut pas lieu d'être maintenue, la ville ne
vant, en dehors des circonstances extraordinaires, n
contribuer à la formation de l'armée royale. Loi
Charles VII forma la première infanterie régulier*
1445, sous le nom àQ francs-archers, la ville de Nio
fournit un certain nombre ; leur habillement et leur s
ment étaient à sa charge. Les francs-archers de '
prirent sans doute part à la dernière campagne cont
Anglais, celle qui se termina par la victoire de Cas
et la reddition de Bordeaux. C'est dans cette ville qi
guerre terminée, ils allaient chaque année à la montn
mois de septembre 1455, ils reçurent six livres pour
frais de route, trois livres 10 sols pour réparations de
brigandines, achat d'une dague et d'un vonge, ou é
En 1456, vers la même époque, le corps leur alloua siî
pour leur voyage à Bordeaux et pour la réparations de
brigandines ^î«'ï7s y avaient fait faire, ditleprocès-v(
Ces dépenses, et autres c^u'il j eut lieu de faire po
même objet, ne furent pas du reste payées sur les rc
ordinaires de la ville, mais au moyen d'une taille si
habitants à cinq sols par feu. On comptait 240
imposables (1).
Les registres de cette époque parlent des requis
qui furent faites pendant la campagne de Gascogn
ville de Niort dut fournir des vivres à l'ostdaroy. Plus
habitants, Jehan Duvolier, Regnauld Laydet, Jehan
Jehan Yver, demandèrent au corps quittance des fc
tures qu'ils avaient faites (2). Les procès-verbaux ne
disent pas si la ville reçut pour cela une indemnité,
d'ailleurs peu probable.
Dans les années 1488, 1490, 1491, les comptes de ï
et Tarc[uex mentionnent des fournitures de vivres
(1) Assemblée du 23 décembre li56.
(2) Assemblées des 12 septembre li53 et 10 juillet lioi.
— 135 —
l'armée qui marchait contre le duc de Bretagne. A vrai
dire, en 1490, les vivres ne furent pas livrés. Ils devaient
être envoyés ii Clisson; mais Jelian Beauharnois, lieute-
nant du prévôt des maréchaux de France, exempta la ville
de cette réquisition. Le corps de ville lui donna, en recon-
naissance de ce service, deux écus d'or valant 70 sols.
Dans cette même année, le ban et l'arrière-ban de la
province furent mandés pour la guerre de Bretagne. La
ville de Niort fit valoir les privilèges qui l'exemptaient et
ne négligea pas de disposer favorablement par des présents,
le sénéchal et autres officiers. Le receveur acheta quatre
hussards de vin de Saint-Symphorien et deux rondelles
de vin de la Foye-Monjau, les fit transporter à la Mothe-
Saint Héraye et les offrit au sénéchal du Poitou, Jacques
de Beaumont, seigneur de Bressuire, afin qu'il eût en
reconimanclation les afïaires de la ville.
En 1488, pareille convocation avait eu lieu et à la suite
pareilles démarches pour obtenir dispense. Cette année-
là, on fit à Niort la montre des francs-archers (1). Les
capitaines et commissaires qui vinrent pour cela furent
défrayés de toutes leurs dépenses à l'oustellerie de l'Escu
de France. Le détail en a été reproduit par Apollin
Briquet dans ses Commentaires sur les comptes des
receveurs pour les années 1487-88 et 1490-91 (2).
Les registres de 1535-1538 nousdonnentle récit complet
de toutes les difficultés qu'eut alors à surmonter le corps
de ville pour faire reconnaître son exemption du ban et de
l'arrière-ban. C'est d'une analyse inédite de ces registres
par Apollin Briquel que nous extrayons ce qui va suivre (3).
Il s'agit de la convocation de 1536. L'armée royale
venait d'envahir la Savoie et de passer la frontière d'Italie.
François premier était encore à Paris, et c'est là que les
«
(1) Les francs-archers ne subsistèrent pas au-delà des premières
guerres d'Italie.
(2) Mémoires de la Société de statistique, !■•<= série, ix, 2« série xni.
{3) Bibliothèque de la Société de statistique. Fonds Briquet.
rapporter les lettres confirmatives du privilège d'ex
tion. Léon Bonhier, celui des échevins qui avai
député, revint avec les lettres, mais, pour une caus
n'est pas indiquée, il les rapportait non scellées, c'
dire que le corps ne recevait qu'une pièce sans vi
Aussi, le 8 mars, fut il arrêté que l'on enverrait en
diligence quelqu'un à la cour pour les faire sceller, (
obtenir d'autres. Le receveur fut autorisé à remet
l'envoyé 30 écus sol pour ses frais. Puis, le 16 du i
mois, il fut décidé que ce serait le même Léon Bc
qui de nouveau irait à Paris, et qu'il recevrait seuk
28 écus sol. Mais, sur ces entrefaites, le roi quitta
pour se transporter à Lyon, à proximité du théâtre de
rations militaires. Léon Bouhier s'.y rendit ; il paraî'
Niort on était fort impatient du résultat, et apparem
l'envoyé ne donnait pas de ses nouvelles. On lui déf
le 18 avril, un messager, le grand Mathurin, un mar
émérite sans doute, auquel on donna pour ce voyagi
livres. Il n'alla probablement pas jusqu'à Lyon, car,
Bouhier était de retour avec les lettres, et le corps de
à Poitiers quatre de ses membres, dont Bouhier étai
pour présenter les privilèges d'exemption le 2 mai,
le cri de l'arrière-ban. On alloua aux députés po
défrayer les dix livres de l'entrée du dernier pair reç
L'échevin Bouhier n'était décidément pas heureu:s
ses missions, car le lieutenant-général refusa d'ent(
les lettres comme n'étant pas suffisantes. Le 23 m
corps délibéra sur la question ; il fut arrêté que Bc
serait contraint de rendre l'argent qu'il avait reçu, at
qu'il avait pris l'engagement de rapporter de plus a
lettres, en outre que l'on enverrait un autre memb
corps, auquel serait allouée la taxe de voyage d'éche^
de pair, suivant sa qualité, et en outre 30 écus pc
délivrance des lettres. Ce même jour, IVP Jehan Bert
fils d'un échevin en exercice et assesseur au siège :
proposa un marché au corps de ville. Moyennant cen
— 137 —
sol et la promesse d'une place de pair, il s'engageait a
obtenir et faire parvenircéans dans le délai de six semaines
des lettres d'exemption pour le présent et l'avenir^ ou au
moins telles que les habitants deFontenay les avaient eues
pour 50 écus. S'il ne les rapportait pas en temps voulu, on
lui rabattrait 30 écus, et enfin, s'il ne les obtenait pas, il ne
recevrait rien.
A la séance du lendemain, 24 mai, ]\P Jacques Borland,
licencié ès-lois, et l'un des échevins, s'opposa à ce que le
receveur délivrât aucuns deniers^ lettres de chartes et
privilèges pour aller solliciter à la cour, à peine pour ceux
qui donneraient de l'argent de la perte de la somme, et
pour ceux qui délivreraient les chartes de dommages-
intérêts. Le 28 mai, le corps décida qu'un autre délégué
serait choisi, vu l'opposition faite à ce que M* Berthelin fût
chargé d'aller en cour, à cause des inconvénients qui
pourraient en résulter. Ces inconvénients paraissent avoir
été que IVP Berthelin était étranger au corps. Le choix de
son remplaçant fut laissé au maire qui, le 9 juin, confia la
mission â M® Jacques Laurens le jeune, licencié ès-lois,
cpii était échevin. On lui délivra neuf pièces extraites du
trésor de l'hôtel de ville, et en outre, le 18 juin, Léon
Bouhier remit des lettres du roi portant exemption de
l'arriére-ban, signées ùla Roche-GuyonleGmars 1534 (1),
et qui lui avaient été confiées comme pièces à l'appui pour
en obtenir de nouvelles.
Dès le 4 juillet, les échevins commencèrent â s'inquiéter
et, ce jour-là, il fut décidé, comme le cri de l'arrière-ban
avait été fait pour le 17 juillet, qu'on enverrait un homme
à pied dans la ville où était le roi pour savoir si Laurens
pourrait avoir les lettres avant cette époque et, s'il les avait
(1) Les leUres du 6 mars 1534, dont l'original existe aux archives sous
le n° 86, indiquent les motifs de l'exemption dans les termes suivants :
afin de garder la dite ville qui est close et fermée de murailles,
tours, portaux et fossés, de belle et grosse fortification et empa-
rement, l'une des bonnes et fortes villes du royaume, après Poitiers
la meilleure et principale du Poitou, assise à cinq lieues de la mer.
messager. Le roi était toujours a Lyon ; les frais de vo
de l'exprès furent comptés à 6 livres 10 sols.
Le 9 juillet, on n'avait encore aucune nouvel!
Laurens , et l'on convint que , faute d'en avoir
avant le 17, on ne se présenterait pas à Poitiers. Ce
dant, Jacques Berland fut chargé d'aller» s'enquérir (
que faisaient les autres villes. Il était invité à rest
Poitiers jusqu'au jour de la montre ; s'il ne le poi
absolument, on enverrait un messager pour rapporte
nouvelles.
M® Jacques Laurens écrivit enfin qu'il avait obteni
lettres ; le 28 juillet, le corps délibéra pour savoir si
irait au-devant de lui à Poitiers, afin de présenter le
tôt possible la dispense au commissaire de l'arrière-
ou si on l'attendrait à venir. C'est ce dernier parti qu
adopté. Dans l'assemblée du 18 août, le député r(
compte de son voyage et présenta un état de ses dépei
Il avait été absent 38 jours qui, au taux d'échevin,dev;
lui être payés à raison de 35 sols, soit 60 livres 10 soL
scel des lettres avait coûté 11 écus ; le total de sesdép(
de toute sorte s'élevait à 163 livres 3 sols 6 deniers ; (
autres menus frais, il avait donné deux testons au
sager que lui avait dépéché la ville. Le compte une
approuvé, le receveur Pierre Giraudeau fut invité à p
la somme, sous déduction de 30écusdéjà remis à Laur
mais il déclara sur le champ qu'il n'avait aucun fonc
caisse, les deniers d'octroi ayant été saisis par le
Laurens fut alors renvoyé â se faire payer par A
Bidault, précédent receveur, sur le reliquat de son con
et quinze jours après reçut effectivement de ce dei
73 livres, 3 sols, 6 deniers, montant de sa créance (1).
Les lettres furent présentées au lieutenant du sénéc]
Niort, pour en avoir l'exécutoire. On lui demanda en n:
temps d'assigner un jour pour faire la montre de l'arr
(1) Assemblée du 15 septembre 1536.
t?-
— 139 —
ban dans la ville ; puis le maire dut aller avec un échevin
à Poitiers, porter au commissaire la montre et les lettres
patentes. Ces lettres n'étaient autres que celles délivrées à
la Roche-Guyon le 6 mars 1534, renouvelées à la date du
8 juillet 153G, et scellées du grand sceau à double queue,
ainsi qu'il est énoncé dans la décharge donnée par le
maire Philippe Berland à son prédécesseur, Guillaume de
Vieille-Seigle.
Le maire, accompagné de Jacques Laurens l'aîné, se
rendit à Poitiers ; mais ils n'y trouvèrent pas le commis-
saire qui était le sieur Gabriel de Saint-Georges, écuyer,
seigneur de Vérac etCouhé. Il leur fit savoir, après leur
retour â Niort, qu'ils eussent à se présenter à sa maison de
Plessis-Sénéchal. On décida, le 5 septembre, que le maire,
Laurens l'aîné échevin et Mathurin Jouslain pair, iraient
par devers M'" de Vérac. Ils furent chargés d'obtenir de lui
l'exemption pour les descendants et les veuves des vingt-
cinq, c'est-à-dire des échevins et conseillers, ou au moins
pour les descendants. Ceci pourrait faire croire que les
dispenses de 1534 et 1536 n'étaient pas aussi larges que
celle de 1414, qui comprenait les habitants de Niort en
général, et qu'elles ne s'appliquaient plus qu'aux échevins.
Mais on peut entendre aussi que le corps de ville demandait
à faire profiter du privilège les descendants et veuves d'an-
ciens échevins résidant, non précisément dans la ville,
mais aux environs (1). Aloi^s ils sollicitaient effectivement
une extension qui du reste fut admise.
Afin d'avoir d'ailleurs meilleure assurance que le com-
missaire ne fût pas tenté d'interpréter autrement, il fut
déhvré aux députés 40 écus sol pour distribuer en
présents^ comme ils le jugeraient convenable. Vingt livres
furent données au maire et â Laurens l'aîné pour leur
(1) Un siècle et demi plus lard, les diverses lettres de dispense du
ban et de l'arrièrre-ban étaient citées en séance del'hôtel de ville comme
s'appliquant à tous les habitants de Niort. Voir en noie un peu plus
loin un extrait de l'assemblée du 22 avril 1689.
m
quatre jours. Les frais de celui qu ils allaient fai
Plessis-Sénéchal furent alloués comme d'ordinaire.
Quel que soit le sens que l'on doive attribuer à Texte
de dispense dont nous venons de parler, il résull
termes d'une délibération du 30 septembre qu'el
accordée aux veuves et descendants d'échevins. La n
de ceux-ci avait été fixée au 3 octobre ; mais les a]
manquaient des harnois nécessaires et l'on der
prorogation après la foire prochaine où ils pourraient
procurer. Il fut décidé en même temps qu'une em
serait faite aux frais de la ville.
L'année suivante 1537, la montre de l'arrière-ban
à Poitiers le 23 août. Ceux qui y étaient mandés de
ne s'y rendirent cependant pas; il fut jugé suffisant
maire et deux échevins allassent à Poitiers pour pré;
les lettres d'exemption et le procès- verbal de la mon
1536 (1). La dispense fut en effet délivrée le 24 ao
le seigneur du Puy du Fou, qui avait été commis;
pour tenir l'assemblée du ban et de l'arrière-ban (2),
Pendant près d'un siècle, les dispenses d'arrièi
furent ainsi accordées aux échevins de Niort sur la pi
tion des anciens titres (3), mais non toujourssansinci
(1) Assemblée du 17 août 1537. Comme l'arrière-ban a été
que les montres du ressort et bailliage de cette ville ont été assig
23 août, pour savoir si l'on se présentera pour les 25 exempts, v(
enfants des dits et si l'on retirera le procès-verbal de la montre
dernier passé par devant M'' le lieutenant du sénéchal de ceti
commissaire et exécuteur des lettres d'exemption, lequel dema
écus sol pour ses vacations, et pour son clerc un écu pour la gi
procès-verbal qui contient deux peaux de parchemin, délibéré
procès-verbal et autres pièces seront retirées des mains du ditliei
et seront payées les vacations autant qu'il lui plaira, que le mai
sieurs Laurens et Bastard iront à Poitiers se présenter à la
Pour cet eflet, leur sera donné cinq écus à chacun et leur a et
les lettres d'exemption données le 6 mars 1 5^34 , autres lettres du
1536, et l'exécutoire donné par le lieutenant du sénéchal à Nior
(2) Archives de Niort, n°s 90, 91.
(3) Archives de Niort, n°^ 92-98.
— lui —
Les comptes d'Abraham Gascliet, 1593-96, nous appren-
nent qu'en 1594 saisie avait été faite des fiefs appartenant
aux maire et échevins, faute d'avoir comparu au ban et
arrière-ban d'Aunis. Sentence de main-levée fut d'ailleurs
obtenue en vertu des privilèges octroyés jadis.
En 1635, les choses se passèrent tout autrement. D'après
les attestations de service auroirenduenarmes, qui ont été
conservées aux archives (1)^ les échevins de Niort durent
se rendre â l'armée de Lorraine. Il faut se souvenir que le
cardinal Richelieu, par édit de cette même année, avait
enlevé au corps de ville de Niort les privilèges de noblesse
et d'exemption de taille, ne laissant subsister ce dernier
que pendant la durée des fonctions de l'échevinage. Il n'est
donc pas surprenant qu'il n'eût pas voulu reconnaître aux
échevins anoblis antérieurement le droit de dispense de
l'arrière-ban^ d'autant mieux que, depuis la prise de la
Rochelle^ l'ouest de la France était absolument pacifié et
que les nobles de Niort ne pouvaient guères arguer de la
nécessité de défendre leurs murailles pour se faire exempter
du service militaire dans les armées royales.
Cette sorte de révocation de la dispense d'arrière-ban ne
fut cependant pas définitive. An début de la guerre contre
les puissances coalisées à Augsbourg, le ban et l'arrière-
ban du Poitou furent convoqués dans la crainte d'une
descente des Anglo-Hollandais sur nos côtes ; on adjoignit
même aux forces locales réunies l'arrière-ban de provinces
éloignées. Soixante gentilshommes de Bourgogne vinrent
loger il Niort (2) ; les habitants reçurent d'ailleurs assez
mal ces auxiliaires. Le corps députa vers le marquis de
Vérac, commandant de la province, pour évitei' cette charge
à la ville, du reste sans succès. Un marchand, nommé Louis
Collon, refusa d'ouvrir une écurie, qu'il avait rue Saint-
André, pour y recevoir les chevaux du sieur d'Assan,
gentilhomme bourguignon ; il fallut en forcer la porte
(1) Archives de Niort, n°^ 99, 100.
(2) Assemblée du 16 juin 1690.
dans la convocation de l'arrière-ban de Poitou, ils
valoir pour être exemptés de ce service les lettres d(
les dispenses accordées depuis par les rois, et enfin (
dernier argument l'existence du régiment royal de
qui pouvait être appelé à la défense des côtes, et qui
été en effet quelques années auparavant (1). Il est pr
que ce dernier motif fut considéré comme le plus ''
et, sans que les registres le disent explicitement, les
de Niort paraissent avoir été dispensés du ban
l'arrière-ban, lors de cette convocation de 1689
autres qui furent faites durant le règne de Louis X]
C'est ici le lieu de dire en quelles circonstances 1
ment de milice bourgeoise fut appelé à faire un ser'
dehors de la ville.
Dans les derniers jours de l'année 1672, les m;
échevins de Niort reçurent l'ordre de mettre su
(1) Assemblée du 22 avril 1689. Proposé par le procureu
qu'ayant plu à Sa Majesté de convoquer le ban et l'arrière-ban
province... et comme tant nous maire et échevins que les
bourgeois et habitants de cette ville sont exempts du dit
arrière-ban, et en ont toujours été dispensés, conforméin
premières lettres de concession du dit privilège et exemption ce
par Jean tils du Roy de France, duc de Berry et d'Auvergne, c
Poitou, données à Paris le sixième juillet 1414... Ainsi qu'il s(
par divers actes de dispense du 18 juillet 1522, 8 septembr
24 août 1537, 28 novembre 1551, 6 octobre 1567, 10 décembre
autres, ce qui doit d'autant plus avoir lieu présentement que
du Roy de l'année 1621 a établi en cette ville un régiment... q
sur les côtes...
Arrêté que députation sera faite à Poitiers auprès du sieur liei
général pour lui représenter les privilèges et exemptions, à la cl
se tenir en bon ordre et état pour la garde et conservation de
ville, comme ils l'oflrent et s'y soumettent. A cette tin a été
Alexis Assailly, sieur de Laubonnière, pour député en la ville de 1
Assemblée du 29 avril 1689. Le sieur Assailly est allé à ]
On y requiert communication des pièces justificatives de l'exe
Les titres seront cherchés et portés dans la huitaine par Pierre ]
procureur syndic. Des frais de voyage sont alloués aux sieurs
et Bastard.
— U3 —
quatre compagnies d'infanterie du régiment royal et une
de cheuau-légers, pour être en état de marclier, en cas de
nécessité, au premier mandement de Mgr le duc de
Navailles. Nous rencontrons ici la première mention de la
compagnie de cavalerie qui fut créée à cette occasion (1) et
subsista jusqu'en 1789. L'ordre fut adressé au corps de
ville par le comte de Parabère, lieutenant général au gou-
vernement du Haut-Poitou, Chatelleraudois et Loudunois.
Le rôle des hommes incorporés dans les quatre compagnies
d'infanterie et celle de cavalerie est inséré aux registres, à
la date du 18 décembre 1672, et approuvé par le duc de
Navailles, gouverneur et lieutenant général pour sa Majesté
de la Rochelle, pays d'Aunis, îles de Ré, d'Oleron et autres
adjacentes, gouverneur particulier des villes et châteaux
de Niort et Lourdes.
Cet appel de milices bourgeoises fut motivé par les
craintes que l'on eut, dès la première année de la guerre
de Hollande, de voir la flotte hollandaise opérer une
descente sur la côte. L'événement se produisit, mais plus
tard; Tamiral Tromp s'empara, au mois de juillet 1674, de
l'île de Noirmoutier qui n'était pas défendue. Voici ce que
dit à ce sujet Camille Rousset dans son Histoire de
Louvois : « Il y demeura trois semaines, attendant toujours
quelque émotion parmi les religionnaires du Poitou, de
l'Aunis et de la Guyenne ; les religionnaires étaient contre
lui sous les armes. Il est vrai que Louvois, par prudence,
leur avait donné quetque douceur. Le duc de la Vieuville,
gouverneur du Poitou, avait l'autorisation de permettre
aux gentilshommes protestants de se réunir le dimanche
pour l'exercice de leur culte ; mais, ajoutait Louvois, vous
(1) Le 29 août 1672, le corps décidait que le maire irait au devant de
l'intendant, Mf" de Miromesnil, accompagné du plus grand nombre de
pairs et habitants qui pourront monter à cheval. Le 30 octobre
1673, il est arrêté que pour l'arrivée de M^ et M™« de Marillac, la
compagnie de cavalerie montera à cheval. Il est évident, d'après
les termes de ces deux délibérations, que la compagnie de cavalerie
avait été organisée dans l'intervalle.
dale et que Vendrait oii ils s'assembleront soit éloig
l'église da lieu, et que la grâce que Sa Majesté lei
ne doit point tirer à conséquence, après la séparatic
milices. Il n'y avait rien à faire avec des gens (
contentaient de si peu de chose. Tromp perdit patie
fit voile pour la Méditerranée, où l'appelait le gou^
ment espagnol, effrayé du mouvement de Messine,
s'évanouit cette menace formidable qui avait donm
de soucis à Louvois (1). »
Nous dirons d'abord que les compagnies mises so
armes en 1672 ne marchèrent point. En 1674, il (
autrement ; la mobiUsation comprit un effectif plus ^
dérable; puis le corps ainsi formé fut envoyé sur le;:
où il séjourna quelque temps. Nous avons reprod
passage de V Histoire de Louoois, concernant l'expé
de l'amiral Tromp, parce qu'il peut expliquer certain
d'indiscipline grave qui se produisirent à Niort de 1;
des réformés, lors de la formation du détachement
avait chez eux un mécontentement justifié par l'intolc
du gouvernement et ils prêtèrent sans doute l'oreille
excitations. On chercha à les amadouer pour l'instan
le fait ils n'osèrent rien, mais les craintes de L(
n'étaient pas sans fondement.
L'ordre du duc de la Vieuville de tenir prêtes
compagnies d'infanterie^ à cent hommes chacune,
compagnie de cavalerie à soixante hommes, fut enre
le 2 mai 1674 au secrétariat de l'hôtel de ville. Le
avait été mandé quelques jours auparavant à Fonten
Comte^ où se trouvait le gouverneur, pour y recevc
instructions. Un rôle de cinq cents hommes pris s
douze compagnies pour en former cinq, armées de i
quêtons et fusils, avait été arrêté le 29 avril par le c
la Vieuville. Les officiers furent nommés au sort,
qui n'étaient pas en état de faire campagne donnèren
(1) Histoire de Louvois, par Camille Roussel, t. li, p. 116.
— 1A5 —
démission et d'autres furent désignés à leur place. On fit le
contrôle des miliciens qui n'avaient pas d'armes et il fut
décidé qu'ils seraient aidés, pour s'en procurer, par ceux
qui ne devaient pas marcher.
Ce rôle des mobilisés ne fut pas formé sans réclamations,
dont quelques-unes des plus violentes. A une revue passée
le 3 mai, deux miliciens, Cadillac et Laroche, jurèrent le
saint nom de Dieu qu'ils n'obéiraient pas aux ordres de
départ, si l'on ne faisait venir ceux de la compagnie qui
n'y étaient pas. Ils menacèrent le maire, qui était alors
Augier de la Terraudière. Celui-ci tira son épée et Cadillac
voulut dégainer la sienne ; le maire la saisit et se blessa à
la main. Les gagés de mairie mirent alors la main au collet
des deux rebelles et les conduisirent à la prison de l'hôtel
de ville. Le 14 mai, ils furent élargis, vu leur repen-
tance, après être passés cependant devant un conseil de
guerre.
Peu de jours après, vint un nouvel ordre de ]\I'' de la
Vieuville, daté de Talmond^ le 16 mai, enjoignant de tenir
prêts à marcher encore 80 hommes compris dans le rôle
général. D'après les pièces insérées au Thrésor de Nyort,
ceux-ci ne furent pas mis en route ; le détachement d'in-
fanterie se borna aux cinq cents hommes désignés d'abord,
que l'on dirigea vers l'ile de Bouin^ située vis-à-vis celle
de Noirmoutiers. Ils furent mis en route le 6 juillet et
passés en revue à Beauvoir-sur-Mer le 13 du même
mois (1).
Une feuille volante insérée dans les registres donne
l'aperçu des fournitures et autres frais â faire pour le déta-
chement (2). Les gages sont calculés pour un mois. Parle
(1) Thrésor de Xyort, p. 257.
(2) 8 chevaux 9601ivres
2 chariots 200
Harnois 120
Justaucorps 150
12 caisses 100
A reporter, . . 1,530 livres
10
10
cuips iictiLci avec uii stiuiiiiftsiuiiiiciii c pwui la uc
totale, sauf les gages dont le montant ne pouvai
prévu.
Le 4 juin, on reçut ordre du duc de la Vieuville de
prête la compagnie de cavalerie , et c'est dans
troupe que se produisirent les faits les plus graves d
bordiriation venant des officiers et soldats. Elle aval
capitaine le sieur de Pied-de-Fonds , qui fut di!=
comme valétudinaire et remplacé par Joseph Ri\
sieur de la Guignaudière , éclievin. Deux cavalie
la religion réformée (1), les sieurs Jousseaulme et '
folle , dirent au maire que ni eux ni les autres né
cheraient, si ceux qui avaient été dispensés ne marcl
pareillement. On était alors au 29 juin ; le maire j
la revue et avait remis un ordre du gouverneur
disposer â partir incessamment. Sur 60 cavaliers,
en avait que 32 présents ; les absents furent condan
dix livres d'amende et il leur fut en outre enjoint de n
à cheval le 30, sous peine de cinquante livres et de
prisonnement. La rébellion s'accentua, car le ca]:
Report. . . 1,5;-
Gages de 4 chartiers à 20 s. par jour pour un mois . 1'
Poudre à vue claire 5(
3,000 livres de plomb 2;
Mèches • ;
Cheval du trompette 1(
La trompette i
Pour le hoqueton du trompette '
Pour l'cstandard '.
Pour les gages du trompette à 30 s. par jour ... ^
Pour les gages des 5 tambours à chascun 10 1. pour
la campagne
Total. . . . 2,7
11) Augier de la Terraudière note dans son procès-verbal d
rébellion que le sieur Jousseaulme aussi bien que le sieur T(
sont de la religion prétendue réformée. Tous les deux , de
conseil de guerre, refusèrent de faire la moindre excuse.
— 1A7 —
échevin Rivollet s'insurgea à son tour; lui et sa femme
insultèrent le maire, l'accusant d'avoir reçu de l'argent de
plusieurs cavaliers pour les dispenser. L'ordre fut alors
mis entre les mains du lieutenant, Gabriel Berault, sieur
du Petit- Vergne, pair du corps.
Le sieur de la Guignaudière se décida toutefois à obéir
à l'ordre de départ qui fut délivré le G juillet. La première
étape était Sainte-Gemme, près Luçon, et il fut arrêté que
les cavaliers se rassembleraient à la porte du Pont, en de-
dans des murs, afin que l'on pût faire le contrôle des par-
tants. Au jour dit, le maire vint se placer pour cela auprès
de la porte de ville. Mais le dit Rivollet persista dnns son
insubordination ; dès qu'il eut trois ou quatre cavaliers
réunis, il leur commanda de partir, malgré les remon-
trances du maire qu'il insulta de nouveau. Un des gagés
voulut fermer la porte; le capitaine tira ses pistolets et
menaça de le tuer. Il sortit ainsi malgré le maire; les
autres cavaliers arrivèrent successivement par petits
groupes et, en somme, on ne put s'assurer qu'ils eussent
rejoint leur enseigne.
Ceci se passait le 7 juillet; dès le 20, plusieurs déser-
teurs, hommes de pied et cavaliers, étaient revenus à
Niort. Le 21, le conseil de guerre réuni les condamna à
rejoindre sous vingt-quatre heures^ à peine de la vie. A la
vérité, on n'osait sévir aussi rigoureusement; il était
notoire que plusieurs des mobilisés avaient laissé leurs
familles dépourvues de moyens d'existence. Le corps de
ville présenta à l'intendant une requête pour retirer quel-
ques deniers d'octroi, afin de venir en aide aux plus
nécessiteux. Les désertions pouvaient donc avoir leur
excuse ; mais il ressort des divers actes d'indiscipline que
nous venons d'énumérer^ qu'il ne faut pas accepter sans
réserves le certificat de bons services décerné des Sables-
d'Olonne, le 31 juillet, au détachement de Niort par le
duc de la A^ieuville (1).
(1) Thrésor de Nyorl, p. 256.
On doit observer cependant qu'il n'est pas question dans le certificat
les compagnies du régiment de Niort furent de retoi
leurs foyers. Il n'en fut rien cependant, au moir
le corps de cavalerie qui parait avoir été en tête de 1:
tance. Le maire avait donné Tordre aux cavaliers
réunir pour être passés en revue, le 25 du mois d'a<
grand cimetière de la porte Saint-Jean. Très peu d'il
s'y rendirent et, â l'heure indiquée, le capite
promenait avec ostentation sous les halles. Procès
fut dressé et le maire condamna les absents à vingt
d'amende. Le 31, le corps était réuni à l'hôtel de vi
sieur RivoUet se leva et requit l'avis de l'assemblée
condamnations, lui demandant de décider que le
n'avait pas eu le droit de les prononcer. En efï
membres présents, au moins en majorité, émirent et
rent chacun séparément leur avis motivé que les sei
fussent supprimées. Tel fut l'épilogue de l'expédil
l'île de Bouin ; le maire baissa pavillon et l'a
supérieure ferma les yeux.
En 1689, quand l'arrière-ban du Poitou et ceux d
ques autres provinces furent appelés pour garnir les
le régiment de Niort ne parait pas avoir été m(
Lorsque la flotte anglo-hollandaise vint, dans l'anné
bombarder les Sables-d'Olonne et l'Ile de Ré, non
ment l'arrière-ban fut rassemblé, mais la milice bou
dut fournir un détachement de 300 hommes qui
envoyés à la Rochelle (1). M"" de Pierre-Levée ir
dans ses comptes des deniers patrimoniaux les fi
table que lui avait causés la convocation de la noble
en outre 60 livres pour les frais extraordinaires l
détachement du régiment de milice de Niort, tant i
vin donné pour encourager que pour faire raccom
de la compagnie de cavalerie. Il ne mentionne que les cIt
hommes d'infanterie.
(1) Mémoire de Thibault de Boutteville, 1742. {Mémoire
Société de statistique, année 1886, p. 208.)
— l/i9 -
les armes. En 1702, la flotte anglaise, réunie à celle de la
Hollande, se dirigeait vers Cadix ; on put croire que les
côtes de France étaient encore une fois menacées. Le
maréchal deCliamilly, commandant militaire du Poitou et
de TAunis, demanda 25 hommes par compagnie du
régiment de Niort, pour former un détachement de
300 hommes. En exécution de cet ordre, les officiers du
régiment se réunirent le 17 juillet dans l'hôtel de M'" de la
TerraudièrCj deuxième capitaine et lieutenant-colonel,
afin d'organiser le corps expéditionnaire. Les hommes
désignés furent prévenus d'avoir à se munir de pain pour
quatre jours, au moment du départ, d'un quarteron de
poudre et d'une livre de balles de calibre, en outre de tenir
leurs fusils en bon état. Les mobilisés étaient formés en six
compagnies de cinquante hommes, ayant chacune un
capitaine , un lieutenant , un sous-lieutenant , deux
sergents et deux caporaux. On tira au sort les lieutenants
et sous-lieutenants qui devaient partir. Le maire. M"' do
Pierre-Levée, fut invité à fournir, aux frais de la ville,
deux charrois attelés pour conduire les équipages des
officiers (1).
Cette alerte ne fut pas la dernière pour le régiment de
Niort, durant les guerres du règne de Louis XIV. Dans
l'année 1706, les Anglais projetèrent une expédition contre
la Guyenne; leur escadre de la Manche avait embarqué
un corps assez nombreux, composé en grande partie de
protestants réfugiés. Les vents firent échouer leur dessein ;
mais les précautions n'en avaient pas moins été prises
contre cette menace. Il avait été fait, sur les ordres du
maréchal de Chamilly, un détachement composé de la
compagnie de grenadiers nouvellement créée et de cent
hommes pris dans les autres compagnies. Ce petit corps
fut dirigé sur la Rochelle comme précédemment (2).
(1) Archives de Niort, n° 2497.
(2) Mémoire de Thibault de Boutteville, 1742.
Société de statistique, année 1886, p. 206.)
(Mémoires de la
et arriver à la périodede la guerre de septans pour tr
un exemple de mobilisation du régiment de Niort, q
le dernier du reste. Une forte escadre anglaise, conv
dix à douze mille hommes de débarquement, était ]
entre les îles de Ré et d'Oleron et s'était emparée,
septembre 1757, de l'île d'Aix qui commande l'ei
chure de la Charente. Le but .de l'entreprise é1
destruction des établissements de Rochefort. L'ém
très grand ; on n'avait pas de troupes disponible;
gardes françaises et suisses partirent de Paris
septembre; puis la maison du roi, gardes du corps,
quetaires, gendarmes et chevau-légers furent mis en
le deux octobre (1). Mais, à cette date, la flotte ai
s'était déjà éloignée ; les préparatifs de défense, org
avec les forces locales seulement, avaient intim
Anglais. La noblesse du Poitou avait été rassemblé
les ordres du lieutenant général, marquis de Fougèi
les milices réunies. Le régiment de Niort, dès que l'î
eut été donnée, forma six pelotons prêts à marcher ;
en même temps savoir au maréchal de Sennecterre,
mandant de la région, qu'on pourrait lui envoyer c
six cents hommes armés à peu près convenablemen
le fait de la retraite précipitée des Anglais, cette
volonté devint inutile ; le détachement du régiment
pas mis en route et les troupes envoyées de Paris re
l'ordre de rétrograder. La ville avait fait, pour arm
et équipement, une dépense de quelques centaii
livres qui ne fut soldée qu'en 1760, à cause de la p
de deniers où l'on se trouvait lors de l'événement (5
(1) Mémoires de Barbier, t. vi, pp. 585-591.
(2) Assemblée du 4 octobre 1760. Règlement de dépenses ai
A Savignac, marchand, habillement d'un tam-
bour ; sept chapeaux bordés à sept autres tambours
dans les circonstances où ils étaient sur le point
de partir avec la troupe bourgeoise pour aller
- 151 —
En résumé, les services militaires rendus par le régiment
de Niort en dehors de ses murs ne furent pas très impor-
tants. Une obligation beaucoup plus sérieuse fut celle
imposée à la ville, sous Louis XIV et depuis, de fournir
des miliciens qui prenaient place dans l'armée active. De
même que pour les francs-archers instituésparCharles VII,
l'équipement de ces miliciens se faisait sur les deniers de
la commune.
Nous empruntons â V Histoire de Loavois, de Camille
Rousset, ce qui a trait à la première organisation des
milices :
« Au m(>is de décembre 1688, une ordonnance royale
prescrivit aux intendants de faire procéder dans toutes les
paroisses de leur généralité, suivant l'importance de la
contribution foncière acquittée par chacune d'elles, au
choix d'un ou de plusieurs miliciens (1), à prendre parmi
les gens non mariés de 20 â 40 ans. Tout milicien devait
être habillé et armé, mais sans aucune obligation d'unifor-
mité {2), aux frais de la paroisse et recevoir d'elle une
solde de deux sols par jour, moyennant quoi il devait se
tenir aux ordres des officiers nommés par le roi et s'exercer
sur la côte ... 88 1.
A Lavollée, raccommodage des caisses des tam-
bours 87 4 s.
Réparations à la maison de M»" Rouget, lieutenant
criminel, que l'on fut obligé de prendre pour loger
M' le marquis de Roufia, maréchal de camp, envoyé
ici pour commander dans la circonstance de la
descente des Anglais 92 4 8d.
A Lemoinc, armurier, pour avoir raccommodé les
fusils de plusieurs habitants, soldats du régiment de
milice bourgeoise, destinés à marcher sur la côte. 31
AViguier, chaussetier, guêtres pour les tambours. 24
AArnault, cordonnier, souliers pour les tambours. 31 40
Total: 3231. 18 s. 4 d.
(1) Un milicien par 2,000 livres de taille.
(2) Un bon chapeau, un justaucorps et des bas de gros drap ou de
treillis doublé de toile.
armes... Il y eut ainsi 30 régiments donnant un ef
général de 25,000 hommes environ... Le milicien, d'i
l'ordonnance^ n'était engagé que pour deux ans. S
mariait à son retour, il devait être, pendant les deux ai
suivantes, exempt de la taille, mais il faut bien dire
les promesses de l'ordonnance, sur la durée du servi
moins, ne furent pas régulièrement tenues. »
La première mention que nous trouvions de la n
aux registres, très incomplets d'ailleurs, de 1688 à :
est dans un procès-verbal d'assemblée générale des
tants du 18 mars 1691. Une ordonnance de l'intendan
4 mars, enjoignait de désigner six soldats de milice
place de deux qui avaient eu leur congé et de quatr
étaient restés malades parles chemins. L'assemblée n'
pas en nombre, ordre fut donné aux syndics des cor
métier de choisir les six miliciens, ce qu'ils firent
pluralité des voix.
Le 20 février 1701, le maire informe le corps qu'il
été envoyé l'ordre de dresser un état des hommef
mariés de 22 à 40 ans, ayant au moins cinq pie(
hauteur, et de les faire tirer au sort pour fournir
soldats de milice.
Le 17 février 1702, on demande deux miliciens
échevins remontrent l'impossibilité de les fournir, à
du grand nombre de garçons qui se sont engagés
l'année présente pour la milice.
L'intendant sera prié d'agréer que l'on prenne si
deniers d'octroi la somme convenable pour la levé
dits deux soldats, sur le pied réglé pour ceux de 1';
présente, laquelle somme sera mise aux mains de M.
brou, subdélégué.
Les procès-verbaux d'assemblées et les compte
receveurs nous font voir combien était impopulai
recrutement de la milice. Le 21 avril 1727, le corj
informé que quatre miliciens sur vingt fournis par h
— I5â —
ont déserté. On a envoyé trois archers pour les reprendre
et les conduire à Saint-Maixent ; les frais de poursuite,
nourriture et autres, se sont élevés à 166 livres 10 sols qui
seront imputés sur les deniers patrimoniaux. En 1743, on
paie au sieur Joubert, concierge de la prison royale, la
somme de 459 livres 14 sols pour la dépense de pain, nour-
riture et lits fournis aux miliciens incarcérés (1). Ceux-ci
étaient des vagabonds qu'on avait saisis et incorporés de
force dans la milice, en déduction du contingent dû par
les habitants de Niort qui se trouvaient ainsi exonérés
d'autant (2). Le 2 mai 1747, on paie au même Joubert,
concierge, la somme de 209 livres 13 sols pour 599 journées
de gîte, geôlage, ustensiles et aliments par lui fournis aux
miliciens emprisonnés comme fuyards de la présente
année, à raison de sept sols par jour (3).
L'âge auquel on prenait les miliciens n'était pas
toujours le même, au moins dans le principe ; le 3 février
1733, il est arrêté par le corps de ville qu'un rôle sera
dressé des garçons de 16 à 40 ans. Ils seront visités et ceux
qui seront reconnus bons tireront au sort. Une ordonnance
du 12 novembre 1733 réglementa la matière et introduisit
des dispositions nouvelles. Nous trouvons pour la première
fois aux registres, en 1734, un état de frais d'habillement
des miliciens, qui du reste paraît incomplet (4). L'année
suivante, la ville fut taxée par ordonnance de l'intendant
HT.
(1) Archives de Niort, n" 1023. Comptes des receveurs.
(2) Assemblée du 23 janvier 17i3. Ces vagabonds étaient au nombre
de treize ; ils avaient été arrêtés par les cavaliers de la maréchaussée,
qui reçurent pour cela 10 livres par homme, soit 130 livres à prendre
sur l'excédent du tarif.
(3) Archives de Niort, n° 1025. Comptes des receveurs.
(4) Assemblée du 18 février llSi. Pour 10 miliciens :
A Bonifleau, cordonnier, 10 paires de souliers. . 32 livres lOsols.
A Brunet, guètrier, 10 havresacs 7 10
20 chemises 50
20 cols _b
Total 95 livres.
frais accessoires, soit 180 livres pour six auxquels la
était imposée (1) ; les frais accessoires consistaient pi
paiement dans une somme de cinq livres par miiicier
était attribuée au commissaire chargé de surveill
tirage (2). En outre, la ville donnait encore une indei
aux exempts chargés de conduire les miliciens au lie
rassemblement (3).
Ces chiffres ne varièrent pas jusqu'à la fin de la m
chie ; les registres et les comptes les reproduisent ton
identiques. Nous ajouterons, comme détail,, que les nui
étaient extraits de l'urne par un enfant (4), et non ce
aujourd'hui par les intéressés ôux-mèmes. L'opér
était souvent tumultueuse parce que les inscriptions i
liste ne se faisaient point en vertu d'une règle absol
(1) Assemblée du 9 mars 1735.
(2) Assemblée du 7 mars i745. M"" de la Mongerie a été clia
conduire les 40 miliciens à Fontenay, pour y être incorporés i
bataillon de milice de cette ville ; il y a en même temps porté lei
livres, sur laquelle somme il n'a donné que 1,000 livres pour Vl
ment et équipement, et retenu les 200 livres pour les drc
commissaire qui a fait faire le tirement.
Décharge à M. de la Mongeiie de la somme de 1,200 livres, et >
il n'y a pas eu de commissaire pour le tirage, les 200 livre
remises au receveur pour être employées aux besoins communs.
Assemblée du 22 février i748. Remise aux maire et échei
cinq livres par milicien, en tout 75 livres, comme commissai
tirement en vertu de l'ordonnance du roi du 12 novembre
« Comme nous, maire et échevins ne voulons profiter de cette
pour gr'ati fi cation, ainsi que nous en avons usé dans les préc(
milices, et n'étant pas d'usage que nous prenions des gratificatioi
les opérations que nous faisons pour le bien et l'utilité de cette
la somme sera remise au receveur pour la porter en recette d.
deniers patrimoniaux. »
Assemblée du 17 mai 1753. Sur les 180 livres des nouveau:
ciens, 30 livres reviennent au maire comme commissaire du tii
Il les abandonne aux miliciens pour gratification.
(3) Assemblée du 2 août 17il. A la maréchaussée, pour avoir
des miliciens à Saint-Maixent, 30 livres.
(4) Assemblée du 10 avril 1719.
— 155 —
égale pour tous. Les exemptions étaient nombreuses et
déterminées surtout par la protection des gens influents.
En 1739 particulièrement, le tirage fut interrompu par les
manifestations des appelés qui criaient : « pas d'exemption !
que tous tirent ! » On ne demandait cependant cette année-
là que huit miliciens, nombre bien inférieur à celui qui
fut exigé quelquefois.
Afin de mettre le plus d'ordre possible dans cette étude
complexe des dépenses militaires, nous avons groupé les
documents qui permettent de déterminer la part contri-
butive de la ville dans la formation des contingents de
l'armée. Tl a cependant été dit quelques mots, au début de
ce paragraphe, des réquisitions imposées à la ville, et c'est
l;i ce qui reste à compléter. Elles furent de différentes
sortes ; nous pouvons en citer plusieurs exemples remar-
quables dans les opérations de guerre qui eurent lieu
à proximité de Niort.
C'est pendant les deux sièges de la Rochelle que la ville
fut surtout mise â contribution par les commandants de
l'armée royale, pendant le second surtout, à cause de sa
longue durée.
Après le massacre de la Saint-Barthélémy, la résistance
des réformés se concentra dans la Rochelle. L'armée royale
vint mettre le siège devant la ville dans la fin de l'année
1572, et les opérations furent poussées avec vigueur, après
que le duc d'Anjou eut pris le commandement au mois de
février 1573. Le comte du Lude était alors gouverneur de
Niort ; la ville et ses alentours étaient donc complètement
sous l'influence catholique. Dès le- mois de janvier, le corps
de ville fut avisé d'avoir à fournir pour le ravitaillement
du camp de la Rochelle 2,000 charges d'avoine et 2,000
charretées de foin. Tout en s'inclinant par force majeure
devant cette injonction, les maire etéchevins demandèrent
au roi d'être exemptés de trois années de taille ; cette
exemption fut en effet accordée par lettres du 4 mars 1573,
et il semble que cette décharge d'impôts ait constitué toute
l'indemnité pour les réquisitions de diverse nature qui
celles-ci que pour celles qui eurent lieu à d'autres ëpc
il n'est question dans les registres de remboursemen
ville. Le corps ne pouvait certainement pas suffire
dépenses extraordinaires avec ses deniers ; il était
ment tenu d'en faire l'avance, puis la charge était ré
sur les habitants de Niort et même^ par faveur spe
sur ceux de quelques paroisses voisines ; mais, avan1
il était responsable de la livraison des choses ré
tionnées et supportait, pour le moins, tous les
accessoires.
Les maire et échevins objectèrent la difficulté, l'i:
sibilité de se procurer les quantités d'avoine et de foi
demandées. Le munitionnaire général maintint se:
gences, et ordre fut donné de visiter les maisons de 1
et les habitations de la campagne, pour découvr
approvisionnements que l'on soupçonnait pouvoii
cachés par les possesseurs.
Le grand maître de l'artillerie, le baron de Biron, ;
de son côté 500 paires de souliers ; les cordonniers
ville furent avertis et mis en demeure de les fouri
envoya en outre un de ses officiers, le capitaine Chc
avec ordre de mettre en réquisition toutes les hottes
ville (1) pour le travail des tranchées, et ce qu'on po
avoir de lattes pour confectionner des gabions. Enfi
peu plus tard, il demanda que l'on expédiât au carr
pionniers. Le corps de ville désigna ceux qui pou
faire ce service et les convoqua, mais ils ne se reu'
pas à rappel. Leurs femmes vinrent présenter
excuses : les uns étaient malades^ les autres partis
veille pour un voyage. Ils furent ajournés au lende
sous peine de vingt livres d'amende. Si l'on ajoute
une réquisition de 18,000 pains de munition, on aurai
(1) A cette époque, beaucoup de transports se faisaient en ■\
moyen de hottes, à cause du mauvais état des rues. Les manœu^
portaient ces hottes étaient appelés barasseurs.
— 157 —
des principales charges qu'imposa à la ville ce premier
siège de la Rochelle, qui fut infructueux, comme on sait.
Lors du second siège, dès le début des opérations, la
ville de Niort dut contribuer dans une large mesure à
l'entretien de l'armée royale. L'investissement de la place
fut commencé en 1622 par la construction du fort Louis,
élevé entre la ville et la pointe de Chef-de-Baie, dans une
position commandant le chenal qui donne accès au port.
On dit que cet ouvrage se fît sous la direction d'un ingé-
nieur italien que le pape avait envoyé au roi. L'armée
royale était sous les ordres de Louis de Bourbon, comte
de Soissons, un très jeune général, à peine âgé de vingt
ans, alors fidèle serviteur du roi qu'il trahit plus tard pour
embrasser la cause des duc de Guise et de Bouillon. Il fut
tué en 1641 à la journée de la Marfée où, h la tête des
Espagnols, il battit Tarmée française commandée par le
maréchal de Chatillon. Les mémoires du temps le dépei-
gnent brave et orgueilleux.
Le 16 juin 1622, le comte de Soissons envoyait aux
élus, maire, échevins et habitants de Niort commission
pour lever dans les paroisses 4,000 boisseaux d'avoine à
envoyer dans les quinze jours à Marans. Les termes de la
demande font voir que la réquisition portait non seulement
sur la ville, mais sur toute l'élection.
Dans la même année, la ville était taxée, pour sa paré,
à une fourniture considérable de vivres et autres objets
pour ravitaillement du fort Louis. Le corps en fut avisé
par lettres du comte de Soissons, datées du 21 sep-
tembre (1), et se réunit le 4 octobre pour délibérer à ce
(1) Nous mandons et enjoignons que vous ayés à fournir, envoyer et
faire amener promptement pour la part de votre ville les vivres, ustanciles
et choses concernant le dict avictuaillement à quoi vous avés été taxés et
mentionnés à l'extraict du dict département général cy soubz notre
conlre-scel attaché et le tout faire délivrer en espèces dans le dixiesme
jour d'octobre prochain en ce lieu de Laleu
La ville de Niort doit porter et avancer pour sa part : quinze ton-
neaux de bled et farine, par moitié; vingt et un tonneaux et demi de vin ;
par devers le comte lui remontrer que la ville ruiné
la grêle, par le passage des troupes, était dans l'ii
sibilité d'accomplir la commission sans ruine tota
tâcher de s'en faire décharger. Les 13 et 14 bc1
nouvelles lettres maintenant la commission et noi
députation chargée de pouvoirs pour obtenir exem
ou modération, et transiger à cet effet avec les ager
commandant de l'armée royale.
Les députés ne partaient pas sans quelque crainte <
enlevés par les partis de huguenots qui tenaient la
pagne; la ville leur garantit leur rançon^ au cas <
tomberaient entre les mains des ennemis de Sa Ma
Le corps avait chargé ses délégués d'une autre affaii
intéressait également les finances de la ville ; ils deA
demander à M'" de Barentin, intendant de justice
finance à l'armée du roi, si les fermiers de la coutur
Sèvre pouvaient faire payer, sur la rivière, aux foi
seurs de l'armée le droit d'un sol par tonneau. En 16
ferme de la coutume avait été adjugée â un prix plu
que d'ordinaire, 300 livres seulement, â cause des troi
Comme dans la même année, le 26 novembre, on ac
au fermier une diminution de cent livres, il est fort
bable qu'il ne fut pas fait droit à cette requête du
de ville.
En ce qui touchait leur mission principale, les en'
ne furent pas beaucoup plus heureux. Le 22 octobr
douze milliers pesant de chair salée, les deux tiers chair de h
l'autre tiers chair de pourceau ; dix-sept hoisseaux de fèves et di
boisseaux de pois, mesures de Saintes ; deux cents livres de fr
d'Auvergne, de Normandie et d'Holande ; six boisseaux de sel
barriques de vinaigre; une barrique d'huile de noix, partie à mai
le surplus à brûler au corps de garde ; seize livres d'huile d'c
soixante huict livres de chandelle ; soixante huict paillasses, cl
de grandeur et largeur pour servir à trois personnes ; seize pai
linceuls neufs ; huict vingt linceuls pour panser les malades b
Faict au camp de Laleu près la Rochelle, le vingt et iinièm
de septembre 1622. Signé : Louis de Bourbo]
— 159 —
étaient de retour ; ils avaient obtenu réduction du quart
de la réquisition, moyennant engagement de payer les
trois autres quarts en espèces sonnantes avant la fin du
mois. Le corps décida que cette somme serait prise
d'urgence sur les deniers communs ; on aviserait plus tard
à la remplacer.
Les termes de la délibération semblent indiquer la
volonté de faire immédiatement le versement de la contri-
bution demandée. Il n'en fut rien cependant ; les échevins
crurent avoir intérêt à temporiser et à s'acquitter en
nature. Mais^, le 28 novembre, ils reçurent une sommation
sérieuse; le comte de Soissons écrivait qu'en présence du
retard mis à exécuter ses ordres, il avait traité avec un
marchand pour avitaillerle fort Louis. C'est à ce marchand
que la ville devrait verser les 4,100 livres^ montant des
trois quarts de la somme â laquelle elle avait été primiti-
vement taxée; le sieur Louvet était détaché avec cinq
compagnies de chevau-légers pour contraindre la ville à
payer.
Sur ce commandement^ 1^ corps députa de nouveau au
camp de la Rochelle pour exposer que hi ville avait dû
faire des emprunts afin de satisfaire aux ordres du comte
de Soissons. Il y avait des vivres achetés déjà, et l'on ne
pouvait plus payer les 4,100 livres. Les échevins présen-
taient leurs très humbles supplications et demandaient
qu'on fît retirer le capitaine Louvet.
Dès le deux décembre, les envoyés revinrent; ils avaient
reçu ordre de remettre au commandant du fort Louis les
vivres par eux achetés^ consistant en 15 tonneaux de vin
et des chairs salées, pour le reste de s'acquitter immédia-
tement. En effet , le lendemain , le corps recevait
signification du sieur de Vaux, aide de mestre de camp à
l'armée, de payer sous peine d'être contraints par l'envoi
de cinq compagnies de chevau-légers et du régiment du
maréchal de Vuitry. Alors il y eut une nouvelle ambas-
sade, les échevins faisant valoir non seulement leurs
emprunts, les réparations urgentes â faire aux mu-
uaustiieiii/ le» iJuuiuieuA. iiiciiciues uu i cniucc ciivujes
les hôpitaux de Niort. On évacuait les malades
blessés sur les villes environnantes qui les soignai
leurs frais, et Niort, à cause du voisinage et d(
importance, en recevait un grand nombre. Cette c
qui, au début de la guerre, paraissait déjà lourde <
bien s'aggraver par la continuation des hostilités. "
mai 1626, il était dû 400 livres aux religieux de la Ct
pour la Jiourriture des malades et des blessés de l'(
devant la Rochelle. 11 n'y avait aucun fonds aux i
neries ; le receveur des deniers communs dut faire l'a
de la somme.
Quelque bonnes que pussent être les raisons
faisaient valoir les députés de Niort, ils n'obtinrent a
modération. Le 9 décembre, ils rendirent compte d
mission; ils avaient réglé à 3,175 livres, plus les
achetés^ le tout formant la somme de 4,100 livres. Li
leur remboursa la somme qu'ils avaient avancée de
deniers personnels et versée comptant. On requ
charrettes pour tranporter au fort Louis le vin et la\
salée.
Au mois de décembre 1622, les échevins reçuren
ordonnance de M'" de Barentin adressée aux élu:
autorisait une taxe de 4,100 livres à répartir sur la v
sur les paroisses d'Allonne, Saint-Pardoux, Secondi<
Xaintray, au sol la livre de la taille. Nous ne somm
renseignés sur les motifs qui avaient fait désign<
paroisses assez éloignées de Niort, dont la contril
fut un dégrèvement accordé à la ville.
Les registres de l'hôtel de ville n'existent pas poi
deux dernières années du siège de la Rochelle. Les
sitions que nous venons de citer ne furent sans
pas les seules imposées à la ville de Niort pendant
lutte mémorable, la dernière des guerres religieuse
ensanglantèrent l'ouest de la France ; mais nous n'av
cause de cette regrettable lacune, aucun détail sur
— 161 —
qui purent encore être exigées. Bien des années après, le
corps de ville cherchait des expédients pour obvier aux
poursuites qu'occasionnaient les dettes contractées pen-
dant le siège de la Roclielle.
Les frais d'hôpital pour les malades et blessés de
l'armée se renouvelèrent certainement toutes les fois que
des troupes furent massées sur les côtes du Poitou et de
l'Aunis. Le cas se présenta plusieurs fois sous le régne de
Louis XIV, mais nous n'avons aucun document explicite à
cet égard. Plus tard, pendant la guerre de sept ans et pour
le même motif, les menaces de descente des Anglais, des
forces importantes furent rassemblées à proximité de
Niort, et notre ville fut une des places sur laquelle on
évacua les malades ; de blessés, il n'y en eut pas, aucun
engagement n'ayant eu lieu dans la région. Les registres
municipaux d'alors nous renseignent avec détails sur les
dépenses qui furent de ce chef imposées à la ville.
Nous avons vu le régiment de Niort en partie mobilisé,
lors de l'occupation de l'ile d'Aix par la flotte anglaise, en
1757 ; l'émotion fut grande à Paris, d'oi^i l'on expédia
en grande hâte la maison du roi, suisses, mousquetaires,
tous corps qui ne faisaient campagne que dans des circons-
tances exceptionnelles. La leçon porta ses fruits et
l'imprudence commise de laisser dégarnis de troupes les
abords de Rochefort fut réparée. La suite prouva que les
précautions n'étaient pas inutiles ; au mois d'avril 1758,
une escadre anglaise attaqua, à l'embouchure de la
Charente, cinq vaisseaux de ligne et des transports cliargés
de troupes et de munitions pour le Canada, dont ils empê-
chèrent le départ. L'année suivante, le maréchal de
Conflans se fit battre par l'amiral Hawke â la hauteur de
Belle-Isle, et une partie de ses vaisseaux se réfugia dans
la Charente qui fut après cela bloquée par la flotte anglaise.
Enfin, en 1761, les Anglais s'emparèrent de Belle-Isle, et
plus que jamais les côtes de la Bretagne, du Poitou et de
l'Aunis furent incessamment menacées. Pendant cinq ans,
jusqu'il la paix de 1763 , il fallut y maintenir pour la
défense des forces importantes.
11
un Dopital militaire. Lelai des religieux de la Chî
l'hôpital général étaient reconnus insuffisants; c
dernier, on construisait alors des bâtiments nei
n'étaient pas terminés. Par ordre de l'intenda
aménagea quelques appartements des casernes non
occupées et la ville y fit placer de suite cent lits comp]
En 1758, il devint nécessaire d'en ajouter douze aul
Dans la séance du 25 septembre, les échevins
informés que le maréchal de Sennecterre annonçait
de cinq à six cents malades; on ne savait où les
Il fut question de prendre l'église Notre-Dame,
vaisseau assez vaste à portée de l'hôpital de la C
mais qui pourrait être trop froid. Cette raison fit
porta ses vues ailleurs.
Le supérieur de la Charité résidait à la Rochelle
maire et un échevin, M'' Moriceau, s'y rendirent e1
convenu qu'on prendrait la maison des religieu:
faisant des aménagements aux frais de la ville. Il s'a
d'une maison que l'ordre possédait., attenant â l'hôp
qu'il louait au sieur Leballeur, capitaine de la briga
fermes. On y pouvait mettre 26 lits, moyennant qv
travaux. Ordre fut donné à Leballeur de déloger
ville s'engagea à payer les 150 livres de loyer qu'il d
aux religieux. Mais ce local devint insuffisant; o
encore une maison qui appartenait au curé de
Dame, située vis-à-vis l'hôpital, pour laquelle on lui
en 1763, 90 livres de loyer et d'indemnité pour dé,
lions. On plaça des malades, même dans la chapelk
Charité; enfin, à un instant où leur nombre étai
grand que jamais, la ville occupa durant quinze je
(1) Azsevahlée du 1" octobre 1151 .
(2) Ces 112 lits entrèrent plus tard dans l'ameublement des (
pour l'usage de la garnison.
(3) Assemblée du 25 septembre 1158. G2 livres allouées
voyage de la Rochelle.
— 163 —
jeu de paume qui existait d'ancienne date à l'extrémité de
la rue du Mûrier en face le château (1). Le sieur Guillot,
paumier, reçut 75 livres de loyer et d'indemnité ea égard
à la privation de son revenu ordinaire et de ce qiCil eût
profité par le séjour des officiers de dragons du régiment
Mestre-de-camp général.
Ces dépenses extraordinaires furent payées sur l'excé-
dent du tarif. Les registres, outre plusieurs articles
particuliers, comprennent deux règlements de compte
d'ensemble, l'un dans l'assemblée du 10 janvier 1763,
l'autre dans celle du 11 mai 1767. Le premier jour, on
liquida un total de frais qui s'élevait à 2,354 livres. La
somme avait été avancée par le sieur Suire, marchand^ qui
fut alors remboursé. Il réclama encore, à la date du 17 mai
1763, 314 livres pour cent chemises fournies à l'hôpital de
la Charité, qui lui furent également payées. Le règlement
de compte du 11 mai 1767 (2) est surtout une liquidation
d'avances faites aux religieux de la Charité et rembour-
sables par eux à des termes. déterminés^ sans intérêts ; il
comprend aussi les loyers qui leur étaient dus. Du procès-
verbal d'assemblée de ce jour-là, il résulte que leur maison
fut occupéeparlavillejusqu'au28juin 1766, par conséquent
plusieurs années encore après la cessation de la guerre.
En résumé, les frais de toute nature furent considérables^
et toutefois la ville ne reçut jamais à la fois cinq ou six
(1) Assemblée générale des habitants du 26 février 1612. Pour le
regard de la femme du sieur Gascougnolles et au grand jeu de paume
davant le chasleau, ne sera taxée, attendu que le sieur Gascougnolles,
son mary, est taxé à Tonay-Charente.
(2) Assemblée du 11 mai 1161 . Pour mettre les religieux de la Charité
en étal de recevoir le grand nombre de soldats malades que l'on envoyait
de la Rochelle dans la dernière guerre, la ville leur a prêté, à différentes
reprises. 7,095 livres 13 sols. Ils ont rendu 5,095 livres 13 sols, et doivent
payer 1,000 livres cette année, 1.000 livres en 1768. Mais on leur doit,
pour loyer de la maison occupée, 5 ans et un quartier, du 28 mars
1761, à 150 livres par an, total : 787 livres 10 sols, en outre 80 livres
12 sols, avancées à Paire et Daviau pour réparations locatives. Depuis le
28 juin 1766, elle n'est plus occupée.
de Sennecterre en 1758. Le nombre en avait été
moindre ; « Niort en a reçu jusqu'à quatre cet
fois ))^ dit le procès-verbal du 10 janvier 1763.
On peut remarquer que pendant cette occupai
côtes aucune réquisition de vivres ne fut faite j
troupes. Les délibérations de l'échevinage en <
certainement fait mention.
§ 3. — Garnisons et troupes de passage.
Logements militaires
Dans la séance du 4 juin 1454, le corps de ville
une délibération pour faire fournir le logement et
à quinze lances de la compagnie de Lohéac, c'es
nne centaine d'hommes. Le maréchal de Lohéac
des capitaines qui, l'année précédente, avaient cor
devant Castillon et chassé, par une brillante vict(
Anglais des der^iier-s points qu'ils occupaient en Fr?
28 juillet, les échevins décidaient que l'on écrirait
tenant du maréchal pour que les gens d'armes qui
logé en ville eussent à payer ce qu'ils devaient. L
tants, à cette époque, qui est celle des premièi'es
permanentes, prétendaient donc être indemnisés c
par eux faits pour le logement et l'entretien des
En fait, ils ne le furent jamais entièi^ement ei
temps ; les chai^ges à cet égard furent toujours très
et redoutées des particuliers astreints au logemer
ce qui est du budget de la ville, les deniers comn
fur et à mesure de l'accroissement des armées, fu
plus en plus mis â contribution. Dans certains ca;
avait bien â faire qu'une avance de fonds, sauf à
ensuite avec les officiers ou les munitionnaii^es ;
remboui'sements subissaient de longs délais et ne
tuaient pas toujours intégi'alement (1).
(1) Plus se charge le conlable de la somme de six cens livr
receue en la ville de Poitiers des sieurs et Thebaul
— 165 —
Les registres de 1535-1538, très complètement analysés
par Apollin Briquet, ainsi que nous avons eu occasion de
de le dire, nous fournissent des détails circonstanciés au
sujet dos garnisons et logements militaires de ce temps-là.
Le 30 juin 1535, le corps prit une délibération pour le
logement de la compagnie de M'' de Montpezat qui venait
tenir garnison à Niort. Il fut attribué une indemnité aux
logeurs, à raison de 20 sols par mois pour les gens d'armes
et de 10 sols pour les archers. Les fonds pour cela devaient
être faits par une taille (1) mise sur tous les habitants et
même les gens d'église, à raison de leurs facultés et de
leurs logis, en exceptant toutefois les habitants payant
moins de 20 sols de taille et ceux qui logeraient, malgré
l'indemnité qui leur était accordée, ce qui prouve qu'elle
n'était regardée que comme une compensation insuflBsante
des charges qu'ils avaient à supporter.
Quant â ravitaillement^ c'est-à-dire à la fourniture de
vivres et autres denrées à faire pour les troupes, la ville
devait y pourvoir conformément aux ordonnances (2).
Voici le résumé des règlements qui existaient à cet égard :
Les gens d'armes devaient être logés dans les villes closes
du royaume et s'y fournir de vivres et provisions, tant
au payement des estappes pour une estappe de six cent soixante livres
dheue au corps, sur laquelle il aurait fallu faire remize de la somme de
soixante livres, sur les diffîcultez apportées par les préposez au
payement. {Comptes de Pierre Jouslain, maire, 1654. Archives de
Niort, n» 892.)
(1) Assemblée du 25 janvier 1537. On nomme des commissaires
pour lever les deniers à mettre sur les habitants pour payer le logement
des gens d'armes. Sont nommés : A. Coyault, F. Guilhera et J. Gaillard.
Assemblée du 29 murs 1538. Les comptes de P. Thibault et
Fr. Gaucher, commissaires pour lever les deniers pour payer les loge-
ments des gens d'armes, ont présenté un reliquat de 6 à 7 livres qu'ils
veulent garder pour leurs frais et vacations. Délibéré qu'ils seront
contraints par corps à rendre ce reliquat.
(2) Ordonnances sur le service et larésidence des gens d'armes. La
Ferté-sous-Jouarre, 20 janvier 1514. Bordeaux, 15 juillet 1530. {Recueil
d'Isarabert, t. xii, pp. 2 et 346.)
vivre sur le pauvre peuple des champs. Pour ce
gouverneur du pays ou son lieutenant, avec les offici»
roi, le capitaine ou lieutenant des corps en garnis
quelques bons prudhommes de la ville, se réunissai
faisaient la taxe des vivres en ayant égard à l'abon
etferlilité qui pourra être au pays, et aussi aux
qu'ont les gens de guerre, le plus près de la raiso
faire se pourra. Puis on faisait le département sur c
paroisse de ce qu'il conviendrait fournir ; cet acte (
être signifié aux bonnes gens par un sergent ou autre
en même temps qu'ils seront duement avertis de ce
devront, chacun en droit soi, fournir et mener par se.
en la dite ville pour la provision des dits gens d'ar^
pour être mis en munition, laquelle deux prudho
de la ville auraient cJiargede la recevoir pour la dé
aux gens d'armes, en les payant selon le taux qui en
été fait et après des deniers qu'ils en recevront en
les bonnes gens. Les officiers municipaux étaient spt
ment chargés d'assurer l'approvisionnement ; les c
nances édictaient des pénalités, à la fois contre cei
villages qui seraient défaillants d'apporter et con1
officiers des villes qui commettraient des abus, des exa
dans la gestion de ces fournitures. L'article troisièi
l'ordonnance de 1530 introduisait ou rappelai
exception à l'obligation imposée aux gens d'armes de
entièrement ce qu'ils avaient reçu ; il les dispens
payer le bois, la paille et autres menues choses con^
aux anciennes ordonnances.
Il y avait, d'après les règlements ci-dessus, p
beaucoup d'arbitraire dans l'établissement de la ta]
vivres et dans le département des paroisses contribu
D'un autre côté, la peine et la responsabilité étaient gi
pour ceux quidevaient pourvoir a ces approvisionne!
Aussi ne sera-t-on pas surpris de voir les écbevins de
louvoyer au milieu des difficultés et s'efforcer, pî
présents faits à propos, de se rendre favorables les
militaires.
— 167 —
Le 19 juin 1535, le corps de ville nomma pour ravitail-
lement trois commissaires qui furent les sieurs Pierre
Combault, Guillaume Joyeux et Robin Desmoulins. Ces
fonctions étaient attribuées pour six mois ; elles n'étaient
pas gratuites, car lesdits commissaires touchaient des
vacations après qu'ils avaient rendu compte (1). Puis on
fit porter les commissions d'avitaillement dans les paroisses
et seigneuries désignées (2). Mais deux d'entre elles se
dirent exemptées par M'' de la Trémoille, gouverneur du
Poitou ; c'étaient la principauté de Marsillac et la capitai-
nerie de Chizé. Les échevins députèrent, à cesujet, Jacques
Laurens, un desleurs(3), pour obtenir deux autres localités
qui supporteraient les charges. Le gouverneur répondit à
messieurs du corps de ville la lettre suivante, datée de
Thouars le l"'" juillet 1535 :
« Messieurs, vous entendez que la terre de Marsillac est
loin de contribution et appartient à Madame de la Roche-
foucauld, et pour ce je vous prie d'adviser quelque autre
ayde à la moindre charge et oppression du peuple qu'il
vous sera possible, et je vous le feray bailler en m'en
advertissant ; par ce moyen tenez exempt le dit lieu de
(1) Assemblé du 12 décembre 1535. Pierre Combault et... chargés
de lever les vivres sur les seigneuries et paroisses contribuables, disent
qu'ils ont exercé cet emploi depuis le 19 juin dernier, et qu'à la fin du
mois il y aura plus de six mois ; demandent â être déchargés de
leur commission et à rendre leurs comptes. Sont nommés pour les
remplacer Jehan Arnauldet, François Pern, marchands.
Assemblée du 29 décembre 1536. Les anciens commissaires pour
ravitaillement demandent à être payés de leurs vacations ; délibéré
qu'il leur sera fait taxe, après que leurs comptes auront été ouis et clos.
(2) Assemblée du 27 octobre 1536. En juin 1535, Martin Clerc a
porté les commissions d'avitaillement à Mougon, Notre-Dame de
Celles, Ensigné, Civray, Aulnay Ville-Dieu d'Aulnay, Chizé, Dam-
pierre-sur-Boutonne, Marsillac. Villefaignan, Tusson, Fontaines,
Chef-Boutonne, Coutures, Paizay-le-Chapt, Asnières et Villemort. Il a
passé huit jours et reçu 50 sols.
(3) Assemblée du 9 juillet 1535. Le député reçut sept livres pour ses
frais de voyage.
je prie Dieu Notre Seigneur vous donner ce qu<
désirez. »
La terre de Marsillac avait été comptée pour un 1]
d'armes et deux archers. Nous ignorons la quote-ç
Chizé et les registres ne nous apprennent pas s'il fu
bué d'autres localités en échange.
Avant l'arrivée de la garnison^ le maréchal des 1
le fourrier, avec un guidon, étaient venus marqi
logements ; le corps de ville, pour les bien disposer,
qu'ils seraient défrayés et leur donna en outre les (
des trois derniers pairs reçus, soit 30 livres, en lei
mettant de plus celle du premier qui serait admis.
Les commissaires aux vivres devaient veiller
fraude qui se commettait fréquemment ; on leur ce
plus de chevaux qu'il n'y en avait en subsistan
6 septembre, il fut proposé au sein du coi'ps de v
nommer un contrôleur pour vérifier la manutentii
vivres et le nombre des chevaux ; mais on considéra
suffisant que les commissaires retirassent des cer
des habitants qui logeaient les gens d'armes.
Cette garnison de la compagnie de Montpezat \
en février 1536, mais non sans encombre. Elle fu
mandée, au moins dans les derniers mois, par le m
des logis qui se nommait Jehan de Saint-Martin, éc
seigneur dudit lieu. Cette désignation el la similil
nom font croire qu'il était frère d'un échevin de
Malgré cela, l'entente ne fut pas parfaite entre In
corps de ville. Les commissaires avaient retiré des
pour 26 hommes d'armes et 52 archers, en comptai
archers par homme d'armes. Au mois de février, ]
de Saint-Martin réclama d'autres vivres et de no
logements ; quelques-uns des gens d'armes menaçf
prendre les champs s'ils n'étaient avitaillés conv
ment. La peine édictée en ce cas était grave cèpe
il ne s'agissait pour eux de rien moins que d'être
et étranglés par leurs gorges. Touieîoïs, les éche>
— 169 —
se défiaient peut-être de la connivence de leurs chefs
déclarèrent que l'on chercherait à les satisfaire.
Le 8 mars, après le départ des gens d'armes^ le corps
ordonna une enquête sur les exactions commises par eux
envers les marchands, au moment où ils allaient quitter la
ville, et sur les autres excès commis précédemment. Cette
enquête, suivant la délibération, devait être adressée à
M'"* de Montpezat et de la Trémoille.
A la fin de l'année 1536, une nouvelle garnison fut
envoyée â Niort. M'^ de Bonnefons présenta une commis-
sion cpii le chargeait de faire loger en Poitou les cent
hommes d'armes des compagnies Dacier et de Crussol. Le
duc de la Trémoille écrivait en même temps que ces com-
pagnies venaient de servir le roiâ la conquête de la Savoie.
M"" de Bonnefons vint à Niort et demanda â être défrayé ;
le corps lui alloua d'abord 20 livres. Les délégués des
autres villes qui recevaient partie de cette garnison se
réunirent à Niort, pour faire la répartition des gens
d'armes, et durent contribuer au paiement des dépenses
que faisait le commissaire royal à l'auberge du Dauphin
oià il était installé. Ils donnèrent pour leur part 19 écus sol;
restaient 13 écus qui furent payés sur l'ordre du corps
de ville à Giraudeau, hôte du Dauphin (1).
M'' de Bonnefons paraît avoir été un commissaire peu
accommodant. Le Corps lui offrit d'abord douze écus pour
avoir égard à la ville et à son ressort. 11 les refusa; alors,
dans l'assemblée du 29 décembre 1536, on décida de lui
faire présent de trois rondelles de vin, jusqu'à concurrence
de 15 livres, à prendre sur les deniers des intrants. Cela
ne l'empêcha pas de remontrer que, d'après l'ordonnance
du roi donnée â Amboise, les vivres des gens d'armes
devaient être exempts du huitième, dixième, quatrième et
(1) L'auberge du Dauphin était rue Saint-Gelais, à la hauteur de la
rue Vieille-Rose. A l'entrôe de cette dernière se trouvait un puits appelé
d'abord puits Dauphin, du nom de lauberge, puis ensuite puits du
Relais, à cause du voisinage de la poste aux chevaux.
— 170 —
autres subsides, et que l'on eût en conséquence b. déléguer
un homme pour détailler aux gens d'armes le vin exempt
d'impôts. Le corps lui répondit qu'il pouvait se décharger
de ces impôts en achetant le vin en gros (1). Le commis-
saire royal fit encore une autre réclamation, et celle-ci
était personnelle ; il prétendit avoir droit à ses munitions,
sans rien payer aux commissaires de ravitaillement. Les
échevins ne cédèrent que dans une certaine mesure ; ils
lui donnèrent pour tout une pipe de vin (2). à prendre sur
les deniers des intrans. Déjà ils en avaient donné une au
capitaine des gens d'armes, présent d'usage au moment
de son entrée en garnison (3). La dispense de payer les
munitions, qui avait été à peu près refusée à jM"" de Bon-
nefons, fut accordée au fourrier de la compagnie Dacier (4).
Le corps de ville éleva le taux des logements beaucoup
au-dessus du tarif de l'année précédente. Par délibération
du 12 décembre 1536, il alloua 40 sols par mois pour un
homme d'armes et 25 pour un archer, afin d'alléger les
frais de ceux qui logent, dit le procès-verbal. Malgré cela,
il y eut des réclamations ; on fit valoir, entre autres
raisons, qu'à Fontenay et autres lieux on donnait 60 et
40 sols. L'échevinage accorda, le 17 janvier 1537, que les
logeurs recevraient 60 sols par hom.me d'armes et 30 sols
par archer. Les fonds devaient être levés, par une crue sur
la taille au sol la livre, sur tous ceux payant au moins
20 sols de taille. Le taux était donc triplé ; cette très grande
différence des tarifs de 1535 et 1537 fait croire que les
commandants de la garnison avaient imposé des exigences
nouvelles pour l(;s logements. Toujours est-il que le corps
de ville prit des mesures pour s'assurer au moins que les
(1) Assemblée du 17 janvier 1537.
{2) Assemblée du 23 février 1537.
(3) Assemblée du 25 janvier 1537.
(4) Assemblée du 27 avril 1537. Sur sa requête, Jehan Desbordes,
écuyer, fourrier de la compagnie Dacier, est exempté de payer ses
munitions aux commissaires de ravitaillement pour les mois précédents
et suivants.
— 171 —
logements comptés étaient effectifs ; le procureur syndic
et le secrétaire reçurent mission de visiter les maisons et
de constater la présence des gens d'armes ; il leur fut taxé
des vacations pour ce travail. Les registres contiennent
plusieurs procès-verbaux de ces visites.
Dans l'année 1537, les délégués \:)0\.\r le département dea
gens d'armes se réunirent à Fontenay, et ce fut à Par-
tlienay que furent convoqués ceux qui devaient faire la
taxe des vivres. Pour la première opération, les députés de
Niort, au nombre de six^ furent absents cinq jours, du
vendredi 2 février au mardi suivant. Ils versèrent quatre
écus d'or pour la quote-part de leur ville dans la dépense
faite par M' de Bonnefons. Quant à la seconde affaire, les
députés furent le maire et les trois commissaires de ravi-
taillement nouvellement nommés; ils se rendirent à Par-
thenay le 24 juillet. Antérieurement, dans une séance du
corps de ville tenue le 16 juin, il avait été dit qu'il con-
viendrait de diminuer le prix du foin fourni par les
paroisses contribuables, à cause de la fertilité de cette
année. Il fut arrêté, à la suite de cette proposition, que
l'on en conférerait avec le lieutenant du sénéchal. On doit
conclure de là que le prix payé par les gens d'armes était
inférieur à celui que la taxe accordait aux producteurs,
aux bonnes gens, comme disaient les ordonnances. Sans
cela, on ne s'expliquerait pas que l'échevinage de Niort
prît l'initiative d'une réduction des prix d'achat. Si la
ville, au contraire, supportait la différence, elle y avait
intérêt.
Une portion seulement de la compagnie Dacier était
logée dans Niort ; à la fin de juin, le maire fut prévenu
que le capitaine de Gavarres allait venir pour faire en
ville la montre de toute la compagnie. « Toutes les mon-
tres », dit le procès verbal d'assemblée du 30 juin, « ont
été faites à Niort, ainsi que l'assiette de la garnison et la
répartition des compagnies Dacier et de Crussol ; il con-
viendrait que celle-ci, qui sera encore à la grande foule
du peuple, eût lieu dans une autre ville. » Ces revues
— 172 —
étaient souvent en effet la cause de désordres, niul^^ré les
précautions extraordinaires que prenait l'échevinage (1).
Aussi fut-il décidé que l'on enverrait un exprès à Poitiers
pour obtenir ce changement. Le 13 juillet, le corps eut à
répondre à une demande des gens d'armes, en résidence à
Sainte-Hermine, qui auraient voulu être logés à Niort,
au lieu et place de ceux de la garnison qui étaient absents.
Les éclievins refusèrent, disant qu'ils ne devaient le loge-
ment qu'à ceux qui avaient été ordonnés être en garnison
à Niort, si ce n'est en cas de montre.
Au mois d'octobre, la compagnie Dacier quitta Niort;
le 26 de ce mois, on votait 15 sols à Jehan Delaunay qui,
sur l'ordre du corps, allait à Saint-IMaixent chercher la
dépêche pour faire déloger les gens d'armes.
La garnison de l'année 1538 donna lieu â des incidents
beaucoup plus graves que les précédents. Le premier
février, le corps de ville délibérait au sujet de l'avis qui
lui en avait été donné. La compagnie du sieur de Saint-
Pol, duc d'Estouteville, composée de cent hommes
d'armes au complet, venait prendre ses quartiers en
Poitou. M'" de la Trémoille avait envoyé le sieur de
Daillon (2), l'un des gentilshommes de sa maison, pour
(1) Assemblée du 13 juillet 1535. Il est défendu aux enfants et com-
pagnons de porter des armes par la ville, de ne courir la nuit dans les
rues et sous les halles et de ne faire aucune insulte aux gens d'armes ;
il est enjoint aux hôteliers qui auraient ôté leurs enseignes de les
remettre et de loger les gentilshommes qui viennent à la montre.
Il est de."endu aux bouchers d'enchérir la viande et de vendre aux
étrangers les bétes dont la ville doit être fournie, et aux revendeurs
d'enchérir leurs marchandises, aux taverniers d'enchérir le vin. et
doivent le vendre déchargé de tout droit de huitième et dixième.
Assemblée du 12 mars 1538 Seront faites inhibitions et défenses à
tous marchands, hôteliers, revendeurs, pannetiers et autres qui amènent
vivres pour vendre en cette ville de ne pas les enchérir à cause de la
montre des gens d'armes, mais de les vendre à prix raisonnable ;
autrement sera prompLement pourvu aux dits prix à peine de confiscation
et d'amende.
(2) Les de Daillon sont plus connus sous le nom de du Lude. C'est
Guy de Daillon, comte du Lude, qui assiégea Niort pendant les guerres
de religion, en 1569.
— 173 —
faire le département ; celui-ci avait établi pour les vivres
un règlement, dont les procès-verbaux d'assemblée repro-
duisent les traits principaux : « Les logis et ustensiles
des dits hommes d'armes seront payés par les dites
paroisses (1), selon leur regard ; il est ordonné que les
munitions pour les gens d'armes seront par mois de
25 quintaux de foin, 25 quintaux de paille, 50 boisseaux
d'avoine, mesure de Niort, 12 charges de bois en hiver et
8 en été ; aux archers, il sera donné moitié. Pour chaque
quintal de foin, il sera remboursé 2 sols tournois ; pour
chaque boisseau d'avoine, 12 deniers. » Les échevins
étaient invités à nommer des commissaires pour ravitail-
lement M'' de Daillon, ainsi que le maréchal des logis et
le fourrier, voulaient être défrayés des dépenses qu'ils
avaient faites dans la ville, lors du département (2). Le
maréchal des logis entendait placer lui-même les gens
d'armes, sans recevoir les logements fixés par l'adminis-
tration communale.
Le corps de ville se mit en mesure de donner satisfaction
il ces demandes qui, sans nul doute, excédaient la lettre et
l'esprit des ordonnances. Le secrétaire, Jehan Chalmot,
passa cinq journées pour les assignations, expéditions et
pour le bien public. Il requit^ â l'assemblée du 22 février,
taxe de ses vacations, en considération du travail qu'il
avait eu et de ce que ses gages étaient moindres de tous
les officiers de la ville ^ voire même des sergents. On lui
alloua pour ce travail extraordinaire 60 sols.
(1) La liste n'en est pas aux registres.
(2) Jacques Sarreau, hôte de Saint-François, remit le détail suivant
des dépenses faites dans son auberge .
Le commissaire, le maréchal des logis et le fourrier, au nombre de
sept hommes et sept chevaux, restèrent le samedi et dimanche jusques
après déjeuner ; soit 15 sols par homme et par cheval. Total : i05 sols.
Le secrétaire et le sieur Barraull sont restes pendant cinq jours et ont
fait chez lui 20 tables à 4 sols la table, compris la chandelle et le bois.
Total: 4 livres. Plus 6 tables de Jehan Berthelin l'aîné, Régnier,
Garnier, Pierre Leraoyne, appelés par le commissaire, qui sont 24 sols
et 6 tables du secrétaire et du sieur Barrault pour le samedi et dimanche
matin qui sont 24 sols.
— 17/i —
La compagnie de Saint-Pol était des plus indisciplinées.
Dès le mois de mars, les hommes se mirent à tenir les
champs, sans vouloir retourner à leurs garnisons, à moins
qu'on ne les fournit de vivres pour eux, leurs serviteurs et
leurs chevaux, sans rien payer jusqu'à la montre pro-
chaine. Le corps employa le moyen habituel ; il décida,
le 12 du mois, que l'on ferait présent au maréchal des logis
de trois barriques de vin de la Foye-Monjault à 100 sols la
barrique ou d'un marc d'argent, s'il le préférait, joowr sou-
lager la ville autant qu'il le pourrait. En même temps,
on dépécha Jehan Chalmot vers le duc de la Trémoille^
avec mission de solliciter de lui les mesures convenables
pour faire rentrer les gens d'armes dans la garnison et les
forcer de recevoir leurs vivres selon l'ordonnance de M'" de
Daillon.
Les gens d'armes ne rentrèrent point dans leurs quar-
tiers, pas tous au moins. Le 2 juin, un certain nombre
battaient encore la campagne, commettant des oppressions
et exactions sur le pauvre peuple, et ce jour-là les échevins
faisaient commencer une information sur ces désordres.
Le lieutenant de la compagnie, M"" de la Faiolle, était
cependant venu à Niort prendre le commandement jusque-
là exercé par le maréchal des logis ; on avait décidé, pour
se le rendre favorable, que chaque jour il lui serait envoyé,
aux frais de la ville, quatre grands pots de vin à chaque
repas. Dans le mois précédent, la compagnie avait été
réunie pour la montre générale ; il avait même été question
de faire cette revue à Niort dans le temps de la foire de
mai. Les échevins, efîrayés du désordre que pouvait causer
ce rassemblement de soudards en ce moment d'affluence,
gratifièrent le maréchal des logis de dix écus sol, lui
promettant en outre qu'il recevrait tous ses vivres sans
payer, s'il obtenait que la montre eût lieu dans une autre
ville.
Dans l'intervalle, il s'était produit d'autres faits au pré-
judice de Niort et des villes du Poitou qui avaient aussi
garnison. M"" de la Trémoille, après avoir reçu le secrétaire
— 175 —
de l'hôtel de ville, député auprès de lui, l'avait renvoyé à
M"" de Daillon qui fit alors, sans doute pour apaiser les
gendarmes, une taxe des vivres, dont le taux était excessif
et à la foule da pauvre peuple {1). L'exaction était telle
que les villes intéressées résolurent d'envoyer en cour
pour obtenir réforme de ce tarif. Parthenay et Saint-
Maixent promirent 40 écus pour leur part des frais de
députation ; Niort 20 écus, plus 10 pour Fontenay qui ne
voulait pas contribuer. Le rendez-vous des délégués était
à Poitiers. Le receveur, qui était allé dans cette ville pour
y porter les 30 écus, revint le 9 avril et annonça que le
voyage avait manqué par l'absence du lieutenant de la
justice, que cependant il s'était entendu avec M'" de Saint-
James, procureur du roi â Poitiers, qui allait en cour pour
les affaires de la ville. Ce dernier s'était chargé de la lettre
du sénéchal, et on lui avait promis 30 écus s'il obtenait
une réponse favorable, savoir : 15 de la part de Niort et
15 de celle de Saint-Maixent.
Il est probable qu'il fut fait droit dans une certaine
mesure aux plaintes des villes du Poitou, car, le 22 mai,
M"" de la Trémoille adressa de son cliâteau de Thouars une
ordonnance nouvelle sur les vivres, plus équitable, comme
le prouve une délibération du corps du 30 mai. Le lieute-
nant de la Faiolle requérait que les vivres fussent fournis
aux gens d'armes selon le dernier taux fait par M*" de
Daillon. On lui répondit que la livraison serait effectuée
suivant le règlement du 22 mai et que, si les gens d'armes
y contrevenaient, ce serait â leurs risques et périls.
Les registres s'arrêtent là, et nous ne savons pas si la
garnison de 1538 présenta d'autres incidents. Jusqu'à la
période des guerres de religion, les choses durent se passer
à Niort à peu près de même, sauf quelques variantes ; nous
n'avons du reste aucuns documents à ce sujet, les papiers
secrétariaux présentant ici une lacune de près de trente
(1) Les registres de l'hôtel de vilie ne produisent aucun chitTre à cet
égard.
— 176 —
années. La guerre civile interrompit nécessairement le
régime régulier des garnisons, mais il est remarquable
qu'après la pacification, et pendant plusieurs années, la
ville de Niort ait été dispensée de recevoir des troupes en
subsistance. Les registres de 1600 à 1625 ne contiennent
aucune désignation précise de corps ou compagnies logées
à Niort, comme nous l'avons vu de 1.535 à 1538 et comme
nous le verrons encore après 1630; ils ne mentionnent
d'autres venues de gens de guerre que celles nécessitées
par les troubles qui eurent lieu pendant la minorité de
Louis XIII, et se renouvelèrent avec plus ou moins de
violence jusqu'à la prise de la Rochelle. Il y avait cepen-
dant la garnison permanente du château, et quelques-uns
des hommes qui en faisaient partie étaient peut-être logés
en ville. C'est à ceux-ci et aux troupes de passage que
peuvent s'appliquerles termes d'une délibération du 2 mars
1601. Le corps fait valoir, à l'appui de ses réclamations
contre l'impôt de ]'à pancarte, que les h?ihit?ints ont toujours
eu les soldats et gens de guerre logés en leurs maisons et
en ont encore. Dans les années qui suivirent la réduction
de la Rochelle, de 1630 à 1632, Niort fut ravagé parla
peste et le moment n'était pas opportun pour y rétablir des
garnisons. En fin décompte, après l'interruption que nous
venons d'indiquer, la ville ne parait avoir eu de troupes
en quartiers, avec une certaine continuité, que depuis
1634. Un procès-verbal d'assemblée de 1642, concernant
des violences commises par les soldats du régiment de
Périgord, détermine incidemment cette date par un détail
rétrospectif (1).
(1) Assemblée du 7 février lG'i2 Le dict seigneur de Villemontée
sera veu de la part de ceste coramunaulté .. les dicts députez lui feront
entendre les grandes plainctes que toute ceste ville a subjectde faire des
cinq compaignies du régiment de Périgord qui ont commis en ceste
■ville des assassinats, vols et violences. . sera supplié d'en descharger ceste
ville qui a toujours souffert des lorjements pendant sept à huict ans..^
qu'il lui plaise aussy enipescher le logement des gardes de Mgr de la
Meilleraye, parce que ce seroit accabler entièrement ceste ville, la com-
— 177 —
Une délibération bien antérieure, du 19 juin 1G25,
contient, il est vrai, des plaintes très vives de l'échevinage
contre les excès des gens de guerre ; mais, d'après sa
teneur (1), il s'agit de troupes cantonnées en dehors de la
ville. Les plaintes de cette nature reviennent fréquemment
dans les registres; les populations avaient en effet beaucoup
à souffrir des brigandages des gens de guerre, bien que
les peines portées contre eux par les règlements mili-
taires fussent des plus sévères. Il n'y en avait guère
d'autre que la mort, rendue seulement plus atroce pour
les cas les plus graves. Un des supplices usités était
V estrapade^ qui consistait à hisser le patient au haut
d'une potence, d'où on le laissait retomber avec une telle
force qu'il se brisait les membres sur le sol. Les villes de
garnison fournissaient l'instrument qui, sans doute^ était
dressé en permanence comme épouvantail. Nous avons aux
registres de 1640 le montant de la dépense qu'ordonna le
corps de ville pour l'estrapade des gens de guerre (2).
En dépit du caractère draconien des ordonnances, les
paignie des dicts gardes n'ayant de subsistance, ny de fonds pour ses
estappes, ainsy qu'il a esté faict entendre par le sieur de Foucaud,
capitaine de la dicte compagnie.
(1) Assemblée du 19 juin 1625. Ont esté nommez à la pluralité des
voix les dicts Laiguillier, esclievin, pour eux se transporter vers le
maréchal de Praslin sur fait de violences qui se commettent par les
gens de guerre dans les bourgades, villages circonvoisins , que même
sur les grands chemins les pauvres villageois n'osent plus passer pour
aller au marché et à leurs atfaires La somme de dix livres leur sera
allouée pour ce voyage.
(2) Assemblée du 30 mars 16i0. Sur la proposition d'ordonner du
payement de la somme de 33 livres 4 sols à Jacques Morin, Thomas
Giraud et Zacharie Garnaud pour avoir fourny des bois et des choses
nécessaires pour faire une estrapade pour les gens de guerre
cy devant en garnison en ceste ville, ainsy qu'il appert de l'arrest des
commissaires nommez par le corps, du sixiesme juin 1639, est délibéré
par tous et par nous conclud à la pluralité des voix que la somme de
33 livres 4 sous sera payée par le recepveur des denyers communs et
d'octroy, auquel elle sera allouée raporlant la partie et acquit des dicls
Morin, Giraud et Garnaud.
12
— 178 —
désordres de toute sorte, les attentats contre les personnes
et les biens étaient trop fréquents, là où il y avait une
garnison ou un cantonnement de troupes. Les officiers
montraient une grande tolérance et repoussaient le plus
souvent les justes plaintes des habitants et des autorités
locales. L'esprit de corps était certainement pour beau-
coup dans ce mépris habituel des réclamations, mais on
peut croire aussi que la cruauté des châtiments édictés
allait contre son but. Les chefs se refusaient à reconnaître
la culpabilité de leurs hommes, lorsque la peine était
excessive et hors de proportion avec les faits punissables.
L'autorité supérieure^ en pareil cas, donnait habituel-
lement raison aux chefs de corps.
Le premier essai d'éclairage sous les halles fut motivé^
ainsi que nous l'avons exposé dans un chapitre précédent,
par les violences que commettaient les soldats du régiment
de Périgord, logés à Niort en 1642. La lettre du roi qui
ordonnait cette garnison est insérée aux registres de l'hôtel
de ville (1), et sa teneur nous montre que le système pour
l'entretien des troupes en garnison n'avait pas changé
depuis François premier. Le roi enjoignait d'assurer le
logement et la subsistance des hommes moyennant
remboursement de la valeur des vivres. En effet, les
règlements de cette époque ne présentent aucune diffé-
rence sensible avec ceux de 1530. Il était stipulé une taxe
des vivres, suivant le prix des trois derniers marchés
(1) Assemblée du 27 décembre 16il. A nos chers et bien amez les
mayre et eschevins de Nyort de par le Roy :
« Chers et bien amez, ayant ordonné que l'assemblée des cinq com-
paignies du régiment de Périgord, lesquelles l'on remet sur pied, sera
taicte à Nyort, nous vous mandons et enjoignons par cette lettre que
vous receviez et logiez les officiers et soldats eiïectifs des d. compaignies
à mesure qu'ils arriveront au d. lieu et leur fourniss'ez les vivres
nécessaires j^endant le temps ciu'il y séjourneront en payant, sans
que vous soyez tenus de leur fournir an Ire chose, si ce n'est le couvert
chez les hostes, une place à leur feu et à leur chandelle. N'y faictesdonc
faulte, car tel est nostre plaisir. Donné à Saint-Germain-en-Laye le
xxii™« jour de novembre 1641.» Sicjné : Loiis et plus bas IIurlet.
— 179 —
passés avant l'entrée des troupes dans la garnison^ avec
les maires et eschevins des villes, syndics et principaux
habitants des autres lieux (1). Les officiers et soldats
devaient payer, conformément au tarif arrêté, les vivres
qui leur seraient fournis.
Des changements considérables à cet égard furent
successivement introduits sous le règne de Louis XIV.
D'abord, en ce qui concernait les troupes de passage^ les
corps de ville ne furent plus tenus de pourvoir directement
à leur subsistance. Un habitant prenait à forfait la fourni-
ture de Vétape et faisait l'avance des fonds, qui lui étaient
remboursés plus ou moins exactement; si cependant il ne
se rencontrait pas de soumissionnaire, chacun de ceux qui
logeaient devait fournir les vivres, sauf à être indem-
nisé plus tard. L'indemnité était alors imputée en bloc
sur le produit de la taille (2), puis répartie parles soins du
maire. Les choses se pratiquaient ainsi pour les passages
ou les séjours de peu de durée. Plus tard, il y eut des
étapiers établis à poste fixe par diverses ordonnances, dont
la première est du 27 mars 1668. Les habitants devaient
toujours faire l'avance des vivres ; l'étapier en remettait le
prix, suivant un taux déterminé, aux mains des maire et
eschevins qui faisaient la distribution entre les intéressés (3).
(1) Règlement Tpour les subsistances et la police des gens de
guerre p:ndant l'hiver. Paris, 4 décembre 1651. (iîecueii d'Isambert,
t. xvn, p. 275.)
(2) Assemblée générale des habitants, du 9 décembre 166i. On
annonce le passage d'une compagnie d'infanterie; il s'agit de fournir
l'étape pendant huit jours, à la charge de remboursement à celui qui en
fera l'avance ou estre déduicle sur le fonds des tailles de l'année
1666.
Aucun habitant ne veut prendre l'étape. Arrêté que les soldats seront
logés es maisons des paroissiejis, lesquels gouverneront l'étape
suivant et conformément à l'ordonnance de Sa Majesté et de M^ l'in-
tendant.
(3) Assemblée du 28 juillet 167'2. Le maire fait donner décharge à
lui, ainsi qu'aux sieurs Louveau, Guyot, son prédécesseur, Chebrou,
secrétaire, d'étapes reçues du sieur Thibault, estapier, étapes dont la
distribution a été faite publiquement aux habitants qui avaient eu des
logements à fournir,
— 180 —
Quant â l'entretien des corps en garnison, l'innovation fut
plus importante et fort au détriment des contribuables.
Le pouvoir royal arriva, par la création d'un impôt nou-
veau et spécial sous le nom d'ustensile, â mettre presque
entièrement à la charge des habitants la nourriture des
troupes qui prenaient leurs quartiers dans les dififérentes
villes du royaume.
Les ordonnances du 20 octobre 1674 et du premier
février 1675 fixèrent la contribution de l'ustensile à cinq
livres par jour pour une compagnie de 50 hommes de
pied (1). Il y avait un taux plus élevé pour les chevau-
légers et les dragons. Cet impôt était levé au sol la livre
sur le rôle des tailles, et l'argent encaissé par le receveur
des deniers communs ; les états en étaient dressés par le
maire assisté de quelques échevins et pairs. Le corps de
ville, ainsi chargé de la collecte des fonds, devenait
responsable de leur rentrée.
La règle de répartition proportionnelle à la taille
n'était pas du reste absolue. Nous avons à ce sujet une lettre
de M'' de Marillac (2), intendant de la province, qui pres-
(1) Les premières ordonnances en cette matière faisaient le partage
des cinq livres de l'ustensile comme suit : le lieutenant recevait 6 sols, le
sous-lieutenant 4 sols, l'aide-major un sol, le capitaine 4 livres 9 sols
dont il disposait pour sa compagnie.
(2) « A Poitiers, le lî*^ de novembre 1676
« Je vous envoie mon ordonnance pour ce qui concerne le logement
et l'ustensile des six compagnies qui doibvent tenir garnison dans
votre ville. Il faut que vous l'observiez exactement et que vous
m'informiez de ce que vous ferez pour son exécution, et quoique j'aye
marqué qu'il fallait faire Vinniosilion de l'ustensile au sol la livre,
néantmoins j'esiime, ce que je n'ay peu mettre dans mon ordon-
nance, que vous devez soulager ceux qui logent actuellement et
charger davantage les veufves et autres qui ne logeront pas. Vous
pouvez en faire un résultat à votre maison de ville et me l'envoier de la
part de la ville pour l'aprouver, ce que je feray ; ce sera un expédient
pour donner des aydes à ceux qui logeront, ce qui ne seroit pas facile à
faire d'une aultre manière, à cause que le Roy entendant que le soldat
ne prenne chez son hoste que le feu et la chandelle avec le lict et qu'il
se nourrisse de sa solde, on ne pourroit pas supposer ouvertement qu'il
— 181 —
crit au corps certains tempéraments à apporter dans la
pratique, laisse entrevoir en même temps les extorsions
qui étaient commises par les soldats logés chez l'habitant
et, faut-il ajouter, nullement à l'insu des chefs militaires,
ni de l'autorité supérieure.
L'ustensile n'était dû en principe que pour une garnison
effective; mais le gouvernement royal, par des actes d'un
arbitraire excessif, trouva moyen de faire payer l'ustensile
et au delà par les villes auxquelles il faisait la faveur de les
débarrasser de leurgarnison avant le terme fixé et annoncé
lors de son arrivée. Il exigeait le paiement immédiat de
l'ustensile pour tout le temps qui restait à courir, et
en plus une gratification aux officiers et bas officiers.
C'est ce qui se pratiqua à Niort pour le bataillon de
Champagne^ au sujet duquel M'" de Marillac avait écrit sa
lettre du 12 novembre 1676.
Peu après cette date, le bataillon arriva; il y avait six
compagnies. Leur installation fut accompagnée des
désordres habituels. Les officiers avaient refusé de laisser
compter les hommes et, par ce moyen, les soldats avaient
surpris plus de billets de logement qu'il n'y avait
d'effectif. C'était un procédé usité pour battre monnaie;
en coustàt davantage à l'hoste, qui se trouvera soulage en payant moins
d'ustensile. Faites un pied raisonnable sur lequel vous croiriez qu'il
fallût imposer sur ceux qui logeront et sur ceux qui ne logeront pas, et
je l'examineray après que vous me l'aurez proposé pour l'aprouver.
« Je sais que vous avez dans votre corps de ville plusieurs parti-
culiers que vous appelez des pairs, qui sont domiciliés à la campagne
et qui se réservent toujours les honneurs et prérogatives de celte
fonction, et comme il n'est pas juste qu'ils soient du corps pour en avoir
les advantages, sans en porter les charges, faites moi savoir s'ils ne sont
pas résolus à porter leur part de cet ustensile, car je donneray une
ordonnance par laquelle ils seront deschus de leur place au corps de
ville par provisions, pour eslre remplies d'aultres personnes, pendant
que je donneray advis à Sa Majesté pour y statuer définitivement.
« Je vous adresse des paquets que vous rendrez au commandant du
bataillon de Champagne, quand il arrivera dans votre ville.
« De Marillac «
Pour il/i- le maire de la ville de Niort.
— 182 —
ils présentaient, dans quelques-nnes des maisons indi-
quées, les billets qui étaient en sus et se faisaient donner
de l'argent pour s'en aller. ]\Iéme en cas de logements
exactement distribués, ils pouvaient encore frauder et y
réussissaient avec la connivence de leurs chefs ; ils quit-
taient, moyennant finance, la maison assignée et se ren-
daient dans celle occupée par un des officiers, en se faisant
passer pour être de ses valets ou de son équipage; s'ils
n'étaient pas démentis, bon gré mal gré il fallait les recevoir.
Le corps de ville réclamait, déclarait en assemblée que les
sommes surprises seraient versées à l'hûpitel, faisait même
défense aux habitants de composer avec les soldats, sous
peine de 20 livres d'amende, également en faveur de
l'hôpital (1) ; ce n'étaient que vaines paroles. Les hommes
commettaient des excès, volaient du linge et de la vais-
selle ; les officiers refusaient justice et empêchaient même
les échevins de faire faire patrouille par la milice urbaine,
disant qu'ils s'y opposeraient par la force. Aussi le corps
de ville multipliait les démarches pour obtenir le départ
du bataillon.
Environ trois mois après leur entrée, les six compagnies
qui avaient été mises en quartier à. Niort pour 150 jours
furent envoyées ailleurs, mais non sans conditions, comme
nous allons le voir. Le tout est détaillé dans une lettre de
M'' de Marillac (2), qui est un parfait modèle d'exaction.
(1) Assemblée du 31 décembre 1676.
(2) « Chauvigny, ce 30'"'= janvier 1677.
« J'ai reçiL hier arrivant ici les ordres du Roy pour faire partir les
compagnies qui sont dans votre ville, et les ordres que j'ay reeeus
portant de faire paier aux troupes toutte l'ustancille des 150 jours et de
leur faire paier le quart de leur profict de leur quartier d'hyver, voici à
quoy j'estime cela. Le profict que jay accordé aux capitaines est de faire
nourrir leurs soldats; j'estime cette nourriture à 4 sols par jour; c'est
donc un sol par jour qu'il leur faut paier. Il y a deux mois encore de
quartier d'hyver; il faut donc que chaque hoste qui nourrissait paie un
escu, et cela revient à 50 escus par compagnie que je vcus ordonne de
lever incessamment sur les hostes et de paier à chaque capitaine ou à
chaque commandant des compagnies qui sont dans votre ville, c'est-à-
— 183 —
Il s'agissait pour la ville de payer, en plus des 4,500 livres
auxquelles aurait monté l'ustensile durant cinq mois, près
d'un millier de livres de supplément. On ne put colUger
l'argent, mais le receveur avança une partie de la somme
et un marchand prêta le reste ; avant tout il fallait obtenir
le délogement des soldats. J^a quittance du chevalier de
Verdusan, commandant du bataillon, pour les 900 livres de
gratification aux capitaines est attachée au registre. Dans
cette même année, le maire déboursa, pour la descharge
de la ville de quelques passages de gens de guerre, une fois
onze écus, d'autres fois deux écus et même un seulement.
Le corps lui alloua ces sommes sans discussion (1); cela
concernait sans doute des passages de petits détachements
qui devaient séjourner une seule nuit à Niort. On s'arran-
geait avec le chef pour qu'il allât prendre gîte ailleurs.
Les habitants du port et ceux de la paroisse de Sainte-
Pezenne, dont les maisons continuaient le faubourg.
dire qu'il faut paier cela le lendemain que vous aurez reçu ordre, sans
regarder si les compagnies sont.complettes ou non ; si elles ne l'ont pas
esté, sans raisonnement quelconque. Car les troupes ne partiront pas
que cela ne soit pait\ et votre ville répondrait au Roy du retardement de
leur départ. Il faut donc advancer les deux moisd'ustancille de février et
de mars et payer 50 écus par compagnie aux capitaines et commandants,
et rien de plus.
« A l'égard des subalternes, il faut que leurs hostes leur donnent
chacun deux ou trois pistoUes, selon les facultés de l'hoste.
« Il faut que les plus forts de votre ville advancent ces sommes, ou
que vous trouviez entin un expédient pour, le faire. Il faudra d'abord Jaire
aller par la ville et faire entendre aux hostes qu'en paiant un escu
chacun ils seront délivrés de leurs soldats, et à ceux qui doibvent
l'ustancille qu'en payant d'avance les deux mois on sera délivré des
troupes ; par là vous tirerez de l'argent, et le surplus pour parfaire ce
qu'il faudra pour le payement des sommes cy-dessus marquées doibt
estre advancé par les i)liis forts de la ville, et je promets de faire rem-
bourser cela par ceux (jui le debvront et de les y contraindre par garni-
son; cette lectre vous servira d'ordre comme si elle estoit en forme;
c'est pourquoy n'y faictes faulte.
« De Marillac. »
(1) Assemblée du 19 mars 1677.
— ISli —
voulurent se faire exempter des logements militaires im-
posés â la ville, attendu qu'ils ii en faisaient pas partie.
L'échevinage de Niort était fort intéressé â repousser
leur prétention et combattit auprès de l'intendant cette
requête (1), qui en effet ne fut pas admise.
Le procédé que nous venons de voir employé à Niort,
d'exiger l'ustensile, non comme prix de l'entretien d'une
garnison, mais à titre de rançon pour en délivrer la ville,
fut amplifié et généralisé â la fin de 1677. Le deux
octobre, le corps recevait la signification d'un ordre du
marquis de Louvois, en vertu duquel les villes qui vou-
draient être dispensées du quartier d'hiver, au lieu de
payer unedemi-pistole par compagnie et par jour, devraient
payer le double., Niort était coté à 13 compagnies, soit
130 livres à verser par jour. L'assemblée décida que l'on
demanderait modération, en raison des sommes dépensées
pour la réparation du château ^ de celles exigées pour
la taxe des arts et métiers, de la taille excessive et des
charges de la dernière garnison, celle du bataillon de
Champagne. Enfin les récoltes de l'année étaient mau-
vaises ; cela était exact, car, par ordre du roi, du
30 octobre, c'est-à-dire un mois plus tard, l'exportation
du blé fut interdite.
L'un des pairs, le sieur Berault, fut envoyé à Poitiers (2),
pour supplier M' de Marillac d'intervenir en faveur de
la ville. L'intendant fit des promesses assez vagues. Le
(1) Assemblée du 9 avril 1611 ... Nous remonstrerons à Mgr l'inten-
dant que la ville et les faukbourgs fne se doibvent point diviser, et ce
d'autant plus que les habitans du d. faulx bourg du Port font le com-
merce le plus considérable de la ville et tiennent de grands logis oii
ils reçoivent indifféremment toutes les personnes qui viennent en ville,
ce qui a obligé les maire et eschevins de donner en tout temps des
logements à ceux de la d. paroisse de Sainte-Pezenne qui habitent
les faulxbourgs... ; cela se pratique partout, notamment à Saint-
Maixent pour Exireuil ; autrement les babitans se retircraint dans
les faulxbourgs pour estre exempts.
(2) Ses frais de voyage lui furent comptés à 30 livres, plus sept
jours de location de cheval à 15 sols par jour.
— 185 -^
30 octobre^ les habitants furent convoqués en assemblée
générale et consultés pour savoir s'ils voulaient payer le
double ustensile ou loger effectivement les gens do
guerre. Ils déclarèrent préférer la double taxe. Le
20 novembre, le corps, réuni en séance extraordinaire,
entendit lecture d'une lettre de M' de Marillac, qui
annonçait que Niort était coté à douze compagnies au
lieu de treize, soit 120 livres par jour pendant cinq mois,
au total 18,000 livres ; la ville serait contrainte au besoin
par les compagnies de cavalerie de la région qu'on enver-
rait en logement. Puis, le 4 décembre, il y eut contre-
ordre. Le corps était informé de l'arrivée très prochaine
de douze compagnies du régiment d'Anjou, pour lesquelles
on paierait l'ustensile simple, c'est-à-dire 9,000 livres.
On députa de suite avec mission de tenter par toutes les
voies possibles d'être déchargé de cette garnison. L'as-
semblée générale des habitants offrait vingt bourgeois
pour s'engager avec les échevins et pairs au paiement de
18,000 livres. Rien n'y fit et les douze compagnies furent
installées â Niort. Le maire était alors Pierre Jouslain ;
ses comptes nous apprennent que cette garnison ne dura
que trois mois et demi ; ils comprennent quelques articles
de frais occasionnés par les exigences des officiers et les
excès des soldats, tant en quartiers que de passage,
pendant ses deux années consécutives de mairie^ et
d'autres relatifs aux dépenses extraordinaires faites pour
les logements (1).
(1) Comptes de Pierre Jouslain, maire, 167G-1677.
Plus dict le contable que M"" Rouget ayant fait un payement de
1,500 livres-pour l'ustancille aux officiers qui estoient en garnison en
cesle ville, les d. sieurs officiers me rendirent le lendemain une pièce
d'Espagne de 30 sols, de grandeur et de largeur comme iceMe eust été
d'un escu et m'obligèrent, pour la d. pièce de 30 sols, de leur donner
ung escu, ce qu'il a fallu faire pour n'avoir de dispute.
Pour empescher quelques logements de gens de guerre en ceste
ville au temps de la foire de may dernière 50 livres.
Item dict le conlable que le régiment de cavalerie de Laurière ayant
passé en ceste ville, lorsqu'il alla en garnison à Marans et lorsqu'il en
— 186 —
Durant tout le règne de Louis XIV, les choses ne se
passèrent pas autrement ; la levée de l'ustensile fut
arbitraire à Niort ; quelquefois même des corps de
troupes furent envoyés et laissés en quartiers sans qu'il
y eût aucun ordre régulier, ni aucune mesure prise pour
leur subsistance, de telle sorte que la charge de leur
entretien retombait entièrement sur la ville (1). Dans les
est parti, et le d. sieur marquis, maistre de camp, ayant logé au logis
des Trois-Rois, faubourg Saint- Jean, au jour du départ le d. sienr
maire serait allé avec le secrétaire du corps et quelques gagés chez le
nommé de Nyort, cabarctier, qui demeure tout près du logis des Trois-
Rois, pour recevoir les plaintes des habitans et faire faire raison par
le d. sieur marquis de Laurière des dézordres que peuvent avoir fait
les cavaliers, et une autre fois au logis du Chapeau-Rouge, faubourg du
Port, dépensé 2 livres.
Comptes du même, 1677-1678.
Plus dict le conlable qu'une compagnie du régiment de Normandie
ayant passé en ceste ville, La Fortune, gagé de mairie, fut blessé par
plusieurs des soldats, comme il vouloit mettre un homme prisonnier
par ordre de M"" Louveau, qui faisoit la mairie en mon absence, et
que pour panser le d. La Fortune le d. contable a donné 3 livres à
Chevillon, maistre chirurgien.
Pendant la garnison qui a demeuré en ceste ville pendant trois mois
et demi, il a fait plusieurs visites dans les maisons des particuliers
pour recevoir les plaintes des habitans et qu'en faisant ces visites,
crainte d'estre interompu, il a esté plusieurs fois obligé de manger
au cabaret avec ceux qui l'accompagnaient, et selon que la mémoire
luy peut fournir, il a dépensé plus de 15 à 20 livres, demande 15 livr.
Pour l'escurie de la Salle-Dorée qui est soubz les halles, pour y loger
les chevaux du sieur de la Melonnière, lieutenant-colonel du régi-
ment d'Anjou 12 livres.
Pour le grand nombre de logements à faire pendant son exercice,
travail de nuit, flambeaux, etc 80 livres.
Le compte antérieur, 1676-1677, contient pour le même objet un
article pareil 80 livres.
(1) Assemblée du 23 novembre 1688. Propozé par nous d. maire
que ceste ville est accablée par le logement de la compagnie
du régiment des dragons de la Reine, dont le quartier est fini dès le
dernier octobre dernier, pour le d. logement de laquelle nous n'avons
veu aucun ordre, non ilus que pour sa subsistance, et encore la com-
pagnie de chevau-légers du Breuil arrivée du 21 de ce mois, sans que
— 187 —
registres antérieurs à la mairie de AP de Pierre-Levée,
nous relevons plusieurs impositions considérables d'usten-
sile pour exemptions de garnison (1). On observe dans les
ordonnances à ce sujet que l'ustensile est compté à
5 livres par jour et par compagnie, tandis que nous l'avons
vu porté auparavant à 10 livres lorsqu'il s'agissait
d'exemption. Î^Iais le résultat pécuniaire pouvait être
identique ; il suffisait en effet de doubler le chiffre des
compagnies que l'on mettait fictivement en garnison dans
la ville. Pour le temps de la mairie perpétuelle, il n'y a
que peu de documents. En 1701, l'ustensile fut de
7,000 livres ; en 171(3, il y avait une garnison effective
de huit compagnies du deuxième bataillon du régiment
d'Orléans, Le 12 octobre, le corps de ville demandait
d'être délivré de quatre ou au moins deux compagnies, la
charge étant trop onéreuse pour la ville.
En terminant ce qui est relatif à l'époque de Louis XIV,
il est bon de remarquer que sous son règne les dispositions
des anciennes ordonnances, en vertu desquelles les villes
devaient assurer et pourvoir directement a la subsistance
des troupes en garnison, n'étaient nullement abrogées et
nous y ayons reçu aucun ordre pour sa subsistance, et comme celle
ville ne pourrait supporter une telle charge, il serait à propos de députer
quelqu'un de la compagnie par devers M"" de Vérac pour pouvoir obtenir
la décharge.
Arrêté qu'on ira par devers M"" de Vérac et que, si on ne peut
obtenir le délogement, celui qui sera député avec l'un des syndics ira
par devers M"" l'intendant pour avoir un ordre et un fonds pour la
subsistance. On députe J. Vaslet, échevin, et Jean Hillerin, l'un des
syndics de la paroisse de Notre-Dame.
(!) Asse^nhlée du 19 novembre 1689. Communication de l'ordon-
nance de M»" de la Bourdonnaye qui impose lî.750 livres pour exemption
de logement de 17 compagnies d'infanterie pendant 150 jours :
« Ordonnons aux maire et eschevins de faire lever sur tous les
habitants sujets au d ustensile la somme de 12,750 livres en dix
paiements égaux, du 15 novembre 1689 au mois de mars 1690. »
Assemblée du 2 novembre 1691. Communication d'une ordon-
nance qui impose 13,500 livres pour être exemptés du logement de
18 compagnies d'infanterie.
— 188 —
furent appliquées dans les circonstances où le gouverne-
ment y trouvait son intérêt. L'usage de confier le soin
des approvisionnements à des entrepreneurs s'établit
graduellement et ne devint constant c{ue sous les règnes
suivants. Nous pouvons citer à cet égard une lettre de
M. de Foucault (1), l'intendant si connu pour avoir
âprement poursuivi les réformés après la- révocation de
l'édit de Nantes ; la fin de cette lettre est bien d'accord
avec la réputation attacliée à son nom.
Durant le règne de Louis XV, l'imposition de l'usten-
sile se régularisa et ne fut plus l'objet d'ordonnances
spéciales. Sous le nom d.Q fourrage et ustensile, la ville
paya chaque année une certaine somme de contributions
pour l'entretien des troupes en général, et ces impôts
furent compris avec plusieurs autres dans ceux qui
s'acquittaient sur le produit "du tarif de 1718. Le régime
des garnisons fut également modifié ; elles devinrent
(1) « Poitiers, ce 12 avril 1688.
« J'ai reçu des plaintes que vous ni les syndics ne vous mettez en
peine à Niort de fournir le fourrage à la compagnie de dragons qui y
est en quartier ; c'est ce qui m'oblige de vous dire que vous ayez
incessamment à faire faire un magasin de foin, de paille et d'avoine, et
que vous chargiez les syndics de faire la distribution tous les jours
aux dragons, et en cas que les syndics y manquent j'ai donné ordre à
l'ofTicier qui vous rendra cette lettre d'envoyer des dragons chez eux.
A l'égard du logement, il faudra qu'il se fasse chez les nouveaux
convertis qui ne font pas leur devoir de religion, lesquels fourniront
l'ustensile aux dragons. Ne manquez pas, s'il vous plaît, de tenir la
main à l'exécution de tout ce que je vous mande, de telle sorte que je
ne reçoive aucune plainte.
« DE Foucault. »
A MM. les maire et échevins de Niort.
Le 23 avril, l'intendant rendit une ordonnance pour iixer la ration de
chaque cheval de dragons. Elle était de deux tiers de boisseau d'avoine,
mesure de Paris, soit 24 boisseaux au septier, 15 livres de foin,
5 livres de paille. La ville devait être remboursée sur le pied de cinq
sols par ration, sauf la retenue de trois deniers, autrement dit
cinq pour cent, pour l'hôtel des Invalides. {Archives de Niort,
n°s 2698 et 2699).
— 189 —
permanentes, c'est-à-dire que la ville eut toujours en
quartiers quelques troupes de différentes armes, le plus
souvent de cavalerie et même exclusivement par la suite.
Avant la construction des casernes, on louait pour loger
les chevaux toutes les écuries disponibles, principale-
ment celles des auberges, et on fournissait aux soldats
le matériel nécessaire pour le nettoyage journalier (1). La
ville faisait les réparations et était responsable des acci-
dents causés par le mauvais état des locaux (2). Elle
fournissait aussi le bois et la chandelle qui se consom-
maient au corps de garde de la garnison (3). Il y avait
(1) Assemblée du W novembre 1723. A chaque compagnie de'
carabiniers de la garnison, deux fourches de fer, deux pelles, une
civière et des balais pour nettoyer les écuries. A prendre sur les deniers
patrimoniaux .
(2} Assemblée du 11 mars 172i. L'écurie des Trois-Piliers, au port,
menace ruine et écraserait les chevaux des carabiniers, ce qui serait à
la charge de la ville. Les carabiniers se sont emparés de l'écurie du
sieur Hoissard, au Bon-Conseil, qui réclame. Réparations seront faites
sur les deniers patrimoniaux.
Assemblée du 6 avril 1725. Réparations aux écuries de la garnison
pour une somme de 90 livres.
Comptes du receveur, 1725-1730. A M. Desgroges, capitaine de
cavalerie de la brigade de la Motte, pour le prix de trois chevaux écrasés
parla chute du mur de l'écurie des Quatre-Fils-Aymon, 1,000 livres.
Assemblée du 10 mars 1726. Etat des maisons servant de casernes,
au nombre de 14. Total des loyers : 398 livres 18 s. 2 d. Total des
réparations ; 407 livres 11 s.
Assemblée du 4 mai 1727. Etat des réparations aux casernes :
595 livres 4 s.
Assemblée du 18 janvier 1728. Etat des réparations pour le régi-
ment de Clermont : 328 livres 19 s.
Assemblée du 10 juin 1728. Etat des réparations aux casernes :
55 livres 7 s.
Assemblée du 8 juin 1729. Etat des réparations ponr le régiment
de Royal-Cavalerie : 122 livres 17 s.
Assemblée du 25 octobre 1732. Etat des réparations aux casernes
et écuries qui ont servi à la brigade de carabiniers de la Motte :
159 livres 10 s. 3 d.
(3) Assemblée du 3 septembre 1720. Bail au rabais sera fait pour le
— 190 —
enfin un chef de dépense plus important que tout cela ;
c'était le logement des officiers auquel la ville devait
pourvoir sur les fonds communs. Celui des hommes
était une charge personnelle pour ceux des habitants qui
y étaient soumis ; ils le devaient dans les conditions
habituelles, c'est-à-dire donnaient le coucher, place au
feu et à la chandelle, chose déjà onéreuse, sans parler des
vexations qu'il fallait endurer de la part de ces hôtes
exigeants et indisciplinés. Lorsque les casernes eurent été
construites, les habitants ne furent plus astreints qu'au
logement des troupes de passage. Mais les oflSciers, dans
tout le cours de l'ancien régime, continuèrent à être logés
aux frais de la ville. Ce qui changea seulement, ce fut le
mode employé pour leur assurer ce logement.
Dans le principe, les maire et échevins cherchaient et
désignaient les maisons propres à recevoir les officiers. Ils
traitaient avec les propriétaires, car il ne s'agissait plus
ici. d'une place au feu et à la chandelle. Les officiers en
garnison avaient droit à .la jouissance exclusive d'une
maison, ou au moins de partie d'une maison. Il y avait là
naturellement une source de discussions fréquentes entre
eux et l'échevinage ; rarement ils se trouvaient assez
bien logés. On aurait eu cependant moyen d'agir autre-
trement ; il existait un règlement, du 25 octobre 1716,
qui permettait de transformer l'obligation de logement
en une indemnité pécuniaire, suivant un tarif déterminé.
En 1754, la question vint à l'ordre du jour à Niort ; on
discuta l'intérêt qu'il pouvait y avoir à adopter le règle-
ment qui, paraît-il, était appliqué à la Rochelle (1) par
bois et la chandelle à fournir au corps de garde pour les quatre
compagnies d'Orléans qui sont en garnison.
Assemblée du 4 novembre 1722. Mémoire du bois et de la chan-
delle pour le corps de garde delà garnison : 52 livres 4 s. pour 3 mois
et 17 jours.
(Il Depuis fort longtemps les habitants de la Rochelle s étaient
libérés du logement des gens da guerre en louant et meublant
des casernes où les troupes étaient installées. {Ccrrespondance des
contrôleurs généraux avec les intendants. Recueil de Boislisle.
Lettre du, 7 juillet 1689, tome i, n» 731.)
— 191 —
exemple, et on conclut qu'il serait avantageux de faire
de môme, sauf toutefois a modifier les tarifs qui étaient
faits suivant les prix des villes les plus capitales du
royaume, et par conséquent trop élevés pour Niort (1).
Aucune modification ne fut d'ailleurs obtenue à cet égard
et les choses, par conséquent, restèrent dans l'état.
La cause immédiate, pour laquelle on délibérait alors
sur le système de l'indemnité en argent, était une
querelle qui avait surgi l'année précédente entre l'éclie-
vinage et un officier du régiment de dragons d'Orléans
au sujet de son logement. L'officier était un M'' de Pierre-
Levée^ aide-major au régiment, peut-être un petit-fils du
maire perpétuel, et à cause de cela l'on n'est pas surpris
do le trouver en querelle avec l'administration municipale.
Il s'était fait autoriser par M'" de Carrel, commandant
du chcàteau, à placer des garnisaires, quatre dragons et
un sergent, chez le sieur Gentilleau, greffier en chef de
l'élection^ sous le prétexte que le logement lui avait été
refusé dans sa maison. La vérité, c'est qu'il lui avait été
assigné dans une partie vacante de cette maison et non
dans les appartements occupés par le propriétaire^ où il
avait eu cependant la prétention de s'installer. Le maire
dressa procès-verbal du fait et le fit porter â l'intendant,
(1) Assemblée du 28 janvier'175i. Délibération pour faire payer en
argent le logement des officiers de la garnison de cette "ville qu'on
peut difficilement loger :
La première raison de cette diffîeullé vient de ce que les maisons qui
seraient les plus propres et les plus commodes sont occupées par la
noblesse, par les ecclésiastiques, ou par des privilégiés dont le nombre
se multiplie tous les jours, tant par les privilèges que l'on acquiert et
qui sont déjà établis que par les offices de nouvelle création, comme
sont ceux des contrôleurs des ditrérents corps des marchands et artisans
que Sa Majesté a jugé à propos de créer, de manière que l'on ne peut
trouver à établir des logements d'une façon convenable... En outre, il
y a grande incommodité pour ceux qui sont chargés de cette servitude...
Arrêté que l'on appliquera le règlement du 25 octobre 1716 déjà
appliqué à la Rochelle, sauf à en modifier les tarifs qui sont faits
suivant les prix des villes les plus capitales du royaume,
— 192 —
avec une lettre explicative, par le sieur Morisset, commis
du greffe. « On tolère cependant beaucoup de la part
des dragons », écrivait-il ; « pendant la foire {celle du
mois de mai), M"" de Pierre-Levée et autres officiers se
promenaient l'épée nue, la passant à travers les toiles
des marchands étalagistes. Ils ont été jusqu'à pisser sur
un garde de boutique endormi. » Il ajoutait que M"" du Lac,
alors commandant, pas plus que M'" de Marnésia, com-
mandant actuel, n'avaient voulu écouter les plaintes
portées contre leurs officiers. Aujourd'hui les dragons en
garnison chez le sieur Gentil leau commettaient toutes
sortes de violences ; il était urgent d'y mettre ordre.
L'intendant donna satisfaction et enjoignit de retirer
immédiatement les garnisaires. M''® de Carrel et de ]\Iar-
nésia reconnurent du reste qu'ils s'étaient mis dans un
mauvais cas et demandèrent qu'il ne fût pas donné suite
au procès-verbal ; ils s'offrirent même à payer la dépense
et les dommages faits par les dragons. Une transaction
fut passée â ce sujet avec les maire et échevins et déposée
au trésor, c'est-à-dire aux archives de la ville. Dans cette
affaire, les officiers municipaux purent donc se faire
rendre justice, mais ils avaient toujours à craindre le
renouvellement de pareils actes de violence. Ce ne fut
cependant que dix ans plus tard, que les officiers reçurent
de la ville le logement sous forme d'indemnité en argent
à un taux déterminé.
Antérieurement, le loyer payé pour le colonel du régi-
ment en garnison s'élevait à 40 ou 50 livres par mois (1).
(1) As&emhlée du li avril 1761. A M"" Rouget de Gourcez, loyer
du comte de Civrac, colonel du régiment de Royal- Vaisseaux, 4 mois,
200 livres.
Assemblée du li février 1763. A M»" Rouget, ancien lieutenant-
criminel au siège royal, pour loyer de sa maison occupée meublée par
M. le marquis de Ville, colonel du régiment Mestre-de-camp-général,
dragons, depuis le 3 juillet 1761 jusqu'au 3 janvier 1762, par
M"" de Brienne, brigadier des armées du roi, colonel du régiment
d'Artois, depuis le 12 janvier 1762 jusqu'au 4 mai suivant, par
193
Le détail des autres loyers n'est ni aux registres, ni aux
comptes. En 1764, la ville eut en outre à loger un officier
général (1). Il fut donné lecture, dans l'assemblée du
24 mars, d'une lettre de M'" de Blossac annonçant l'ar-
rivée du comte de Flavigny, maréchal de camp, qui
venait commander à Niort. L'intendant écrivait ; « Il faut
que vous ayez le temps de prendre des mesures pour son
logement ; comme il y a apparence que ce commande-
ment sera fixe ou pour lontemps, il faut aussi prendre des
mesures un peu stables. Si vous avez la facilité de venir
pour un jour ou deux à Poitiers, nous pourrons en
raisonner ensemble... Les circonstances sont assez graves
pour exiger le voyage » On considéra que c'était en
eflfet une grosse affaire pour la ville, et le maire partit
pour Poitiers avec le procureur du roi. M'" Moriceau (2).
Ils proposèrent la maison des héritiers du président
Gerbier de Sazay, où avaient déjà logé le maréchal
d'Estrées et le comte de ChatiUon, et qui avait été occupée
Mr le marquis de Ville depuis le 5 mai 1762 jusqu'au M novembre
suivant, total IG mois à 40 livres par mois, 640 livres Celte somme sera
prise sur 1 excédent du tarif.
(1) Sous Louis XIV, la ville avait eu en résidence, au moins pendant
deux ans, un olTicier général, le maréchal d'Estrées, oncle de celui qui
est nommé dans ce paragraphe. Il avait été logé dans la maison du
président du siège, M^ Jouslard de Fontmort. La ville fit faire à cet
effet plus de mille livres de réparations dans la principale partie du
logis occupée par M^ le maréchal, et dans la séance du 28 octobre 1699
le corps décida que M- le président recevrait en outre 300 livres pour
loyer d'une année et lusage de quelques meubles. D'après une
délibération du 31 décembre 1700, le maréchal était encore à Niort au
commencement de l'année 1701. Il était sans doute commandant
militaire des provinces du Poitou, Sainlonge et Aunis. Le titulaire
de ces fonctions résidait habituellement à la Rochelle.
(2) Les frais de voyage furent comptés comme suit :
Frais de poste et cheval du gagé lOÔlivres '8 s
Dépense à l'auberge j5
Domestiques et entretien de la chaise 5
Au gagé, à 30 sols par jour *, 4 |Qg
Total 130 livres 18 s!
13
— 1911 —
dans les derniers temps par le duc de Villequier^ colonel
de Royal-Pologne, puis par M'" de Caliuzac, lieutenant-
colonel du même régiment. M'' de Blossac approuva
sous condition que les réparations nécessaires fussent
faites. Cette maison était située rue Saint-Nicolas, et fut
une de celles acquises plus tard par les Oratoriens pour
l'agrandissement de leur collège. La ville la prit à loyer
pour 550 livres par an et y fit 746 livres 3 s. 9 d. de
réparations , suivant le compte présenté à la séance du
14 novembre 1764. M'" de Flavigny en avait pris posses-
sion le premier mai.
Dans le cours de l'année suivante, parut une ordonnance
datée du 5 juillet 1765, qui complétait et modifiait celle
de 1716, et réglait en particulier la question du logement
des officiers généraux. Le corps de ville en reçut commu-
nication dans l'assemblée du 13 juillet et, ce même jour,
arrêta que les logements des officiers de la garnison leur
seraient désormais payés en argent. L'ordonnance de 1765
apportait un correctif à celle de 1716, en statuant que les
fonds des impositions provinciales fourniraient une
subvention en cas d'insuffisance des deniers commu-
naux (1). Cette clause ne paraît pas du reste avoir été
appliquée à Niort.
L'ordonnance de 1765 tarifait à nouveau et comme suit
les indemnités de logement des officiers supérieurs : Lieu-
tenant-général, 150 livres par mois; Maréchal de camp,
100 livres; Brigadier^ 75 livres; Colonel, 50 livres; lieu-
tenant-colonel;, 40 livres; Major, 30 livres. Quant aux
(1) Assemblée du 13 juillet 1765. Relalivement à l'ordonnance de
1716, nous avons depuis longtemps sollicité l'exécution au regard de
cette ville sans avoir pu y parvenir par les circonstances des guerres et
autres cii constances extraordinaires qui n'auraient peut-être pas permis
de fournir les fonds nécessaires, inconvénient auquel Sa Majesté vient
de pourvoir par un principe de sa sagesse ordinaire, en statuant que ce
qui manquera sera fourni par l'imposition de la province. Sera exécuté
à commencer par le régiment de Royal-Pologne qui doit venir ici en
garnison dans les premiers jours du mois prochain
— 195 —
autres, les chiffres étaient ceux de l'ordonnance de 1716;
nous les citerons plus loin en donnant le tableau complet
pour le régiment. Le chirurgien major ne fut pas d'abord
compris dans la liste ; c'est ce que nous apprend incidem-
ment une délibération du 31 août 176G, qui décide par
exception que le loyer du sieur de Saint-Paul, chirurgien
major du régiment de Royal-Etranger, cavalerie, sera
payé par l'hôtel de ville, à litre de reconnaissance des
soins gratuits qu'il ne cesse d'exercer envers tous ceux
qui sont dans le cas d'implorer le secours de son art.
Plus tard, cette anomalie disparut et le chirurgien major
reçut, lui aussi, l'indenmité de logement.
Les comptes du tarif nous donnent pour un assez grand
nombre d'années le montant des indemnités qui furent
payées par la ville en vertu des ordonnances susdites :
Royal-Etranger, cavalerie^ de 1766
k 1768 10,6451. 3 s. 4d.
Royal-Piémont, cavalerie, arrivé le
5 novembre 1768 9,750
Royal-Bourgogne, cavalerie, arrivé
le 15 octobre 1771 967 2 8
Royal-Dragon, arrivé en 1772 . . 2,818
Pendant les neuf années, de 1774
à 1782 32,469 17 11
Total .... 56,6501. 3 s. 11 d.
On voit que la moyenne était de trois à quatre mille livres
par an.
D'autre part, les registres de l'année 1776 comprennent
un état détaillé de ce que l'on aurait eu à payer par an
pour le cadre complet d'officiers :
Colonel 600 1.
Lieutenant-colonel 480
Major 360
A reporter. . . 1,440 1.
— 196 —
Report. . . 1,440 1.
Huit capitaines à 190 livres 1,520
Deux aides-majors à 180 livres 360
Seizelieutenantset sous-lieutenants à 120 livres, 1,920
Deux sous-aides-majors à 120 livres 240
Deux porte-étendards à 120 livres 240
Trois officiers à la suite à 120 livres 360
Un chirurgien major 180
Total. . . . 6,260 1.
Mais le corps d'officiers était loin d'être au complet. La
dépense, déduction faite des absents, qui comptaient pour
2,760 livres, se trouvait réduite à 3,500 livres, cette
année-là.
La ville avait quelques autres logements militaires à sa
charge, d'abord celui d'un bas officier, l'exempt de la
maréchaussée, dont il a été question au sujet de la police
urbaine. Jusqu'en 1760, il n'avait eu que 20 livres; depuis
lors, il lui fut alloué par ordre de l'intendant un supplé-
ment de cent livres^ a prendre annuellement sur l'excédent
du tarif. Puis, les officiers de la compagnie d'invalides qui
tenait garnison au château. En principe, ils devaient y
loger, et d'abord il en avait été ainsi ; mais, par la suite,
ils se firent installer en ville comme les autres (1), et ce
ne fut que dans les derniers temps qu'ils réintégrèrent les
appaitements qui leur étaient destinés dans le château
même. Ils n'avaient nullement sollicité ce changement de
domicile, qui leur fut imposé en 1759 par un ordre du
maréchal de Sennecterre, enjoignant de faire rentrer au
château les officiers abusivement logés en ville, â moins
(1) Les registres de l'hôtel de ville contiennent une seule mention
d'indemnités pour logement en ville des ofliciers de la garnison du
château. Elle concerne le sieur Pitault, lieutenant de ladite garnison.
Dans la séance du 9 novembre 1735, le corps de ville lui alloua quatre
livres par mois pour loyer de deux chambres occupées par lui, sa
femme, son fils et sa servante, chez le sieur Guillaudeau, notaire
royal. Le 8 octobre 1736, il lui est fait une autre allocation, celle-ci
plus large: 120 livres pour loyer d'une année chez le sieur François
Poudret, procureur du roi de la police. C'est la dernière qui soit portée
aux registres.
— 197 —
qu'ils n'y fussent autorisés par le prince de Conti (1). La
ville n'y gagna pas grand cliose^ car elle dut^ en vertu
d'une ordonnance de IM'" de Blossac (2), meubler ces
appartements du château et fournir aux occupants le linge
pour le coucher et la toilette. Les comptes du tarif accu-
sent pour ces logements des officiers de la compagnie
d'invalides une dépense moyenne de 250 livres par an.
Cela eut lieu au moment où les casernes nouvellement
construites furent occupées, après avoir été meublées aux
frais de la ville. Les habitants se trouvaient alors débar-
rassés d'une charge fort lourde , n'ayant plus à leurs
foyers ces hôtes qui, le plus souvent, agissaient en maîtres
et employaient impunément la violence pour mieux vivre à
leurs dépens. Mais cette prestation en nature, qui était
ainsi acquittée individuellement par tous ceux que leur
condition soumettait aux logements militaires , fut dès
lors rejetée sur les finances de la ville. Rien n'était certai-
nement plus juste qu'un pareil dégrèvement ; il y a
seulement lieu de faire observer que l'Etat ne contribua
en rien aux dépenses qui résultèrent de l'occupation des
casernes ; la ville dut supporter tous ces frais considérés
comme l'équivalent de ceux imposés jusque-là aux contri-
(1) Archives de Niort, n° 2343.
(2) Paul-Esprit-Marie delà Bourdonnaye comte de Blossac, sur
ce qui nous a été représenté que M"" le maréchal de Sennecterre est dans
l'intention d'ordonner aux officiers de la compagnie d'invalides qui
est en garnison dans le château de Niort d'aller occuper dans le d.
château les logements qui leur sont destines aussitôt qu'il aura été par
nous pourvu aux fournitures qui y sont nécessaires,
Nous, intendant susdit, ordonnons aux maire et échevins de la ville
de Niort de faire fournir par les habitants d'icelle à chacun des ofTiciers
de la compagnie d'invalides qui est en garnison au château, et ce dans
les appartements qui leur sont destinés au d. château, savoir: un lit
garni d'une paillasse, de deux matelas, ou d'un matelas et d'un lit de
plume, de deux couvertures et d'une paire de draps, laquelle sera
renouvelée tous les quinze jours, une table, quelques chaises, une
armoire fermant à clef, un pot à l'eau, un gobelet, une cuvette et deux
serviettes par semaine.
Fait à Poitiers, le 2 juillet 1752. De Blossac.
{Archives de Niort, n° 2344).
— 198 —
buables. Aucune réclamation ne s'éleva d'ailleurs à ce
sujet; la masse des habitants, étant soulagée de bien des
rapines et des vexations, ne pouvait être que satisfaite.
Nous avons donné au chapitre des Bâtiments le détail
de l'ameublement des casernes, comprenant tables, bancs,
lits et literie. Les derniers objets mobiliers mis en
adjudication avaient été acceptés le 4 août 1759. Aussitôt
après, le procureur du roi fit dresser un devis des charges
et conditions, auxquelles pourrait être entreprise la
conservation de cet ameublement et de celui qui serait
ajouté par la suite. Cet entretien fut donné à bail au rabais
et soumissionné par un nommé René Viard, qui adjugea
le blanchissage des draps à 6 sols par mois, par lit occupé,
le changement de la paille dans les paillasses, tous les
six mois, â 8 sols pour chaque opération de ce genre; en
outre, une rétribution annuelle de 346 livres. Le 10
novembre 1761, l'adjudicataire recevait 1,814 livres 4 s. ;
le 28 décembre 1762, 1,248 livres 6 s. 4 d. 11 est dit, à
propos de ce dernier paiement, que ledit Viard ne tou-
chera que les deux tiers des 346 livres convenues, parce que
la caserne n'a été occupée que quatre mois par le régiment
d'Artois, et dans les huit autres mois, moins de moitié du
temps par quatre compagnies de dragons.
Le régime des garnisons était alors fort variable, car on
allouait, le 12 octobre 1764, au magasinier, comme on
appelait l'entrepreneur de ce service, 2,411 livres pour
blanchissage, fournitures et gratification, du 25 mars 1763
au 24 octobre de la même année. Le quartier avait été
occupé dans ce laps de temps par deux régiments, Mestre-
de-camp général et Royal-Pologne, qui vinrent s'y refor-
mer après la guerre.
Le 23 juin 1765, le bail fut continué â René Viard et â
sa femme Jeanne-Nicole Deshayes , agissant comme cau-
tion, d'ailleurs aux mêmes conditions, sans avoir égard aux
300 livres d'augmentation qu'il demandait. Toutefois, la
délibération â ce sujet dit expressément qu'il s'était acquitté
de son service à la satisfaction des troupes et à la nôtre.
Ce René Viard parait avoir été le seul magasinier jus-
— 199 —
qu'au terme de l'ancien régime. Son bail lui fut successi-
vement prorogé par période de cinq années, pour la
dernière fois en 1784. D'après les comptes de l'excédent
du tarif sur lequel il était payé, il touchait par an de 1,500 a
2,000 livres. Outre cette dépense ordinaire, la ville avait à
sa charge la réparation et le renouvellement des meubles
et effets de couchage (1).
La construction des casernes n'allégea pas complètement
le budget de la ville des loyers d'écuries qu'elle payait
pour la garnison. D'après une délibération du 14 avril
1769, les écuries de ces bâtiments ne s'étant pas trouvées
suffisantes pour contenir les chevaux des différents régi-
ments de cavalerie et de dragons qui, depuis quelques
années, avaient été successivement envoyés en quartier,
on avait dû saisir plusieurs écuries et magasins pour loger
les chevaux et les fourrages. Il était dû alors 1,410 livres
de loyers, somme formée, il est vrai, par l'arriéré de plu-
sieurs années (2). Le 3 février 1770, on afferma encore des
(1) Assemblée du 21 octobre 1771. Il y a nécessité d'acheter des
draps de lits pour les casernes. On réparera ceux qui existent et l'on
chargera un marchand de faire venir 1,000 aunes de toile pour en faire
100 paires. Les couchettes seront visitées, réparées ; les matelas, pail-
lasses et traversins rebattus, etc.. Le régiment de Bourgogne cavalerie
devant arriver bientôt, on fera auparavant blanchir partout à chaux vive.
Les draps coûtèrent 2131 livres 1 1 sols 8 deniers ; ils furent fournis par
Pierre-Paul Fraigneau, marchand, moyennant deux sols pour livre de
remise.
(2) Assemblée du li avril 1769. Il est dû ;
1° A la dame BreHort pour une écurie sur la place des Casernes, du
premier juillet 1761 aupremierjuilletl768, à 50 livres par an 350 livres.
2° Au sieur Delezay, écurie sur la même place, du
25 juin 1764 au 25 juin 17G8 240
3° Au sieur Rouget de Gourcez, pour un magasin, rue
de la Juiverie, du 4 août 1705 au 4 août 1768 .... 250
4° A M""^ Thibault, pour un magasin au faubourg du
Port,du4 août 1765au4 août 1768 90
5° Au sieur Létang, pour un magasin au même faubourg,
du premier juillet 1705 au premier juillet 1708. . . . 280
go \ ]\ime veuve de l'Herse, pour un magasin au même
faubourg, du 4 août 1705 au 4 août 1768 200
Total 1,410 livres.
^ 200 —
dames de la Miséricorde une écurie sise rue du Vieux-
Marché. Cette écurie ne recevait de jour que par la porte.
Le mur qui la séparait de la cour d'une maison contiguë
appartenait au sieur Bastard, boucher ; on décida d'y
ouvrir une fenêtre, à condition toutefois que cette servi-
tude cesserait lorsque l'écurie n'aurait phis sa destination
actuelle. L'intendant autorisa le travail nonobstant l'hu-
meur du propriétaire de la maison voisine. « Dans
l'acte», écrivait-il au maire, « on fera mention de mes
ordres et des motifs qui les ont décidés ».
Cette insuffisance fut cause de la construction de quel-
ques annexes aux casernes^ dont il a été parlé au chapitre
des Bâtiments, et motiva, en 1788, un projet d'agrandis-
sement (1) qui ne fut exécuté qu'après 1830, et d'ailteurs
sur un plan nouveau. Pour compléter ce qui concerne la
question des logements, il faut ajouter que l'entretien des
immeubles, grosses et menues réparations, incombait
entièrement à la ville. Les comptes du tarif contiennent à
cet égard des articles de dépense importants, comprenant
vitrerie^ pavage, etc. Pour 1783, le total s'élève à 4,222 1.
11 sols ; toutefois ce chifïre est certainement supérieur
à la moyenne annuelle.
En plus du quartier de la garnison, la ville avaitàloj'er,
depuis 1766, une caserne pour les troupes de passage.
Elle portait le nom de caserne des colonies (2), et servait à
loger les recrues envoyées dans nos possessions d'outre-
mer, C[ui faisaient étape à Niort en se dirigeant sur Roche-
fortj où elles allaient s'embarquer. Cette caserne était
située en dehors de l'enceinte, dans le faubourg d'Echiré.
La ville en donnait 220 livres par an et y avait un préposé
aux gages de 150 livres. Là aussi, on fournissait les effets
de couchage nécessaires et, avec l'entretien du local ainsi
(1) Archives de Niort, n° 2462.
(2) Le corps de Tille fut invité à établir cette caserne des colonies
par une lettre de M-" de Blossac, du 5 mai 1766, en vertu des ordres du
roi. La mesure était générale ou du moins appliiiuce à un grand nom-
bre de villes.
— 201 —
que du mobilier, les frais s'élevaient à sept ou huit cents
livres par an. Les comptes du tarif de 1766 à 1773 accu-
sent pour ce laps de temps une dépense totale de 5,106 1.
14 sols, de 1774 à 1782, 6,480 livres 15 sols. Malgré
sa dénomination spéciale, ce bâtiment était sans doute
utilisé pour tous les corps de troupes qui passaient â Niort,
et servait ainsi à dégrever les habitants, au moins pour
partie, des logements militaires.
CHAPITRE XII.
Présents et allocations diverses.
Les honneurs rendus aux grands personnages et digni-
taires, les présents qui leur étaient offerts, et que pour
plusieurs l'usage transforma en redevance, formaient un
chapitre considérable des dépenses des villes sous l'ancien
régime. Pour en apprécier l'importance à Niort, nous
passerons en revue les documents que fournissent à cet
égard les registres et les comptes de l'hôtel de ville et,
afin d'y étabhr une sorte de classification, nous rangerons
par ordre de dignité les personnages dont il sera question.
En tête, par conséquent, le roi et les princes du sang, à
moins toutefois que ces derniers ne figurent en qualité de
titulaires d'une fonction publique.
La ville de Niort a reçu peu de visites royales, et encore
ne pouvons nous donner de détails un peu circonstanciés
que sur une seule, celle de Louis XIII, en 1621. Elle eut
un caractère particulier. Le roi allait mettre le siège
devant Saint-Jean-d'Angély occupé par les rebelles pro-
testants ; or, le gouverneur de Niort, ]\r de Parabère^
était lui-môme de la religion réformée, très fidèle au roi
toutefois; mais il pouvait ôtre suspecté. Une grande partie
— 202 —
de la population niortaise était protestante, comme on
sait; aussi le roi arriva-t-il en grand appareil militaire et
prenant ses sûretés. Nous avons deux sources d'infor-
mation sur cet événement, d'abord les registres, puis un
écrit du temps qui relate les incidents de l'entrée du roi
et est fait à sa louange (1). A en croire ce dernier docu-
ment, Louis XIII serait entré dans Niort comme dans une
ville conquise, ou peu s'en faut. // est à remarquer, dit
Fauteur, que pendant l'arrioée du Roy en la dicte ville
pas un des habitans d'icelle n'allèrent en armes, comme
on fait ordinairement aux entrées des Roys, et mesme
fut deffendu de tirer pas une pièce d'artillerie, tant de la
ville que du chasteau, sur peine de la vie.
Ceci n'est pas absolument exact. Dans l'assemblée du
22 mai, c'est-à-dire la veille de l'entrée du roi^ le corps de
ville décida qu'il serait fait entrée à Sa Majesté. Pour ce
faire, sera dressé quatre compagnies. A ceste fin, ont
esté présentement nomme:; pour capitaines les dits :
Savignac, escuyer, s" du Vieulx-Fourneau, Paul Chal-
mot, escuyer, sieur du Puy-Foulard, Mongin de la
Rivière, sieur de V Hometrou, et Guillaume Symon, sieur
de la Figuerasse. Les deux premiers étaient protestants,
les deux derniers catholiques. Dans la même séance, les
cadres des quatre compagnies, ainsi formées pour le ser-
vice d'honneur, furent complétés par des nominations de
lieutenants et d'enseignes. La milice bourgeoise fut donc
mise sur pied ; on pourrait supposer, il est vrai, qu'il y
eut contre ordre émané du roi lui-même, et qu'elle ne
figura pas à la solennité ; mais les registres renferment la
preuve du contraire. C'est une allocation de trois pistoles
à un sergent du régiment des gardes, qui avait aidé les
dicts capitaines nommer pour rentrée de Sa Majesté à
(1) Entrée du Roy en la ville et chasteau de Nyort, le dimanche
23 may 1621, ensemble, tout ce qui s'est passé en icelle par ceux
de la religion prétendue réformée. Paris, 1621. Chez Nicolas
Alexandre, rue Boudbrie.
— 203 —
dresser le bataillon carré, et cela le jour même de
l'entrée, le dimanche 23 mai (1).
D'après le récit imprimé, quelque temps auparavant
l'arrivée de Sa Majesté, estait entré deux compagnies
françaises et deux de suisses pour avant-garde, qui
allèrent droict prendre possessiondu chasteau et de toutes
les clefs des advenues d'iceluy, ausquelles l'on planta for ce
corps de gardes, et mesme en dressèrent un de cent à six
vingts Jiommessoub^ la halle de la dicte ville quiestproche
du chasteau. Dans cette même pièce, on lit que M"" de
Parabère alla au devant du roi à une certaine distance
des murs et lui lit ses protestations de fidélité, auxquelles
Sa Majesté prêta l'oreille avec une très gratieuse et
vraiment royale action, tout en continuant son chemin
vers la ville, avec le gouverneur à ses côtés.
On peut aisément se figurer la physionomie de cette
entrée royale. Elle fut empreinte de la gravité des évé-
nements qui se préparaient. De la part des protestants,
au nombre desquels on comptait beaucoup des prin-
cipales familles, il n'y eut, comme de la part du gouver-
neur, que des manifestations de fidélité, mais il ne pouvait
pas ne pas régner une grande contrainte. Le roi séjourna
huit jours à Niort et, pendant ce temps-là, les réformés
durent interrompre les offices de leur culte, conformé-
ment aux prescriptions de l'édit de Nantes (2), qui leur
(1) Assemblée du 26 mai 1621. Aussy a esté conclud du même
advis des assistans que le d. Vivien, recepveur des deniers d'octroy,
baillera trois pystolles à un sergent dïine des compagnies du régi-
ment des gardes, lequel dimanche aurait, à la prière du corps,
aydé les d. capitaines nommez pour l'entrée de Sa Majesté à
dresser le bataillon carré, laquelle somme de xxi livres xvni sols
sera allouliée au d. reeepveur en raportant la présente et quictance
du d. sergent.
(2) Edit de Nantes, avril 1598. Art 14 : Défendons aussi de faire
aucun exercice de la d. religion en nostre cour et suite, ny pareille-
mont en nos terres et pays qui sont au-delà des monts, ny aussi en
lutstre ville de Paris, ou à cinc} lioucs de la d. ville. Toutefois ceux de
la d. religion demeurant es dites terres et .pays au-delà des monts et
- 20/i —
interdisaient de faire aucun exercice de leur religion aux
lieux où se trouvait Sa Majesté. On doit rappeler aussi
que les Capucins de Niort obtinrent du roi, le lendemain
de son entrée, des lettres patentes les autorisant à faire
des prédications dans la chaire située sous la halle^ chose
qui blessait profondément les réformés.
Voici d'ailleurs, d'après les registres, quelle conduite
tint le corps de ville, quelles dispositions il prit pour la
réception de Louis XIII. Le 19 mai, il fut décidé, en
assemblée extraordinaire (48 membres étaient présents),
qu'il serait député quatre échevins et pairs vers le roi
qui était alors à Parthenay. Furent désignés à la plura-
lité des voix les échevins Savignac, sieur du Vieux-
Fourneau, et Dabillon, sieur de l'ImbaudièrCj l'un
protestant, l'autre catholique, deux pairs, tous les deux
catholiques ; Symon, sieur de la Figuerasse, et Angevin,
sieur du Vieux-Moulin (l). Ce dernier était avocat au
siège royal et fut chargé de porter la parole devant
Sa Majesté. Ils furent présentés par le comte de la
Rochefoucauld, lieutenant général pour le roi en Poitou.
Le 22 mai, ils rendirent compte de leur mission au corps
de ville, qui leur adressa des remerciements. Dans
l'assemblée de ce jour, qui comptait 53 membres présents,,
furent formés, ainsi que nous l'avons dit, les cadres des
quatre compagnies qui devaient être mises sur pied.? Il
fut enjoint à tous les autres échevins et pairs d'assis-
ter le maire de présence lorsqu'il irait au devant du
roi, et arrêté en outre qu'il serait publié un ban pour
en nostre d. ville et cinq lieues autour d'icelle ne pourront estre
recherchez en leurs maisons, ny adstreints à faire chose pour le regard,
de leur d. religion contre leur conscience en se comportant au reste
selon qu'il est contenu en nostre présent édict. {Recueil d'Isarabert,
t. XV, p. 170.)
(1) Assemblée du 19 mai 1621. Sera baillée aux dicts depputez
pour leur voyage la somme de trente livres par le recepveur des
denyers d'octroy de céans, laquelle luy sera allouhée en ses comptes,
raportant la présente et la quictance des dicts deppuctez.
— 205 -^
avertir les habitants de se porter sur le passage de
Sa Majesté. Enfin, ajoute le procès-verbal, sera faict
un poi'slc , pour lequel porter ont esté nommez à la
mesme pluralité des voix les dicis Avice^ escuyer,
sieur de la Vieille-Cour de Mougon, escheoin, Giraul-
deau, sieur de la Pigeonnerie, aassy eschevin, Sacher,
escuyer, sieur de la Salle, pareillement eschevin, et
Bastard, escuyer, sieur de la Mellai;sière , aussy
eschevin. Les sieurs Avice et Sacher étaient protestants,
les sieurs Girauldeau et Bastard catholiques. Même
partage que pour les commandements des compagnies
avait été fait entre les deux religions.
Quelques autres mesures accessoires furent arrêtées
dans cette même séance. Deux pairs furent délégués pour
faire faire le dit poisle et armoyries ; deux également
pour faire nettoyer le faubourg et regarder à la porte du
pont du port et havre de ceste ville par laquelle Sa Majesté
fera son entrée. Le roi, qui était alors à Fontenay-le-
Comte, devait arriver en effet par les ponts de la Sèvre.
Les soins à prendre dans les autres quartiers furent
répartis entre un assez grand nombre de pairs. Finale-
ment, il fut voté que tous autres frais nécessaires seraient
imputés sur les deniers communs.
Trois jours après l'entrée de Louis XIII, et pendant
qu'il était encore à Niort, le corps de ville eut â délibérer
sur une dépense d'une nature toute particulière^ les droits
demandés par les officiers de la maison du roi à cause de
l'entrée faite par Sa Majesté. Ces gratifications étaient
d'ancienne coutume, dit le procès-verbal d'assemblée, et
furent payées après composition avec les réclamants. En
marge est écrit le détail et le montant des droits en
question dont le total s'élève à 193 livres 9 sols (1). Dans
la même séance furent votées les trois pistoles au sergent
instructeur dont il a été parlé déjà.
(1) Assemblée du 26 mai 1621. Pour délibérer sur les droicts
demandez par les huissiers de la Chambre du Roy, suisses, fourriers
— 206 —
La liquidation générale des frais pour l'entrée et le
séjour du roi fut faite dans l'assemblée du 18 juin. Le roi,
arrivé le 23 mai, était resté jusqu'au premier juin (i). Les
dépenses furent arrêtées à la somme de 662 livres 17 sols
8 deniers, sans détail du reste (2). Aussi ne pouvons-nous
pas dire si les gratifications à la maison du roi étaient ou
non comprises dans ce total. En dehors de cet arrêté de
et auUres officiers de Sa Majesté à cause de l'entrée fête le jour de
dimanche par Sa dicte Majesté en ceste ville de Nyort, a esté par tous
unaniment dellibéré et [)ar nous conclud que les d. droicts seront payez
aus d. ofTiciers de la maison du Roy scelon l'antienne coustume et pour
composer avecq eulx nommez nous d. maire, et le d. Maronneau
scindiq, est ordonné que ce quy sera arresté sera payé par les mains
du s»" Vivien, recepveur des denyers d'octroy de céans, que luy sera
allouhé en ses comptes raportant la présente et les quictances des
d. officiers.
E?i î7ia)'ge; Aux huissiers de salle 3 pystolles
Au tambour des gardes 1
Aux fourriers du logis du Roy 2
Au valet de pied 2
Aux suisses de la garde du corps .... 2
Aux tambours du Roy 21/2
Aux suisses de M"" le connestable 1
Aux archers de la garde de la porte. ... 2
Aux fourriers ordinaires des logis du Roy. . 4
Aux fifres et tambours du régiment des gardes. 2
Aux archers des gardes du grand prevost de
l'hostel 3
Aux trompettes ordinaires du Roy 2
A vij livres vj sols la pystolle Total. . . 261/2
(1) D'après les Mémoires de Bassompierre, Louis XIII arriva au
camp de Saint-Jean-d'Angély le 3 juin.
(2) Assemblée du 18 juin 1621. — De l'advis unanime des assistans
a esté conclud que les frais faits pour l'entrée de Sa Majesté seront
payés par le d. s"" Vivien, recepveur des denyers d'octroy de céans sur
les mémoires des commissaires.... lesquels montent le tout à la somme
de six cens soixante deulx livres xvij sols viij denyers qui luy sera
allouhée en ses comptes raportant les d mémoyres et la présente et les
mémoyres d'eulx signés.
[Ces commissaires étaient ceux nommés dans l'assemblée du 22 mai
pour s'occuper des différents préparatifs.]
— 207 —
compte, nous n'avons relevé qu'un paiement de huit livres,
à Antoine Hay, vitrier, pour avoir raccommodé les vitres
du logis du roi {!). Quel était ce logis? Briquet dit, dans
son Histoire de Niort, que ce fut la maison de l'Oratoire,
mais sans donner aucune preuve à l'appui.
Depuis Louis XIII (2), aucun de nos rois n'est entré à
Niort. Antérieurement quelques-uns y étaient venus. On
peut citer, à des dates certaines, Charles VIII c[ui s'y arrêta
le 26 mars 1485, pendant la guerre de Bretagne, étant en
marche sur Parthenay occupé par les rebelles, puis
Charles IX qui y coucha le 19 septembre 1565 (3). Un mois
plus tard, il datait de Nantes l'édit de création du tribunal
consulaire de notre ville. Henri IV passa plusieurs fois à
Niort, mais comme belligérant et n'étant encore que roi de
Navarre. Les archives départementales renferment une
lettre de lui, non datée, adressée au maire dont il venait
d'être l'hôte (4). Elle doit être de la fin de l'année 1585.
(1) ComptesdtQ Pierre Beraïul, receveur des deniers d'octroi, 1620-1623.
(2) Louis XIII vint à Niort pour la dernière fois en revenant de la
Rochelle, après la prise de cette ville, le 19 novembre 1628. [Mémoires
de Bassonipierre. Collection Michaud et Poujoulat, p. 291.)
(3) Il a été publié dans les Bulletins de la Société de statistique
(octobre-décembre 1882), un marché passé par le corps de ville avec
Jean Méry, peintre, le 7 septembre 1565, pour la décoration des portes
Saint-Jean et du Pont, comprenant armoiries, devises et ornements, en
vue de l'entrée prochaine du roi Charles IX.
(4) Archives départementales. E. 113. Lettre autographe de
Henri IV.
« Monsieur le Mayre, je n'estoys pas au bout de la journée san m'estre
aperceu de l'oubly, je vous say bien gré de l'avoyr sytôt réparé et à
vostre fyls de sa dylygence à me ratraper, yl ne veut rester an sy bon
trayn de zèle et je vous prye me le retourner ancore avec un chilTre an
deus feuylles que vous debvrés trouver an la grant table de ma chambre
où le seigneur du Pin la lessé et comme yl nous va fère faulte lâchés la
bryde à la dévocyon du jeune homme, et asseurés vous de lamytié de
vostre plus afectyonné amy Henry. »
A Monsieur Laurence, Mayre de la vylle de Nyort.
[La suscription indique la prononciation du nom du maire, qui en
réalité s'écrivait Laurens ; elle prouve qu'on y faisait sentir l's finale. 1
~ 208 —
La reine-mère Catherine de IMédicis séjourna quelque
temps à Niort, en 1587.
Les guerres de religion amenèrent aussi dans nos murs,
et à diverses reprises, les princes du sang des deux partis^
le duc d'Anjou, les princes de Condé ; mais ces visites à
main armée ne rentrent pas dans notre sujet. Les plus
anciens registres de l'hôtel de ville, ceux de 1453-1457,
mentionnent le passage du comte du INIaine (1), arrière-
petit-fîls de Jean le Bon, à la date du 21 janvier 1457; une
députation du corps lui offrit des présents de la sorte
alors usitée, de l'hypocras^ des chapons, des gastelets,
une boite d'arôme et des torches de cire. Pendant la
guerre de Bretagne qui avait amené à Niort le roi Char-
les VIII, son cousin le comte d'Angouléme, celui qui fut
le père de François P'', passa deux fois dans notre ville,
en 1488 et 1491. Le 13 mai 1488, il coucha à Uoustellerie
des Trois-Roys. Il lui fut fait présent de 14 pintes de vin
blanc, rouge ou claret, 4 pintes d'hypocras, 4 livres de
dragée perlée, une livre et demie de dragée musquecte et
six torches de cire. Au mois d'avril 1491, il logea à Tau-
berge de la Téte-Noire ; la ville lui fit seulement un
présent de vin (2).
En 1679, les députés du corps de ville se rendirent à
Poitiers pour complimenter la princesse Marie-Louise
d'Orléans, qui allait épouser le roi d'Espagne Charles II.
Le contrat avait été signé le 30 août à Versailles et, dans
les premiers jours d'octobre, la nouvelle reine, s'ache-
minant vers l'Espagne, traversait le Poitou. Sa route était
par Poitiers, Melle, Saint-Jean-d'Angély et Bordeaux.
Les maire et échevins pensèrent d'abord à la faire saluer
au nom de la compagnie a Melle^ mais on objecta qu'il
serait plus à propos d'aller jusqu'à Poitiers, et c'est en
(1) Le titre de comte du Maine s'éteignit en 1481, à la mort du der-
nier mâle, et l'apanage revint au roi.
(2) Comptes de Geoffroy Faifeu, 1487-88, et Guillaume Tarquex,
1490-91.
— âÔ9 —
effet ce qui fut résolu dans rassemblée du 30 septembre.
Quatre membres du corps, les sieurs Augier de la Ter-
raudière, Cochon du Puy, Louis Madien et Paul Thibault
furent députés au chef-lieu de la province, avec allocation
des frais d'usage pour leur déplacement.
A la fin de l'année 1700 la ville de Niort manqua d'avoir
la visite du roi d'Espagne Philippe V, petit-fils de
Louis XIV, qui allait prendre possession de sa couronne.
Il était accompagné de ses frères, les ducs de Bourgogne
et de Berry. L'intendant, M"" d'Ableiges, écrivit, le
6 décembre (1), aux maire et échevins que ces hauts
personnages seraient à Niort le 21 du mois ; il les invitait
â se mettre en mesure de les recevoir convenablement. Le
maréchal d'Estrées, commandant militaire de la province,
alors en résidence à Niort, donna l'ordre de mettre sous
les armes le régiment de milice bourgeoise pour la récep-
tion et entrée de Sa Majesté Catholique et de Nosseigneurs
les princes de France. Le corps de ville, dans la séance
du 7 décembre, vota 600 livres pour faire faire des habits
neufs aux tambours, acheter un drapeau colonel, fournir
de bois et de chandelle au poste de cent hommes, qui ferait
la garde pendant le séjour des princes, et subvenir à tous
autres frais nécessaires. Nous avons vu, au chapitre de
l'Administration, qu'il fut en outre alloué 600 livres
pour les robes des échevins qui en étaient dépourvus.
Mais contre-ordre fut donné; le roi d'Espagne prit la
route qu'avait suivie la princesse Marie-Louise vingt ans
auparavant. Le 19 décembre, les princes étaient à Lusi-
gnan ; le 20, ils couchaient à Melle et le lendemain se
dirigeaient sur Saint-Jean-d'Angély. Les chemins étaient
défoncés; le temps très mauvais (2). Ce fut peut-être
là le seul motif qui empêcha le roi de passer par Niort, la
saison étant peu propice pour allonger son itinéraire.
(1) Archives de Niort, n» 2857.
(2) Voyage du duc d'Anjou (Philippe V roi d'Espagne) en Poitou,
par M' Avril de la Vergnée. (Mémoires de la Société de statistique,
Ire série, y., p. 123.
14
— 210 —
En 1721, les maire et échevins pensèrent que la ville
aurait â recevoir la reine de France. C'est bien ainsi que
l'intendant, M'' de Latour, nomme la princesse dont on
attendait le passage en Poitou. En fait, ce n'était qu'une
reine en espérance, âgée alors de trois ans seulement,
autrement dit l'infante d'Espagne, destinée à devenir la
femme de Louis XV, par convention faite entre les deux
cours. Ce projet d'alliance royale échoua d'ailleurs. La
petite princesse, amenée à Paris en janvier 1122, fut
reconduite en Espagne en 1725, sans être encore en âge
de regretter les grandeurs évanouies. Nous ajouterons,
pour ce qui nous concerne, qu'elle ne traversa Niort, ni â
son arrivée, ni â son départ. M'' de Latour écrivait, le
22 décembre 1721 (1), aux maire et échevins qu'il ne
savait rien sur l'itinéraire de la reine; dans le cas où elle
passerait â Niort, il les prévenait qu'il n'y avait pas lieu
de disposer des fonds de l'excédent du tarif pour cette
circonstance ; « ils devaient se borner aux présents ordi-
naires et aux marques de joie accoutumées, sans faire de
trop grands frais. La ville de Poitiers, qui devait nécessai-
rement recevoir la reine, ne comptait pas agir autrement. »
Les registres ne contenant rien à ce sujet, il est hors de
doute que l'infante suivit la route habituelle par Saint-
Jean-d'Angély, Melle et Lusignan.
Dans le dernier quart du siècle, la ville de Niort eut la
visite d'une Altesse royale; ce fut celle du comte d'Artois,
frère de Louis XVI, qui traversa la ville en 1777, allant
de Brest à Bordeaux. Il y entra le 25 mai, venant de
Nantes, par la porte du Pont et en repartit le 26. Le 30
du même mois, il passa de nouveau et coucha a Niort. Il
revenait de Bordeaux par Rochefort. On lui fît une
réception brillante ; on abattit même l'angle du bâtiment
de la poissonnerie, pour que son carrosse pût tourner
dans la rue, dite aujourd'hui des Cordeliers. La munici-
palité lui offrit les produits de l'industrie locale, de
(1) Archives de Niort, n" 2859,
^ 211 —
Tangélique pour une valeur de 366 livres, des gants et une
culotte de peau. Les frais de toute sorte faits pour son
passage montèrent à la somme de 822 livres 4 sols (1).
Deux ans après, en 1779, le comte d'Artois reçut le
Poitou en apanage, mais il ne vint pas alors à Niort ; il y
envoya M'' Elie de Beaumont, son intendant des finances,
pour prendre possession en son nom, et en effet c'était
surtout une affaire de finances. Nous avons parlé incidem-
ment, au chapitre des Fortifications, de la réception qui
fut faite au mandataire du prince. Dans les années 1779 et
1780, le comte d'Artois fît dresser un état de son apanage,
c'est-à-dire un relevé des biens dépendant du domaine
royal dans le ressort de Niort. Cette pièce, qui donne des
indications précieuses, a été publiée dans les Bulletins de
la Société de statistique (2).
Suivant l'ordre indiqué au commencement de ce
chapitre, nous parlerons maintenant des honneurs rendus
aux dignitaires qui représentaient le roi par délégation
directe.
L'autorité royale a été, sous l'ancienne monarchie,
(1) Archives de Niort. n° 2854. Dépenses faites pour le passage du
c*« d'Artois.
Mémoire du menuisier 49 1. 5 s.
Item du serrurier 27 12
Item du tapissier 9 5
Etat de sable pour garnir la rue de passage 67
Pour meubler et démeubler 38
Flambeaux venus de Poitiers par M"" Laurence. ... 84
Présent d'angélique 366 12
Présent de gants et culotte de peau 40 10
Pour les pots à feu qui ont éclairé la halle pour la garde
des équipages 40
Garde de la ville pendant les deux jours et la nuit . . 72
Aux valets de ville 24
Total. . . . 822 1. 4 s.
(2) Reconnaissance, visite et description exacte des bâtiments et
édifices appartenant au Roy ou étant à sa charge dans l'étendue
du siège royal et ressort de la ville de Niort {Bulletinsde la Société
de statistique, mars-décembre 1876, p. 129).
— 212 —
exercée dans les provinces par les sénéchaux, les gouver-
neurs et intendants, les commandants militaires de
grandes circonscriptions, tous lieutenants du roi à diffé-
rents titres. C'est avec eux que les corps constitués étaient
habituellement en contact; ils avaient doncle plus grand
intérêt à se ménager leurs bonnes grâces. Aussi les
présents et compliments à offrir à ces hauts dignitaires
étaient-ils très fréquemment l'objet des délibérations
du corps de ville de Niort.
En 1454, la ville payait à Pierre de la Roche, hôtelier,
la dépense faite dans son auberge par le sénéchal de
Poitou (1). A la fia de 1456, lecorps lui envoyait à Poitiers
une pipe de vin valant 16 livres 10 sols, quatre quartes
d'hypocras, valant 55 sols, deux douzaines de chapons qui
avaient coûté 6 livres, et 24 livres pesant de cire en torches
évaluées 4 livres 16 sols. Le charretier qui avait conduit
le vin à Poitiers recevait 100 sols (2), prix relativement
considérable qu'expliquent les difficultés de la route à
cette époque, surtout dans la mauvaise saison. Les
comptes de 1487-88 et 1490-91 mentionnent également
des présents de même nature au sénéchal; il en a été
question au sujet des dépenses de ban et arrière-ban.
Les registres de 1535-38 citent une dépense plus
importante, celle faite pour l'entrée â Niort du sénéchal
qui y venait pour la première fois. Le titulaire de cette
charge était alors M'' du Puy du Fou. Il arriva le 14 juillet
1535 et reçut de la ville comme cadeau de bienvenue dix
aunes de satin cramoisi, teint en grenat vénitien, du prix
de 8 livres 10 sols l'aune. Il séj(>urna huit jours. Pendant
ce temps, il lui fut offert six barriques de vin qui coûtèrent
36 livres (3), et entre autres choses des carquelins pour
(1) Assemblée du 28 juillet liSi.
(2) Assemblées des 20 décembre lk56 et 21 janvier l^tSl .
(3) Le vin fut payé par Audet Savignon qui venait d'être promu du
rang de pair à celui dechevin. Il devait 50 livres pour droit d'intrant
et remit le surplus, soit 14 livres, au receveur.
— 213 —
une somme de 12 sols 6 deniers (1). Il s'agit là d'une pâtis-
serie très connue, encore en honneur à Niort et dans les
environs, surtout du côté de la Saintonge.
En dehors des circonstances extraordinaires, l'ëclicvi-
nagede Niort faisait habituellement des présents de vin au
sénéchal. Nous donnons en note^ et par ordre de date, les
difEérentcs délibérations qui concernent cette dépense
dans les années 1535, 1536 et 1537 (2).
Les sénéchaux étaient, à cette époque, chargés en
province des fonctions les plus importantes qui dépen-
dissent de la couronne; ils avaieiit dans leur région le
commandement des troupes, la juridiction civile et
militaire, et le gouvernement des villes et châteaux. Ils
(1) Assemblées des 12, li et 31 juillet 1535.
(2) Assemblée du 26 novembre 1535. Touschant le vin qu'on a
coustume de donner à M"" le sénéchal pour nous conseiller et aider dans
nos affaires, a esté délibéré qu'on lui enverra six hussards devin, qui
seront conduits par le reccpveur à sa ferme de la Mothe près Croutelle.
Le bussard était la demi-pipe, autrement dit la barrique ordi-
naire.
Assemblée du 19 mars 1536. A Urhain Rousseau, marchand de la
ville, 30 livres pour six barriques de vin de la Foye, pour donner à
M"" le sénéchal de Poitou.
Assemblée du 30 septembre 1536. P. Macault, contrerolleur, dit
qu'il est allé à la Foye taster et choisir du vin pour envoyer à M"" le
sénéchal et demande à être payé de sa journée. Délibéré que l'on verra
s'il fust ordonné qu'il y allast.
Assemblée du 25 janvier 1537. Six rondelles de bon vin choisi
pour M"" le sénéchal, qui seront conduites par deux charrois à sa maison
de la Mothe ou à celle du Fou.
[Les ruines du château du Puy du Fou se voient près du bourg" des
Epesses, en Vendée. C'était, pour la majeure partie, une construction
de la première moitié du seizième siècle.]
Assemblée dn 27 avril 1537. Alloué au receveur pour les six barri-
ques de vin, à 8 livres chacune, 48 livres; pour les charrois faits par
Pierre Giraudeau et Berthelot jusqu'au Fou, 16 livres; plus à André
Bertaud, sergent de céans, qui les a conduites au Fou, 50 sols.
Assemblée du 26 octobre 1537. Alloué 11 sols pour 1 1 piiilcs de vin
qui ont été données à M'' du Puy du Fou par ordre de M'' Jehan Jau, en
l'absence du maire M"" Jacques Jau, le 5 octobre.
— 214 —
étaient aussi chargés du recouvrement des deniers du roi.
Leurs pouvoirs furent beaucoup amoindris dans le cours
du seizième siècle, et leurs plus hautes attributions
dévolues aux gouverneurs des provinces, plus tard aux
intendants. Là où le titre de sénéchal subsista, il ne fut
plus guère qu'honorifique.
A cause des lacunes de titres, il ne nous est pas possible
de suivre à Niort cet amoindrissement des pouvoirs du
sénéchal dans les années qui vont du règne de François
premier à celui de Henri IV. Au commencement de cette
période, le maire était choisi par le sénéchal sur une liste
de trois candidats présentés par le corps; à la fin, sa
nomination est faite par le lieutenant du sénéchal, qui
n'est autre que le président du siège royal de Niort.
Quant au sénéchal lui-même, c'est un personnage auquel
n'a jamais affaire le corps de ville et qu'il n'est alors
intéressé à gratifier d'aucun présent. Les maire etéchevins
réservent leurs hommages de toute sorte pour le gouver-
neur du Poitou, qui est en droit et en fait la première
autorité de la province.
Lors de la prise de Niort par les protestants en 1588, le
gouverneur du Poitou, qui était M'' de Malicorne(l)^ de la
religion catholique, se trouvait dans cette ville où il était
venu pour organiser la défense contre le roi de Navarre.
Malgré cela, il ne fut pas privé de son gouvernement qu'il
possédait encore en 1603. Il était alors d'un grand âge et
très infirme. La survivance de sa charge appartenait à
M'" de Lavardin, gouverneur des provinces du Perche et
du Maine, qui, ayant d'autres vues, était disposé à lui
rendre sa parole à cet égard; dans ces conjonctures,
Henri IV fit choix pour le gouvernement du Poitou du
plus illustre de ses serviteurs, le duc de Sully. Ce dernier
raconte dans ses Mémoires comment le roi l'autorisa à
(1) Jean de Chourses, s"" de Malicorne, avait succédé en 1585 à Guy
de Daillon, comte du Lude, celui qui assiégea Niort en l'année 1569 à
la tête de l'armée royale.
— 215 —
traiter avec M'"' de Malicorne (1) et de Lavardin, ce qu'il
fit, dit-il, si adroitement que moyennant un millier d'écas
donnés à propos à ceux qui leur servaient de conseil, il
tira d'eux le gouvernement pour 20,000 ëcus. 11 nous
apprend plus loin que cette charge rapportait 18,000
livres par an. On sait que, s'il fut administrateur sévère
de la fortune du royaume^ Sully était aussi fort soigneux
de la sienne. 11 recevait avec une grande satisfaction les
présents que lui faisaient les villes de son gouvernement,
et ce fut très probablement pour lui que la ville de Niort
inaugura l'hommage d'une pièce d'orfèvrerie, qui se con-
tinua vis-à-vis de ses successeurs jusques vers la fin du
siècle.
. Le duc de Sully avait reçu, en date du 16 décembre
1603, ses provisions de gouverneur du Poitou, Chatelle-
raudais, Loudunais, etc. Le 22 juin de l'année suivante, il
fit son entrée solennelle dans la ville de Poitiers, qui lui
olïrit une plate-foi^ne d'argent portant un canon d'argent
doré, comme emblème d'une de ses charges, celle de
grand maître de l'artillerie. Quelques jours après, il entra
à Niort; les échevius lui firent présent d'un objet d'art,
dont la forme était inspirée par un jeu de mots sur le nom
de leur ville que l'on décomposait ainsi : Nid-Or. C'était
une tour d'argent surmontée d'un arbre dans lequel il y
avait un nid d'or avecq la figure dang pelliquand et deux
petitz pelliquandeaux. Il était dit dans le marché passé
(I) Les fonctions de gouverneur du Poitou paraissent avoir été en
réalité exercées depuis 1589 par ]\I'' de Parabère, gouverneur de Niort,
qui avait aussi le titre de lieutenant général dans la province et le
conserva sous le duc de Sully. Les registres de l'hôtel de ville donnent
toujours à M"" de Parabère le titre de gouverneur du Poitou, comme
dans le procès-verbal ci-dessous :
Assemblée du 27 juillet 1601. Touschant d'adviser à faire présenta
Mgr de Parabère, (jouverneur du Poitou, à sa venue en cestc ville,
d'ung tonneau de bon vin, a esté dellibéré que les d Savignac et
Michel feront perquisition d'ung tonneau de bon vin qui se trouvera en
ceste ville pour estre faict présent au sgr de Parabère, et le prix paie
par le recepveur de céans.
— 216 —
pour la fabrication de cette œuvre que le pélican se perce-
rayt l'estoumac, suivant la tradition. Elle fut faite à la
Rochelle par les nommés Jacques Chabot, Abraham
Besnard et Benjamin de la Noiihe, maistres orpheuvres et
bourgeois de la dite ville, au prix de trois cent soixante
livres, dont quatre-vingt-dix pour la façon (1).
(\) Assemblée du li juin 160i. Touchant d'adviser à l'advertisse-
ment faict à Monsieur le Maire de ceste d. ville qui est à ce que l'on
ayt à se tenir prest pour recepvoir Monsieur de Rosny, gouverneur en
Poitou, et luy fayre un présent atin de luy faire paroistre le zèle et
affection que nous avons en son endroict.
A esté dellil)éré par tous et par nous conclud qu'il sera faict un
présent à mon d. s"" de Rosny, lequel sera faict scellon les facultez et
moyens des habitans de ceste ville lorsqu'il viendra fayre son entrée en
icelle ville.
Assemblée du 18 juin 160i. Touchant d'adviser à la requeste
présentée par le d. Thomas Jamonneau et le d. Jehan Dernier, dysant
que suivant et au désir de leur commission à eux baillée au conseil qui
fut tenu par plusieurs eschevyns et pairs de ce corps le xv« jour de ec
présent moys et an pour fayre ung présent à Monsieur le marquis de
Rosny, lorsqu'il fera son entrée en ceste ville, afin de le recepvoir scellon
son méritte, le d. conseil tenu en l'hostel et mayson de Aubin Girault,
escuyer, s"" de Gourfailles, lieutenant particullier et assesseur au siège et
ressort de ceste ville, contenant que les d. Dernier et Jamonneau se
transporteroyent en la ville de la Rochelle, pour fayre fayre ung arbre
d'argent dans lequel il y auroyt ung nictd'or. dans le d. nict, il y
auroyt ung oyseau en forme de pelliquandquice perceroytl'estoU'
mac, et au dessoubz des petitz pellicandaulx, ou bien une tourt en
forme des armoyries de cesle ville, sur laquelle seroyt ung arbris-
seau dans lequel sera le nict d'or et oyseau cy-dessus, comme dict
est et comme il est plus à plain desclairé et spécifié par l'acte qui fut
faict au d. conseil ci dessus datte, et aussy fut dict qu'ilz en rappor-
teroyent acquit ou contract de marché faict avecq les maistres qui
entreprandront la d. besougne, ce qu'ils ont faict désirant que le tout soit
aprouvé et ratyfié par la d. assemblée pour leur descharge.
Après que lecture nous a esté faicte de l'assemblée particullière ou
conseil tenu en l'hostel du s^^ Girault, ensemble du contract ou marché
faict par les d. Dernier et Jamonneau à Jacques Chabot, Abraham
Desnard et Denjamin de la Nouhc, m^^ orpheuvres de la ville de la
Rochelle, contenant que les d. Dernier et Jamonneau ont baillé et payé
comptant aux d. m«s orpheuvres la somme de quatre vingt dix livres
pour la fasson d'une tourt et arbrisseau au dessus de la d. tour et
— 217 —
Dans l'assemblée du 24 juin, Gamaliel Toiicquard et
Jehan Regnault, qui avaient été députés û Poitiers pour
prêter au gouverneur le serment d'obéissance au nom des
byseau, le tout d'argent ficellon la figure qu'ilz nous ont représenté en
la présente assemblée, le tout suivant et au désir de leur commission,
a esté dellibéré par tous et par nous conclud que le d. acte tenu en
riiostel du d. S"" Girault, en datte du quinziesme jour de ce présent
moys, ensemble l'accord ou marché faict par le d. Dernier aux d. de la
Nouhe, Besnard et Chabot, daté du seiziesme jour du présent moys,
signé Bigeard, notayre royal, seront ralilTiez et approuvez et iceulx
ratifTions et approuvons et tout le contenu en iceulx, et seront les d.
Bernier et Jamonneau descliargez.
Assemblée du juillet 160'i. Pour adviser à la requeste présentée
par le d. Thomas Jamonneau dysant que cy-devant et au moys de juing
passé le d. Jamonneau et le d. Jehan Bernier ont esté chargez par
assemblée parlicuIliAre de soy transporter en la ville delà Rochelle fayre
prix avecq des orphcuvres de la dicte ville de la fasson et matière d'une
tour d'argent avecq ung arbre dans lequel y auroyt ung nict d'or
avec la figure d'xing pelliqiiand et deux petilz pelliquandeaux,
pour en faire présent à mon seigneur le marquis de Rosny, lieutenant
général et gouverneur pour le Roy de ce pais de Poitou, lors de son
entrée qu'il a faicte en ceste ville de Nyort, suivant laquelle dellibération
les dictz Jamonneau et Bernier se sont transportez en la d. ville de la
Rochelle et ont faict prix de ce que dessus avec Jacques Chabot,
Abraham Besnard et Benjamin de la Nouhe, maistres orpheuvres et
bourgeois de la dicte ville de la Rochelle, scelon qu'il appert par contract
sur ce faict et passé au d. lieu de la Rochelle le seiziesme jour du mois
de juing, signé Bigeard notayre royal, depuis lequel temps ils nous ont
rapporté la dicte tourt d'argent, le dicl nict d'or, une figure d'arbre,
pelliquand et pelliquandaulx, scellon et au désir de la d. assemblée,
lesquelles choses ont esté par nous, en présence de plusieurs eschevins
et pairs de céans présentées et données à mon dict seigneur de Rosny,
lequel les a heu pour agréables, et diet encore le d. Jamonneau que,
auparavant (lu'ellcs luy fussent présentées, elles ont esté veuhes céans
par nous et plusieurs eschevins et pairs du d corps de céans, et ont esté
aussi trouvées comme bien et duemeiil faicles; nous ont aiissy les d.
Jamonneau et Bernier rcmonslré qu'il ont heu acquiel des d. Chabot,
Besnard et de la Nouhe en dalhc du vingt-sixiesme jour de juing
dernier passé, aussy passé par le d. Bigeard notayre, disant aussy que
des denyers qui leur ont eslé mis entre les mains pour achapler la d.
tourt d'argent, les d. niel d'or, arbre et pclli(iuand, il leur a esté donné
des denyers revenant à la somme de trois cent soixante livres, de
— 218 —
habitants de Niort, rendirent compte de leur mission. Ce
même jour, il fut décidé que l'on mettrait sur pied, pour
sa réception, quatre compagnies de milice bourgeoise,
dont les commandants furent nommés séance tenante. Les
registres ne nous donnent pas la date exacte à laquelle le
duc de Sully fît son entrée à Niort ( l). 11 y passa un jour
et demi et fut logé par les soins du corps à l'auberge du
Petit-lMore, où il était défrayé, mais sans grand empres-
sement, à en juger par les termes du règlement de compte
avec l'hôtelier. (2). La mauvaise grâce fut du reste, ainsi
laquelle ils ont tenu compte par le menu, présentement dont ils requiè-
rent estre deschargez.
Après que les d. Jamonneau et Dernier ont faict apparoir du d.
contract et acquict et ont tenu compte entièrement parle menu de tous
les denj'ers (ju'ils ont desboureez pour les matières dor et d'argent,
estuy pour mettre la d tourt et fasson desd. choses, ensemble desfraicts
par eulx faicts au voyage en ceste ville de la Rochelle, parl'issue duquel
compte ils se sont trouvez redevables d'aulcunes choses, a esté dellibéré
par tous et par nous conclud que les d Jamonneau et Dernier demeure-
ront quittes et deschargez de ce que dessus, dont il leur a esté octroyé
acte pour leur valloir et servir ce que de rayson ; a esté aussi dellibéré
que le d. contract et acquict seront mis au cofTre du trésor de céans ce
qui a esté présentement faict.
(1) Sully, d'après le récit qu'il fait de son voyage en Poitou, rentra à
Paris le 22 juillet, après avoir été faire à la Rochelle, en dehors de son
gouvernement, une entrée fort imposante; il était escorté de 1200
hommes. En revenant, il s'arrêta encore dans quelques localités du
Poitou.
(2) Assemblée du juillet 160i. Pour advLser à la requeste
présentée par Jacques Nouel, hoste du logis où pend pour enseigne le
Petit-More, dysant qu'il nous auroyt pieu à l'entrée de Jlonsieur le
marquis de Rosny, faiete en ceste ville, icelluy seigneur loger avecq
toutte sa mayson au d. logis du d. suppliant qui auroyt fourny de ver-
geu, vinaigre et autres petittes commoditez qu'il auroyt pieu prendre à
mon d seigneur en icelluy d. logis, oii il auroyt séjourné par ung jour
et demy, sans que le d. suppliant, qui n'est que ung pauvre locataire du
d logis en ayt heu aulcun payement en récompense, par quoy désirant
le d. suppliant qu'il nous pleust ordonner payement estre faict par le
rccepveur du d corps de la somme de soixante livres, ou aultre somme
que de rayson.
A esté dellibéré par tous et par nous conclud que pour l'occupation
— 219 —
que nous le verrons plus amplement, la note dominante
dans les rapports de la ville avec Sully. Pour son entrée
néanmoins, en outre du présent qui lui fut otïert, on fit les
décorations et préparatifs habituels en signe d'honneur et
de réjouissance officielle. Le procès-verbal de la séance du
dernier vendredi de décembre contient l'allocation de la
somme due à un peintre pour les tableaux d'armoiries qui
avaient été placés aux portes de la ville (1).
Sully resta pourvu du gouvernement de Poitou pendant
douze ans. Il vint plusieurs fois â Niort dans ce laps de
temps et, lors d'une de ces visites, en janvier 1616, il ût
au corps de ville une demande qui paraît singulière, mais
qui est bien en rapport avec l'esprit de grand ménagement
d'argent qu'on lui connaît. Il aurait voulu être fourni du
linge nécessaire pendant son séjour. Les échevins refu-
sèrent disant qu'on n'avait point acoastumé en ceste ville
d'en fournir les gouverneurs de la province (2). Il est
qui aestéfaicte du d. logis du d. Nouel par mon seigneur le marquis
de Rosny lors de sa d. entrée, qu'il luy sera allouhé la somme de douze
livres tz, de laquelle somme il sera payé par le recepveur de céans qui à
ce fayrc sera contrai net par touUes voyes deuhes et raysonnahles, ce qui
luy sera allouhé en ses comptes en rapportant ces présentes et acquict
du d. Nouel, sans tirer à conséquence pour ladvenir, laquelle somme
sera allouhée au d. recepveur des intrans en rapportant la présente et
acquict du d. Nouel.
(1) Assemblée du dernier vendredi de décembre 160i. Pour
adviser à la requeste présentée par François Loyseau, m*= peintre et
vitrier de ceste ville, tendant à estre payé de la somme de livres qui
luy sont dheues pour avoir fet par commandement de nous d. mayre
huict armoyries pour mettre aux portes de ceste ville à l'entrée de mon
seigneur de Rosny, gouverneur de ce païs de Poictou.
A esté dellibéré par tous et par nous conclud que le d. Loyseau sera
paie de la somme de livres dheues pour la fasson des d. armoyries
par le recepveur de céans.
[Sur le registre, en dessous de cette délibération, est un dessin grossier
des armes de la ville, une tour et trois fleurs de lys placées un et deux.]
{^) Assemblée du 19 juin 1616 Sur ce que nous d. mayre avons
faict entendre aux assislans que M"" le duc de Suilly, gouverneur de
ceste province, demande que les habitans de ceste ville le fournissent
— 220 —
permis de croire que leur refus n'était pas, en cette occa-
sion, motivé par l'importance des frais à faire, mais bien
par les sentiments d'hostilité que professait vis-à-vis du
gouverneur la portion catholique de l'assemblée, l'accusant
de pactiser avec ses coreligionnaires qui préparaient
une nouvelle prise d'armes.
Dans le courant de l'année précédente, un pair, nommé
Pierre Texier, avait insulté le duc de Sully et M'' de
Parabère, qui étaient présents lors de l'élection du maire.
Quelques jours après, le procureur syndic requit, il est
vrai, que pour ses insollences le dit Texier fût desmis et
privé de sa place (1). L'assemblée conclut à la suite qu'il
serait informé des dictes insollences pour en être fait
rapport â la prochaine réunion ; cependant Tafïaire ne fut
pas poursuivie. Il n'en est aucunement question dans les
procès-verbaux suivants ; on constate seulement que
Pierre Texier, durant plusieurs années, n'est plus porté
parmi les membres présents ; mais son nom figure sur la
liste générale des cent pairs de 1G20, insérée aux registres.
Autrement dit, il ne fut pas dégradé de son titre.
Vers la même époque, Sully céda pour 200,000 livres le
gouvernement de Poitou au duc de Rohan, son gendre,
qui en avait obtenu r agrément du roi. Il dit à ce sujet
de linge lorsqu'il sera en ceste ville, a esté par tous dcllibéré et par
nous conclud que, sy mon dit seigneur le duc de Suilly faict encore
ceste demande aux d. habitans de ceste ville, on le suppliera de nous
en excuser, attendu qu'on n'a point acoustumc en ceste ville d'en
fournir les gouverneurs de la province.
(1) Asse'^nblée du 26 juin 1615. Sur la reraonstrance du d. scindiq
que en la mairie dernière et aux mairies préceddantes, M'' Pierre
Texier, l'un des pairs de céans, auroyt commis plusieurs insollences
indignes d'un homme de sa qualité et condition, jusques là il auroyt
usé de contumélie vers Nosseigneurs le duc de Suilly et de Parabère
qui estoient à la mairie dernière, requis que pour ses insollences il
soit desmis et privé de sa place.
A esté par tous dellibcré et par nous conclud qu'il sera informé des
dictes insollences à la requeste et dilligence du d. scindiq pour estre
raporté à la prochaine assemblée de céans et pourveu ce qu'il
appartiendra.
— 221 —
dans ses Mémoires que d'autre part il en aurait pu avoir
300^000 livres. Le duc de Rolian fut nommé par lettres
données â Paris le 23 septembre 1616, enregistrées à Niort
à la fin du même mois. Il avisa les maire et éclievins qu'il
ferait son entrée dans leur ville le 6 décembre. Sa lettre à
cet effet fut communiquée au corps de ville assemblé le
21 novembre (1) et, dans cette môme séance, on liquida
le compte de l'orfèvre de la Rochelle qui avait été chargé
de faire la tour d'argent offerte au nouveau gouverneur. Il
y était entré pour deux cent vingt-deux livres d'argent;
le total des frais, compris le voyage du sieur Barbade,
l'un des pairs, la façon et le port, s'élevait â 374 livres
15 sols 4 deniers. Le corps désigna les éclievins qui com-
manderaient les trois compagnies à mettre sous les armes.
Le jour de l'entrée, il fut apposé des tableaux d'armoiries,
comme d'ordinaire, et dressé en outre un arc de triomphe ;
la dépense de ces accessoires fut réglée dans la dernière
assemblée de l'année (2) .
Le gouverneur du Poitou avait, pour l'aider et le sup-
pléer dans ses fonctions, un ou deux lieutenants généraux.
Le duc de Sully eut d'abord NP de Parabère, qui était en
même temps gouverneur de Niort. Celui-ci, en 1613, céda
le commandement de la ville â son fils Henri de Baudéan,
baron de Pardaillan, et sa charge de lieutenant général du
Poitou au marquis de Noirmoutiers (3). A la mort de ce
(1) Assemblée du 21 novembre 1616. Lecture faicte de la lettre de
M"" de Rohan portant qu'il fera son entrée en ceste ville, comme gou-
verneur de ceste province, le mardi vj décembre prochain, a esté par
tous dellibéré et par nous conclud, scelon les assemblées précédentes,
que l'on fera entrée au d. s"" de Rohan, et à ceste lin sera faict un ban
pour assembler les habitans de caste ville et sera faict préparatifs de
tout ce quy sera nécessayrc.
(2) Assemblée du 31 décembre 1616. Huict livres pour les armoyries
faictes à l'entrée de INI"" de Rohan. Huict livres cinq sols à .1. Bardon,
menuysier, pour les estofl'es d'un arc de triomphe à la dicte entrée.
(3) Le personnage que les registres de l'hôtel de ville {Assemblée du
1" août 1613) désignent par ce titre est Louis de la Trémoille, marquis
de Noirmoutiers, dont la statue tombale est au Musée de Niort. Il
mourut le 4 septembre 1613, âgé de 27 ans.
— 222 —
dernier, arrivée peu de temps après, M' de Rochefort
obtint la place par le crédit du prince de Condé (1). Sa
fidélité au roi étant suspecte â juste titre, il fut remplacé
par le comte de la Rochefoucault, qui était catholique (2)
et fut, à cause de cela, reçu à Niort avec des honneurs
extraordinaires (3). Il n'était en fait que sous-gouverneur ;
cependant on lui donna, comme s'il eût été le premier de
la province, la tour d'argent faicte pour cet effect, dit le
procès-verbal. A ce propos, il y a lieu d'observer que les
registres de l'hôtel de ville, bien que très complets pour
cette période, ne contiennent rien qui concerne la façon de
(I) Louis d'Aloigny, sgr de Rochefort, elc... était grand chambellan
du prince de Condé.
(•?) Le comte de la Rochefoucauld avait été protestant ; il abjura le
calvinisme, très jeune encore, et devint zélé catholique.
(3) Assemblée du 20 mai 1615. A esté par tous unanimement delli-
béré et par nous conclud .... qu'entrée sera faicle au d. seigneur de la
Rochefoucauld, et pour ce fayre sera par nous mayre faict fayre un
bancq pour l'assemblée qui se fera à cet elîet, et pour aller saluer le
d. sgr comte jusqucs à Saint-Maixent ont esté nommez à la pluralité
des voix El sera préparé le logis du Grand-More pour le d. sgr
comte, qui sera tapissé et l'enseigne ostée ; seront faictes des armoyries
scelon qu'il a esté acouslumé en telles entrées. Ne sera faicte aultre
compaignie que celle du mayre qui sera grosse jusqu'à trois cens
des plus capables habitans de ceste ville, et sera prinse l'enseigne
blanche .... et seront condampnez chascun des contrevenans à vingt
livres d'amande, ce qui sera exécuté nonobstant oppositions et appella-
tions quelconques. Et sera donnée la tour d'argent au d. sgr comte
de la Rochefoucauld, qui a esté faicte pour cet effect avecq les aultres
présents et gratiflications qu'on a acoustumé en pareil cas [Le logis du
Grand-More fut acheté en 1618 par le père Gastaud 2:)0ur y établir
les Oratoriens.]
Assemblée du '29 mai 1615. Requérant le procureur scindiq, a esté...
et par nous conclud que les habitans de ceste ville qui pouvoient porter
les armes à l'entrée de Mgr de la Rochefoucauld et ont faict mespris
de l'appel, nonobstant tous les bancqs qui ont esté publiés, seront
condampnez à paier l'amande, laquelle amande le corps de céans a
modérée à trente-six sols trz, et qui sera paiée par les contrevenans sur
le rolle qui en sera à cet effect dressé par nous mayre.
— 223 —
la tour offerte au comte de la Rochefoucauld. Vis-à-vis du
même personnage, la ville de Poitiers témoigna peu de
temps après de sentiments pareils â ceux qui avaient été
manifestés â Niort. Lorsque le roi passa à Poitiers au mois
d'août 1G15, il était accompagné par M''® de Sully et de
la Rochefoucauld. Les maréchaux des logis marquèrent
pour ce dernier la maison attribuée d'ordinaire au gouver-
neur de la province ; le duc de Sully pensa, non sans
raison, que cela s'était fait do concert avec les habitants et
resta pendant quatre jours au château d'Auzances, près
Migné, â petite distance de la ville, jusqu'à ce que le roi
lui eût fait lendre son logement.
Lorsque le comte de la Rochefoucauld eut été, en 1622,
après la défection du duc de Rohan, nommé gouverneur
du Poitou, il ne fit pas, en cette nouvelle qualité, d'entrée
solennelle à Niort. Il donna sa démission en 1633, et le roi
pourvut de la charge vacante Henri de Baudéan, comte
de Parabère, qui fut lui-même remplacé, en 1646, par
François de la Rochefoucauld, prince de Marsillac (1),
l'auteur des Maximes. Engagé, comme on sait, dans le
parti de la Fronde, il prit paît à la défense de Bordeaux
contre l'armée royale. Le gouvernement de Poitou fut
alors donné au duc de Roanez , qui le reçut en 1654 (2), et
(1) François de la Rochefoucauld fut nommé par lettres du 3 novem-
bre 1646.
(2) Assemblée du 'ii juillet 165i. Nous avons eu advis que le duc
de Rouanals, gouverneur de cestc province, y est entré depuis peu de
jours et qu'il serait à propos de députer par devers luy. Ont esté députez,
André Brunet, esciieviii, conseiller du roy et son assesseur criminel au
siège royal de ceste ville, Philippe Bastard, pair, et seront les frais de
la d. députation advanccz parle d. Bastard, recepveur du corps, lesquels
luy seront allouez en son compte.
Assemblée du 31 juillet 165'i. Les députés nommés le 22 juillet rap-
portent qu'ils ont été vers Mgr le duc de Rouanais en sa maison
d'Oiron, jjour l'assurer des obéissances du corps et des habilants
de céans.
— 224 —
le conserva jusqu'à l'année 1G64, où il le céda au duc de la
Vieuville (1).
Dans l'année suivante, le nouveau gouverneur fît savoir
qu'il ferait son entrée à Niort, et, le 26 juin, le corps déli-
béra sur les honneurs à lui rendre et les présents qui lui
étaient dus. D'après les registres, il ne parait pas que le
duc de la A'ieuville soit alors venu, comme il l'avait
annoncé. Dans tous les cas, il ne fut pas question de la
tour d'argent. Les trois gouverneurs précédents, sans
qu'on puisse l'affirmer toutefois, ne l'avaient pas reçue.
Elle fut cependant ofïerte au duc de la Vieuville, mais
seulement dix ans après son entrée en charge ; le nid d'or
et les pélicans tendaient à tomber en désuétude. Le gou-
verneur vint à Niort le 28 avril 1674 et y fut reçu avec
apparat (2). C'est en ce temps-là que se préparait l'envoi
(1) Assemblée du 17 décembre 166'i. M'' le duc de la Vieuville fait
part aux maire et échevins de ses lettres de provision comme gouver-
neur du Poitou, par démission faicte de gré à gré par le duc de
Roua nais.
Ces lettres étaient en date du 12 septembre 1664.
{^) Assemblée du 17 avril 167i. Mg'' le duc de la Vieuville, gou-
Terneur de ceste province est sur le chemin pour venir à Niort ; il
serait à propos de députer quelques personnes de cette communauté
pour témoigner notre respect. Sont députés pour aller à Poitiers, Gabriel
Hugueteau et Abraham Bertaud. La compagnie de cavalerie ira à une
lieue au devant de lui ; nous maire, accompagné de ceux de ce corps,
l'attendrons à la porte de la ville.
Assemblée du 27 avril 167k. Mgr le duc de la Vieuville sera
demain en cette ville ; il désire voir l'infanterie et la cavalerie de cette
ville sous les armes ; on se mettra en état. Il lui sera olî'ert un logis et
des vivres ; les fonds seront pris de François Rouget, receveur de cette
ville, sur billets du maire .
Assemblée du 8 mai 167 i. Eu conséquence de ce qui précède, ordre
avait été donné à Rousseau, hôte des Trois-Pigeons, de faire des pro-
visions. Le sieur Dupuy, receveur des aides de cette ville, aurait offert
son logis au gouverneur qui aurait accepté. Rousseau aurait porté ses
provisions chez lui. Le sieur Dupuy ne se met pas en devoir de le
payer, et il n'y a pas apparence qu'il le fasse. Il est du devoir de cette
communauté de ne pas souffrir que le dit seigneur paie ses provisions.
Des fonds seront pris à cet effet des mains du receveur.
— 225 —
du détachement de milice bourgeoise sur les côtes. Quel-
ques mois plus tard le duc était de nouveau dans notre
ville et c'est après cette dernière visite (1) que l'échevi-
nage lui fit le présent accoutumé, se reconnaissant d'ail-
leurs fort en retard. La valeur prévue de la tour d'argent
était de 750 livres, prix très supérieur à ce qu'elle avait
coûté autrefois (2).
Le duc de la Vieuville avait pour lieutenants généraux
dans son gouvernement du Poitou M''^ de Pardaillan et de
Parabère. Le corps de ville avait promis à ce dernier, qui
comptait Niort dans son ressort, de lui faire un présent de
500 livres, mais ne se hâtait pas de s'acquitter, comme le
prouve une lettre de ]\I'" de Parabère, dont l'original est
fl) Assemblée du 4 septembre 167i. Proposé par nous maire que
Mgr le duc de la Vieuville estant, il y a quelque temps, venu en ceste
ville, il nous auroit ordonné de lui chercher un logement, ce que nous
avions faict, et comme il arriva extrêmement tard et qu'il venoit en
ceste ville pour les atTaires publiques, nous aurions esté obligé de luy
faire préparer le soir à souper et le lendemain à disner, et pour cet
eiïect auroit convenu de faire quelques frais, dont la majeure partie sont
deubz à l'hoste des Trois-Roys, à celui des Trois-Pigeons et du
Bon-Conseil, avec quelques avances que nous avions faict pour achapt
de poisson et aultres choses qu'il est juste de payer sur les deniers de
la communauté, sur quoy requiert délibération.
Unanimement dellibéré .... que la despence sera paiée sur les plus
clers deniers du corps .... et où nous serions obligé d'en faire l'avance
nous sera alloué dans nos comptes.
(î) Assemblée du 2S septembre 167i. On a accoustumé de pourvoir
en ceste assemblée aux fonds nécessaires pour les aiïaircs de ceste
communaulté, parmy lesquelles il n'y en a pas de plus urgente que d'y
satisfaire au présent de la tour d'argent deue depuis long-temps à
Mgr le duc de la Vieuville Arrêté que la tour sera fabriquée de valeur
seulement de cinq à six cens livres, si faire se peut selon lacoustume.
Assemblée du 30 septembre 167i. Sur le bail du dixiesme sera
prise la somme de 750 livres, laquelle sera paiée comptant par l'adju-
dicataire es mains d'un orpheuvre pour l'aehapt et fasson d'une tour
d'argent qui sera présentée à Mgr le duc delà Vieuville, à luy deue pour
le présent ordinaire que ceste communaulté a accoustumé de faire aux
gouverneurs de ceste province à leur entrée au gouvernement d'icelle.
15
— 226 —
attaché aux registres (1). Dans l'année suivante, à la
séance du 29 septembre 1673^ ordre fut donné au receveur
de payer la somme réclamée,
La lettre de Al. de Parabère était, à peu de chose près,
écrite en style d'huissier. Quelques années plus tard, ce
fut par un véritable exploit que les maire et échevins
furent sommés de donner une tour d'argent au marquis
de Vérac, qui n'était cependant que lieutenant général de
la province. Ils lui firent, à la suite de ce commandement,
un présent de 500 livres en espèces, et non sous forme de
tour d'argentj le même chiffre auquel avait été imposé le
corps de ville par M"" de Parabère, lors de son entrée en
fonctions. Cette allocation était devenue obligatoire^ car le
marquisde\'érac avait obtenu ordonnance du roi. L'assem-
blée, où fut discutée la signification faite au corps^ présenta
un caractère particulier ; elle comprenait, non seulement
les maire et échevins en exercice, mais d'anciens maires et
d'anciens échevins. L'affaire avait paru grave ; le procès-
verbal fait voir que l'on craignait beaucoup d'avoir mécon-
tenté le lieutenant général. Deux délégués furent nommés
pour aller porter les cinq cents livres représentant la tour
d'argent (2). Il n'y avait plus là qu'une expression fictive,
(1) « A la Mothe, ce 15 décembre 1672.
« J'auray subject de me plaindre de vous, messieurs, si vous
n'exécutés prontement la parole que vous m'avés tant de fois donnée
que vous me payriés les cinq cens livres dont vous me demandastes
terme jusqu'au mois d'octobre passé, il y a un an. Je ne m'estois pas
attendu que vous me les fériés demander tant de fois. Je vous prie que
ce soit pour la dernière fois et vous m'obligerés extrêmement ; c'est à
quoy je m'attendrai. « Sigjié ; Parabère.
« A messieurs les maire et eschevins de Nyort. »
(2) Assemblée du 11 novembre i6S7. Assemblée des maire et esche-
vins de cette ville de Niort tenue par devant nous, François Charton,
conseiller du roy, maire et capitaine de cette ville à laquelle ont assisté
Alexis Assailly, escuier, s"" de Laubonnière, Jacques Macé, conseiller
du roy et esleu, Philippe Cochon, s"" du Puy, Jean Vaslet, s"" de Cous-
tault-Richier, Anthoine Jousselin. s*" de la Rétuzerie, eschevins en
exercice, Christophle Augier, s"" de la Terraudière, et Philippes Piet,
— 227 —
comme on dit un pot-de-vin pour une gratification; l'ex-
pression elle-môme dispai-aît â partir de cette époque • on
no Ja retrouve plus dans le détail des présents faits 'aux
gouverneurs de la province, durant le dix-huitième siècle
Le corps de ville ne se contenta pas d'obéir avec
empressement â la sommation de M'^de Vérac; il fit encore
à son capitaine des gardes une honnêteté de cent livres
qui lui fut remise par les députés envovés vers le lieute-
nant général (1). Cette charge resta jusqu'en 1789, />«/•
escuicr, s^ de Pied-Fonds, maires antiens, ce jour d'huy unziesme jour
de novembre 1687, et Pierre Blaclot, s^ de la Gastaudière. et Me Pierre
Vasiet, antiens escbevins,
Propozé par nous d maire que Mgr le marquis de Vérac, lieutenant-
général et conmiandant pour le roy en Hault-Poitou, nous a fait signifier
une ordonnance, en date du 7 du présent mois et an, par laquelle il
serait ordonné de la part de Sa Majesté aux maire et esehevins de cette
v.lle de luy pa.er dans un mois après la signification de Tordre une tour
d argent de la valeur qui a esté paiée aux précédents lieutenants-
généraux, que faulte de cette les maire et esehevins y seront contraincts
par toutes voies, mesme par corps, la d. signification du jour d'hier
signce Clément, garde aux sommations, de satisfaire dans le d temps
.>ur quoy nous requérons la compagnie de délibérer.
A esté arresté et par nous conclud que la d. ordonnance sera registrée
au secrétariat du corps et qu'il sera emprunté une somme de 500 livres
pour le présent de mon d. seigneur, et 100 livres pour aultres afïaircs
du corps, dont le paiement sera asseuré sur les premiers deniers du corps
de ville, particulièrement sur le prix du bail du Poids-le-Hoy pour les
trois années prochaines, lequel à cette fin sera présentement faict
auquel emprunt on s'obligera sollidaireinent. et ce pour le bien public'
pour ne donner sujet au d. seigneur d'esire mécontent de nous ei
lorsque le d. emprunt sera taiet, sera advisé aux inoiens deluv porter la
d. somme et choisir des personnes qui luy seront agréables, et à l'instant
nous maire et Alexis Marsaulit. s^ de la Cailletière, anlien maire, avons
este pries de faire le voiage et aller par devant mon dit sgr de Vérac
Assem^Zee du 15 décembre 1687. Alloué 25 livres pour le voyage
d s délègues qui sont Jean Vasiet et Antoine Jousselin, le maire et
Alexis Marsault étant empêchés.
(I) Assemblée du 12 janvier 1688. Les sieurs Vasiet et Jousselin ont
été remercies de leur peine et voiage d'avoir porté la somme de
500 livres a mon d. sgr de Vérac et arrèlé qu'ils seront remboursés de
la somme de 18 livres 18 sols pour les frais de leur voiage. a ec 1
— 228 —
survivance, dans la famille de Vérac; mais ni les registres,
ni les comptes ne renferment de mention qui indique le
renouvellement du présent de 500 livres ou d'autre somme
aux titulaires qui suivirent.
Les archives ne contiennent rien de relatif aux gouver-
neurs dans la fin du règne de Louis XIV. La mairie
perpétuelle de M'' de Pierre-Levée, pour bien des causes
dont il a déjcâ été parlé, n'a laissé que fort peu de docu-
ments.
En 1719, par lettre du 2Q avril (1), l'intendant avisa les
maire et échevins que le prince de Conti, gouverneur de
la province (2), serait le 11 ou 12 mai à Poitiers où il
resterait deux jours ; il les invitait à envoyer des députés
dans cette ville. Le premier mai, il leur écrivit de nouveau
à ce sujet (3), leur disant en outre de s'assurer s'il n'y avait
pas un présent à faire â S. A. Sérénissime, en qualité de
gouverneur du Poitou. Le 4 mai, il fut arrêté en séance
que le maire, accompagné de M''^ Blactot, et Thomas de la
Chapelle, échevins, se transporterait le 10 ou 11 du présent
mois en la ville de Poitiers, qu'il adresserait un discours
au prince et lui offrirait au nom de la ville un présent de
bougies, confitures sèches et autres choses de pareille
nature, pour une valeur de 500 livres.
Le 3 septembre 1720, le corps de ville, informé qu'il
était né un fils au prince de Conti, décida qu'il lui serait
écrit une lettre pour lui marquer la joie que les habitants
gagé, par M"" Miche! Arnaull s'' du Pastis, receveur des deniers de ce
corps.
A aussi été rapporté qu'ils ont mis ès-mains du sieur des Vignes,
capitaine des gardes du d. sieur de Vérac, la somme de 100 livres pour
l'honnêteté que le d. corps avait arrêté de faire au d. capitaine des
gardes, laquelle il a reçue et en a remercié le corps et en a donné sa
quittance du 18 décembre.
(1) Archives de Niort, n° 2858.
(î) Les lettres de provision du prince de Conti étaient du 9 avril
1717. Il succédait au marquis de la Vieuville qui avait occupé la charge
après le duc, son père.
(3) Archives de Niort, n° 2859.
I
— 229 -
avaient de cette naissance; en outre, que l'on ferait un feu
de joie et que le régiment de Niort serait mis sous les
armes.
Le prince fut gravement malade dans l'année 1724.
Lorsque l'on fut assuré qu'il était en convalescence, les
maire et échevins firent célébrer aux Cordeliers une messe
d'actions de grâces et chanter un Te Deum à Notre-
Dame (1). Le régiment, infanterie et cavalerie, fut
assemblé, comme d'ordinaire, au cimetière Saint-Jean et
massé aux abords de la cathédrale pendant cette céré-
monie. Il y eut feu de joie sur la place du Château,
illumination générale et banquet ofïert par l'hôtel de
ville pour boire à la santé de Son Altesse.
Le prince de Conti mourut fort jeune, le 4 mai 1727 (2).
La ville fit faire pour lui, le 10 du mois de juin, un service
solennel à l'église paroissiale de Saint-André, avec ten-
tures, lit d'honneur, etc. Le tout fut adjugé sur devis,
par bail au rabais, à Pierre Gaultier, tapissier, pour
390 livres.
Son fils aîné, qui lui succéda au gouvernement de la
province, n'était alors âgé que de dix ans. En 1730, il vint
avec sa mère à Poitiers, où le maire, accompagné de trois
gagés, en grand apparat par conséquent, alla compli-
menter le prince et la princesse douairière. La dépense,
qui fut comptée dans la séance du 6 juillet, s'élevait à
181 livres 2 sols. S'il y eut des présents offerts, il n'en est
pas fait mention.
Le jeune prince fut marié en 17§2 avec Diane d'Orléans,
(1) Assemblée du 2 septembre 112i.
(2) Nous avons perdu le quatre de ce mois M'" le prince de Conli, qui
est mort d'une fluxion de poitrine, très regretté de tout le monde. C'était
pour ainsi dire le seul prince qui avait de l'esprit et des lumières, qui
s'appliquait aux alFaires et sur lequel on pouvait compter dans le
Conseil. Il n'avait que 32 ans. Il laisse M"" le comte de la Marche, à
présent prince de Conti, M"" le comte d'Alais et une fille dont M"'« la
princesse de Conti est accoucliée il n'y a pas long-temps. [Journal de
Barbier, t. n. p 4].
— 280 —
fille du Régent (1). La ville de Niort célébra cet événe-
ment par une journée de réjouissances, avec Te Deum,
devises, feu de joie, etc.. . Le régiment fut mis sous les
armes. Le soir, l'échevinage donna un souper de 60 per-
sonnes, ecclésiastiques, gentilshommes et officiers, tant de
guerre que dejudicature. L'ensemble avait été adjugé â
Pierre Tu fïet, pâtissier, pour 450 livres (2). En septembre
1734, pareille fête eut lieu pour la naissance du fils du
prince. Les fraiss'élevèrent à 375 livres (3); l'adjudicataire
était le même Pierre Tulïet.
Le secrétaire des commandements du prince de Conti
était M'' Jacques Adam, L'un des quarante de U Académie
française, dont il fut d'ailleurs un membre fort obscur.
Lorsqu'il mourut, en 1735, la ville fit dire pour lui une
messe solennelle e/i reconnaissance de plusieurs services
qu'il avait rendus pour le collège, pour la réunion des
offices et dans une infinité d'autres affaires intéressantes.
La dépense fut de 99 livres (4).
Dans l'année 1736, la princesse Diane mourut ; il y eut
pour elle à Niort une cérémonie funèbre, dont les frais
furent donnés à bail au rabais pour 415 livres à Pierre
Gaultier.
Le prince de Conti conserva le gouvernement du Poitou
sa vie durant (5). Nos archives ne mentionnent aucun
présent qui lui ait été ofîert par la ville. Les cinq cents]
livres de confitures présentées à son père paraissent avoir]
été le dernier vestige de la tradition ancienne ; mais,;
comme le montre ce qui précède, la ville de Niort, en'
diverses circonstances, n'en rendait pas moins de grands j
honneurs au gouverneur de la province.
(1) Il vient de se faire un grand mariage du prince de ConU, qui n'aj
que quatorze ans, avec Mademoiselle de CliarU'es qui en a quinze oui
seize Le mariage fut fait le 22 [janvier i732] dans la chapelle dej
Versailles [Journal de Barbier, t. n. p. 240].
(2) Assemblée du i«'- février 1732.
(3) Assemblée du li septembre 113^.
{k) Assemblée du 15 seplembre 1735.
(5) Le prince de Conti mourut le 2 août 177G.
— 231 —
Le dernier titulaire de ces fonctions qui, au point de
vue de l'administration, avaient perdu toute importance,
fut Louis- Philippe-Joseph d'Orléans^ alors duc de
Chartres (1), celui qui devint Philippe-Egalité. Il fut
nommé après la mort du prince de Conti et occupa la
charge jusqu'à la Révolution. Nous l'avons vu, dans un
autre chapitre, signer les nominations des officiers du
régiment de Niort.
L'amoindrissement des gouverneurs de provinces com-
mença pendant la minorité de Louis XIII. La reine-mère
régente, Marie de Médicis, créa des intendants de jus-
tice (2) auxquels le cardinal de Richelieu transporta la
(1) Le prince prit le titre de duc d'Orléans en 1785, à la mort de son
père.
(2) Assemblée du 3 novembre 1611 . Après que le pacquet du Roy
a esté ouvert et lettre de Sa Majesté leuhe, dont la copie s'ensuit :
« De par le Roy, chers et bien amez, envoyons le s^" de Montholon,
conseiller en nostre conseil d'Estat, en la ville de Poictiers et province
de Poictou, pour y exercer la charge d'intendant de la justice que
avait cy-devant le s"" de Champigny [celui-ci avait succédé à M""
Mangot, sans doute le premier pourvu de cette charge], nous avons
bien voullu vous faire cette lettre patente pour vous dire que, comme
nous avons toujours eu ung soing particullier du bien, repos et conser-
vation de nos subjects, aussy nous voulions compter que vous contri-
buerez ce quy deppendra de vous pour vous y maintenir et continuerez
envers nous les tesmoignages de vostre fidellité et obéissance, vous
recommandant d'observer soigneusement ce que le s"" de Montholon
vous fera entendre de nosire part et pour le bien de nostre service, et de
déférer aux advis et conseils quy vous seront par luy donnez en toutes
occurranccs et luy rendre tous les honneurs et le respect qui est dû à sa
qualité et charge et à la particuUière confiance que nous avons en luy,
à quoy estant bien asseurez que vous ne manquerez pas, nous ne vous
ferons pas ceste cy plus longue. Donné à Paris le xxvij septembre
1617. Signé LOYS, et plus bas Phélippe.a.ux, et au dos : A nos chers
et bien amez les maire, eschevins et habilans de nostre ville de Nyort. »
A esté par tous, dellibéré et par nous conclud que la d. lettre du
Roy demeurera registrée au papier secrétarial de céans pour y avoir
recours sy et quand besoing sera, et oultre a esté aussy conclud que
les députtez cy devant nommez pour se transporter à Paris, [il s'agissait
des affaires du corps contre le lieutenant général Laurens] qui
— 232 -
plus grande partie des attributions des gouverneurs^ et
qui devinrent, sous le titre de commissaires départis pour
l'exécution des ordres de Sa Majesté dans la généralité,
la première autorité de la province. Dès le principe, la
ville se met en frais pour l'intendant lorsqu'il vient à
Niort (1). Plus tard, ce n'est plus seulement l'intendant,
mais aussi Madame l'inteudante qui reçoit des présents
de l'échevinage (2). Les registres nous apprennent même
que les 150 livres de confitures offertes en 1664 à Madame
Colbert ne furent payées que fort tardivement au four-
nisseur (3).
sont Nicolas Gallet, escuier, t.'' de la Roche, Jehan Regnault escuier,
S' de Rancogne, et Pierre Viault, escuier, s"" d'Aigonnav, passant à
Poitiers salueront le d. s^ de Monlholon, et a esté nommé à la pluralité
des voix le d. Pelletier, secrétaire, pour se transporter avecq les depputez
et les assister, et raportera la responce, et au d. Pelletier sera donné
pour son voiage la somme de sept livres par le recepveur des denyers
patrimoniaux de céans, et luy sera allouhé en son compte.
({} Assemblée du dernier jour d'août 1618. Sur la requeste de
Boursault, hoste de la Lamproye, tendant à estre paie de la somme de
soixante quatre livres pour vin pris en sa maison et présenté à M" de
Rohan, de Parabère et de Monlholon dernièrement quy estoient en
ceste ville, a esté par tous dellihéré et conclud que le d. Boursault sera
paie de la d. somme de LXiiij livres par le recepveur des denyers patri-
moniaux.
Assemblée du 25 octobre 16il. Consent le corps à l'allocation de
dix livres dix sols payées à Jehan Picaud, hoste du Petit-Louvre, pour
du vin fourny à Nosseigneurs le Grand-Prieur et de Villemontée.
Assemblée du 2i avril 165i. Au dict Parthenay 14 livres 15 sols,
somme qu'il a fournye pour vin en bouteilles fourny lors du séjour en
ceste ville des gouverneur et intendant.
(2) Assemblée du 16 décembre 166'i. Propozé par nous maire,
avons apris que le corps estoit accoustumé de faire un présent de con-
litures à Mesdames les intendantes lorsqu'elles venoient en ceste ville,
que Mgr Colbert, intendant de ceste province, estant arrivé es ville avec
Madame sa femme, il requiert l'advis du corps sy on ne luy fera pas le
présent ordinaire.
Conclud qu'il sera faict un présent à Madame Colbert, intendante,
suivant ce que l'on a accoustumé et qu'on li]y donnera pour 40 à 50 escuz
de confitures.'
(3) Assemblée du 29 octobre 1667. Propozé par le d. Charge, esche-
vin, que pendant la mairie du s"- Guyot il fut pris pour 150 livres de
— 233 —
En 1672, Madame de Miromesnil reçut aussi pareille
somme de confitures lors de sa première visite. Le maire
était allé nu devant de l'intendant, à cheval, accompagné
d'un grand nombre d'éclievins, pairs et bourgeois égale-
ment montés (1).
Lorsque, Tannée suivante, fut nommé M"" de Marillac,
celui qui devait consommer la déchéance des cent pairs,
le corps députa vers lui à Poitiers pour le saluer k son
entrée en fonctions (2). Dans les premiers jours de novem-
bre, M' et M""^ de Marillac vinrent k Niort ; la compagnie
de cavalerie alla au devant d'eux, et Madame l'intendante
reçut le présent de confitures toujours tarifé à 150 livres.
Le 10 juillet 1681, une députation présenta les compli-
ments de condoléance du corps à M'' de Marillac qui venait
de perdre sa mère.
Avec le cours du temps, les honneurs rendus à l'inten-
dant s'accentuent. Quand M'" de la Bourdonnaye fait son
entrée à Niort, en 1G90, la compagnie de cavalerie va
au devant de lui à une lieue des murs, et l'infanterie bour-
geoise fait la haie de la porte de ville au logis qu'il doit
occuper (3).
confitures chez Neau, confiseur, [Gaspard Neau demeurant rue Basse]
lesquelles ont été données à Madame Colljert, lequel Neau n"a pu eslre
paie. Il prye la compagnie d'adviser à trouver quelques fonds à cet
effect. Et, même instant, le s-- Guyot se seroit levé ; a dict avoir rendu
son compte, que néanmoins pour son droict d'entrée [il avait été promu
échevin le 20 août 16G6] il pense laisser 150 livres dont il baille son
billet à M" les eschevins, que s'ils veulent recevoir son d. billet ou
consentir qu'il le paye au d. Neau moyennant sa descharge.
(1) Assemblée du 29 août 1672.
(2) Assemblée du 11 septembre 1673.
(3) Assemblée du 26 janvier 1690. Proposé que nous avons été advisé
que Mf de la Bourdonnaye, intendant , doi ht venir .sabmedy en cette
ville, et comme c'est la première fois qu'il y vient en celte qualité, nous
demandons l'advis de la compagnie, de quelle manière on le recevra.
Arrêté que seront rendus tous les honneurs possibles ... ; 25 hommes
de chaque compagnie sous les armes ; la compagnie de cavalerie ira au
devant de lui à une lieue ... ; le maire et les échevins l'attendront à la
porte par lacjuelle il entrera .. ; on bordera de la porte au logis qu'il
prendra.
— 284 —
Sous la mairie de M' de Pierre-Levée, le cadeau à
Madame l'intendante fut accru de valeur ; on lui offrit pour
250 livres de confitures sèches, bougies, oranges, citrons,
etc.. ; en outre l'échevinage crut devoir aller complimen-
ter l'intendant au premier jour de l'an et lui faire en même
temps un présent de trois à quatre cents livres (1).
Ces compliments et cadeaux du premier janvier à l'in-
tendant ne paraissent pas avoir subsisté après la mairie
perpétuelle. M'" de Pierre-Levée avait tout intérêt à se
montrer obséquieux envers l'autorité provinciale, ayant la
crainte que l'on n'examinât de trop près les comptes do
son administration. Dans la suite, jusqu'en 1789, le corps
de ville députa régulièrement â Poitiers pour saluer les
intendants qui prenaient possession de leur charge (2),
(1) Assemblée du 9 juin 1702. Mgr Pinon, intendant, est arrivé à
Poitiers, deux échevins iront avec un gagé pour le complimenter. Alloué
55 livres sur les deniers patrimoniaux.
Assemblée du 21 juin 1702. Réception de Mgr Pinon et de Madame
l'intendante, qui vient avec lui II lui sera présenté trois corbeilles,
l'une desquelles sera composée de confitures sèches, l'autre de
bougies, Vautre d'oranges et de citrons et de toutes autres choses
qui seront des plus rares. Alloué 250 livres sur les deniers patri-
moniaux.
Assemblée du 28 décembre 1102. Déptitation pour complimenter
Mgr l'intendant au jour de l'an. Alloué 400 livres, tant pour le présent
à lui faire que pour les frais de voyage.
Assemblée du 28 décembre 1703. Comme ci-dessus.
(0) Assemblée du 26 septembre 1728. M"" de Baussan vient d'être
nommé en place de M"" de Latour. Trois échevins ont été députés vers
lui. Alloué 117 livres 5-sols sur les deniers patrimoniaux.
Assemblée du 10 mai 1732. Le maire et le premier éclievin sont
députés à Poitiers pour saluer M»" Le Nain nouvellement arrivé. Alloué
95 livres. Les députés sont allés en chaise eccompagnés d'un gagé à
cheval.
Assemblée du 28 septembre 1750. M"" de Blossac arriva jeudi dans
la Tille de Poitiers, et comme dans tous les temps le corps est allé par
députation par devant Nosseigneurs les intendants, le procureur du roi
requiert qu'il nous plaise nous conformer à l'usage.
Assemblée du 3 octobre [750. Le maire et le procureur du roi sont
— 235 —
mais il n'est plus question de présents, ni pour eux, ni
pour Mesdames les intendantes.
Nous parlerons maintenant des gouverneurs de la ville
et château de Niort, à cause de l'importance qu'ils ont eue
à certaines époques, bien que le classement hiérarchique
annoncé en tête de ce chapitre ne les place pas précisé-
ment à ce rang. On compte parmi eux plusieurs noms
illustres, les Parabère, le maréchal de Navailles.
Il y a lieu de faire d'abord une distinction importante.
Anciennement, les gouverneurs de Niort occupaient en
personne le château ; il en a été ainsi jusqu'aux premiers
Parabère. Puis, ils furent le plus souvent représentés par
un lieutenant qui était d'ailleurs appointé par le roi ; cet
officier commandait la garnison du château et recevait en
outre une délégation générale pour agir au lieu et place du
gouverneur absent. Enfin, au dix-huitième siècle, la charge
était devenue purement nominale, sauf cependant qu'il y
avait un traitement attaché ; nous ne pouvons affirmer
que cette allocation ait toujours subsisté, mais nous som-
mes certains que le titre n'a jamais été aboli. Les derniers
brevets donnés par le roi au commandant du château
enjoignent explicitement de lui obéir en tout pour le ser-
vice de Sa Majesté en l'absence et sous l'autorité du gou-
verneur de la dite place. Autant que le permettent les
documents,, nous donnerons les noms des gouverneurs et
des lieutenants. Depuis le maréchal de Navailles, l'éche-
vinage n'eut guère affaire qu'à ces derniers.
Le premier titulaii'e qui nous soit connu des fonctions
de connnandant de la ville et château de Niort est Pierre
de Pontbriant qui prit possession de sa cappitainic le 27
octobre 1487. La ville, à cette occasion, sans lui faire de
présents proprement dits, le défraya, lui et ses gens. Les
allés à Poitiers ; ils ont dépensé 124 livres 12 sols, y compris le loyer
de la chaise et d'un cheva' pour le gagé.
On peut citer comme honneurs rendus à l'intendant le service que fit
célébrer le corps de ville, e'n 176i, pour Madame de Blossac, morte à
Poitiers le 3 avril de cette année. La dépense s'éleva à 201 livres.
- 236 —
comptes de Geoffroy Faifeu donnent le détail de la
dépense (1).
Dans le cours du seizième siècle, du moins jusqu'aux
dernières années, les gouverneurs de Niort ne firent point
parler d'eux. En temps ordinaire , le poste n'exigeait pas
des officiers de marque, la garnison du château ayant peu
d'importance. Pendant les guerres de religion, la ville
étant occupée tantôt par les catholiques, tantôt par les pro-
testants, le commandement du château fut exercé suivant
les circonstances. Lors de la surprise de Niort par les
sieurs de Saint-Gelais et de Parabère, en 1588, le gouver ■
neur du Poitou, M' de Malicorne, occupait le château. Il
se rendit à discrétion aux vainqueurs, prêta serment de
fidélité au roi de Navarre et fut conservé dans le gouver-
nement de la province. Mais la place et le château de
Niort furent confiés à M"" de Parabère (2) et, durant de
longues années, la charge de gouverneur de la ville
demeura dans sa famille. Il fut en outre, comme nous
l'avons dit plus haut, le véritable gouverneur de la pro-
(Ij Autre mise et despense faicte par le dit receveur pour noble et
puissant Pierre de Pontbrient, cappitaine du chasteau du dit Nyort, à
sa venue quand il vint prandre possession de la dite cappitalnie, fut le
xxiij'^ jour du dit moys d'octobre, l'an susdit mil injc iiijxx et sept.
Premier pour la despence du d. cappitaine, ses gens, ses chevaux,
pour deux journées en la maison et boustellerie de la Teste-Noire la
somme de vj livres xj sols vj deniers, comme appert par le compte de la
d. despence signé par Loys de Trignac, son maistre d'oustel, laquelle
despence et autre despence si emprès escrite pour le d. cappitaine a esté
délibéré estre allouhée au d. receveur comme appert par délibération.
Item fut achapté et payé par le d. recepveur es présences de Jehan
Vieilleseigle, procureur, et André Brochard, contrerolleur de la d. ville,
du poisson pour donner au d. cappitaine pour la somme de XLV sols.
Item en vin prins chez Jehan Guilloteau qui fut porté au chasteau
pour le d. capitaine vij sols vj deniers.
Itemj'ay baillé et payé à Jehanne Abcline la somme de xv sols pour
troys pintes d'ypocras qui furent données au d. de Pontbrient cappitaine
susdit. [Comptes de Geoiïroy Faifeu, 1487-88]
(2) Jean de Baudéan, sgr de Parabère, baron des baronnies de la
Mothe-Saint-Héraye, Neuillan et la Filte.
— 237 —
vince jusqu'au jour où M' de Malicorne céda la place au
duc de Sully.
En 1613, M'' de Parabère se démit du gouvernement de
la ville et château de Niort en faveur de son fils, Henri de
Baudéan, vicomte de Pardaillan. Le corps de ville décida,
le 20 février, qu'entrée serait faite au nouveau gouverneur
et que l'on dépenserait pour cela jusqu'à la somme de
750 livres. On députa vers lui pour le saluer à Saint-
Maixent ; trois compagnies furent mises sur pied et il fut
préparé un présent, dont la nature n'est pas d'ailleurs
indiquée (1).
Le vicomte de Pardaillan avait été pourvu de ladite
charge par lettres du roi, ou plutôt de la reine-mère
régente, données à Paris le 6 février. Immédiatement
après, d'autres lettres royales du 12 février maintinrent le
comte de Parabère dans V exercice du gouvernement de la
ville. Voici en quels termes lui était donnée cette sorte de
commission par intérim : « .... néantmoins désirant rete-
nir pour quelque temps près de nostre personne vostre fils
pour nous servir et aultres occasions, nous avons
pour ceste cause et aultres considérations concernant le
bien de nostre service, estimé à propos que vous exercerez
encore durant quelque temps les dites charges ; c'est
pourquoy nous, de l'advis de la Royne régente, nostre très
(1) Assemblée du 20 février 1613. Sur ce que Mgr de Pardaillan,
à présent gouverneur, doibt en brief faire son entrée en ceste ville, et
est besoing d'adviser aux honneurs qu'on luy doibt faire, a esté par tous
dcllibéré et par nous conclud que l'on fera entrée à mon dit sgr de
Pardaillan, gouverneur, avecq le plus d'honneurs que faire se pourra,
et pour le d. efTect et 2'>our faire nostre présent, attendu qu'il n'y a,
quant à présent, aulcuns denyers es mains des recepveurs de céans, il
sera emprunté la somme de sept cent cinquante livres... Et ont esté
nommez cappitaines, comme aultrefoys, pour la d. entrée, à la pluralité
dos voix, les sieurs Sacher, Savignac et de Villiers, eschevins Et
pour aller saluer mon dit sgr à Saint-Maixent ont aussy esté nommez à
la pluralité des voix Hierosme Avicc, eschevin, Pierre Thibault, esche-
vin, Lucas Coutocheau et Bastard, pairs, et seront les enseignes faictes
aux despens du corps, à la charge qu'elles demeureront au d. corps.
— 238 —
honorée mère, vous avons commis et ordonné, commet-
tons et ordonnons par ces présentes pour continuer l'exer-
cice et fonctions de la dite charge et vostre fils vien-
drait à décéder, la d. charge demeurera toujours en vos
mains sans qu'elle puisse estre déclarée vacante ; n'en-
tendons néantmoins que vous et vostre fils puissiez pour
raison de ce prétendre aultres plus grands gaiges, états et
appointements que ceux qui appartiennent à la dite
charge. » En fait, le vicomte de Pardaillan n'exerça pas
les fonctions dont il avait été pourvu. Son père demeura
le véritable gouverneur de Niort; c'est à lui que le corps
de ville se recommande par les présents d'usage (1), et
c'est lui encore qui^ en 1621, reçoit le roi Louis XIII,
comme nous l'avons vu au début de ce chapitre.
Le comte de Parabère était alors d'un grand âge, ayant
quatre-vingts ans ; dans les années suivantes il se fit sup-
pléer, non par le gouverneur en titre, le baron de Par-
daillan, mais par son autre fils, Charles de Baudéan, baron
de Neuillan. Lors de l'émeute qui eut lieu à Niort pendant
la disette de 1024, le corps de ville proposa, pour apaiser
les troubles, de faire défense aux marchands de la ville et
du port de charger aulcuns blés, si AI' le baron de Neuil-
lan, commandant pour le Roy en ceste ville, en l'absence
de M'' de Parabère, nostre gouverneur, l'a pour agréable.
Le baron de Neuillan était en ce moment au château, et
les échevins s'y transportèrent à l'issue de la séance, pour
conférer avec lui. Depuis lors, il remplit les fonctions de
gouverneur jusq'au jour où il fut investi par lettres royales
de la charge cjue naguères soûl toit tenir et exercer le
s"" comte de Parabère, Henri de Baudéan son frère,
vaccante à présent par la démission qu'il en a f aie te ce
jour d'huy en nos mains. Ces lettres sont datées du 6
janvier 1625 et furent enregistrées à Niort le 15 du même
mois. Henri de Baudéan est, comme on le voit, dénommé
(1) Assemblée du 31 décembre 1616. Pour un tonneau de vin donné
à Mgr de Parabère, 36 livres,
— 239 —
comte de Parabère; son père existait cependant encore; il
mourut en 1631, iigé de 90 ans.
Charles de Baudéan , baron de Neuillan , demeura
gouverneur de Niort jusqu'à sa mort arrivée en 1G44 et fut
remplacé par son fils François de Baudéan, qui n'exerça
pas réellement les fonctions; il était âgé de quinze ans
seulement lorsqu'il fut investi et mourut quatre ans après,
le 11 septembre 1G48, des suites d'une blessure reçue à la
bataille de Lens (1).
Après lui fut nommé Philippe de Montault de Bénac,
duc de Navailles, qui épousa, le 20 février 1651, la sœur
de François de Baudéan, Suzanne de Parabère. Les
registres de l'hôtel de ville le citent, en qualité de gouver-
neur dès 1653 ; mais nous ignorons la date exacte de sa
nomination. Il fut en outre, par la suite, gouverneur de la
Rochelle, Brouage, Aunis et îles adjacentes, et château de
Lourdes; il moiu^it en 1684, âgé de 65 ans et, par consé-
quent, occupa la charge pendant plus de trente ans. Son
meilleur titre à la gratitude des habitants de Niort fut la
grande part qu'il prit à la création de l'hôpital général,
fondé en exécution de la déclaration royale de 1662. Il y
contribua de ses propres deniers, et l'on a perpétué le
souvenir de son action bienfaisante, en donnant le nom de
Navailles à l'une des rues qui longent les bâtiments de
l'hôpital-hospice actuel, dans lesquels sont compris les
premiers terrains et maisons acquis pour cet établisse-
ment (2).
Le gouverneur du château était appointé par le roi; en
outre, la ville lui offrait, comme il a été dit, des
(1) Charles de Baudéan, mort à Paris le 8 mars 1644, fut transporté
et inhumé à Niort le 31 décembre 1646. Son lils, François de Baudéan,
mourut à Arras et fut inhumé à Niort le 5 octobre 1648 {Registres de
l'élat-civil}. Leurs monuments funèbres se voient dans l'église de
Notre-Dame au nombre de ceux qui furent consacrés à la famille de
Parabère.
(2) L'attribution du nom de Navailles à la rue en question a été faite
en 1858.
— 2Û0 —
présents qui, bien que commandés par l'usage, n'avaient
pas, d'après les documents étudiés jusqu'ici, le caractère
d'un traitement régulier. Mais, vis-à-vis du duc de
Navailles, et par une exception qui semble lui avoir été
personnelle, ils prirent la forme d'émoluments annuels ; la
ville s'engagea à lui payer chaque année 450 livres;
suivant toute apparence du reste, l'offre ne fut pas spon-
tanée et l'éclievinage se soumit en cette affaire à une
exigence du gouverneur. En effet, il ressort dés procès-
verbaux d'assemblée, du témoignage du duc de Navailles
lui-même, que la ville^ après avoir fait la promesse, fit le
possible pour ne pas la tenir. En 1666, il y avait presque
quatre années arriérées; en 1674, un nombre indéter-
miné (1). Dans cette même année 1666, le duc écrivant
à Colbert lui faisait, entre autres plaintes, celle de ne pas
avoir reçu sa pension de 450 livres (2). Puis il raconte, en
(1) Assemblée du octobre 1666. Propose par nous maire qu'il est
deub annuellement à M"" le duc de Navailles par le corps 450 livres, et
qu'il y a trois années, sans y comprendre la présente, expirées dont il a
fait la demande, requiert délibération des dits assistans.
A esté unanimement délibéré et par nous conclud et arresté qu'il sera
paie à M'' le duc de Navailles la souimede 450 livres pour les droits de
ceste année seulement, et attendu qu'il n'y a de fonds au corps à cause
des grandes alTaircs qu'il y a eu et a encore, mon d. sgr de Navailles
sera prié de supercedder son paiement pour les années passées.
Assemblée du 30 septembre 167i. On a accoustumé de pourvoir en
ceste assemblée aux fonds nécessaires pour les affaires de ceste commu-
nauté parmi lesquelles il n'y en a pas de plus urgentes... ensemble de ce
qui est deub annuellement à Mgr le duc de Navailles, nostre gouverneur,
dont il y a plusieurs arrérages.... A l'esgard de ce qui est deub à Mgr le
duc de Navailles, a esté arresté que le coips fera tous ses efforts pour
s'en acquitter et qu'à ceste fois Mgr l'intendant nous permettra de faire
des baux au rabais à la manière accoustumée.
[Au moyen de ces baux fictifs, on pouvait disposer des deniers
d'octroi. Nous avons déjà vu ce procédé employé, mais non toutefois
avec le consent sment de l'intendant].
(2) « A la Rocbelle, ce 22 febvricr 1666
« Le gentilhomme que j'avais envoyé à la cour m'a rapporté que
vous lui aviez fait l'honneur de luy donner audience et luy aviez tesmoi-
— Ui —
vue de donner de l'importance à son commandement^ que
son bean-père avait été deux fois assiégé dans le château par
les habitants qui sont, dit-il, Jbré séditieux et arrogans.
Dans un papier mémorial que tint â cette époque un
notaire des environs de Niort se trouve un passage (1) qui
gné que mes soins ne vous cstoient pas désagréables. Je vous assure que
vous me faites beaucoup de justice de ne me pas desnier votre protec-
tion et j'espère que ma conduite vous fera cognoistre que je n'en suis
pas tout à fait indigne. Je vous supplie très humblement d'avoir la
bonté de vous souvenir de moy toucbant les appointemens ([ue le roy a
ordonné qui me fussent payez, comme aussy d'une pension de ^50
fiuî'es que j'ay accoustumé de recevoir tous les ans, de laquelle je n'ay
rien touché depuis que je suis sorty de la cour. J'adjousteray, M"", que
le chasteau de Niort est dans le plus mauvais état où il puisse estre,
et que c'est la seule place que vous avez dans le Poictou qui puisse tenir
la province dans l'obéissance du roy, en cas qu'elle eust quelque aullre
pensée ; que sa situation est très advanlageuse, estant sur la rivière de
Sèvre qui va dans la mer, qu'il se débite toutes les années pour deux
millions, ou de sel ou de bled, dans le port de la d. ville, qu'il y a beau-
coup de huguenots dans la province, que c'est un lieu fort peuplé où il
y a 7 à 8,000 habitans ; que les peuples en sont fort stklitienx et arro-
gans, qu'ils ont assiégé deux fois mon beau-père dans le chasteau
parce qu'il avait retiré des gens qui levaient les droicts du roy qu'ils
avaient dessein de jeter dans la rivière Tout cela s'est fait durant l'ad-
ministration du cardinal de Richelieu, long-temps après la prise de
la Rochelle. Vous ne doutez pas que l'authorilé du roy ne fust bien
establye en ce temps là. Il n'y a ny portes, ni ponts-lcvis, ny couver-
tures pour mettre les soldats à couvert, ny canons montez, ny pas
une munition. J'ay creu estre obligé de vous rendre compte de ce destail
qui n'a d'autre fin et intherest que le service dn roy. Quand vous m'en
cognoistrcz quelque autre, je me soumets volontiers à estre dégradé
comme un homme indigne de toute sorle dcmploy. Je vous assure,
M"- »
{Documents inédits sur l'histoire de France. Correspondance
administrative du règne de Louis XIV, t. iv, G9I : Le duc de Navailles
à Colbert.)
(1) « Je sceus le mardy 26 apvril 1633 au soir par Jacques Perret, (ils
de Moricette, qui venoit de Nyort, que M^" de Puyguyon y avait envoyé,
que ceux du chasteau et ceux de la ville estoient d'accord, et que les
barricades qui estoient à tous les cantons de la ville de Nyort se deiïai-
soient et les retranchementz. Les batteries cessèrent dès dimanche
dernier environ midy que monsieur le commandeur de la Porte arriva à
16
— 2/i2 —
jette quelque lumière sur les faits auxquels faisait allusion
le gouverneur de Niort.
En 1675, le duc de Navailles reçut le bâton de maréchal ;
à cette occasion, le corps de ville lui fit présenter ses féli-
citations par le maire et le receveur des deniers patri-
moniaux, qui se transportèrent à la Rochelle où le duc se
trouvait alors (1). Il était en effet gouverneur de l'Aunis.
Nyort. Selon que m'a dict M^ de Puyguyon, il se tua plusieurs per-
sonnes de Nyort par ceux quiestoicnt dans le chasteau.
« Ceux qui estoient au chasteau vouloient niestreimpotz, àquoy ceux
de la ville s'oposoient, qui estoit te subject de la baterie, selon que
l'on tenoit tout certain. On disoit que ceux qui estoient au chasteau
tiroient avec coups de mousquet et arquebus tous ceux qu'il pouvoient de
la ville. » {Journal inédit de Simon Robert, notaire à Germond, 1621-
1654. Communication de M. Léo Desaivre.)
Les registres de l'état civil de l'époque donnent le nom des victimes de
l'émeute:
Paroisse de Notre-Dame. Le 24 août 1633 fut ensevely Etienne de
Bonney, sergent royal qui fut tué au moulin du Chasteau.
[Estienne de Bonney avait épousé une sœur d'Isaac Bastard dont feu
M. Piet-Lataudrie a publié le Papier mémorial dans les Mémoires
de la Société de statistique, année 1887. Voir p 25. Isaac Bastard était
lui-même sergent royal ; il est cité au procès-verbal d'assemblée du
29 mars 1602. On trouve un Estienne de Bonney, receveur de la séné-
chaussée de Poitou, sous Charles VIII ]
Paroisse de St-André. Le 23™« jour d'apvril 1633, fut inhumée
Magdeleine Charau de la rue Babinot, et fut tuée le jour précédent
devant le Rozeau d'or par les maltoutiers.
Le 24'"'= jour d'avril Soulard dit la Vigne, tué par ceux du
chasteau.
Le mesmejour fut inhumé Anthoine Ru... du port, tué par ceux du
chasteau.
Le mesme jour24™« apvril 1633, futensevely un pauvre meusnier tué
le mesmejour, de la paroisse de S"= Pezenne.
Le 2""^ jour de may 1633, fut inhumé René Beliard, aagé de 16 ans,
tué par les maltoutiers.
(1) Assemblée du 5 août 1675. Mgr le duc de Navailles a reçu le
bâton de maréchal.... ; nous maire avons esté supplié de la part de la
compagnie de nous transporter avec René Chauvegrain, pair, en la
ville de la Rochelle par devers mon dit seigneur de Navailles, pour luy
tesmoigner de la part de ceste communauté la participation que nous
— 243 —
Dans les dernières années de sa vie, il paraît du reste avoir
peu résidé en province, bien qu'il n'eût plus de comman-
dement actif aux armées. Lorsqu'il venait à Niort, il y
était reçu avec apparat et escorté de même à son
départ (1).
Après le duc de Navailles, la place fut donnée à M"" de
Lassara, maréchal de camp, puis à M'" de Pierre-Levée,
qui était déjà lieutenant du gouverneur et en même temps
maire perpétuel. Ce dernier n'en fut du reste investi que
dans des conditions toutes particulières, car il n'en touchait
pas les appointements. En 1715, il fut dépossédé du titre
lui-même et ne conserva que celui do lieutenant, la charge
ayant été donnée au marquis de Vilaine ;, lieutenant
général. Ensuite vint M'" de Castellane, ambassadeur à la
Porte, qui était encore titulaire en 1744 (2). Nous ne
avons à sa satisfaction et que toute la ville en fait ses actions de grâce
à Notre Seigneur en le priant de luy conserver la prospérité et une
parfaite santé et longue vie. Les frais du voyage seront alloués à René
Chauvegrain, petit receveur, en ses comptes.
(1) Assemblée du 25 juillet 1680. Propozé par nous maire que nous
avons eu advis que Mgr le maréchal de Navailles viendra en ceste ville
avec Madame et les demoiselles ses tilles, et comme ce sont des per-
sonnes auxquelles nous devons rendre nos civilités et honneurs, nous
demandons l'advis de la compagnie.
Arrêté que la compagnie de cavalerie ira à deux lieues... ; les habi-
tants seront mis sous les armes. On bordera depuis la porte Saint-
Gelais jusqu'au château et nous attendrons à la porte.... On fera faire
un guidon, un justaucorps et un chapeau pour le trompette. Frais
alloués.
Assemblée du 5 octobre 1680. La compagnie de cavalerie accom-
pagnera le maréchal de Navailles jusiju'oîi il lui plaira de la congédier.
(2) Tout l'état militaire de Niort consiste dans un gouverneur avec
2,000 livres d'appointements. C'est M'" de Caslellane, ambassadeur à la
Porte. Il y avait autrefois un simple capitaine du château avec 50 livres
d'anciens gages ; celui qui tenoit cette place se fît enfin donner un
brevet de commandement, mais sans appointements. Il [M^ de Pierre-
Levée] mourut dans le temps de la régence ; le Roy nomma M"" de
Préville à ce poste avec 3,G00 livres d'appointements. Il se trouva désa-
gréable à S. A. S. Mgr le prince de Conty qui le fit passer à Marien-
. bourg, et M"" de la Mare, qui était alors major du régiment de Conty, lui
— Uh —
savons quel fut le successeur de ce dernier. Depuis le maré-
chal de Navailles, le château était exclusivement occupé
par le lieutenant du gouverneur, qui exerçait le comman-
dement. Le dernier gouverneur qui ait fait son entrée
solennelle à Niort, sans y résider d'ailleurs, est le marquis
de Vilaine. La ville hii offrit le présent ordinaire de
500 livres qui furent prises sur les deniers d'octroi (1).
Depuis, les registres ne mentionnent plus rien de ce genre.
Il nous reste à dire quelques mots des lieutenants des
gouverneurs. Plus anciennement que le duc de Navailles,
nous ne pouvons citer aucun nom ; sous lui, nous en
connaissons trois^ les deux premiers fort obscurs, le
troisième qui a joué à Niort un rôle important et fâcheux.
En 1657, le procès-verbal des dommages que l'inondation
avait causés au fort Foucault fut dressé par les ordres de
noble Jacques Noyer, sieur de la Rose, commandant le
château pour l'absence de Mgr le duc de Ahivailles. En
1677, le lieutenant était le sieur de la Jarrie, qui fut rem-
placé cette année-lâ par M'" de Pierre- Levée, alors capitaine
au régiment de M'" de Navailles. Sa commission pour
commander en cette ville et chasteau en l'absence du
gouverneur, ou sous son autorité en sa présence, fut
présentée au corps dans la séance du 14 octobre. Elle était
donnée pour trois ans et fut d'ailleurs renouvelée. Précé-
a succédé : mais il n'a que 2,400 livres par année. Il y a toujours dans
le château une compagnie d'invalides. [Etat sur l'élection de Niort,
i744 ; publié dans les Mémoires de la Société de statistique, année
1886, voir p. 269.]
[Les gages du capitaine du château étaient de cent livres à la fin du
quinzième siècle.
ApoUin Briquet cite, dans son Inventaire des archives, une quit^
tance délivrée à Etienne de Bonnay, receveur du roi en Poitou, par
Pierre de Pontbryand, écuyer, échanson du roi et capitaine du château
de Niort pour la somme de cent livres tournois, montant de ses gages
pendant l'année finie à la Saint- Jean-Baptiste 1495. Cette pièce fait,
dit-il, partie de sa collection particulière.]
(1) Assemblée du 2i juin 1115.
— 2/j5 —
demment, il avait été question de M'' de Pierre-Levée
à propos d'une transaction assez louche faite par lui avec
l'échevinage au sujet d'une fourniture d'étape (1). En
1692, tout en étant lieutenant du gouverneur, il acheta la
charge de maire perpétuel et l'exerça jus(|u'â la fin do
1717 au grand détriment des habitants de Niort, comme
nous l'avons montré dans plusieurs des chapitres précé-
dents. D'après l'extrait de l'Etat sur l'élection en 1744,
reproduit dans l'une des dernières notes, il se serait fait
donner un brevet de commandement. Mais, ajoute l'auteur
de ce document, ce brevet était sans appointements ; ce
qui expliquerait pourquoi le maire, commandant du châ-
teau, se taillait si volontiers des profits sur les deniers de
la ville. Après la nomination d'un gouverneur, en 1715,
M' de Pierre-Levée conserva la lieutenance pendant quatre
ans environ. Il mourut au mois d'août 1719, et fut rem-
placé par IVP Morin de Préville, qui fut nommé pour
trois ans à 3,600 livres d'émoluments et paraît avoir été le
lieutenant le mieux appointé qui ait occupé le château.
M"" de Préville, comme il a été dit, se trouva désa-
gréable au prince de Conti, gouverneur du Poitou, qui fit
nommer en son lieu et place M" de la Mare, major du
régiment de Cojiti, mais avec des appointem.ents moin-
dres, 2,400 livres seulement, chiffre qui fut continué
depuis. Une pièce conservée aux archives donne pour
1756 le décompte des impôts qui grevaient le traitement
du commandant du château; il ne lui restait net guère
(1) Assemblée du 7 mai 167i. Le sieur de Pierre-Levée, capitaine
au régiment de M'" de Navailles, a son lieu d'assemblée en celte ville
pendant dix jours, ainsi qu'il a fait apparoir par la lettre de cachet du
Roy. Logement lui sera fourni.
Assemblée du 8 mai 161'i. Le sieur de Pierre-Levée renonce à sa
lettre de cachet, qui lui sera rendue pour en toucher l'estape de l'csta-
pier, pourveu qu'on donne le logement à ses soldats une nuictée seule-
ment, et comme une nuictée est de peu de charge et dix jours seroient
beaucoup à la foulée des habitants... arrêté que sa lettre lui sera rendue.
— 246 —
plus de 2,000 livres (1). Après M*" de la Mare vinrent
M'' de Carrel, nommé par lettres du 28 décembre 1748,
puis M'" Jean Bouchard de la Pomélie, capitaine de
grenadiers au régiment d'infanterie de Conti, commis-
sionné le 3 août 1759. Ces trois officiers moururent à
Niort dans l'exercice de leurs fonctions. Le dernier
titulaire fut M'" Marc-Antoine de Montfalcon, chevalier
d'Adhémar, ci-devant major du régiment d'infanterie de
Chartres, qui reçut ses provisions , le 22 décembre 1785,
après le décès de M"" de la Pomélie. Nous donnons en
note ce brevet qui définit les fonctions du commandant
du chcâteau de Niort (2).
(1) Archives de Niort, n° 23-21.
M' de Carrel pour l'année 1756.
Appointements : 2,400 livres.
Décompte des appointements de
déduire :
1° Illisible 40 livres.
2° Dixième 240
3° Capitation 90
4° Item ¥ pour livre 18
Total 388 livres
(2) Aujourd'hui 22""^ du mois de décembre 1785, le Roi étant à
Versailles, la charge de son lieutenant au gouvernement de la ville et
château de Niort se trouvant vacante par le décès de M-" de la Pomélie
qui en était pourvu, jugeant convenable au bien de son service de le
remplir d'un sujet capable et expérimenté, Sa Majesté a choisi à cet
etïet le sieur Marc-Antoine par la connaissance qu'elle a de sa
valeur, courage, expérience de la guerre, vigilance, activité et sage
conduite, dont il a donné des preuves suffisantes dans les divers emplois
de guerre qui lui ont été confiés. A ces causes et autres, Sa Majesté a
nommé commis, ordonné et établi le dit sieur chevalier d'Adhémar à la
dite charge de son lieutenant au gouvernement des d. ville et château
de Niort vacant comme il est dii pour en la dite qualité, en l'absence et
sous laiitorité du gouverneur de la. d. place, y commander tant
qu'il plaira à Sa Majesté aux habitants et aux gens de guerre qui y sont
et y seront ci-après en garnison et leur ordonner ce qu'ils auront à
faire pour son service, faire vivre les dits habitants en bonne union et
concorde les uns avec les autres et les dits gens de guerre en bonne
discipline et police suivant les règlements et ordonnances militaires,
faire sévèrement châtier ceux qui oseroient y contrevenir, veiller à la
garde et sûreté de la dite place et gouvernement, faire pour sa conser-
vation tout ce qu'il estimera nécessaire et à propos de le faire, Sa
Majesté lui donnant pouvoir, commission, autorité et mandement
— 2A7 —
La ville ne faisait aucun présent au lieutenant du gou-
verneur, commandant du château. Le premier janvier, le
corps de ville lui présentait ses compliments qui n'étaient
même pas toujours fort gracieusement reçus, ainsi que
nous l'avons l'aconté au chapitre de l'Administration.
Les rapports étaient assez généralement mauvais entre la
mairie et le château. La ville accordait au commandant,
pour une quantité déterminée de vivres et denrées, la
franchise des droits d'octroi ; le détail en a été donné en
traitant du Tarif de 1718. Il y eut nombre de difficultés
â ce sujet et il fallut un règlement spécial du prince de
Conti pour y mettre fin.
La notoriété de certains gouverneurs de Niort, la part
qu'ils ont eue dans les affaires du temps, nous ont fait
déroger à la règle des préséances que nous avions prise
pour base. Il aurait fallu, pour la régularité absolue, placer
avant les gouverneurs de la ville les commandants mili-
taires de la région, officiers généraux dont les fonctions ne
datent d'ailleurs que de la seconde moitié du règne de
Louis XIV. Elles paraissent avoir été créées pour la
circonscription des provinces, du Poitou, Saintonge et
Aunis, surtout en vue des poursuites à main armée contre
les protestants après la révocation de l'édit de Nantes. Le
premier titulaire en fut le maréchal d'Estrées; elles furent
conservées depuis et, par suite, les gouverneurs de la
province se virent dépouillés de la plus grande partie de
spécial par le présent brevet, voulant qu'il jouisse de la dite charge de
son lieutenant aux honneurs, autorité, prérogatives, prééminences, droits
fruits, protits, revenus et émoluments qui y appartiennent et aux appoin-
tements qui lui seront ordonnés par les états de Sa Majesté, laquelle
mande et ordonne aux habitants de la d. place et aux gens de guerre
qui y sont et y seront ci-après en garnison de le reconnaître en la d.
qualité de son lieutenant et de lui obéir en tout ce qu'il leur comman-
dera pour le service de Sa Majesté, en l'absence et sous l'nulorilé,
comme dit est, du gouverneur de la d. place, en vertu du présent
brevet que Sa Majesté, en témoignage de sa volonté, a signé de sa main
et fait contresigner par un des conseillers secrétaires d'Etat et de ses
commandements et finances. Signé : Louis,
et plus bas, le maréchal de Ségur.
— us —
leurs pouvoirs militaires, de même que par l'institution
des intendants ils avaient perdu leurs attributions admi-
nistratives.
Le maréchal d'Fstrées résidait à Niort et, le premier
jour de l'année 1701, les maire et échevins, non seulement
lui offrirent leurs compliments, nmis encore pour estrennes
un présent lionneste de la valeur de 230 livres (1). M"" de
Chamilly (2), nommé après lui en 1700, fixa sa résidence
à la Rochelle, comme du reste tous ses successeurs. Le
4 juillet 1701, M'' de Pierre-Levée écrivait de cette ville
que le nouveau commandant viendrait bientôt â Niort et
qu'il fallait se mettre en mesure de lui rendre les honneurs
habituels et faire le présent de vin.
En 1703, M' de Chamilly fut promu à la dignité de
maréchal de France; le corps vota cent livres pour les frais
de la députation qui alla le complimenter à la Rochelle.
Il y a lieu d'observer ici, comme au su jet des compliments
et cadeaux offerts aux intendants, que l'échevinage de
Niort, après la mairie perpétuelle, ne continua pas la tra-
dition des présents vis-à-vis du commandant militaire de la
région. Le corps de ville se contentait de lui présenter ses
hommages et de lui faire fête lorsqu'il venait à Niort (3).
(1) Assemblée du 31 décembre 1700. Il est de l'ordre d'aller compli-
menter au commencement de l'année M"" le maréchal d'Eslrées
Demain, premier jour du siècle et de l'année, nous maire et eschevins
du corps et maison commune de ceste ville irons saluer et faire compli-
ment à mon dit seigneur ; il luy sera donné pour eslrennes un
présent honneste, 230 livres à prendre sur les deniers d'octroi.
(2) Le comte de Chamilly est dénommé dans les pièces ofTicielles .
lieutenant général des armées du Roy, gouverneur des ville et château
de Dijon et commandant en chef pour le service de Sa Majesté
dans les provinces de Poitou, Saintonge, pays d'Aunix et isies
y adjacentes.
(3) Assemblée du septembre 173ô Députation à la Rochelle
pour assurer M"" de Matignon de notre soumission. Frais, y compris un
autre voyage à Poitiers, 164 livres 6 sols.
Assemblée du 7 mai i747. A plusieurs loueurs de chevaux pour 35
journées de chevaux de louage pour le trompette de la compagnie de
cavalerie les jours de feux de joie et celui de l'entrée de M"" et M™" de
Chabannes, 35 livres.
— 2/19 —
Nous terminerons l'exposé des honneurs rendus aux
grands dignitaires par les détails que donnent les registres
sur la réception faite à Mgr Hardouin Fortin de la
Hoguette, évêque de Poitiers, lorsqu'il vint à Niort pour
la première fois. Il avait pris pos.session de son siège le
7 septembre 1680. Dans la séance du 26 avril 1680,1e corps
de ville nomma une députation pour aller saluera Saint-
Maixent le nouvel évêque et alloua les frais nécessaires.
Déjà, dans une assemblée précédente, il avait été arrêté
que le seigneur évêque serait reçu â la manière accou-
tumée et que l'on ferait faire un dais pour son entrée. On
avait bien voulu emprunter celui de l'église de Notre-
Dame; mais les /a6r/^Me«rs en demandaient un prix de
location fort élevé et de plus voulaient que le maire s'en-
gageât à en restituer la valeur aa cas que les gens de mon
dit seigneur écesque s'en voulussent saisir, ce qui était
apparemment un droit d'aubaine usité ou toléré. La ville
préféra en faire faire un et la délibération contient la
réserve formelle que le dais sera conservé et non livré
aux gens de l'évéque (1). Le dais coûta la somme de
120 livres (2).
(1) Assemblée du 26 avril 1681. Proposé par nous d. maire qu'à la
dernière assemblée (16 avrili il fut aussy arresté que l'on recevrait le
sgr Evesque à la manière accoustumée avec un daix, et comme nous
aurions tenté la voie d'avoir celui de l'église de Notre-Dame et que
pour la location dicelluy on demandait six louis d'or et que nous nous
obligions de nostre privé nom d'en paier la valeur ait cas que les gens
de mon dit sgr Evesque s'en voulussent saisir, ce que le d. Thi-
bault, l'un des fabriqueurs de Notre-Dame présent, a confirmé, que
néantmoings, pour l'argent ils se contenteroient de moings, demandons
l'advis de la compagnie, lequel des deux partis nous accepterons, soit
d'en faire faire un neuf ou de prendre celui de Notre-Dame à ces condi-
tions.
A la pluralité des voix a esté arresté et par nous conclud que nous
ferons faire un daix neuf et que le grand receveur advancera ce qu'il
coustera qui lui sera alloué en ses comptes, lequel daix sera conservé
pour les occasions qui se rencontreront.
(2) Archives de Niort, n° 893. Comptes de Michel Arnault du Fasty,
1678-1681.
— 250 —
CHAPITRE XIII.
Réjouissances publiques.
La première dépense qui soit inscrite de ce chef aux
registres de l'hôtel de ville est un paiement de 100 sols
pour 50 grands fagots brûlés au feu de joie fait sur la place
du Château à l'occasion de la naissance du Dauphin, depuis
Louis XIII, qui était venu au monde le 27 septembre
1601(1). Ce n'est pas à dire que d'autres réjouissances
pareilles n'eussent trouvé place auparavant. On peut re-
marquer cependant que l'année précédente, au mois de
décembre, avait eu lieu le mariage do Henri IV, et que la
ville de Niort ne i)araît avoir en aucune manière célébré
cet événement; les registres de 1600 et 1601 sont complets
et n'en disent mot. La ville avait, il est vrai, peu sujet de
se réjouir, attendu que le roi, en annonçant au corps son
union avec Marie de Médicis, lui demandait en même
temps un don gratuit de 4,000 écus qui excédait les forces
des habitants, tous plus ou moins éprouvés par les désas-
tres de la guerre civile. Sans aucun doute, l'échevinage se
dispensa volontiers de donner des marques de joie qui
d'ailleurs n'étaient peut-être pas alors commandés par
Tus âge.
(1) Assemblée du 29 novembre 1602. Touchant d'adviser à la
requeste présentée par Mathieu Moisnard, fournicr, dysant que par le
commandement de noslre prédécesseur mayre. au moys d'octobre mil
six cent ung, il auroyt fourny cincquante grands fagots de boys qui
ont esté brûliez en la place du chasteau de ceste ville au feu de joye qui
a esté faict en la d. place pour célébrer la nativité de mon seigneur le
Dauphin, duquel boys il requiert paiement de la somme de cent solz.
A esté dellibéré par tous et par nous conclud que le d. Manceau,
cy-devant recepveur sera enquis si le d. paiement a esté faict, pour ce
faict y ordonner ce qu'il appartiendra.
— 251 —
Le mariage de Louis XIII, qui est de la fin de l'année
1615, ne donna lieu non plus â aucunes réjouissances à
Niort. C'était du reste une époque fort troublée par les
entreprises des protestants, surtout dans l'ouest du
royaume. Quant à celui de Louis XIV, célébré le 9 juin
1660 à Saint-Jean-de-Luz, les registres qui existent pour
cette année, mais peut-être incomplets, faut-il ajouter, ne
nous parlent d'aucune fête à ce sujet. Le contrat royal
avait été signé l'année précédente, en même temps que le
traité des Pyrénées. La paix fut publiée solennellement â
Niortj seulement le 7 mars 1660 (1), et on y fit â cette
occasion les manifestations de joie que nous verrons tou-
jours reproduites en pareille circonstance. Un Te Deum
fut chanté dans l'église de Notre-Dame ; le régiment de
milice bourgeoise avait été mis sous les armes ; il y eut
des décharges de mousqueterie, des salves de l'artillerie
du château, et le soir les habitants illuminèrent. Un feu
de joie dressé sur la place du château fut allumé par le
maire et par M'" de Lavedan, fils du duc de Navailles,
gouverneur de la ville. C'était alors un enfant de sept à
huit ans, qui du reste mourut jeune ; le duc ne laissa pas
d'héritier mâle (2).
Les naissances des fils et petits-fils de Louis XIV furent
célébrées par des fêtes analogues. On chantait un Te Deum,
on allumait un feu de joie et le régiment de milice brûlait
quelque peu de poudre. La dépense était presque invaria-
blement de 150 livres. Pareilles cérémonies furent faites
même pour la naissance du prince des Asturies, fils de
Philippe V, roi d'Espagne, né le 23 septembre 1713.
Les registres contiennent des détails circonstanciés sur
les réjouissances qui eurent lieu, û la fin de 1722, pour le
(1) Assemblée du 5 mars et procès verbal du 7 mars 1660.
(2) Assemblée du 10 février 1679. Nous escrirons au maréchal et à
M'"" la maréchale de Navailles au sujet de la mort de leur fils.
[On avait alloue, le 27 janvier précédent, des fonds pour lui faire
célébrer un service et prononcer une oraison funèbre.]
— 252 -~
sacre et couronnement de Louis XV (1). Le feu de joie se
fit sur la place du Vieux-Marché ; il avait 30 pieds de
haut. Le régiment fut rassemblé sous peine de 10 livres
contre les manquants. Les habitants durent illuminer à
deux chandelles au moins ; il y avait trois livres d'amende
pour ceux qui s'en dispenseraient. On traita au prix de
440 livres avec le sieur Vallade, aubergiste du Cygne,
pour les frais de toute sorte et en particulier pour le repas
qu'on est accoutumé défaire. Mais le receveur n'admit
pas ce marché de gré à gré et exigea un bail au rabais. Au
même moment, il avait été ordonné un Te Deum et un
feu de joie pour un autre événement, la cessation de la
peste en Provence. Il fut décidé que les deux cérémonies
seraient mises ensemble en adjudication ; elles furent
soumissionnées par un charpentier, Pierre Méreste (2).
L'année précédente, un Te Deum avait été chanté, et
un feu de joie allumé sur la place du Vieux-Marché (3),
pour le rétablissement de Sa Majesté qui avait eu une
maladie dangereuse (4). Les Bulletins de la Société de
statistique renferment un récit, extrait des lettres du
(1) Assemblée du 11 novembre 1722.
(2) Les soumissionnaires furent Denis Ollivier, hôte du Dauphin, au
prix de 900 livres ; Jean Collet, hôte du Lion d'or, 800 livres ; François
Vallade, hôte du Cygne, 700 livres ; Pierre Méreste, charpentier,
590 livres.
(3) Les feux de joie se tirent à Niort, d'abord sur la place du Châ-
teau; en 4713, pour la paix d'Utrecht. sur cette place et sur celle du
Vieux-Marché ; il y eut double feu de joie ; puis le plus souvent sur
cette dernière, enfin sur la place de la Brèche à partir de 1770.
(4) Jeudi 31 juillet [1721] le Roi s'est trouvé mal à la messe qui était
en musique, à cause de la fête de S'-Germain-de l'Auxerrois. Il a dîné
un peu ; la fièvre lui a pris le soir. Hier vendredi, la fièvre a augmenté,
de manière qu'on l'a saigné au bras à quatre heures de l'après-midi, et
on l'a saigné du pied à onze heures du soir ; cependant il se porte beau-
coup mieux ce matin ; il a pris de l'émétique qui a fait une évacuation
charmante Ce matin, 2 août, le Parlement a ordonné la découverte
de la châsse de S'« Geneviève et les prières de quarante heures, ce qui
a été exécuté dès l'après-midi. [Journal de Barbier. Paris, Charpentier,
1857, t. I, p. 446.]
— 263 —
temps, des démonstrations de joie spontanées, illumi-
nations, repas dans la rue, quise firent à cette occasion (1).
Plusieurs habitants notables avaient allumé par centaines
des lampions formés de coquilles de limaçons remplies
d'huile, dans laquelle trempait une mèche. Il y eut à
l'hôtel de ville un banquet de 40 à 50 personnes à 5 livres
10 sols par tête.
Loui XV épousa, le 4 septembre 1725, Marie Leczinska,,
fille de Stanislas Leczinski, roi de Pologne 11 avait à
peine seize ans et la reine en avait vingt-trois. La ville de
Niort fêta ce mariage au commencement d'octobre (2) ; on>
fit un feu de joie de 60 pieds, double en hauteur de celui
qui avait été dressé pour le sacre. La place du Vieux-
Marché était décorée de tableaux d'armoiries et d'em-
blèmes attachés sur des poteaux de distance en distance.
Un Te Deum fut chanté à Notre-Dame. La mihce bour-
geoise fit trois décharges de mousqueterieetles habitants
durent illuminer de six heures du soir à minuit. La
dépense fut adjugée par bail au rabais à Louis Suire,
charpentier, pour la somme de 290 livres.
Au mois d'août 1726, à la suite d'une indisposition du
roi , on craignit la petite-vérole (3). La ville fêta sa
convalescence par un feu de joie de 50 pieds de haut,
accompagné des cérémonies ordinaires. Le tout fut donné
à bail à Pierre Tufïet pour 200 livres.
(1) Réjouissances publiques à Paris et à Niort en 1721, par
M. Piet-Lalaudrie. [Bulletins de la Société de statistique, année 1880,
p. 151.]
C?) Assemblée des 26 septembre et 4 octobre 1725.
(3) Le roi est tombé malade sur la lin de juillet d'une indigestion
considérable. Il avait beaucoup mangé de figues, des cerneaux, du lait,
et autres choses, car il mange à étonner. Sa maladie a été sérieuse ; il
a été saigné deux fois du pied. On craignait fort la petite vérole qui
donne sur les gens de conséquenee et qui est dangereuse. Cependant,
cela a tourné à bien et il se porte mieux.
Le 30 de ce mois ^ le Parlement fit chanter un Te Deum par la Sainte-
Chapelle et rendit un arrêt qui ordonnait des feux de joie {Journal de
Barbier, t, i, p. 436.)
— 26i —
Le 26 octobre 1728, le roi fut réellement atteint de la
petite vérole, mais d'une manière fort bénigne. A Niort,
on célébra saguérisondans les derniers jours de novembre,
comme ci-dessus ; la dépense fut la même, 200 livres. Le
23 décembre, le prince de Conti, gouverneur de la pro-
vince, faisait écrire aux maire et échevins pour leur
témoigner sa satisfaction de ce qu'ils n'avaient pas
attendu ses ordres pour se réjouir de cet heureux événe-
ment (1).
Deux autres fois encore, il y eut des réjouisssances
officielles et des Te Deum d'actions de grâces chantés
pour la conservation des jours du roi. Les circonstances
dans lesquelles sa vie fut alors en danger donnent à ces
événements plus d'intérêt que n'en offrent ceux que nous
venons d'indiquer.
En 1744, au cours de la guerre contre Marie-Thérèse et
l'Angleterre, son alliée, Louis XV se rendit à l'armée qui
défendait l'Alsace menacée. Au mois d'août, étant à Metz,
il fut atteint d'une fièvre putride. Son départ avait excité
un grand enthousiasme, et le^ nouvelles de plus en plus
graves de sa maladie jetèrent la France entière dans la
consternation (2). Lorsqu'il fut guéri, le sentiment public
lui décerna le nom de Louis le Bien-Aimé, que l'histoire n'a
pas ratifié. Partout, des feux de joie furent allumés pour
fêter sa convalescence ; à Niort, le jour des réjouissances,
en sus de ce qui se faisait d'ordinaire, on fit distribuer du
vin au peuple sur les places publiques (3).
En mars 1757, il y eut un Te Deum pour la convales-
cence du roi, nulle autre manifestation du reste (4). Il
(1) Archives de Niort, il» 2832.
(2) Le 7 août, le roi était tombé malade à Metz... ; la nuit du 44 il
arriva un courrier portant que le roi avait reçu tous les sacrements
Cette nouvelle a mis Paris dans une alarme et une consternation qu'on
ne peut exprimer. {Journal de Barbier, t, m, pp. 533-534.)
(3) Assemblée du 19 septembre l'ii. Deux barriques de vin
distribuées au peuple, estimées 36 livres.
(4) Assemblée du 22 mars 1757.
— 255 —
ne s'agissait pas cette fois de maladie, mais de la tentative
d'assassinat de Damien (1). La blessure, faite avec une
sorte de canif, plutôt qu'un couteau, était du reste fort
légère ; on craignit seulement que la lame ne fût enpoi-
sonnée.
Il y a lieu de mentionner dans le même ordre d'idées les
réjouissances pour la convalescence du dauphin qui eut,
au mois d'août 1752, une petite-vérole des plus graves (2).
Nous devons maintenant revenir en arriére pour indi-
quer les naissances dans la famille royale, et autres
événements qui furent célébrés par des fêtes publiques.
La reine accoucha, le 4 septembre 1729, d'un fils, celui
qui fut père de Louis XVI, Louis XVIII et Charles X. La
naissance du dauphin donna lieu à Niort à des réjouis-
sances qui se firent sur une plus grande échelle que les
précédentes. Il y eut un feu de joie, non seulement sur la
place du Vieux-Marché, mais encore devant l'hôtel de
ville. Dans la soirée du 26 septembre, jour de la fête, la
municipalité donna dans la maison commune un banquet
où furent invités le commandant du château, les officiers
du régiment de Royal-Cavalerie, en garnison dans la ville,
ceux du régiment de Niort, les officiers du siège royal et
les principaux d'entre les gentilshommes et ecclésias-
tiques (3). Les habitants furent invités à illuminer, en
mettant sur chaque fenêtre au moins deux chandelles, et
cela non seulement le 26, mais les deux jours suivants27, et
28 septembre. Nous donnons en Appendice le placard
apposé sur les murs à cette occasion par les soins des maire
et éclievins.
(1) Mercredi 5 janvier. Le roi a été assassiné d'un c«up de couteau
entre la cinquième côte du côté droit par un scélérat qui a été pris sur Id
champ Il se nomme Robert-François Damien.
Du dimanche 9, on a cessé les prières de quarante heures et à midi
on a affiché pour l'Opéra et les comédies pour faire connaître au public
qu'il n'y a plus aucun sujet d'inquiétude (.oin-naZde Barbier, t. vi,
p. 425.)
(2) Assemblée i4 septemcre 1752. Bail à Jean Collet pour 200 livres,
(3) Assemblée du 13 septembre 1129.
- 25é -
Le premier enfantissu du mariage du dauphin avec une
infante d'Espagne fut une fille, et la ville de Niort ne fit
que des fêtes modestes à ce sujet (1). Pour la naissance du
duc de Bourgogne, venu au monde le 13 septembre 1751,
le corps se préparait à faire de plus amples réjouissances.
Le régiment devait se rassembler sur la nouvelle place de
la Brèche, et de là se rendre au feu de joie qui serait
dressé, comme d'ordinaire, sur la place du Vieux-Marché.
Mais le roi fit savoir son désir que l'argent destiné par les
villes à ces fêtes fût employé à doter des filles pauvres (2).
Dans l'assemblée du 24 décembre, le corps vota 1,200
livres pour doter six filles pauvres, et il fut publié à cet
effet un monitoire dans les églises paroissiales pour avertir
celles qui voudraient concourir. Le 3 janvier 1752, l'in-
tendant écrivait aux maire et échevins qu'il serait plus à
propos dé distribuer aux pauvres la somme qu'ils voulaient
consacrer au festin des mariées de la ville. Il les prévenait
en même temps qu'il avait écrit au contrôleur des actes,
afin qu'il enregistrât gratis ces contrats de mariage (3).
En 1753, la dauphine mit au monde un autre fils qui
reçut le nom de duc d'Aquitaine. La ville de Niort fit le
feu de joie habituel et autres cérémonies (4). Comme son
frère aîné, ce dernier enfant vécut peu de temps. Trois
fils naquirent encore, et le dauphin, à sa mort, arrivée le
20 décembre 1765, laissait pour héritier de la couronne le
duc de Berry, né le 23 août 1754^ puis le comte de
(1) Du 7 octobre 1750. Bail à Sevraud, traiteur, pour 150 livres.
(2) Madame la Dauphine n'a eu aucune douleur en préparation .. Le
premier témoin que M"" le Dauphin a pu faire entrer était le garde du
corps qui était en sentinelle, le second a été un porteur de chaise de
M^ie de Lauraguais... Le garde du corps a eu, dit-on, 10,000 livres... ;
le porteur de chaise a eu 600 livres de pension...
Les dépenses que les fêtes coûteraient seraient de 400,000 livres. Le
roi a mieux aimé qu'on employât cette somme à marier 800 filles pauvres
dans Paris, à raison de 500 livres chacune. [Journal de Barbier, t. v,
pp. 96-104.)
(3) Archives de Niort, n° 284'2.
(4) du 19 octobre 1753. Bail à Jean Collet pour 210 livres.
— 257 —
Provence, né le 17 novembre 1755, et le comte d'Artois,
né le 9 octobre 1757. Leur naissance donna lieu aux fêtes
ordinaires (1). Le feu de joie, la poudre pour les salves et
autres frais faisaient une dépense de 200 livres environ.
Le souper qui terminait la journée coûta, pour la naissance
du duc de Berry, 240 livres. Il faut dire que l'éclat de
cette dernière cérémonie était rehaussée par la présence
de l'intendant. M"" de Blossac (2), et sans doute pour cette
cause la dépense du banquet fut augmentée.
Lorsque le duc de Berry, l'aîné des fîls survivants du
dauphin, eut succédé, sous le nom de Louis XVI, à son
aïeul, les fêtes célébrées pour son avènement eurent un
caractère et une importance que n'avait pas eu jusque-là
pareille cérémonie. La France entière, excédée des hontes
du règne de Louis XV, celui qu'elle avait un instant
appelé le Bien-aimé, saluait avec joie le nouveau souve-
rain. Le sacre se fit à Reims, le 11 juin 1775, et dans le
mois suivant, la ville de Niort eut sa journée de réjouis-
sances. La dépense fut presque triple de ce qu'elle avait
été pour le couronnement de Louis XV. Le procès-verbal
d'assemblée du 13 juillet nous donne le programme des
fêtes (3).
{{) Du i^' novembre 17 5i. Bail à Pierre Devois pour 200 livres.
Du 24 décembre 1755. Bail à Rouleau pour 200 livres.
Du 13 septembre 1757. Bail à Rouleau pour 205 livres.
(2) Assemblée du 3 novembre 175i. Nous avons assisté au Te
Deum, ayant à notre tête M"" de Carrel, commandant pour le roi es
ville et château de Niort. M" les officiers du siège royal y ont aussi
assisté, ayant à leur tète M^ de Blossac, intendant de cette province,
ayant comme eux l'habit de cérémonie.
Nous sommes allés, à la tète de la troupe militaire, accompagnant
M' de Blossac et M"" de Carrel, jusqu'au Marché- Vieux où le feu a été
par eux et M" Bernard et Arnaut, grands-vicaires, allumé, les décharges
faites, et ensuite on est venu prendre son souper à l'hôtel de ville où
tout s'est passé à la satisfaction commune.
(3) Feu de joie de 100 fagots sur la place de la Brèche ; 12 flambeaux
de cire pour l'allumer ; 400 chaises pour les dames sur la place.
Poudre pour la milice et pour le régiment de cavalerie en garnison,
17
— ûs —
Du mariage de Louis XVI avec Marie-Antoinette d'Au-
triche, qui avait été célébré en 1770 (1), naquirent trois
enfants, une iille venue au monde le 19 décembre 1778 (2),
Madame, comme on appelait l'aînée des filles de France,
et deux fils nés, l'un le 22 octobre 1781, l'autre le 27 mars
1785. Le premier mourut le 4 juin 1789, et son frère, qui
avait à sa naissance reçu le titre de duc de Normandie,
devint alors le dauphin. Il mourut, comme on sait, en
prison, âgé de dix ans et quelques mois, victime innocente
des haines impitoyables qui firent le règne de la Terreur.
La naissance de Madame, arrivée lorsqu'on pouvait
craindre que l'union de Louis XVI et de la reine ne fût
s'il y assiste.
Le feu fini, distribution de 2,000 livres de pain, 600 livres de viande
cuite au four et coupée en demi-livres. Trois barriques de vin sur la
terrasse, le vin coulant dans dos vaisseaux préparés où chaque habitant
pourra en prendre à discrétion. Tous les ménétriers de la ville se ren-
dront au lieu de la distribution et joueront pendant ce temps-là. Les
musiciens joueront pour faire danser dans les parties basses de la place ;
ceux du régiment en garnison seront priés de s'y joindre Chaque
musicien recevra 6 livres.
Le feu d'artifice sera de 'JGO à 250 livres ; il sera tiré vers 10 h. \\2
avec décharges de boîtes et petits canons.
Illumination de riiôtel de ville oîi seront peintes les armes du roi.
La compagnie de cavalerie bourgeoise se mettra en bataille pendant
le Te Deum, sur la petite place du Vitrail, ou dans la rue qui conduit
à l'hôpital de la Charité. On se rendra à la Brèche par les rues Notre-
Dame, Saint- Jean et des Bénédictines.
[Les frais de la cérémonie furent donnés à bail à Pinoteau, charpen-
tier, pour 1,400 livres. D'après les comptes (Archives de Niort, n°2856)
la dépense totale fut de 1,434 livres 18 sols. On y voit que le feu d'ar-
tifice fut fourni par un artificier de la Rochelle. Les illuminations de
rhôtel de ville n'étaient plus faites, comme autrefois, par de simples
chandelles. Il y avait 1,040 lampions (lui coûtèrent, avec les échafau-
dages pour les recevoir, 193 livres Le matin de la fête, il y eut à l'hôtel
dj ville un déjeuner auquel assistèrent les officiers de la garnison, ceux
en semestre et plusieurs gentilshommes. Ce banquet coûta 240 livres ]
(1) Les archives de Niort ne renferment rien sur les fêtes qui purent
avoir lieu pour ce mariage.
(2j Marie- Thérèse-Charlotte, depuis duchesse d'Angoulème.
— 259 —
stérile, causa une grande joie et les fêtes à cette occasion
eurent plus de splendeur qu'il n'était ordinaire pour la
naissance des princesses. La ville de Niort dépensa
1,027 livres. On distribua aux pauvres 3,000 livres de pain
et trois barriques de vin. Le soir, il y eut grand souper et
fête chez M"" Piet-Berton, lieutenant de maire (1).
Lorsque la reine accoucha d'un fils, la venue au monde
du dauphin fut naturellement célébrée avec plus d'apparat
encore. D'après les comptes, les frais s'élevèrent à 1,958 li-
vres 18 sols. Il faut dire que dans cette somme sont com-
pris les brevets d'apprentissage de six enfants placés par
la ville chez des maîtres serruriers, menuisiers, taillan-
diers et charrons, pour trois ans, du premier janvier 1782,
au prix de 150 livres chacun (2). Pour la naissance du duc
de Normandie, on fit très peu de cérémonies. La dépense
ne fut que de 151 livres (3).
Les alliances et les naissances dans la famille royale
étaient, comme nous venons de le voir, célébrées par des
fêtes dans tout le royaume. Ces événements comptaient
effectivement au nombre des faits les plus intéressants
pour le pays. D'autres encore, de ceux qui par leur éclatj
leur importance, rehaussent le prestige et assurent l'exis-
tence d'une grande nation, les victoires, les traités de paix
étaient aussi le sujet de réjouissances publiques. Sans nous
donner la liste complète des feux de joie allumés en pa-
reilles circonstances, nos archives indiquent un nombre
très grand de ces fêtes, dont l'énumération serait fasti-
dieuse et inutile. Il suffira de les classer par périodes, en
(1) Affiches du Poitou^ année 1779, p. "24.
(2) Archives de Niort, n" 2,855.
(3) Archives de Niorl, n" 2,856. Détail des frais :
Pour un mât 9 livres.
Pour fagots 10
Javelles, roseaux et paille ... 20
Façon 12
Poudre et flambeaux 100
Total 151 livres,
— 260 —
faisant ressortir celles qui ont présenté le plus d'intérêt,
soit par la grandeur des événements qui en furent la cause,
soit par quelques détails et particularités.
La première trace de célébration d'une victoire, qui soit
aux registres de l'hôtel de ville, est relative à la prise de
Roses, place forte de Catalogne, qui avait capitulé le
26 mai 1645, après une résistance meurtrière. A la date du
22 décembre de cette année, on trouve un paiement de
12 livres 16 sols pour les fagots qui avaient servi à faire
quatre feux de joie à cette occasion ; c'est-à-dire qu'on en
avait dressé en plusieurs points de la ville. Nous croyons
d'ailleurs que ces feux de joie pour la prise de Roses furent
une des premières démonstrations de ce genre faites à
Niort par ordre supérieur. 11 est probable que la victoire
de Rocroy, en 1643, les prises de villes importantes,
comme celles d'Arras, en 1640, de Perpignan, en 1642, y
avaient été antérieurement fêtées sur les deniers communs.
Nous savons en effet d'autre part qu'il en fut ainsi à Poi-
tiers, où pour ces événements on chanta des Te Deum et
alluma dès feux de joie. Sans doute Niort avait été invité
à en faire autant et de même pour les autres avantages
remportés dans la lutte contre l'Espagne et l'Empire qui
commença en 1632 ; mais, jusqu'à plus ample informé, il
parait probable que cette guerre marque le début des fêtes
ordonnées par le pouvoir, dans les villes de province, pour
la célébration des victoires.
Jusqu'au traité des Pyrénées, les archives de Niort sont
donc à peu près muettes sur ce sujet. Nous avons dit, à
propos du mariage de Louis XIV, ce qui fut fait à Niort
2)our la publication de la paix.
Pendant la seconde guerre avec l'Espagne, les succès
de nos armes furent célébrés sur l'ordre du gouverneur
de la province, alors le duc de la Vieuville, par des feux de
joie allumés sur la place du Château. On mettait sur pied
une partie du régiment de Niort. Dans cette période, les
registres très incomplets ne nous donnent de détails qu'au
— 261 —
sujet de la prise de Tournai , qui avait capitulé le 24 juin
1667 (1):
Lors de l'invasion de la Hollande, le premier fait de
guerre éclatant fut le passage du Rhin. La ville fut invitée
à faire les réjouissances passées en usage, pour cette auda-
cieuse opération et pour la prise des places de Wesel,
Burick , Orsoi et Rheimberg emportées quelques jours
auparavant. Le fleuve avait été franchi le 12 juin
1672 et, précisément deux jours plus tard, naissait un
prince, le duc d'Anjou, qui mourut d'ailleuis au mois de
novembre de la même année. Les échevins voulaient, dans
un but d'économie, îiUumer un seul feu de joie pour les
succès de l'armée et l'accroissement de la famille royale ;
mais ils reçurent de M"" de Parabère, lieutenant général
de la province, ordre formel de faire deux journées de
réjouissances. En conséquence, la naissance du duc
d'Anjou fut célébrée le dimanche 10 juillet (2), et le pas-
sage du Rhin quinze jours après, le dim.anche 24 juillet (3).
Deux compagnies furent mises sous les armes ; il n'y eut
pas du reste d'autres frais que ceux du feu de joie et
la dépense fut minime, 25 livres seulement. Plus tard elle
s'éleva beaucoup au-dessus en pareille circonstance ;
la ville fut très probablement invitée à faire plus grand. -
Pour la prise de Maëstricht, en 1673, les frais montèrent
à 150 livres^ et de même pour les nombreuses fêtes célé-
brées pendant cette guerre où nos armes furent constam-
ment victorieuses. Ce chiffre devint le taux habituel. Dans
les trois dernières années de la guerre, la dépense totale
fut de 1,730 livres, y compris les frais pour la célébration
(1) Assemblée du 3 juillet 1067. Le duc de la Vieuville, gouverneur
de ceUe province, a envoyé ordre pour faire un feu dejoie, particulière-
ment à cause de la prise de Tournai.
Conclu qu'il sera ponctuellement obéi aux ordres du roi et qu'il sera
fait feu dejoie sur la place devant le château. Vingt hommes de chaque
compagnie seront mis sous les armes.
(2) Assemblée du 7 juillet 1672.
(3) Assemblée du 21 juillet 1672.
- 262 ^
de la paix. Il est intéressant de noter les réjouissances
faites le 26 mars 1674 pour la prise de Gray^ qui avait
capitulé le 28 février devant un corps d'armée commandé
par le duc de Navailles, gouverneur de Niort (1).
Les compagnies bourgeoises, pendant que brûlait le feu
de joie, faisaient des décharges de mousqueterie. A l'une
des cérémonies, celle qui eut lieu pour la prise d'Aire,
en 1676^ un nommé Mathé^ peigneur de laine, fut griè-
vement blessé par le nommé Pierre Rivet, qui fut
arrêté sur le champ et mis en prison à l'hôtel de ville.
On supposa qu'il y avait eu, non pas maladresse, mais
intention criminelle ; car l'affaire fut dévolue au siège
royal , après instruction faite par le maire. Pareil
accident se renouvela lors des fêtes pour la paix conclue
avec l'Empire , en 1679. Un enfant , nommé Louis
Marsillac, fut tué; son frère, Jean Marsillac, fut blessé,
et les témoignages recueillis paraissent prouver que
l'auteur des faits avait le dessein de tuer ou blesser une
personne qui ne fut pas atteinte.
Nous ne retiendrons des réjouissances publiques, pour
les victoires de cette deuxième guerre du régne de
Louis XIV, que celles qui furent ordonnées en l'honneur
de la prise de Puycerda par le maréchal de Navailles. La
place avait capitulé, le 28 mai 1678, après un mois de
vigoureuse défense et en présence d'un corps d'armée
espagnol qui n'avait pu la secourir. Comme le maréchal
était gouverneur de Niort, ce glorieux fait d'armes fut
célébré avec une solennité inusitée (2).
La guerre avec la Hollande se termina par le traité de
Nimègue signé le 11 août 1678. Cet heureux événement
(1) Asserahlée du 20 mars 161k.
(2) Asaemblée du 25 juin 1678. Ordre de Mgr de la Vieuville au
sujet de la prise de Puycerda par le maréchal de Navailles Arrêté que
les douze compagnies seront mises sous les armes ; on tirera le canon.
Nous luy escrirons et à il/™« la maréchale sa femme. Dépense :
150 livres.
— 263 —
fut fêté à Niort le 6 novembre (1). Il y eut Te Deum et
feu de joie ; les douze compagnies du régiment étaient
sous les armes. La dépense s'éleva â 130 livres. La même
année, le 17 septembre, la paix fut conclue avec l'Espa-
gne, également â Nimègue. Les réjouissances eurent lieu
à Niort le 15 janvier 1679 et coûtèrent 150 livres (2).
La pacification fut enfin complète lorsqu'un traité eut été
signé le 26 février avec l'Empire ; il fut publié et célébré
à Niort en mai 1679 (3). Les cérémonies et les frais furent
les mêmes que ci-dessus, soit 150 livres.
Après quelques années de paix, la guerre s'engagea
de nouveau entre la France et les puissances cooalisées à
Augsbourg, guerre longue et sanglante où la fortune fut
loin d'être toujours favorable aux armes de Louis XIV.
Les victoires furent célébrées comme d'usage, et la paix
conclue à Riswick le fut avec une joie sans doute beau-
coup plus spontanée. Les réjouissances eurent lieu à Niort
le 2 février 1698, trois mois après la pacification. Une
relation curieuse de ces fêtes^ conservée dans la famille
Garran de Balzan, a été reproduite dans V Histoire de
Niort, de L. Favre (4).
Pendant les douze années de la guerre soutenue pour
assurer le trône d'Espagne à Philippe V, on compta plus
de revers que de succès, mais, â cause de cela, toutes les
fois qu'une ville était prise ou que le champ de bataille
nous restait, ordre était donné d'allumer un feu de joie.
Le gouvernement voulait donner aux populations écrasées
par les impôts et les levéesd'hommes au moins un simulacre
de gloire. La ville allouait le crédit ordinaire, 150 livres,
et cette dépense se renouvela bien souvent pour des
affaires de peu d'importance. Sur cette longue liste cepen-
dant, ressortent â bon droit les victoires de l'année 1712
(1) Assemblée du k yiovembre 1678.
(2) Assemblée du 11 janvier 1679.
(3) Assemblée du 26 mai 1679.
(4) Histoire de la ville de Niort, par L. Favre, pp. 387-39'2.
— 264 —
qui sauvèrent la France aux abois. La bataille de Denain,
la prise du Quesnoy, de Bouchain, f urentchacune célébrées
séparément, et ici les conséquences de ces glorieux retours
de fortune justifient la multiplicité des fêtes. La paix fut
enfin conclue, d'abord à Utrecht avec l'Angleterre, la
Prusse^ la Savoie et la Hollande, puis à Bade avec l'Em-
pire. La joie était générale; elle se montre dans les termes
des délibérations de Téchevinnge de Niort. Pour la publi-
cation de la paix d'Utrecht, le corps de ville vota 150 livres
et plus grande somme si besoin est (1), pour celle de Bade
200 livres et même plus (2). Malgré la pénurie d'argent,
on donnait sans regrets les fonds destinés à célébrer la
pacification tant souhaitée (3).
Sous la régence, pendant la courte guerre avec l'Espa-
gne, on fêta^ dans l'année 1719, les prises des villes de
Fontarabie et Saint-Sébastien, toujours avec le même
cérémonial.
En 1733, commença la lutte entre l'Autriche et la
France, alliée avec l'Espagne et la Sardaigne. Le Milanais
fut rapidement conquis et, au mois de janvier 1734, la
ville de Niort fit chanter un Te Deum et allumer un feu
de joie pour ce premier succès. Les frais à faire furent
adjugés pour 200 livres; la dépense était, comme on
voit, plus forte que sous le règne précédent en pareille
occasion. D'autres faits d'armes motivèrent des réjouis-
sances; entre autres la sanglante bataille de Guastalla,
pour laquelle les registres indiquent une dépense supé-
rieure, 240 livres. Le programme comprenait un repas
aux personnes de distinction, chose qui se renouvela
(1) Assemblée du 11 juin 1713.
(2) Assemblée du 18 mai llli.
(3) Après le rétablissement de la paix générale, la Catalogne insurgée
ne se soumit pas. Philippe V était impuissant à la réduire et le maré-
chal de Berwick, à la tête d'un corps de troupes françaises, dut mettre le
siège devant Barcelone, qui capitula après une résistance acharnée, le
13 septembre 1714. Cet événement fut célébré à Niort par un Te Deum
et un feu de joie. Le corps de ville vota l.jO livres dans l'assemblée du
9 novembre.
— 265 —
du reste en d'autres circonstances et passa en usage.
La paix fut rétablie par le traité signé à Vienne, le
5 février 1739. Les fêtes à ce sujet n'eurent lieu à Niort
qu'au mois de juin de la même année, du reste avec la
solennité habituelle, le régiment bourgeois, entièrement
sous les armes, décharges de mousqueterie, coups de
canon tirés du château. On peut y remarquer cependant
un détail nouveau, un semblant de feu d'artifice consis-
tant en quelques fusées. Cela ne pouvait être considérable,
car la dépense totale ne s'éleva qu'à 215 livres (1).
Les huit années de guerre avec l'Autriche et l'Angle-
terre, de 1740 à 1748^ firent faire une grande consomma-
tion de feux de joie et leurs accessoires. Les résultats de
cette longue lutte ne furent guère brillants toutefois, mais
Louis XV fit campagne de sa personne et, depuis ce
moment, pas une bicoque ne fut enlevée qu'on n'en célé-
brât la prise par une fête publique. Le roi quitta Paris le
3 mai 1744 et se mit à la tête de l'armée qui opérait en
Flandre, réellement commandée par les maréchaux de
Noailles et Maurice de Saxe. Les villes de Courtrai ,
Menin , Ypres, tombèrent en notre pouvoir, les deux
dernières seules un peu défendues. Deux feux de joie
furent ordonnés pour ces faciles conquêtes. Peu aupara-
vant, le prince de Conti, qui commandait avec l'infant
don Philippe l'armée franco-espagnole en Italie, avait
enlevé par un heureux coup de main la ville de Nice (2).
Ce fait d'armes intéressait particulièrement les Niortais,
parce que le prince était titulaire du gouvernement de
Poitou. Aussi voulut-on ajouter un repas de gala aux fêtes
habituelles. L'intendant consulté répondit que le repas
lai paraissait entièrement inutile. En résumé, les trois
(1) Assemblée du 17 juin 1739.
(2) On dit ici que M" le prince de Conti est entré dans la ville de
Nice et l'a surprise sans tirer un coup de fusil... Il a emporté lepée à
la main des retranchéinents qui conservaient le fort de Montalban et la
ville de Villefranclie. Il a fait prisonniers cinq bataillons entiers, tué les
résistants et pris beaucoup de canons. {Journal de Barbier, t. m,
p. 506.)
— 266 —
feux de joie pour les actions ci-dessus furent adjugés
ensemble à Jean-Baptiste Saulquet, tireur d'étain, moyen-
nant 264 livres. Pour tous ceux qui suivirent, le bail s'en
fit au prix constant de 93 livres. On peut observer ici que
la ville tendait â réduire les dépenses de cet ordre, et il y
avait de bonnes raisons pour cela.
Du moi& de juillet 1744 â celui de novembre 1747,
on ne compte pas moins de vingt-cinq journées de réjouis-
sances officielles pour batailles gagnées ou prises de villes.
Si, dans le nombre, on y trouve des actions importantes,
comme la victoire de Fontenoy, et les sanglantes batailles
de Raucoux et de Lawfelt, on voit allumer le même
nombre de fagots et brûler la même quantité de poudre
en salves de mousqueterie pour la prise du fort de la Kno-
que, en Flandre, qui, investi le 28 juin, s'était rendu le 29,
et pour une soi-disant victoire du maréchal de Noailles
sur les Autrichiens qu'il aurait dû écraser au passage
du Rhin. Le prince de Conti, après la surprise de Nice
dont nous avons parlé, remporta encore quelques avan-
tages sur le roi de Sardaigne, entre autres sous les murs
de Coni. L'afïaire fut très meurtrière et sans résultats,
car l'armée française dut, quelques jours après, lever le
siège de cette place. Dans la dernière période de la guerre,
le gouverneur du Poitou commanda en Fhmdre, où il prit
les villes de Mons, Saint-Ghislainet Charleroi. Chacun de
ces faits d'armes fut célébré dans les formes ordinaires.
Les registres de cette époque nous donnent le détail
des prévisions, toujours les mêmes, sur lesquelles se
faisaient les baux de réjouissances publiques pour faits de
guerre (1). Au sujet de celles qui avaient eu lieu, en 1745,
(1) Achat d'un mât pour un feu de 30 pieds de haut . . 15 1.
50 fagots 10
Voiture 2
Aux ouvriers qui dresseront le feu 9
28 livres de poudre à 29 sols la livre ........ 40 12 s.
Sept flambeaux pour le commandant du château, les
maire et échevins 15
Chandelle pour illuminer l'hôtel de ville 1
Total 92 1. 12 s.
I
— 267 —
pour la prise de Bruges et. Oudenarde, l'intendant avait
écrit qu'il fallait se borner aux choses décentes et néces-
saines et qu'un bail au rabais n'était pas utile. Cependant
la ville adjugea le plus souvent les frais à faire, qui étaient
toujours soumissionnés au chiffre de 93 livres déjà indi-
qué, ou environ.
Lorsque la paix eut été signée à Aix-la-Chapelle, le
30 avril 1748, paix sans profit pour la France, rendue de
part et d'autre nécessaire par l'épuisement des popula-
tions (1), elle ne fut pas immédiatement publiée dans
le royaume. L'ordonnance royale pour la publication est
datée du premier février 1749, et les réjouissances à
ce sujet n'eurent lieu à Niort que le mardi de Pâques,
10 avril. Les frais furent plus élevés que pour les célébra-
tions de victoires ; les maire et échevins avaient été avisés
par M' de Beaumont, intendant de Poitiers, qu'ils pou-
vaient faire quelque chose de mieux qu'à l'ordinaire.
La dépense prévue était de 256 livres, compris entre au-
tres choses le coût d'un feu d'artifice estimé 120 livres.
Nous donnons en Appendice le programme complet de
l'ordonnance de la fête. Dans cette pièce, extraite des
registres de l'hôtel de ville, la composition du feu d'arti-
fice est fixée minutieusement. Il fut tiré sur la place
du Vieux-Marché, où était aussi dressé le feu de joie.
L'hôtel de ville devait être illuminé et à peu de frais, trois
livres de chandelle, comptées à une livre 10 sols, pour
mettre sur les fenêtres. La délibération du corps de ville
ne parle pas d'illuminations par les habitants* ils étaient
certainement invités à donner ce signe de joie, mais il n'y
avait plus sans doute obligation sous peine d'amende,
comme auparavant.
Au cours de la guerre de sept ans qui, de 1756 à 1763,
(1) Le peuple sait que nous ne gagnons ni ne gardons aucune ville et
que cet établissement de don Philippe à Parme, Plaisance et Guastalla
est peu de chose pour une tille aînée de France, et il ignore les raisons
particulières qui forcent à s'en contenter et à n'en pouvoir pas demander
davantage {Journal de Barbier, t, iv, p. 350 )
— 268 —
amena tant de désastres pour la France, quelques succès
partiels et stériles furent encore l'occasion de feux de joie
et de réjouissances qui ne pouvaient plus faire illusion (1).
A Niort, les dépenses à ce sujet furent, au début des
hostilités, plus élevées que précédemment. La fête pour la
prise de Port-Mabon, en 1756, coûta 250 livres ; d'autres
furent adjugées à 200 et 205 livres (2). Cependant, on en.
revint peu après au vieux tarif de 93 livres (3). Lorsque
la paix fut publiée à Niort, le 24 juillet 1763, l'intendant
recommanda l'économie aux maire et échevins (4). Ils
dépensèrent 280 livres. Le corps de ville eut à se plaindre
en cette occasion du refus affecté des gardes de S. A. S. le
prince de Conti, qui s'abstinrent de figurer à la céré-
monie, malgré l'invitation adressée au plus ancien
d'entre eux (5).
(1) Le 10 octobre 1758, il y a eu une action assez vive à Lutzberg,
entre Cassel et Munden, entre l'armée du prince de Soubise et les
Hessois et Hanovriens commandés par M' le prince d'Issembourg. A
l'égard de l'affaire de M"" le prince de Soubise, qui a donné lieu à un Te
Deum et à un feu, on dit toujours ici que c'est très peu de chose.
Journal de Barbier, t. vn, pp. 100 et 103.)
(2) Assemblées des 13 septembre 1757 et 7 juin 1759.
(3) Assemblée du 29 septembre 1762.
(4) M"" de Blossac écrit aux maire et échevins de sa terre de Blossac
ou du Tymeur, près Rennes, le 25 juin 1763 :
« J'apprends avec plaisir, M''^, que vous êtes encore continués chacun
dans vos fonctions, et je désire que lorsque vous serez obligés de les
laisser vous puissiez avoir des successeurs qui vous ressemblent; c'est
donc vous dire que personne ne peut être plus attaché que je le suis aux
intérêts de votre ville. Vous me demandez, M^s à quel point vous
pouvez porter les réjouissances que vous vous disposez à faire pour la
paix ; vous ne pouvez, j'en conviens, vous dispenser de faire quelques
réjouissances à cette occasion, mais le moins que vous en ferez sera le
mieux, surtout dans la circonstance du nouveau don gratuit que vous
allez être obligé de payer.
« J'ai l'honneur d'être très parfaitement, M'■^ votre très humble et très
obéissant serviteur.
« De BL0SS.4.C. »
(5) Archives de Niort, n» 28o3. Du 19 juillet 1763.
De la part du roi et de S. A. S. le prince de Conti, gouverneur de la
province, et des maire et échevins de la ville de Niort, les gardes de
— 269 —
La dernière guerre de l'ancien régime fut celle avec
l'Angleterre, lorsque le gouvernement de Louis XVI
soutint les colons d'Amérique dans leur lutte pour l'indé-
pendance. Les comptes de cette époque nous donnent
la dépense des fêtes relatives à trois faits d'armes seule-
ment, la prise de la Grenade par l'escadre du comte
d'Estaing, en juillet 1779, celle doTabago, par l'amiral de
Grasse, en juin 1781, et enfin dans la même année la
capitulation de York-Town, après que les défenses de la
place eurent été emportées par l'armée franco-américaine.
Il est du reste possible que nous n'ayons pas la liste
entière des jours de réjouissance, les registres de cette
période étant très sobres de détails, et ne mentionnant
même que les discussions importantes. Les chiffres de
dépenses que nous allons citer sont extraits des comptes
qui d'ailleurs ne subsistent pas intégralement. Les frais
furent pour la Grenade de 478 livres, pour Tabago et
York-Town, célébrés le même jour, de 376 livres 9 sols.
Nous donnons en note le détail de ceux qui furent faits
pour la prise de la Grenade (1). Ceux de la seconde journée
S. A. S. le prince de Conti sont prévenus que la publication de la paix
aura lieu le 24 vers neuf heures du matin ; ordonné qu'ils y assistent en
armes et à cheval, décorés de la bandoulière de S. A. S., ayant à leur
tête le plus ancien à défaut d'officiers. [Les gardes étaient : Baugier, le
plus ancien, Champanois , Bernard-Chambinière , Bernard-la
DUCQUERIE, MaRCHET DU ViGNAUD, BaRRÉ DU FlEF et PALUSTRE
DES BoNNATiÈRES. La plainte contre leur refus est insérée aux
registres.]
(I) Archives de Niort, n° 2854. Dépense des réjouissances faites
pour la prise de la Grenade.
Fourniture de fagots et charpentier 60 1.
Acheté une vieille aile de moulin pour faire le mât .... 18
Poudre et flambeaux, 40 livres de poudre, 12 flambeaux . . 100
4 livres de poudre pour un pétard en boîte de ferblanc ficelée. 10
Peinture d'un transparent , . . , 36
Lampions et pots à feu ; Ancelin en a fait des neufs pour
12 livres 54
Déjeuner à la ville et à la compagnie de grenadiers. La
garnison y est venue 200
Total. . . . . 478 1.
— 270 —
sont pareils, si ce n'est que certains articles sont réduits,
entre autres le déjeuner à l'hôtel de ville qui, au lieu
de 200 livres, est porté à 120 seulement.
Les archives ne comprennent aucune dépense pour
la célébration de la paix de Versailles, et il est probable
que la ville de Niort ne fit rien à cette occasion. Les fêtes
pour la publication de la paix eurent lieu à Paris dans
les derniers jours de novembre 1783; mais il avait été
question, même pour la capitale, de faire l'économie
des feux et illuminations (1) ; on peut donc admettre
qu'aucun ordre à ce sujet ne fut donné dans les provinces.
L
Placard pour la célébration
de la naissance du Dauphin (2).
De par le Roy et Messieurs les Maire et Eche-
VINS DE CETTE VILLE DE NyORT.
La Divine Providence ayant comblé les vœux du Roy et
de ses sujets par l'heureuse naissance de Monseigneur le
Dauphin, et nous Maire et Echevins ayant reçu les ordres
de S. A. S. le prince de Conty, Prince du Sang et gouver-
neur de cette province et ceux de Monsieur de Baussan de
Blanville, conseiller du Roy en tous ses conseils, maître
(1) On lit dans la correspondance d'une niortaise, c|ui a été publiée
dans les Mémoires de la Société, année 1885 : « Nous aurons aussi le
29 de ce mois (novembre) le Te Deum chanté en actions de grâces pour
la paix. On dit qu'il n'y aura pas autre chose, le roi ne voulant pas
de dépense inutile. » On ne s'en tint pas cependant à cette première
résolution, car, dans une lettre suivante, la même correspondante décrit
le feu d'artilice et les illuminations, entre autres celles de la nouvelle
halle aux b!és.
(2) Archives de Niort, n° 2833.
— -271 -
des requêtes ordinaire de son hôtel, intendant de cette
Généralité, par lesquels il nous est ordonné de faire à
à cette occasion éclater notre joye et celle du peuple par
des feux et des illuminations et de donner à ce sujet les
ordres nécessaires :
Nous ORDONNONS quc lundy prochain, 26 de ce moys, le
régiment royal de cette ville. soit mis sous les armes.
Les soldats se trouveront armez aux portes de leurs
capitaines à onze heures précises du matin, à peine de
prison, et seront ensuite conduits à une heure après midi
sur l'emplacement qui est au devant de la porte Saint-Jean
de cette ville.
La compagnie de cavalerie bourgeoise de cette dite
ville sera mise sous les armes.
Enfin le dit régiment royal sera conduit autour de
l'église Notre-Dame lorsqu'on entendra sonner vêpres.
Tous les soldats rangez en ordre, les officiers, à Texcep-
tion de ceux qui doivent rester à la tête des compagnies,
se rendront dans le chœur de la dite église où ils prendront
les places qui leur seront préparées.
Le Te Deuni chanté en actions de grâces d'un avantage
aussi considérable que Dieu vient d'accorder â ce royaume,
il sera fait k l'instant une décharge générale de mousque-
terie.
Après quoi les dits officiers retourneront à leur com-
pagnie et nous dits Maire et Echevins monterons à la place
du Vieux-Marché, où M"" de la Mare, lieutenant pour le
Roy du château de cette ville, nous dits Maire et Eche-
vini?, et le capitaine qui commandera le dit régiment
mettrons le feu au bûcher qui sera dressé par l'ordre de
nous d. Maire et Echevins.
Le feu mis au bûcher, il sera fait trois décharges de
mousqueterie, tant du dit régiment que de la dite com-
pagnie de cavalerie bourgeoise qui sera rangée dans le
lieu accoutumé avec acclamations et cri de Vive le Roy^
Vioe la Reine et Vive Monseigneur le Dauphin, et qui
sera répété plusieurs fois au son des trompettes, des
tambours, des fifres et des haut-bois.
— ^72 —
Ordonnons à tous les habitants de cette ville et faux-
bourgs de faire des illuminations au devant de leurs
maisons en mettant au moins deux chandelles sur chacune
de leurs fenêtres au moment qu'ils entendront la deuxième
décharge de mousqueterie.
Leur enjoignons de faire des feux et illuminations de la
manière susdite les deux jours suivants, 27 et 28 de ce
mois, pour le plus tard à sept heures et demie du soir.
Leur défendons très expressément d'ouvrir leurs bou-
tiques le dit jour dans cette dite ville et fauxbourgs, le
tout à peine de trois livres d'amende contre chacun de ceux
qui y contreviendra.
Donné et fait en la sale des assemblées de l'hôtel de
cette ville de Nyort par nous Pierre Thibault de Bout-
TEViLLE, maire et capitaine, Nicolas Crosnier des Ad-
JOTS, Philippe Clerc de la Chateauderie, François Le
Comte, Sébastien Le Noir, François Prioleau et
Antoine Lafiton, échevins, qui se sont soussignés avec
M^ Constant Thibault, procureur du Roy, le vingt
septembre mil-sept-cent-vingt-neuf.
IL
Publication de la paix d' Aix-la-Chapelle (1).
Aujourd'hui dixiesme jour de mars 1749, sur les dix
heures du matin, nous Maire et Echevins de cette ville de
Niort, étant assemblés extraordinairement en la sale des
assemblées de l'hôtel commun de cette dite ville, a été dit
et remontré qu'ayant reçu des ordres de S. A. S. Monsei-
gneur le prince de Cont}^, prince du sang, gouverneur de
cette province de Poitou, pour faire publier la paix avec
les réjouissances et la solennité accoutumée en pareille
occasion, en date les dits ordres de l'Isle-Adam du pre-
mier de ce mois quy ont pour inscription : A W^ M''^ les
(1) Extrait des registres de l'hôtel de ville.
— 273 —
Maire et Echevins de Niort, ti Niort^ suivantlesquels a été
arrestë et unanimement délibéré entre nous dits Maire et
Echevins que pour marquer notre zèle et notre respect
infiny que nous avons pour les ordres du Roy et pour
exécuter avec exactitude ceux à nous adressés par S. A.
S. Monseigneur le prince de Conty^ nous ferons mettre
sous les armes, le mardi de Pasques, 8 avril prochain,
le régiment royal de la milice bourgeoise et monter à
cheval la compagnie de cavalerie, pour avec le dit régi-
ment et la dite compagnie de cavalerie aller nous dits
Maire et Echevins, montés à cheval suivant l'ordre dont
sera fait mention cy après et à la suite de la présente déli-
bération faire, au son des trompettes, tambours, fifres et
autres instruments, lire, publier et afficher par le secré-
taire de ce dit hôtel de ville, aussy à cheval, l'ordonnance
que Sa Majesté a rendue au sujet de la paix par luy faite
avec le roy d'Angleterre et la reine de Hongrie, que notre
départ du dit hôtel sera annoncé par une décharge géné-
rale de toute la mousqueterie ainsy que notre retour au
dit hôtel, qu'ensuite nous dits Maire et Echevins nous
nous rendrons, avec tous les corps de cette dite ville quy
seront invités à cet effet, pour assister au Te Deum quy
sera chanté à la manière et au lieu accoutumé dans l'Eglise
de Notre-Dame, issue des vespres, autour de laquelle église
le régiment royal et la compagnie de cavalerie se rendront
aussy et se porteront dans les lieux ordinaires et feront
une décharge générale de toute la mousqueterie avant et
après le Te Deum.
Le dit Te Deum chanté, nous dits Maire et Echevins à la
tête du régiment monterons à la place du Marché-Vieux
où sera dressé un bûcher de la hauteur de 30 pieds auquel
le feu sera par nous Maire et Echevins allumé, ensuite
sera fait trois décharges au moins de toute la mousque-
terie avec des acclamations de Vive, Vive, Vive le Roy,
ce qui sera répété plusieurs fois au son des trompettes,
tambours, fifres et autres instruments qui marqueront la
joye, après quoy^ sur les huit heures du soir, il sera tiré
18
— 27A —
un feu d'artifice et toute la ville généralement illuminée,
ainsi que ce dit hôtel.
Et comme il conviendra faire une dépense tant pour la
publication de la paix que pour le feu sur la place, feu
d'artifice et illumination de ce dit hôtel, a été arresté que
nous nous conformerons aux ordres que Mgr l'Intendant
de cette province nous a fait l'honneur de nous prescrire
cy-devant au sujet des avantages et victoires remportés
par les troupes de Sa Majesté quy ont été en nombre,
quy sont qu'il fallait se borner aux choses décentes et
nécessaires, qu'un bail au rabais n'était point utile et qu'il
suffisait de régler dans une assemblée par détail la quan-
tité de chaque chose pour la dite réjouissance, que cepen-
dant comme il s'agissait d'une publication de paix nous
pouvions faire quelque chose de mieux qu'à l'ordinaire,
suivant la lettre qu'il nous a fait l'honneur de nous écrire
le 27 février dernier; en conséquence, nous dits Maire et
Echevins, pour nous conformer aux dits ordres et faire le
moins de dépense qu'il nous sera possible, avons unanime-
ment arresté et délibéré qu'il sera procédé à un mémoire
exact pour la dépense qu'il conviendra faire, tant pour la
publication do la paix que pour le feu sur la place, feu
d'artifice etillumination au corps de ville, lequel mémoire
sera fait ainsi qu'il suit :
Frais pour la publication de la paix.
Premièrement la somme de 4 1. pour le louage
de 4 chevaux pour les 4 trompettes .... 41.
Plus 18 1. pour gratification qu'on fera aux
3 trompettes du régiment de Chabrillant qu'on
fera venir pour la publication de la paix. . 18
Plus 2 1. 18 s. pour deux livres de poudre à
29 s. la livre qu'on distribuera à la compagnie
de grenadiers et à celle de cavalerie pour une
décharge afin d'annoncer notre départ de cet
hôtel de ville pour aller publier la paix . . . 2 1. IJ^ s.
— 276 —
Frais pour le feu dejoye.
Premièrement la somme de 15 1. pour l'achapt
d'un mût pour dresser le feu de joye 15 1.
Plus 10 1. pour les fagots à employer à faire le
dit feu 10
Frais pour l'illumination de l'hôtel de ville.
La somme d'une livre 10 s. pour trois livres
de chandelles qui seront placées sur les fenê-
tres de ce dit hôtel de ville 11. 10 s.
Plus 2 1. pour la voiture des dits mât et fa-
gots conduits depuis le port de cette ville jus-
qu'à la place du Marché-A'ieux 21.
Plus 9 1. pour les ouvriers qui feront et
dresseront le dit feu 9
Plus 15 1. pour les flambeaux pour allumer
le dit feu, tant pour le Commandant en cette
ville, capitaine commandant le régiment royal
que pour nous dits Maire et Echevins. ... 15
Plus 40 1. 12 s. pour 28 livres de poudre à
29 s. la livre quy seront fournies aux 13 com-
pagnies du régiment royal de cette ville et à
la compagnie de cavalerie pour faire trois dé-
charges au moins 401.12 s.
Frais pour le feu d'artifice.
Premièrement la somme de 18 1. â laquelle nous
dits Maire et Echevins sommes convenus avec
l'ouvrier pour dresser un amphithéâtre pour tirer
le feu d'artifice^ lequel amphithéâtre sera composé
de 4 piliers debout en quarré, distance de 15 pieds
les uns des autres et autant d'hauteur, garnis de
soUiveaux, chevrons et planches nécessaires, ayant
par dessus une impériale de 8 pieds d'hauteur,
— 276 —
laquelle sera surmontée d'une figure peinte de
grandeur d'homme représentant une renommée,
au dessous de laquelle il y aura une lanterne de
4 pieds et demi d'hauteur et 3 pieds de largeur
avec une inscription de Vive le Roy de la largeur
de la dite lanterne et trois fleurs de lys de chaque
côté qui seront au dessus de la dite inscription, y
compris une corde de la grosseur du petit doigt de
la longueur delà place attachée âdes fenestres pour
faire courir un dragon 18 1.
Plus la somme de 120 1. à laquelle nous sommes
pareillement convenus avec l'ouvrier pour faire et
tirer un feu d'artifice qui sera composé d'un dragon
courant sur une corde, qui traversera la place du
Marché- Vieux et qui retournera d'où il partira, de
150 fusées, savoir : 60 de 12 lignes de diamètre
extérieur, 48 de 15 lignes, 24 de 18 lignes et 18 de
24 lignes; moitié des fusées seront chargées à
étoiles et moitié à serpenteaux; de 5 soleils tour-
nants dont deux à un jet, deux â deux jets et un
à quatre jets, tous cliargés en brillants, dont deux
finiront par deux saucissons et les deux autres
par deux marrons, de 12 lances fixes chargés de
compositions d'étoiles et de deux pots à aigrettes
avec un jet câ chacun chargé en brillants garnis
chacun de huit douzaines de serpenteaux. . . . 120 1.
Revenant toutes les sommes cy-dessus articulées à celle
de 256 L, laquelle, sons le bon plaisir de Mgr l'Intendant,
sera payée par M. Philippe Arnauldet, avocat en par-
lement et receveur des deniers d'octroi et excédant
du tarif de cette dite ville, à Etienne Paquinet, marchand
demeurant en cette dite ville qui en fera l'avance, laquelle
somme de 256 1. sera allouée au dit sieur Arnauldet en la
dépense de son compte des dits deniers en rapportant la
présente délibération duement visée par Mgr l'Intendant
et la quittance du dit Paquinet sur le nécessaire. Donné et
— 277 —
fait les jour et an susdits, et s'est le dit Paquinet avec nous
soussigné.
Suit la lettre de S. A. S. Monseigneur le prince de
Conty :
A risle-Adam, le l'"" mars 1749.
M'"^ les Maire et Echevins, en conformité des intentions
du Roy je vous fais cette lettre pour que vous ordonniez
dans la ville de Niort la publication de la paix avec les
réjouissances et la solennité accoutumée en pareille occa-
sion. Soyez persuadés qu'on ne peut être plus véritable-
ment que je suis, M'"^ les Maire et Echevins, votre très
affectionné à vous servir. Signé: L. F. de Bourbon, et plus
bas est écrit : A M''^ les Maire et Echevins de Niort.
Suit la lettre de Mgr l'Intendant:
A Paris, ce 27 février 1749.
Ce que M*" Berryer vous marqua de faire , Monsieur,
lors de la convalescence du Roy, après la maladie dange-
reuse que Sa Majesté avait essuyée à Metz, me paraît
devoir servir de règle pour les réjouissances quy doivent
accompagner dans la ville de Niort la publication de la
paix ; je crois n'avoir rien mieux à vous prescrire que de
vous prier de vous conformer à ce que vous avez pratiqué
en cette occasion, j'approuverai les mêmes dépenses quy
furent faites alors. Je suis très parfaitement, Monsieur,
votre très humble et très obéissant serviteur. Signé :
MoREAU DE Beaumont, et au dos est écrit : A M'' Rouget,
maire de Niort.
Ordre de la marche qui sera observée
clans la publication de la paix.
Premièrement marchera M'" le major du régiment royal
de la milice bourgeoise pour diriger toute la marche.
Suivra ensuite la compagnie de grenadiers avec leur
tambour, marchant à file quatre à quatre, ayant M'"'' les
officiers à leur tête.
— 278 —
Suivront ensuite la moitié des tambours et des fifres.
Après quoy marcheront M""^ les officiers des six pre-
mières compagnies du dit régiment avec leur oscol et leur
épée, ayant dans leur centre deux drapeaux, le blanc et
un autre qui seront gardés par un détachement de 30 hom-
mes des 12 compagnies qui marcheront sur les deux côtés
et par six sergents des six premières compagnies marchant
à la teste et à la queue du dit régiment.
Suivront deux trompettes de la ville à cheval, qui
annonceront à chaque canton la publication de la paix et
donneront les fanfares après les dites publications.
Suivra le secrétaire de la ville en robe, achevai^ qui lira
l'ordonnance du Roy pour la paix.
Ensuite marcheront M""^ les ofiBciers du corps de ville à
cheval, savoir: M"" le Maire et M'"^ les Echevins en robe
et bonnet quarré, à côté desquels marcheront à pied, de
file, de chaque côté de la rue les gagés delà ville avec leurs
pertuisannes.
A la suite du corps de ville suivront l'autre moitié des
tambours et ensuite marcheront M""^ les officiers des six
dernières compagnies du régiment, aussy avec leur oscol
et leur épée, ayant dans leur centre un drapeau qui sera
pareillement gardé par un détachement de 30 hommes des
12 compagnies et par six sergents des six dernières com-
pagnies qui marcheront dans le même ordre qu'il est
cy-dessus dit.
Ensuite marcheront trois trompettes et suivra ensuite
le corps de cavalerie, le sabre à la main, marchant de file
deux à deux, ayant M''^ les officiers à leur tète, l'épée à la
main.
Ensuite suivra le maréchal des logis de la dite compa-
gnie qui fermera la marche.
Route que l'on tiendra pour la publication.
Partant de l'hôtel de ville, on tournera â droite par la
rue du Soleil pour se rendre devant le Palais-Royal où se
— 279 —
trouvera la compagnie colonelle sous les armes avec un
sergent, et où se fera la première publication.
On se rendra ensuite sur la place du Château où se trou-
vera la compagnie de la lieutenance colonelle, où se fera
la seconde publication.
Passant par la rue dessus les fossés du château jusqu'à
l'Oratoire où sera la troisième compagnie, où se fera la
troisième publication.
Ensuite on se rendra devant la grande porte de l'église
de Notre-Dame où sera la quatrième compagnie, où se fera
la quatrième publication.
De là, on ira par la rue Torse à la porte Saint-Jean où
sera la cinquième compagnie, où se fera la cinquième
publication.
D'où en descendant par la grande rue Saint-Jean jus-
qu'à la rue du Meurier où sera la sixième compagnie, où
se fera la sixième publication.
Et en continuant la dite grande rue Saint-Jean jusque
sous les Halles où sera la septième compagnie, où se fera
la septième publication.
Ensuite, en traversant les Halles, on ira par la grande
rue Saint-Gelais jusque devant l'hôtel de ville où sera la
huitième compagnie, où se fera la huitième publication.
De là, en continuant la dite grande rue Saint-Gelais on
se rendra à l'hôtel de M"" le Maire, au canton du Relais,
où sera la neuvième compagnie, où se fera la neuvième
publication.
De la, en continuant encore la dite grande rue Saint-
Gelais jusqu'au canton de la Coupe où sera la dixième
compagnie, où se fera la dixième publication.
On tournera ensuite par la rue du Marché- Vieux pour
aller sur la grande place du Marché- Vieux, vis à vis les
casernes, où sera la onzième compagnie^ où se fera la
onzième publication.
De là, en passant par les rues Crémaud, celle de Vieille-
Rose, rue Basse et du Pont qui conduit dans la grande
rue du Port où sera la douzième compagnie, où se fera la
douzième et dernière publication.
— 280 —
D'où on se rendra ensuite toujours dans le même ordre
à l'hôtel de ville pour terminer la dite publication de paix.
Après quoy, tout le régiment royal et la compagnie de
cavalerie se rendront a l'église Notre-Dame dans leur
poste ordinaire, et chaque officier prendront la teste de
leur compagnie pour assister au Te Deum qui sera chanté
dans la dite église pour ensuite se rendre au Marché-
Vieux à la manière accoutumée pour mettre le feu au
bûcher qui sera dressé pour cet effet et ensuite être tiré
un feu d'artifice.
Suit Vordonnance du Roy pour la publication de la
paix, du l^"" février 1749.
De par le Roy
On fait à sçavoir à tous qu'une bonne, ferme, stable et
solide paix avec une réconciliation sincère et entière a été
faite et accordée entre très hault,très excellent et très puis-
sant prince Louis, parla grâce de Dieu roy de France et de
Navarre, notre souverain seigneur, et très hault, très excel-
lent et très puissant prince Georges, roy de la Grande-
Bretagne, électeur de Brunswick et Lunebourg, et très
haulte^ très excellente et très puissante princesse Marie
Thérèse, reine de Hongrie et de Bohème, impératrice des
Romains, et leurs vassaux^ sujets et serviteurs en tous
leurs royaumes, pays, terres et seigneuries de leur obéis-
sance : que la dite paix est générale entre eux et leurs
dits vassaux et sujets, et qu'au moyen d'icelle il leur est
permis d'aller, venir, retourner et séjourner en tous les
lieux des dits royaumes, états et pays, négocier et faire
connnerce de marchandises, entretenir correspondances
et avoir communication les uns avec les autres, et ce en
toute liberté, franchise et sûreté tant par terre que par
mer et sur les rivières et autres eaux, et tout ainsy qu'il
a été et dû être fait en temps de bonne^ sincère et aimable
paix, telle que celle cju'il a plu à la divine bonté de donner
au dit seigneur Roy, au dit seigneur roy de la Grande-
— 281 —
Bretagne, électeur de Brunswick et Lunebourg, à la dite
dame, reine de Hongrie, de Bohême, impératrice des
Romains, et à leurs peuples et sujets ; et pour les y main-
tenir il est très expressément défendu à toutes personnes
de quelques qualités et conditions qu'ils soient, d'entre-
prendre, attenter ou innover aucune chose au contraire
ny au préjudice d'icelle, sur peine d'estre punis sévère-
ment comme infracteurs de paix et perturbateurs du repos
public, et afin que personne ne puisse en prétendre cause
d'ignorance, la présente sera lue et affichée où besoin sera§
Fait à Versailles le premier février mil sept centquarante-
neuf. Signé : Louis, et plus bas Phélypeaux.
Jean-Louis Moreau, chevalier, seigneur de Beaumont,
conseiller du Roy en ses conseils, maître des requêtes
ordinaires de son hôtel, intendant de justice, police et
finances en la généralité de Poitiers, Veu l'ordonnance
du Roy ci-dessus nous ordonnons qu'elle sera lue, publiée
et affichée partout où besoin sera à ce qu'aucun n'en
ignore. Fait le 26'"^ février 1749. Signé : Moreau de
Beaumont et plus bas par Monsieur Corbie.
Ce fait les dites lettres et ordonnances du Roy ont été
mises et déposées dans les archives de ce dit hôtel de ville
pour y avoir recours si besoin est. Donné les jours et an
susdits.
Signé: Rouget, maire^ Juin du Clouzy, Thibault,
Prioleau.
— 282 —
CHAPITRE XIV.
Dépenses diverses.
§ I. — L'abonnement aux gazettes.
La Galette de France, rédigée par Théophraste Renau-
dot, parut en 1631. A part le Mercure de France, qui
commença en 1605, c'est le plus ancien journal. Le corps
de ville de Niort fut au nombre des abonnés^ au moins
depuis 1645. Les comptes de Claude Arnauldeau, receveur
en cette année, contiennent les deux articles suivants :
Au maire cinq Uores qu'il aurait avancé pour pareille
somme avancée au sieur Sallard pour le premier quar-
tier de l'envoi de la Galette 5 livres.
Pour deux quartiers de la Galette . . . 10 1.
Plus tard, on reçut non seulement la Galette de France,
mais celle, ou plutôt une de celles de Hollande ; puis, au
mois d'octobre 1676, on supprima cette dernière, sous
prétexte que la dépense totale était trop forte. Les comptes
des deniers patrimoniaux, rendus par Pierre Jouslain,
maire de 1676 à 1678, nous renseignent exactement sur ce
qui se fit de son temps à cet égard (1).
(1) Comptes de Pierre Jouslain, maire, 1676-77.
Plus dict le contable avoir envoyé à M"" Parthenay de Paris pour les
gazettes de France et d'Ollande despuis l'entrée de sa mairie (H juin)
jusqu'à la Saint-Michel (29 septembre) et 15 jours après. . 12 livres.
Plus pour le restarit du payement de la Gazette de France, ayant
cessé dès le commencement d'octobre de faire venir celle d'Ollande à
cause de la despence, a payé au sieur Parthenay 12 livres.
Au maître de poste, pour port des gazettes et pacquets. . 12 1.
Comptes du même, 1677-78.
Plus dict le contable avoir payé à M"" Pierre Parthenay, sous-doyen
— 283 —
Quelques années après, le crédit nécessaire fut imputé
sur les deniers d'octroi et fixé à 40 livres pour les galettes
que l'on fait venir de tout temps, comme dit l'arrêt de
règlement de 1683 sur les dépenses obligatoires ; ce qui
permettait, d'après les prix inscrits aux comptes, d'avoir
les deux gazettes, sauf cependant les frais de port. Le
gouvernement de Louis XIV jugeait donc nécessaire que
les villes fussent tenues au courant des nouvelles publi-
ques. On peut s'étonner seulement Cj[ue le roi permit à ses
fidèles sujets de lire les gazettes de Hollande, qui ne le
louaient pas d'ordinaire.
D'après le procès-verbal d'assemblée du 29 mai 1731,
l'hôtel de ville recevait alors les gazettes de France et de
Hollande, et les termes du compte rendu nous font voir
que la lecture de ces journaux n'était pas réservée aux seuls
membres de l'échevinage. Les habitants, certains habi-
tants nécessairement, étaient admis à en prendre connais-
naissance. Le procureur du roi proposa dans cette séance,
pour satisfaire le public, de faire venir deux fois la
semaine les gazettes qui n'étaient jusque-là envoyées
qu'uns seule fois, de telle sorte qu'on eût les nouvelles plus
fraîches. Il devait en résulter une augmentation des frais
de port, et le corps vota à cet effet vingt livres à prendre
sur les deniers patrimoniaux, pour accroître le crédit
réglementaire (1).
des pairs de la communauté de cette ville, la somme de douze livres
pour le remboursement des advances faictes pendant sept mois de l'envoy
des gazettes faict par le sieur Simon Parthenay, demeurant en la ville
de Paris, son frère, comme appert par quittance \2 livres
{1} Assemblée du 29 7nai 1131. Il a été unanimement arrêté et
délibéré que le sieur Elles le jeune, marchand-libraire de cette ville,
sera prié par notre secrétaire de faire venir deux fois chacune
semaine les gazettes de France et de Hollande avec leurs supplé-
ments et que, pour le dédommager de l'augmentation des ports de
paquets, il lui sera payé sur les deniers patrimoniaux de cette ville par
chacun quartier la somme de cimi livres, faisant par chacune année la
somme de 20 livres, outre et par dessus la soiinne de -40 livres qu'il
recevra en conformité de l'arrêt du Conseil do 1683.
— 28i —
L'abonnement municipal fut continué jusqu'en 1772.
C'était alors le sieur Clerc du Fief, libraire, qui faisait
venir les feuilles au compte de la ville. A cette époque, le
corps de ville supprima la dépense des gazettes et, par un
virement de crédit que nous avons indiqué au chapitre de
l'Instruction publique, attribua les 40 livres de l'arrêt
de 1683 à l'achat de prix pour les élèves du collège des
Oratoriens (1). On rendit, par ce moyen entre autres,
annuelle la distribution qui n'avait été jusque-là que bisan-
nuelle. Il est probable qu'en ce temps-là ceux des habi-
tants de Niort, qui s'intéressaient aux afïaires publiques,
recevaient personnellement leurs journaux et que les
gazettes de l'hôtel de ville n'avaient plus que peu ou point
de lecteurs. Les abonnements aux feuilles publiques
étaient du reste moins chers que dans le principe. La
Ga:^eite de France ne coûtait plus, en 1772, que douze
livres par an. En 1780, elle fut augmentée de trois livres,
portée à quinze autrement dit (2). En résumé l'allocation
sur les deniers publics fut rayée comme inutile ou plutôt
changée de destination, de même que l'avait été bien
auparavant la subvention de 60 livres aux poissonniers
jurés chargés d'approvisionner la ville de poisson de mer
et autre.
§ 2. — La poste aux chevaux.
La poste aux chevaux n'a commencé à être une cause
de dépense pour la ville de Niort qu'à partir du milieu du
dix-huitième siècle. Ce service y avait cependant été
établi à la fin du seizième, après la pacification religieuse.
En mars 1597, Henri IV rendit un édit ordonnant l'éta-
blissement de relais de c/ieuaux sur les grands chemins,
traverses, et le long des rivières pour le transport des
voyageurs et des malles. Les charges de maîtres de relais
(1) Archives de Niort, n» 2298.
(2) Affiches du Poitou, année 1780, p. 200.
— 285 —
devaient être distinctes de celles des maîtres de poste créés
par Louis XI, et leurs attributions étaient, en effet, diffé-
rentes, car il était défendu aux premiers de fournir des
chevaux/)o«/" courir la poste. Mais cette distinction arbi-
traire ne se fît pas dans la pratique ; les maîtres de poste
se plaignirent d'une concurrence qui les écrasait et, par
un autre édit de mars 1602, les relais furent incorporés
aux offices de maîtres de poste.
Le premier maître de poste dont nous puissions citer le
nom à Niort est ce Jacques Ribonnot qui, en 1623, avait
construit une écurie et d'autres bâtiments dans une sorte
de rue en prolongement de la rue Vieille-Rose, et eut à ce
sujet un long différend avec la ville. Il est toujours appelé
maître du relais dans les délibérations à ce sujet, ce qui
donne à penser que son office datait de l'édit de 1597. Il
était devenu maître de poste en 1602, mais on lui conser-
vait par habitude la première dénomination. On trouve
aux registres des réformés, à la date du 18 janvier 1647, le
décès d'Aaron Ribounot, maître de la poste, son fils et
successeur sans doute. C'était donc une famille pro-
testante.
En 1665, le titulaire était un catholique, nommé Chan-
dellier ; il fut, cette année-là, remplacé par un sieur Pinet,
protestant^ ce qui donna occasion à Christophle Augier de
la Terraudière, ardent catholique comme on sait, de faire
une manifestation en faveur de son prédécesseur, dans
l'assemblée du 26 juin. Le corps de ville dressa une sorte
d'acte de notoriété de la différence de religion et demanda
que le dit Chandellier fût continué pour sa fidélité recon-
nue. Il fut en effet continué, ou plutôt rétabli dans ses
fonctions, car on le trouve mentionné dans un procès-
verbal d'assemblée générale des habitants, du 13 février
1667, avec le titre de maître de la poste. Après lui, peut-
être avec quelque intervalle, l'office fut occupé par Jean
Rivier, qui était hôte de la Grue, puis immédiatement
après par Jacques Tristand.
Les archives contiennent une copie du brevet délivré à
— 286 —
ce dernier, le 5 décembre 1686, par le marquis de Louvois.
Cette pièce (1) nous indique d'une manière précise les pri-
vilèges et les gages atribués alors au maître de poste. Les
privilèges étaient les mêmes dans tout le royaume ; les
gages étaient à Niort de 180 livres par an et n'ont pas
varié jusqu'à la Révolution. La ville ne contribuait pas,
comme on le voit, à la dépense de ce service et, en effet,
l'arrêt de 1683 n'avait rien prévu à cet égard.
Jusqu'en 1733^ il n'est pas question de la poste aux
chevaux dans les délibérations de l'hôtel de ville. Cette
(1) Archives de Niort, n" 1888. Brevet de maître de poste.
François Michel Le Tellier, marquis de Louvois et de Courtenvaux,
secrétaire d'Etat, grand maître des courriers et surintendant général
des postes, relais et chevaux de l'usage de France ; donnons et octroyons
par ces présentes la poste de Niort, route de Poitiers à la Rochelle,
vacante par la démission de Jean Rivier, dernier pourvu d'icelle, pour
jouir et user par le d. Jacques Tristand et dorénavant exercer la d. poste
de Niort aux honneurs, avantages, authoritez, prérogatives, préémi-
nences, franchises, lihertez, gages de cent quatre-vingt livres par an, et
autres droits, fruictz, prolitz, revenus et émolumens au d. office apar-
tenans, tels et semblables qu'en jouissent et doivent jouir les autres
maistres de poste du Royaume, et l'exemption entière de toutes tailles,
crues y jointes, taillon, solde des prévosts des maréchaux, crues extra-
ordinaires de garnisons et autres ordinaires et extraordinaires, ensemble
de toutes charges publiques , contributions et logemens de gens de
guerre et de tous autres et mesmes privilèges franchises et exemptions
dont jouissent les officiers començaux de la maison du Roy, avec pou-
voir et faculté de tenir à ferme et jouir par ses mains de cent arpens de
terres de labour, prez ou vignes, non en ce compris les héritages à luy
apartenans, suivant les éditz et déclarations des mois de novembre 1635,
décembre 1652, 10 janvier 1669 et 30 juin 1681, registrez où besoin a
esté, à condition que le d. Jacques Tristand fera bien fidellement et
diligemment son devoir et le service de Sa Majesté, que pour l'exercice
de la d. poste il sera monté en nombre suffisant de bons chevaux
Versailles, le cinquième jour de décembre mil six cent quatre vingt six.
Signé : LouvoiS, et jilus bas, par Monseigneur, Colbert.
[Les privilégiés qui tenaient des terres à ferme devaient la taille pour
ces terres. Les maîtres de poste étaient exempts en ce cas jusqu'à la
quantité déterminée par leur brevet.]
— 287 —
année-là, on concéda au maître de poste francliise des
droits d'entrée sur une certaine quantité de denrées qui
fut d'ailleurs successivement et beaucoup augmentée, en
particulier dans le dernier bail du tarif fait en 1787. Nous
en avons donné le détail au chapitre du Tarif d'octroi
de 1718(1).
En 1742, le maître de poste, qui se nommait Pierre
Cardinal, déclara que, vu la cherté du foin et de l'avoine^
il ne pourrait plus continuer son service s'il n'était aidé.
Dans l'assemblée du 28 avril, il lui fut alloué 351 livres
2 sols pour ses derniers achats faits avec le consentement
de l'hôtel de ville, et dont il remettait un état (2). Il n'en
fut pas moins obligé d'abandonner la charge. L'année
suivante, son successeur, un nommé Dulac, demanda
également une subvention ; il se plaignait de la cherté et
en outre de ce que, depuis quelques temps, il ne passait
presque personne par Niort, allant en poste à la Rochelle,
Poitiers et autres endroits. Il était obligé, disait-il, de
faire une dépense considérable pour la nourriture de ses
chevaux qui ne lui rapportaient rien. Les échevins lui
accordèrent 200 livres, dans la séance du 26 janvier 1743,
et encore 107 livres dans celle du 17 avril.
A partir de ce moment-là, les choses allèrent de mal en
pis. Les registres ne mentionnent plus cependant de
subventions au maître de poste dans les cinq années sui-
vantes. Après la disette, qui avait commencé en 1740 et
sévi longtemps, les prix étaient revenus au taux normal
et les causesqui avaient engagé la municipalité à secourir
le maître de poste n'existaient plus. Mais, pour d'autres
(1) Première partie, p. 91.
(2) Assemblée du 28 avril i742. Pierre Cardinal a acheté de notre
consentement :
A Piet, 68 boisseaux d'avoine pour 911. 2 s.
A Jean Proust, 3 milliers de foin 90
A François Giraud, 2 tonneaux d'avoine, soit 120 bois-
seaux ....... 170
Total 351 1. 2 s.
— 2S8 —
causes, celui-ci, c'était toujours le sieur Dulac, se trouva
au commencement de 1748 en déconfiture complète. Il
avait, paraît-il, perdu tous ses chevaux et se déclarait
incapable de continuer ses fonctions. L'intendant, M"" Mo-
reau de Beaumont, écrivit, à la date du premier avril, au
maire de Niort, pour le mettre en demeure de remonter
la poste et d'assurer le service de la malle. Le subdélégué,
lui disait-il, avait cherché sans succès quelqu'un qui voulût
se charger de cette poste, en se contentant des privilèges
et gages qui y sont attachés; il était nécessaire que la ville
se concertât avec le subdélégué. M"" du Petit-Château,
pour rétablir le service par la voie la moins onéreuse (1).
Le corps de ville ne trouva non plus personne qui
voulût s'en charger. Le faire faire en régie aurait causé «ne
dépense vague et incertaine; après délibération, il fut
décidé que le mieux serait d'en yà^re un bail, comme de
toutes les autres dépenses ordinaires, à la meilleure con-
dition possible, en donnant par l'adjudicataire bonne et
suffisante caution pour le montant des deniers qui lui
seront par nous confiés. L'intendant approuva et rendit
une ordonnance autorisant l'adjudication, par devant
M' du Petit-Château, pour trois ans environ, terme fixé
au 31 décembre 1751. Tel fut le commencement du régime
sous lequel la poste de Niort resta constituée pendant bien
des années, en partie aux frais de la ville.
L'adjudication eut lieu les 17 et 18 mai ; le service fut
soumissionné par Alexandre Boutet, moyennant la somme
de 1^400 livres qui devait lui être payée d'avance ; cette
condition avait été inscrite au cahier des charges, les
concurrents connus n'étant pas en mesure de faire les
achats de chevaux nécessaires. Le dit Boutet fut cau-
tionné par Jean Barreau, marchand, pour 200 livres, et
par M"' de Germond pour 1,200 livres. Le maître de poste
subventionné n'en conservait pas moins les 180 livres
de gages et les privilèges attachés à cet office. Il était tenu
Il Archives de Niort, n° 1889.
^ 289 —
d'avoir au moins huit chevaux ; s'il en manquait à certains
jours, il devait se les procurer de gré à gré, la ville ne
s'engageant pas à les lui fournir par son autorité.
Le 6 juin 1751, eut lieu une adjudication nouvelle pour
une autre période de trois ans ; ou plutôt une prorogation
de pareille durée fut consentie au même Boutet, qui
continua moyennant 1,200 livres payables par tiers cha-
que année. En 1754, il renouvela pour trois ans encore; il
se contentait de 800 livres et en plus les franchises des
droits d'entrée déjà stipulées. Puis, vers la fin de 1757, il
annonça qu'il cesserait d'exercer à compter du premier
janvier suivant. Il fut remplacé par Pierre Goizet, auber-
giste à l'enseigne de l'Ecu de France, près la porte
Saint-Gelais, qui s'engagea pour trois ans aux mêmes
conditions.
Pierre Goizet fit fort mal son service. La poste de Niort
acquit avec lui le renom d'être ce qu'il y a de plus détes-
table (1). Aussi, à la fin de 1760, ne renouvela-t-il pas.
On ne fit pas d'adjudication nouvelle et le titulaire précé-
dent, Alexandre Boutet, cautionné par Catherine Gorrin,
sa femme, devint de nouveau concessionnaire. Il mourut
en 1763, et ce fut encore Goizet, toujours aubergiste à
l'Ecu, qui adjugea pour trois ans à 400 livres par an^ sous
la garantie de sa femme Marguerite-Anne Collet (2).
(1) Archives de Niort, n° 1905. Lettre de M'' de Granges de Sur-
gères au maire de Niort.
« Aux Oriues, ce 3 janvier 1760. »
« Je passeroi samedy, Monsieur, faisant route pour la Rochelle.
Comme il n'y a rien de plus détestable que la poste de Niort, je
vous prie de me faire trouver 3 chevaux de louage ou de messagerie et
deux bidets pour mes gents ; je compte arriver à la barrière de Niort,
où je donne rendez-vous aux dits chevaux, entre raidy et une heure.
« J'ai l'honneur d'être, Monsieur, votre très humble et très obéissant
serviteur. « Surgéres. »
M"" Rouget.
(2) Jean Goizet, dernier curé de Notre-Dame sous l'ancien régime,
était fils de Pierre Goizet et Marguerite-Anne Collet. 11 fut une des
victimes des massacres du 2 septembre 1792.
19
— 2Ô0 —
En 1766, il reprit aux mêmes conditions ; mais, dès
l'année suivante, il cria misère. Comme jadis, le sieur
Dulac, il faisait valoir la cherté des fourrages; seulement,
à l'opposé de ce dernier, il se plaignait, non de manquer
de voyageurs, mais bien d'en avoir trop.
Le corps de ville fut très large avec lui. Dans la séance
du 17 octobre 1766, on lui accorda pour diverses causes
1,200 livres d'indemnité (1). Mais ce fut une libéralité
perdue, car, dès les premiers mois de l'année suivant*,
Goizet fut destitué; il était, parait-il, fort insolent, et le
fut en particulier avec M""® de Meilhan, intendante de la
Rochelle, qui s'en plaignit à M"" de Choiseul et lui fit
retirer son brevet. 11 était d'ailleurs ruiné, et la ville ne
put pas rentrer dans les avances qu'elle lui avait faites (2).
Son successeur fut le nommé François Grivault, qui
adjugea pour trois ans, du 12 avril 1768, aux conditions
ordinaires, 1,200 livres de subvention. Il était cautionné
par sa femme Marie-Anne Hillairet. D'après son bail, il
- (1) Assemblée du 11 octobre 1767. A comparu Pierre Goizet, adju-
dicataire de la poste aux chevaux de cette ville, lequel a dit que le
service forcé et extraordinaire auquel il s'est trouvé assujetti, pendant
tout le cours de la dernière guerre et depuis que la route de Nantes est
fréquentée, lui a occasionné la perte de 30 chevaux qu'il n'a pu rem-
placer sans contracter beaucoup de dettes, que loin de pouvoir se
libérer sur le produit de son entreprise, elle lui devient de jour en jour
plus onéreuse par la cherté des fourrages et des avoines, qui ont plus
que doublé de prix dans ces deux dernières années, qu'indépendamment
de la maison qu'il occupe en cette ville il s'est vu contraint, pour la
commodité du service, d'en afîermer une autre dans un des faubourgs
de cette ville (faubourg de la Brèche), dont il paie au s-- Fretault 200
livres de loyer par année demande indemnité ourésiliement.
On lui accorde 600 livres pour acheter des fourrages sous le contrôle
de l'hôtel de ville, plus trois années du loyer de la maison Fretault, du
l^"" janvier 1767 au 31 décembre 1769, soit 600 livres. Total: 1200 livres.
(2) M"" de Blossac écrivait, dans les premiers jours d'avril, au maire
de Niort : « C'est à vous de prendre les mesures convenables dans la
circonstance pour que la ville perde le moins qu'il sera possible des
avances qu'elle a faites à ce maître de poste. Cet homme est ruiné et
ce serait perdre inutilement de l'argent que de le poursuivre. »
— 291 —
devait entretenir huit chevaux ; on voit que le nombre
exigé était resté le même.
Les affaires de la poste n'allèrent pas mieux qu'aupa-
ravant et, le 19 avril 1770, le corps de ville délibérait sur
une requête du sieur Grivault, qui demandait une gratifi-
cation ou indemnité pour les pertes qu'il avait subies, en
outre une extension de sa franchise de droits d'entrée, eu
égard au nombre de chevaux qu'il tenait.
« On reconnaît », dit le procès-verbal, « qu'il a perdu
des chevaux et des fourrages, parce que sa maison a été
submergée pendant deux mois par une inondation. Les
foins et les avoines sont très chers. Il a reçu ordre de se
rendre à Paris, le trois du mois prochain, avec deux pos-
tillons et sept chevaux, pour y faire le service au passage
de Madame la Dauphine, et n'est pas en état de le faire. »
Il lui fut accordé 1,000 livres, dont 600 pour son voyage
et 400 pour deux années du loyer de la maison Fretault
qu'il occupait aussi. De plus, comme il avait doublé le
nombre de ses chevaux, ses exemptions d'octroi furent
augmentées en conséquence. Il faisait le service sur quatre
routes, celles de Poitiers, la Rochelle, Nantes et Saint-
Jean-d'Angély. Cette dernière était la moins fréquentée.
Le 17 février 1771, la ville fit un nouveau bail de trois
ans avec un nommé René Latouche, qui tenait alors la
poste sous le nom de Grivault. Il soumissionna aux mêmes
conditions, 1,200 livres payables en trois ans et les fran-
chises de droits établies par la délibération du 19 avril
1770. Comme les précédents adjudicataires, il était cau-
tionné par sa femme, Catherine Laine. Mais, dans cette
même année, se produisit un incident dont la cause nous
est d'ailleurs inconnue. Un sieur Ignace Bouin se fît
octroyer le brevet de maître de poste à l'insu de Latouche.
Ce dernier, ainsi dépossédé, traita avec son successeur
pour ses chevaux, harnais, fourrages ; mais il réclamait en
outre une indenniité, d'abord parce qu'il avait été privé
de sa place sans avertissement, et aussi parce qu'il avait
été grevé de dépenses extraordinaires pour le passage de
— 2Ôâ —
Madame la comtesse de Provence au commencement de
son bail.
Ne pouvant s'entendre, les deux parties convinrent de
s'en remettre au jugement de l'intendant, M' de Blossac.
Quant aux maire et échevins, ils étaient fort satisfaits que
Latouche fût, d'une manière ou d'une autre, dépossédé de
la poste. « Nous n'avons qu'à nous féliciter », écrivaient-
ils au registre des délibérations, « de ce que nous sommes
déchargés des gages annuels que nous étions dans le cas
de donner pour faire faire ce service^ et des sommes exor-
bitantes que nous nous sommes vus contraints d'accorder
depuis plusieurs années à titre d'indemnité. » La ville ne
se considérait cependant pas comme débarrassée de toute
participation dans le service de la poste ; elle était même
disposée à aider de ses deniers le nouveau titulaire ; mais
il paraissait plus solvable que les précédents, il inspirait
une certaine confiance et on pouvait penser qu'il suffirait
de le subventionner une fois pour toutes. Ily eutprompte-
ment à cet égard de graves déceptions.
Le 18 juillet 1771, furent arrêtées, en assemblée muni-
cipale, les bases d'un traité à conclure avec le dit Bouin.
La ville avait acquis de M"® Fretault, pour l'agrandisse-
ment de la place de la Brèche, un pré sur lequel une por-
tion avait été réservée, en vue d'y établir des bâtiments
propres au service de la posteaux chevaux. Elle concédait
au sieur Bouin le droit d'y faire construire des écuries, un
grenier au-dessus pour cent milliers de foin, un hangar,
des chambres, etc. Aussitôt ces constructions faites, il lui
serait payé 1,200 livres. Lui et les enfants à naître de son
mariage jouiraient du dit terrain sans redevance. A leur
décès, la ville rentrerait en possession du tout, terrain et
constructions, en payant la valeur de ces dernières. Dans
le cas où le sieur Bouin, lui ou ses enfants, abandonne-
raient le service, la reprise par la ville serait immédiate et
les constructions faites lui seraient acquises.
Acte fut passé dans ces termes. Le preneur demanda
seulement à être recommandé aux maire et échevins
— 293 —
futurs^ afin que, si ses petits-enfants voulaient continuer
le service, on eût égard à eux en leur affermant ledit
terrain et lesdites constructions au prix ciu'en donnerait
un étranger. Il fut en outre stipulé des conditions pour la
bonne exécution des bâtiments.
Des contestations ne tardèrent pas à s'élever sur ce
dernier article. Dès que les travaux furent arrivés à un
certain degré d'avancement, le corps de ville réclama
contre des malfaçons de toute sorte. « La disposition des
bâtiments, » dit un procès-verbal d'assemblée, « est
dépourvue de raison et presque tous les bois qu'il a em-
ployés sont trop faibles ou de mauvaise qualité. Enfin la
main d' œuvre n'est pas admissible. » A cause de cela, la
ville pensait avoir intérêt à faire faire de suite l'estimation
des bâtiments, d'autant mieux que le sieur Bouin annon-
çait l'intention d'en ajouter d'autres qui n'intéressaient
pas le service de la poste. On ne voulait pas être un jour
exposé â payer aussi ceux-là. Bouin s'y refusait, mais fut
obligé cependant d'acquiescer. Après bien des pourparlers^
le différend fut terminé par un acte passé le 17 juin 1779
par devant notaires (1). Le nouveau contrat fixa la
valeur des constructions faites à 7,678 livres sous déduc-
tion toutefois de 800 livres pour des matériaux qui avaient
été pris sur les lieux, soit 6,858 livres à payer net par la
ville le jour où le maître de poste cesserait le service.
"En fin de compte, le dit Ignace Bouin, loin de trans-
mettre son brevet â ses enfants et petits-enfants, fut des-
titué au mois de janvier 1782. Déjà depuis quelques
années, il faisait tenir la poste de Niort par son fils et
avait pris de son côté un relais de campagne. Le règle-
ment de compte avec lui ne put pas se faire à l'amiable. Il
ne se décida â recevoir les 6,878 livres convenues qu'après
avoir entamé contre la ville un procès que du reste il ne
poursuivit pas jusqu'au jugement, car, dans sa quittance
notariée du 7 juillet 1783(2), il est dit : demeure l'instance
(1) Archives de Niort, n° 1916.
(2) Archives de Niort, n° 1918.
— 294 —
pendante au parlenieni entre les parties au sujet du dit
règlement, éteinte et assoupie sans aucuns dépens de part
ni d'autre.
Les provisions de maître de poste furent données après
lui à un nommé Louis Froget de la province du Maine,
qui ne paraît pas non plus avoir fait de brillantes affaires.
Dans une pétition adressée aux officiers municipaux, en
date du 2 mars 1793, il dit avoir fait faire diverses répa-
rations à la maison qu'il occupe depuis 1782, maison
appartenant à la communie ; il ajoute que la plupart des
matériaux employés ne sont pas payés à cause des pertes
qu'il a successivement éprouvées. Comme cette maison et
ses dépendances doivent être vendues incessamment, il
demande qu'on l'indemnise des dépenses qu'il a faites,
ayant en considération qu'il s'est presque ruiné au service
de la nation.
Sur un rapport d'experts, du 23 avril suivant, il fut
alloué au sieur Froget une indemnité de 500 livres. Le
3 mars 1793, la maison de la poste aux chevaux avait été
vendue â Noël Charrier, huissier, pour 8,100 livres, d'au-
tre part une écurie, grange et jardin en dépendant, à
Delarue, dit l'Américain, pour 10,000 livres.
§ 3. — Le plan de la ville de Niort.
Le corps de ville, dans la séance du 3 novembre 17Ô2,
vota 300 livres â payer par le receveur â M"" Pomet, sous-
ingénieur des ponts-et-chaussées à Poitiers, pour copier
et réduire à un plus petit volume le plan général de
la ville qui devait être fourni au R. P. Dom Fonteneau,
bénédictin, travaillant actuellement à l'histoire générale
de la province et autres différents ouvrages de son état.
INDEX ALPHABÉTIQUE
DES NOMS DE LIEUX ET DE PERSONNES
A.
Abeline(Jeanne],1, 32.11, 236.
Ableiges, intendant (]\[aupeou d'),
I, 127, 129, 405. 11,20, 209.
Adam, I, 334. II, 230.
Agen, 1, 358.
Aiffres, I, 323.
Aire, II, 262.
Aix (iled'), I, 295. II, 128, 150,
161.
Aix-la-Chapelle, I, 16. II, 127,
267, 272.
Alençon (duc d'), I, 305, 306.
Aliénor(reine), I, 315, 316, 348.
Ailain, I, 17, 98, 100.
Allonne, II. 160.
Allonneau, I, 84, II, 60.
Alphonse, comtedePoiiou,I, 365.
Amboise, II, 169.
Amelot, II, 51, 80, 88.
Andraud (Isaac), II, 19.
Angerg, I, 150, 247, 316, 406.
II, 93.
Angevin. I, 265, 288, 289. II,
204.
Angicourt (veuve), II, 126.
Angoulême, II, 93.
Angoulême (comte d'), II, 208.
Aniien (Bernard), I, 366.
Anihoine, I, 222.
Argenson (d'), II, 126.
Armagnac (comte d'), I, 127.
Arnaud, I, 151. II, 19.
Arnauldeau, I, 84, 126, 368. II,
23, 126, 282.
Arnauldet, I, 15, 17, 69, 73, 76,
89-91, 93, 96,97, 100, 110,
209,213,214,227, 237,240,
290, 302, 329, 343. II, 41,
73, 98, 111, 128, 167, 276.
Arnault, 1,277,308,309.11,59,
60, 151,257.
— de Bonneuil,I, 90, 93,
94.
— de la Jolinière, I, 94.
II, 98.
— du Pastis, I, 53, 243,
395. II, 92, 228,
249.
— de Treille-Bouton , I,
296 —
87, 93, 94, 97.
Arouet, I, i23.
Arras, II, 239,260.
Artois (comte d'), I, 298-303,
377, 392. II, 129, 210, 211,
257.
Asnières, II, 167.
Assailly, I, 151, 162, 212, 222.
II, 103, 142, 226.
Assan (d'), II, 141.
Asturies (prince des), II, 251.
Aubespine (de 1'), I, 204.
Aubusson, I, 315
Aucheron, I, 162.
Audebert (Vincent) I, 115, 212,
261, 268.
Audoyer (Denis), I, 264.
Augier de la Terraudière (Chris-
tophle), I. 10, 45, 46,
51, 82, 84, 85, 1 11,
114, 125, 304, 305,
313, 315, 361, 370,
390, 396. II, 29, 86,
122, 124, 145, 146,
149, 209, 226, 285.
— (Emmanuel), I, 333, 334.
II, 59.
— (Pierre), I, 89. II, 60.
— (Henri), II, 60.
Augsbourg, II, 141, 263.
Aulnay, II, 87, 167.
Aumale (duc d'), II, 126.
Avice, sieur de la Chorée,I, 149-
151, 154, 159-165,
167, 169, 171 , 174-
177, 193, 210, 212,
214, 215, 217, 226,
327. II, 237.
— sieur de la Mothe, II, 59,
63.
Avice, sieur de Mougon, II, 205.
Avril de la Vergnée, II, 209.
Ayrault (Anthoine), I, 261.
B.
Bade, II, 264.
Bairault, II, 63.
Barat, I, 212.
Barbade (François), I, 159, 174,
176, 178, 183, 194, 215,
219. II. 221.
Barbelevée, II, 96.
Barbier (Journal del, I, 234, 316,
II, 150, 229, 230, 252-256,
265, 267, 268.
Barcelonne, II, 264.
Bardon, I, 163, 253, 396. II.
221.
Bardonnet (Abel), I, 365. II, 81,
103
Barentin, intendant (de), II, 158,
160.
Baribaud (François), II, 42.
Barnabe, II, 64.
Barrault, II, 59, 173.
Barré, I, 94, 96, 386. 11,44,61,
129,
— Ghabans, I, 76,77,88,
98-100, 302.
— du Fief, II, 269.
Barreau (Jean), II, 288.
Basin, I, 36.
Bassompierre (de), II, 206, 207,
Baslard, I, 86, 131, 208, 370.
11,60, 91, 116, 129.
740, 142, 200, 223,
237,242.
— sieur de la Melléziêre,
I, 273, II, 205.
297 —
Baslien fJehan), II, 83.
Baston (Jacques, II, 50.
Baudin, I, 208, 281. IL 115,
116, 117, 1 18.
Baudoin, 1, 332 II, 60.
Baugier, II, 269.
Bault (Pierre), I, 368.
Baussan, I, 266.
Baussan de Blanville, intendant
(de), II, 77, 234, 270.
Beauharnois (Jehan), II, 135.
Bauthéac (Denis), I, 44,
Baullieau (Hierosme), I, 177.
Bazin (Antoine), I, 150, 156.
Beaiiniont (Jacques de), II, 135.
Beaumont, intendant (MoreJu de),
I, 333. II, 267, 277, 281,
288.
Beaumont (Elle de), I, 298-300,
302. II. 129, 211.
Beaune (de),I. 246, 247
Beauvais, I, 174.
Beauvays (Daniel). I, 191.
Beauvoir-sur-mer, II, 145.
Begouyn (de), I, 24 5.
Beliard (René), II, 242.
Bellet (Daniel), I, 17 4.
Bellay (cardinal du), II, 26.
Belle-Isle, II, 161.
Belot (Pierre), I, 162.
Benêt, I, 353. II, 59.
Benêt (Loys), II, 87.
Beraud (Pierre), II, 99, 207.
Berault, I, 19, 163, 243. II.
184.
— sieur du Petit- Vergne,
I, 50. II, 147.
Berland, I, 121. II, 137, 139.
Berlouyn, sieur de la Vouste, I,
342.
Bernard, I, 98, 99. II, 60, Î57.
— Chambinière, II, 269.
— laDucquere, II, 269.
Dernier, I, 15, 76, 99, 100,
136, 139, 302. II, 58, 216-
218.
Berry (duc de), I, 17, 265, 304,
305, 310. II, 133, 142.
Berryer, intendant, 1 , 240. II,
277.
Bertaud, II, 213,224.
Berthaud ou Berthcau, 1, 147,
152.
Bertheiin (Jehan;, II, 136, 137,
173.
Berthelot, II, 213.
Berthon, I, 157. II, 60.
Berthier de Pont-René, 1,77, 78,
104, 107.
Berthomé(Mathurin), I, 307.
Berlin, I, 40.
BérulUe (cardinal del, II, 26.
Berwick (maréclial de), II, 264.
Besnard (Abraham), 11.216,217.
Bidault, I, 243, 251,326.11, 15,
138,
Bien, I, 27, 386.
Bigeard, II, 217.
Bigot, I, 268.
Billard (Bonaventure), I, 156.
Binet, II, 60.
Dion, I, 58, 243, 346.
— du Parc, I, 58, 89 II,
60, 64, 73.
— curé de Notre-Dame, I,
99. II, 55-58.
Birault (Gabriel), II, 60.
Biroii (baron de), II, 156.
Bitry (Gilbert de), I, 256, 294,
372.
— 298 —
Blactot, I, 89. II, 64, 107, 227,
228.
lilanchart (Loys), I, 365.
Blois, II, 93.
Blossac, intendant (de), I, 12,13,
235, 239,258, 337, 339,381,
402. II, 50, 51, 57, 193, 194,
197, 200, 234,235, 257,268,
290, 292.
Blouin ou Blouyn, I, 29, 243.
Boileau (Jehan), II, H.
Boireau (Jehan), I, 179.
Boislisie (de), I, 8, 406. II, 20,
190.
Bompar (Etienne 'de), I, 256,
258, 373, 399.
Bonifleau, II, 153.
Bonin (Jehan), I, 154.
Bonnault (Pierre), I, 243.
Bonnefons (de), II, 169-171.
Bonnet (Jehan), II, 85.
Bonnet Marendoux, I, 29.
Bonneuil-aux-Monges, I, 238,
240.
Bonneval (de), I, 89, 90, II, 60,
64, 65, 67.
Bonney (Etienne de), II, 242,
244.
Bonnichon, I, 373.
Bonnier (Reyné), I, 248.
Bonnin (Guillaume), I, 164, 182,
183.
Bordeaux, I, 358. II, 9, 134,
165, 20S, 210, 223.
Bouchain, II, 264.
Bouchau (Jacques), I, 157.
Boucher, I, 152. II, 59.
Bouchet, I, 22, 90,91, 380, 381.
— de Martigny, I, 381.
II, 59.
Boudard (Pierre), II, 19.
Bouhault, I, 21, 29, 138, 168,
169, 200, 201,217, 243, 366,
368.
Bouhier (Léon), I, 225. II, 136,
137.
Bouin, I, 308. II, 291-293.
Bouin (île de), II, 145, 148.
Bouilli (Guillaume), I, 224.
Boula de Nanleuil, intendant, II,
107.
Boulard (Jacques), I, 407.
Bourdet (comtesse du), II, 55.
Bourdonnaye (de la), II, 187,
233.
Bourgneuf, I, 148.
Bourlon, I, 222.
Bourriée, 1, 68, 69.
Boursault, I, 321, 370. II, 232.
— de Saint- Vaize, I, 321.
Boutet (Alexandre), II, 288, 289.
Bras (Simon), I, 331-333.
Brassac (de), I, 289.
Breffort, I, 332, 374, 397. II,
199.
Brémond(de), I, 302, II, 59.
Bressuire, II, 20, 108, 131, 135.
Brest, II, 210.
Breton (Germain), I, 160.
Bretonnière (comte de la), I, 127.
Breuil (du), II, 186.
Breuillac (Emile), I, 306. II, 16.
Briand (Jean), II, 23.
Brienne (de), II, 192.
Brioude, II, 1 1 1.
Briquet (ApoHin), I, 21, 83, 85,
88, 104. 282, 284,
304, 306, 312, 318,
326, 357, 366, 370,
403. II, 19, 80, 81,
— 299
Briquet (Apollin), 87, 109, 114,
119,135, 165, 244.
— (Hilaire-Alexandre) , II,
53, -207.
Brisset, I, 149, 155, 156, 158,
168, 198, 211, 215, 283.
— s' de l'Espineite, I, 41,
44, 242, 244, 320,
321.
Brispon, I, 245, 301, 320, 403.
— sénéchal de Foiiienay,
I, 265.
Brissonnel, I, 48.
Brochard, I, 121, 236.
Brochet, I, 305.
Brouage, II, 239.
Bruges, II, 267.
Brun, I. 377.
Brunet, I. 90, 91, 214, 217,218,
243,328.11,21,60, 153,223.
Burick, II. 261.
Bussy (Gilles), I, 147.
Butauld, I, 212.
Cadillac, II. 145.
Cadix, II, 149.
Caen, I, 332.
Cahuzac(de}, II, 194.
Caillas (Jeanne), II, 21.
Caillau (Jehan), I, 152.
Caillé, I, 313.
Caillet, I, 36. II, 104.
Calixte, II, 87.
Galonné (de), I, 387, 388.
Cambrai, I, 381.
Cardinal (Pierre), II, 287.
Carillan (Michel), II, 126.
Garlier, I, 377.
Carradoux (Antoine), I, 307.
Carrel (de), I, 297. II, 127, 191,
246, 257.
Cartault, I, 369.
Gassel, II, 268.
Cassin (Pierre), II, 60.
Castellane (comte de), I, 127. II,
243.
Castiilon, II, 134, 164.
Chabannes (de], II, 248.
Chabot, I, 94, 170, 173. II, 44,
119, 216, 217.
Chaigneau (Rent"), I, 288.
Chailleau (Jehan), I, 19, 152,
159, 175, 180, 195, 196, 217.
Chalas, II, 88.
Chalmot, I, 21, 116, 124, 146,
149, 154, 156, 164,
165, 169, 170, 174,
178-180,182-188,189,
190, 19i, 205, 219,
221.11, 173, 174.
— s' du Piiy-Foulard , II,
202.
— de sainte Ruhe, II, 48,
49.
Chamaillard, 386.
Chambier ou Chanbier, I, 214,
342. II, 15.
Chamilly (maréchal de), II, 149,
248.
Champanois ou Ghampaiioy, I,
369, 383, 399, 402. II, 209.
Champigny (de), II, 231.
Ghandellier, II. 285.
Channelin, I, 265-267, 277.
Chanson (François), I, 221. II,
121.
Ghantecaille, I, 96. II, 98.
Chappenoire, I, 36.
300
Chapron, II, 154,
Charau (Madeleine), II, 242.
Chargé, I, 45, 80, 118, 168,
221, 222, 243,250,260-262,
273, 274, 279, 342. II, 232.
Charleroi, II, 266.
Charles-Quint, I, 285.
Charpentier, II, 252.
Charrier (Noël), II, 294.
— de la Marcardière, I,
95, 100. II, 98.
Charrois, I, 386.
Charron, I, 268.
Charton (François), [I, 226.
Chasteauneuf (Charles de), I, 65.
— (Elisabeth de), I, 65.
Chàteau-Gontier, I, 247.
Chatellerault, I, 319, 406. U,
131.
Chatillon (de), II, 157, 193.
Chat-pendu (pointe du), I, 339.
Chauray, I, 225, 323. II, 113,
114.
Chauvegrain (René), II, 60, 64,
242, 243.
Chauvigny, U, 182.
Chauvin (Michel-Jean), I, 88,
98, 99.
Chaville (de), I, 296.
Ghebrou, I, 91, 94-96,126,311,
368. II, 179.
— du Petit-Château , I ,
373. n, 288.
Chef-Boutonne, I, 49.11, 167.
CherbonneBU, I, 95, II, 98.
Cherpenlier-Charapvallon, I, 243.
Chevalier, I, 73.11, 19.
Chevallereau, I, 16. II, 41.
— de la Saunerie, II, 129.
Ghevillon, II, 186.
Chevas (Pierre), II, 50, 79.
Chitton, seigneur de Langnilly, I,
65.
Chizé, II, 167, 168.
Choiseul (duc de), I, 296. II,
290.
Civrac (comte de), II, 192.
Civray, II, 131, 167.
Claude, I, 395, 396.
Clémenson, I, 96, 97, 243. II,
59, 60, 111, 132, 227.
Clément, U, 227.
Clérambault (de), II, 93.
Clerc, 1, 92. II, 60, 167.
— de laChâieaudrie, 1,91,
93, 330. II, 272.
— du Fief, II, 284.
Clisson (ville de), II, 135.
Clisson (Antoine), I, 31, 174,
197, 198.
Clochard (Jehan), I, 19, 217.
Clouzot, I, 365. II, 16.
Cochon (Jehan). 1,219.
— du Puy, I, 53, 54, 90,
9i, 254, 368, 370.
II, 27, 29,. 54, 104,
209, 226.
Coezard (Pierre), II, 60.
Cognac, I, 264.
Colbert, I, 229. II, 240, 241,
286.
— de Croissy, intendant,
I, 229, 284, 320.11,
232.
Coligny (Gaspard de), I, 249.
Colin (Malhurin),II, 8-10.
Collet, II, 25-2, 255, 256, 289.
CoUon, 1,26.11. 141.
Combault, I, 243. Il, 167.
Compagnon dit Faron (Jean), II.
— 301 —
97.
Gompiègne, I, 74, 234, 329.
Condé (prince de), I, 226. II, 208,
222.
— (Claude de), 11, 59.
Conflans (maréchal de), II, 161.
Coni, II, 266,
Constant, I, 273.
Contard, I, 19, 86, 135, 136,
140, 167-169, 171, 136, 195,
196,216, 217.
Conti (prince de), I, 63, 64, 71,
316, 317, 329, 330, II, 44,
93, 127, 197, 226, 228-231,
243,245, 247,254,265, 268,
270, 272, 273, 277.
Cordier (Guillaume), I, 157,
Gothereau (Guillaume), I, 248,
Coudray (du), II, 54, 105.
Goudrolle (Marie), I, 208.
Goujosme (Loys) , I, 19, 195,
196, 217.
Goulon (bourg del, I, 323.
Goulon (Pierre), II, 20.
Courtion (Jehan), I, 157.
Courtrai, II, 265.
Goutocheau, I, 9, 169, 170, 251.
II, 123, 237.
Coutures, II, 167.
Goyault ou Goyaud, I, 82, 108,
215, 342. II, 25, 84, 165.
Graon, I, 150.
Cressac (de), II, 112.
Grestien (Toussaint), I, 163.
Cronyer (Guillaume), I, 165.
Crosnier des Ajots (François-Ni-
colas), I, 91. II, 272.
Crussol (de), II, 169, 171.
Grnvelier (Louis), II, 60.
— Prémoussay, I, 99.
Cugnac du Bourdet (de), I, 38 1 .
Guvier (Jacques), I, 288.
Guvillier de Ghampoyault, I, 76,
93, 95, 98-100. Il, 104.
D.
Dabillon, I, 39, 246, 251, 279.
II, 11, 204.
Dabiran (Jehan), I, 212.
Dablinseuil (Martin), 1, 158, 179,
180.
Dacier, II, 169-172.
Daguin, II, 94.
Damien (Robert-François), II,
255.
Damiens, II, 103.
Dampierre-sur-Boutonne,II, 167,
Daniau, II, 58.
Darbez. 1, 259.
Daubeterre (Raymond), 1, 19,31,
199, 207, 216, 217.
Daviau, II, 163.
Dazelie (Louis), I, 378.
Decemme, I, 90. II, 59, 06.
Delacroix, I, 275.
Delarue, dit l'Américain, II, 294.
Délateur, II, 72, 73.
Delaunay (Jehan), II, 172.
Delavault (Michel), I, 95, 375.
Delezay, II, 199.
Dempsy, II, 37-40, 74.
Denain, II, 264.
Denis, II, 28.
Desaivre (Léo). I, 377. Il, 53,
54, 127, 242.
Desbordes, I, 311. II, 41, 60,
170.
Deshayes (Jeanne-Nicole , II,
198,
— 302
Desmier, II, 59.
Desmoulins (Robin), II, 167.
Desprez de la Polterie, I, 64, 65,
89, 391. II,- 64, 65.
Devillars (Pierre), II, \9.
Devois, I. 333, 335, 336. II, 57,
248,257.
Dijon, II, 248.
Disleau (André), I, 190.
Doujat, intendant, JI, 20.
Doreil, I. 249,250. II, 60.
Dropsy, I, 334.
Dubois (cardinal', I, 67.
Dubourg (Antoine), I, 359.
Duboys (Jehan), I, 305.
Ducrocq, I, 15, 22, 93, 97-99,
131, 323, 386.
Dufour (Achille), I, 122.
Dufranc, II, 78.
Du Guesclin (connétable), II, 85.
Dulac, II, 287, 290.
Dupérat (Balihazar), II, 1 17.
Dupin (baron), I, 320.
Dupleix (François), II, 34,43, 66.
Duport, I, 273.
Dupuis (Pierre), I, 162.
Dupuy, II, 224.
Durand, II, 59, 68.
Duranteau, I, 266-270.
Du Rocher, I, 399.
Duval (Louis), I, 39.
Duvignoy, I, 261, 270, 278.
Duvivier (Jean-Servant), II, 79.
Duvolier (Jehan), II, 134.
E.
Ëchiré, II, 200.
Elles, 1, 16. II, 41, 57,60, 283.
Ensigné, II, 167.
Epesses (les), II, 213.
Escouault (Richard), I, 224.
Esserteau, I, 158. II, 59, 73.
— de Ghalusson, I, 17,
90.
— de Verruye, I, 92, 95-
97.
Estaing (comte d'), II, 269.
Estrées (maréchal d'), II, 193,
209, 247, 248.
Exireuil, II, 184.
Faifeu, II, 134.
— (Geoffroy), 1,8, 18, 19,
29,32,36.107,110,
112, 121, 246, 312,
365. II. 208, 236.
Faiolle (de la), II, 174, 175.
Faudry, I, 37.
Faultré (Antoine) I, 82, 83.
Fautret d'AUeret (Antoine) , II,
ÔO.
Favre (Léopold), 1,305. II, 263
Favriou, I, 382.
Félix, II. 63.
Feltounn (Guillaume de), I, 318.
Féret (Dominique), II, 87.
Ferré, I, 58, 243. II, 60
Ferté-sous-Jouarre (la), II, 165.
Flandin (de), I, 39.
Flavigny (comte de), II, 193,
194.
Fleury, I, 309, 392, 393. II, 58.
Follet de Sainte-Ouenne, I, 90,
93, 94, 96. II, 59.
Fonsobre, I, 262, 263.
Fontaines, II, 167.
Fontarabie, II, 264.
— 303
Fontenay-le-Gomte, I, 114, 265,
310, 319, 375, 386. II, 10,
H3, 131, 137, 144, 154,170.
171, 175, 205.
Fonteneau(Dom),I, 304,11,294.
Fontenelle (de la), II, 121.
Fontenelles (les), 1, 326.
Fontenoy, II, 266.
Forbonnais, I, 229.
Forget (Bertrand), I, 210.
Fors, I, 245, 309.
Foucaud (de), II, 177.
Foucault, intendant (de), II, 188.
Fougères (marquis de), II, 150.
Fourest (Jehan), II, 12.
Fourestier (Pierre), II, 19.
Fournier, I, 163, 176, 177, 182,
183, 342.
— Vadepied, II, 126.
Fourré (Jehan), I, 208.
Foye-Monjault, II, 135, 174,
213.
Fradet (Loys), I, 190.
— sieur de Saint-Uenis, l,
52, 53,
Fradin, I, 91, 212, 216. II, 60.
Fraigneau, I, 97, 367, 368, 371.
II, 199.
France, I, 125, 126, 152.
François (Pierre), I, 243.
Frappier (Alphonse), I, 391.
Freuiin, 1, 332.
Freteau ou Fretault, I, 370. II,
290-292.
Froget (Louis), II, 294.
Fulgence, II, 90.
G.
Gabriaud de la Gastière, II, 126.
Gaillard, II, 10, 165.
Galipault, II, 73.
Gallet, s^ de la Roche, I, 205,
219, 251. 11,232.
Gallois (Jean Baptiste du), II, 72.
Galonde, I, 311.
Galuché (Pierre), I, 184.
Garnaud ou Garnault, I, 116,
206. II, 177.
Garnier, L 58, 309. II, 173.
Garendeau (François), II, 60.
Garran (Jean), I, 40, 68.
— do Balzan, II, 263.
Gaschet (Abraham), I, 8, 19, 21,
31, 81, 108, 109, 113, 114,
122, 134, 145, 146, 190, 199,
202, 203, 283,284, 286,287,
308,338, 366. II, 16, 85, 91,
117, 141.
Gasnier(Josué), I, 122, 202, 203.
Gascougnolles, II, 163.
Gastaud ou Gastault, I, 148. II,
14-17, 19, 21-26, 30, 31, 36,
37, 83, 89, 222.
Gaslavoyne (Jacques), II, 83.
Gaucher, II, 165.
Gaudé (Noël), I, 166, 167, 190.
Gaugaing ou Goguyn, I, 84, 126,
243, 244, 368. II, 15, 29.
Gaultier, I, 395, 397. II, 60, 96,
105,229,230.
Gavarres (de), II, 171.
Gayolle, I, 326.
Gazeau (de), I, 118, 119.
Gendrier, I, 257.
Gentilleau, II, 191, 192.
Geoffroy, I, 384.
Georgainnes, I, 326.
Gerbier, I, 323, 346.
— de Mornay, I, 90, 91.
II, 59, 63.
— 305 —
87,
n,
I,
52,
93.
50,
n,
Gerbier de Sazay, I, 92. II, 193.
Germond (bourg de), II, 242.
Germond (d"« de), II, 288.
Gigault (Jean), II, 60.
Girardière (dame de la], I, 351.
Giraiid, I, 152. II, 177, 287.
Giraudeau ou Girauldeau, I,
136, 137, 139, 141, 216.
138, 169. 205, 213.
Girault (Benesl), 1, 248.
— s'' de Gourfailles,
136, 147, 148, 1
154-158, 160, 1
11,216.
Goizet, II, 289, 290.
Gorrin, I, 80, 137, 147-1
152-156, 158, 195, 271.
289.
Gouloen (Olivier), I, 19.
Goupillière, I, 121.
Gracier), I, 9.
Granet (Mariin), I, 162.
Granges de Surgères (de), II, 289.
Grasse (amiral de), II, 269.
Gravet, I, 24.
Gray, II, 262.
Grenade (la), II, 269.
Grignon (Pierre), I, 351 .
Grimault (Bastien), II, 1 1 6.
Grivault (François), II, 290, 291.
Groyer (François), I, 145, 151-
153, 163.
Gruzelier (Lucas), I, 184.
Guasialla, II, 264, 267.
Guérineau (Nicolas), 1, 243.
Guerrier (Antoine), I, 44.
Guichard (Jehan), I, 158, 173,
283.
Guignard, I, 272, 273.
Guilhem, II, 165.
Guillaudeau, I, 92, 370, 371,
374. II, 30, 60, 196.
Guillemeau, I, 301 .
Guillot, I, 270, 272, 273, II.
163.
Guilloteau (Jehan), 11, 236.
Guilton, I, 150
Guyard, I, 265.
Guyot, I, 84, 361. II, 85, 232,
233.
— Sabiron, II, 85.
H.
Hambourg, I, 35.
Hay (Antoine), II, 207.
Hawke, II, 161.
Herbaud (François), I, 205.
Hersj (veuve de 1'), II, 199.
Hersent, sgr du Fief-Goirault, I,
375.
Hersant (André), I, 208.
Hilaire, II, 64.
Hiilairé (Moïse), I, 184.
Hillairet (Marie-Anne), II, 290.
Hillerin (Jean), II, 187.
Hodoul, n, 38.
Hoguette (Hardouin Fortin de la),
II, 249.
Hoissard, II, 189.
Hospiial chancelier de I'),I1, 12.
Houmeau (de 1'), I, 73.
Hubert (Jean-Gille), I, 311.
Hublet, II, 178.
Huguet, 1, 308. II, 58.
Hugueleau, I, 84, 229,368,370,
382, 384, 393, 394.
n, 224.
— de Chaillé, I, 91, 98,
99. H, 60.
305 —
I.
Isambert, I, 351, 352. II, 12,
165, 179, 204.
Issenbourg (prince de), II, 268.
J.
Jacob (Abraham), I, 162.
Jacquin, I, 303.
Jamin (Isaac), I, 170, 171, 211,
212.
Janerot, I, 334.
Jau, I, 121. II, 213, 216-218.
Jamomieau (Thomas), II, 216-
218.
Jarrie (de la), II, 244.
JoUy, I, 213, 214, 264, 271.
Joubert, II, 153.
Jouhot (Michel), II, 60.
Jourdan (Jehan), II, 83,
Jouslain (iMalhurin, II, 139.
s^ de iMérillé, I, 10,24,
50, 125, 126, 128,
130, 132, 312, 352,
368. II, 165, 185,
282.
Jousiard, s"" de Fontmort, I, 83.
II, 193.
Jousseaume, I, 154, 166, 182,
211. II, 146.
JousseHn, II, 59, 226, 227.
Joyeux (Guillaume), II, 167.
Juilly, II, 44.
Juin, II, 60, 63.
— du Clouzy, I, 93. II,
281.
— de la Giraudrie, I, 94.
II, 44, 98.
K.
Knoque (la), II, 266.
L.
Labbé (Philippe), I, 145-148,
151-157, 159-166, 171, 172,
175, 176, 179, 180, 182-186,
188-190, 196, 308.
Lac (du), II, 192.
Lafilon, I, 90, 92, 276, 277. II,
30, 59, 60, 272.
Lafleure, I, 336.
La Fortune, 1,24. II, 186.
Laidin, I, 385.
Laiguillier, II, 177.
Laine (Catherine), II, 291.
Laleu, II, 158.
La Reynière, I, 405.
Largeau (Pierre), I, 347.
Largeault (Alfred), I, 295, 339,
377, 400. II, 57.
Laroche, II, 145.
Lassara(de), II, 243.
Latouche (René), II, 291, 292,
Latour, intendant (de), I, 233.
II, 69, 71, 72, 210, 234.
Laubinerye (de), I, 148.
Laurence, II, 211.
Laurens, I, 42, 44, 46, 112,
171, 250, 260. II,
121, 207, 231.
— &"■ d'Escuré , Il , 121,
207, 231.
Laurière (de), I, 301. II, 185,
186.
Lavardin (de), II, 214, 215.
Lavedau (de), II, 251.
LavoUée, II, loi.
20
306
Lavoyne (Jehan), I, 191, 192,
286.
Laydet, I, 224.11, 134. -
Law, I, 23. II, 70.
Lawfelt, II, 266.
Leballeur, II, 162.
Leblanc, II, 38.
Lebrun, I, 309.
LeClerc, II, 47, 50,51, 79.
Lecomte (François), I, 92, 93.
II, 272.
Lecourt (Joseph), I, 347,
Leczinska (Marie), II, 253.
Leduc, I, 48.
Lefebvre, I, 386.
Le Franc, I, 267. II, 57.
Legay, II, 92.
Lemoine ouLemoyne,II,83, 151,
173.
Le Moret, I, 362.
Le Nain, intendant, I, 70, 73,
103, 329. II, 234.
Lenoir (Sébastien), I, 91, 92. II,
272.
Lens, II, 239.
Lepeultre, s'' de Santonne, I,
230, 322, 323.
Le Riche, II, 120.
Le Roy (Jean), I, 243.
LescoUe (Guillaume de), I, 341.
Létang, II, 199.
Le Vasseur, 1, 276.
Levrault (François), I, 288.
Lévy (François), I, 308.
Lhonoré, I, 332.
Ligny (ch" de), I, 293.
Limoges, I, 358.
Loches, II, 126.
Lohéac (de), II, 164.
Loudun, I, 39.
Louveau, I, 243, 383. II, 59,
179, 186.
— s"" de Maire, I, 368.
Louvet,II, 159.
Louvois (m'^ de), II, 143, 151,
286.
Loyseau (François), II, 219.
Lucas, II, 8, 9, 58.
Lucet du Buisson (de), I, 255,
329.
Luçon, II, 147.
Lude (Guy de Daillon, c*^ du), I,
285. II, 118, 119, 155, 172-
175, 214.
Lusignan, II, 209, 210.
Lutzberg, II, 268.
Lyon, I, 19,358.11, 136, 138.
M.
Macault, I, 351. II, 213.
Macé, II, 59, 73, 226.
Madien, II, 29, 39, 59, 60, 209.
Maëstricht, II, 261.
Magen (Adolphe), I, 358.
Magné, [, 245. II, 94.
Maignen, II, 114,
Maine (c*^ du), II, 208.
Malherbe (CaUxte), I, 262, 265-
267, 269, 277.
Malicorne (Jean de Ghourses, s""
de), I, 116, 147, 178, 221,
II, 121, 214, 215, 236.
Mallet, I, 274.
Manceau, I, 19, 42, 43, 109,
113,142-144, 204, 205, 208,
218, 226, 337. II, 250.
Mandeau, I, 305.
Mangou, I, 243. II, 60.
Mangot, II, 231.
I
— 307 —
Mans (le), I, 406.
Manzoni, I, 358.
Maquère, 1, 258.
Marans, I, 324. II, 157, 185.
Marchet du Vignaud, II, 269.
Mare (de la), I, 24, 26, 297. II,
92, 93, 127, 243, 245, 246.
Marfée (la), II, 157.
Marie-Antoinette, II, 258.
Marienbourg, II, 243.
Marigné (Jehan), I, 160.
Marillac, intendant (René de), I,
125, 126, 230, 231, 322. II,
30, 93, 95, 143, 233, 180-
185.
Marnésia(de), II, 192.
Marin, I, 178, 180, 187, 264,
367.
Marionneau ou Maronneau , I,
109, 253, 262, 279. II, 25,
206.
Marot (Louis), II, 60.
Marsac, I, 10, 55, 243.
Marsault (de), I, xd3.
Marsault (Louis), I, 56.
— s'' de la Cailletière, II,
227.
Marsiilac ou Marsillacq, I, 36.
II, 167, 168, 262.
Martin, I, 35, 93-95, 99, 165,
354, 377. II, 60, 129.
Massé, I, 17, 90, 91.
Masson, I, 208. II, 64.
Mathé, II, 262.
Mathieu, I, 379, 401.
Matignon (comte de), I, 25, 26,
71. II, 248.
Maugard, s"" de Freteau, I, 168.
Mauléon, I, 319.
Maupassant de Verdauché, I, 77,
104, 107.
Mayner (Jean), I, 121.
Mazarin (cardinal), I, 40, 48,
228.
Médicis (Catherine de), II, 208.
— (Marie de), I, 226. II,
231, 250.
Meilhan (M-^^de), II, 290.
Meilleraye (maréchal de la), II,
176.
Melonnière (de la), II, 186.
Melle, n, 208, 210.
Menin, II, 265.
Menjot (Jehan), I, 202.
Méreste (Pierre), II, 252.
Merindol (Jean), II, 72, 73.
Méry (Jean), II, 207.
Meslier (Toussaint), I, 208.
Mesmin (Jean), I, 243.
Messine, II, 144.
Mestivier (Jehan), I, llO, 260,
261.
Mestreau (Jean), II, 60.
Metz, II, 254, 277.
Mézère, s'' de la Rivière, I, 342.
Michel, II, 215.
Midu (Jehan), I, 342.
Migault, I, 243, 397.
Migné, II, 223.
Migon (Pierre), I, 218.
Milan, I, 358.
Mirabeau, II, 112.
Miromesnil, intendant (de), I,
406. II, 143, 233.
Moisnard (Mathieu), II, 250.
Moisnier, II, 58.
Mongerie (de la), II, 154.
Mongin de la Rivière, II, 202.
Monnet de Lorbeau, I, 298.
Monnin, I, 64.
— 308 —
Mons, II, 266.
Montauban, I, 321.
Monteil (Gilles-François de), II,
72, 73.
Montfalcon (M arc- Antoine de),
II, 246.
Montliolon, intendant (de), II,
231, 232.
Montmorillon, II, 131.
Montpezat (de), II, 165, 168,
169.
Moraynes (Guillaume de),I, 338.
Moreau, I, 308, 330, 368.
Moriceau, T, 35, 74,94-96, 319,
330, 353, 354, 375, 383, 399.
II, 44, 162, 193.
Morin, I, 191, 192, 254, 286,
404. II, 177.
Morisset, II, 192.
Mortmartin (de), I, 52, 53.
Motard (Jehan), I, 245.
Mothe-S'«-Héraye (la), II, 135.
Mougon, II, 167.
Mullot (Jehan), I, 264.
Munden, II, 268.
N.
Nantes, II, 18, 88, 93, 126,
203, 207, 210, 247,290,291.
Naud, I, 316.
Naudin, I, 354.
Nauleau (Michel), I, 160.
Navailles (Philippe de Montaut
de Bénac, duc de), I,
52-54, 254, 291, 318.
II, 102, 104, 125, 143,
235, 239-245, 251,
262.
— (marquis de), II, 102.
Navailles (duchesse de), II, 103.
Navarre (Julien), 1, 165.
Nayde (Hugues de), I, 241.
Neau (Gaspard), II, 233.
Neuillan (Charles de Baudéan ,
baron de), I, 253. II, 123,
238, 239.
Neveux (Jean), I, 343, 353.
Nice, II, 265, 266.
Nimègue, II, 262, 263.
Niort (François de), I, 37.
Noailles (maréchal de), II, 265,
266.
Noël (Jacques), I, 135, 137, 142.
Noblet, JI, 79.
Noirmoutiers, II, 143, 145.
Nolleau (Michel), I, 162.
Nossay (Jehan de), II, 10.
Noubel, I. 358.
Nouel (Jacques), II, 218, 219.
Nouhe (Benjamin de la), II, 216,
217.
Nouyon (Nycolas), II, 117.
Novion, I, 212.
Noyer, s^ de la Rose (Jacques),
I, 318. II, 244.
Nyeul (Jehan), I, 29.
o.
Ocheron (François), I, 173.
Oiron, II, 223.
Oléron (ile d'), I, 324. II, 143,
150.
Olivier (Pierre), I, 305.
Ollivier (Denis), II, 252.
Omily, I, 272.
Orléans, I, 72. II, 12, 13.
Orléans (duc d'), II, 128, 231.
— (Dianed'),II,229, 230.
— 309 —
Ormes (les), II, 289.
Orry, I, 102.
Orsoi, n, 261.
Oudenarde, II, 267.
Ouïmes, I, 319.
P.
l>aën (Pierre), I, 225.
Paire, II, 163.
Paire (Jacques), I, 335, 373, 382.
Paizay-le-Chapt, II, 1G7.
Pageau (Nicolas), II, 83.
Palustre, I, 91, 96. II, 59.
— de Boisne, I, 97.
— des Bonnatières, II,
269.
Panisson (Mathieu), I, 350.
Panvillier, II, 109.
Paquinet ou Pasquinet, I, 386.
II, 276, 277.
Parabère (de Baudéan de), I, 43,
147, 165, 174, 228,
287,288. II, 121,' 123,
143, 201, 203, 215,
220, 221, 225, 226,
232, 235-239, 261.
— (Suzanne de), II, 239.
Paradis, II, 42.
Pardaillan (Henri de Baudéan,
baron de), I, 244. II, 221,
223, 225, 237, 238.
Paré (de), I, 265, 274.
Parme, 11,267.
Parthenay (ville de), I, 209, 213,
227, 406. II, 131, 171, 175,
204, 207, 232.
Parthenay, I, 126, 133. II, 282,
283.
Pasquier, I, 368.
Pastureau, 1. 108, 115, 248,
273.396, 398.
— s*" de la Roche-Quar-
taull, II, 121.
— s"" de Vaulmoreau, I,
273.
Paule (Augustin de), II, 37.
Paulraier (Michel), I, 154.
Paulmy (de), I, 295.
Payan (François), II, 34, 37, 65,
66, 68, 73,
Pellerin, I, 86. II, 63, 64.
Pelletier, I, 279. II, 60, 232.
— du Nizeau, I, 90.
Pellot, intendant, I, 320, 321.
Penne (Arbert de la), I, 241.
Pérault, I, 90. U, 58, 60.
Pein (François), II, 167.
Péronne, I, 151.
Pérot, I, 205, II. 60.
Perpignan, II, 260.
Perrain (François), II, 10.
Perret, II, 241.
— duCoudray, I, 12-14,
75, 97.
Perrin, I, 19, 121, 208, 351,
352.
Perrotin (Antoine), II, 116.
Pervinquière, I, 301.
Petily (de), I, 25.
Pezay-le-Yieux, II, 100.
Philippe V, roi d'Espagne, II,
209.
Picaud (Jehan), 11,232.
Pichoireau (Bernard), I, 308.
Picot, I, 119.
Picquet, I, 49.
Pierre-Levée (Jacques de Chas-
teauneuf, s' de), I,
12, 26, 58, 61-63,
- 310 —
65, 66, 80, 85, 86,
127-129, 254, 292,
313-315, 362 II,
30, 31 , 59, 148,
149, 187, 228, 234,
243-245, 248.
— (de), II, 191, 192.
Pied-de-fonds, II, 120.
Piet, I, 94, 126, 243, 325. II,
44. 60, 287.
— Berton, I, 76, 79, 95,
99, 100, 237-302.
11,44, 129, 259.
— Bois-neuf, II, 129.
— Lataudrie, 11,242,253.
— s^ de Pied-Fond, I,
379. II, 146, 226.
— Pijouy, I, 7(5. 88, 98-
100, 302.
— du Plessis, I, 258.
— Roc-Espine, I, 100.
— Rocheteau, I, 99.
— du Vignaud, I, 90. Il,
129.
Pigeot(Mathurin), I, 138. 140,
168.
Pillot (Jacob), II, 60.
Pin (du), II, 207.
Pineau (David), I, 122,201,202.
Pinet, II, 59, 285.
Pinon, intendant, II, 234.
Pinoteau, I, 256, 347. II, 58,
258.
Piou (Jehan), II, 134.
Pitault, II, 196.
Plaisance, II, 267.
Planchon (Jehan),!, 109, 207.
Pluviault ou Puyviault, II, 118.
Poisson, II, 43.
Poitevin du Linon (François), I,
41, 73.
Pomet ou Pommet, I, 387. II,
294.
Pomélie (Brusclmrd de la), I,
297,384. II, 127, 246.
Ponchon (de), I, 255, 330-332.
II, 96.
PontarHer (François), II, 38.
Ponlbriant (Pierre de), II, 235,
236, 246.
Popelinière (la), II, 1 19.
Porl-Mahon,lI. 268.
Potier de la Foucaudière, I, 96.
Poudret, II 59, 196.
— de Sevret, 1, 99.
Pouleau ou Poulot, II, 41, 42.
Poupart (René), I, 162.
Pouzauges, I, 310.
Prahecq, II, 8.
Praslin (maréchal de), II, 177.
Préville (Morin de), I, 25, 26.
II, 243. 245.
Prévost (M°^), I, 320.
Prévosteau, I, 377.
Prioleau, I, 76, 92, ^13, 97, 100,
107, 239, 324. II, 52, 272,
281.
Prochasson, I, 123.
Proust (Jean), II, 287.
Prugnier, II, 93 .
Pugnet (Jean), I, 243.
Puycerda, II, 262.
Puy-du-Fou (du), II, 140, 212.
Puyguyon (de), II, 241, 242.
Q.
Quaissot (Joseph, II, 37.
Quesnoy (le), II, 264.
311 —
R.
Rabot, II, 63.
Rabreuil (de), II, 110, 111.
Racapé, I, 149, 240.
Rade (de la), I, 90, 328.
Raiinbaux (Jean), I, 255-259,
324.
Ravallon, II, 63.
Ravaud, I, 395, 396.
Raucoux, II, 266.
Ré (île de), I, 127, 324. II, 143,
148, 150.
Réaumur (Ferchault de), I, 35,
310,311.
Rebouché (Jean), I, 122.
Regnauld ou Regiiault, I, 205,
219, 368. II, 217, 232.
Régnier, II, 17 3.
Reims, II, 257.
Remilion (Adrien), I, 57.
RenaudEliçagaray (ch'^'"), II, 34.
Renaudeau. l, :i&.
Renaudol (Théoi)hraste). II, 282.
Renouveau (Loys), I, 178.
Reys (Martial), II, 10.
Rheinberg, II, 261.
Ribonnet ou Ribonnot, I, 251-
253, 374. II, 285.
Ricard (de), I, 294, 295, 372.
Richebourg, intendant (de), I, 62.
Richelieu (cardinal de), I, 48,
51, 228. II, 141, 231, 241.
Richerou Richier, I, 109, 120,
122, 243.
Ripault (Daniel), I, 37.
Riset (Magdeleine), I, 156.
Rivet (Pisrre), II, 262.
Rivier (Jean), II, 285.
Rivière (la), I, 140.
Rivollet, II, 60.
— s' de la Guignaudière,
1,291. II. 146-148.
Riswick, II, 263.
Roanez (duc de), II, 223, 224.
Robert, I, 24^, 27 7. II, 83,242.
Robichon, I, 265, 267.
Robin, II, 53.
Robouam, I, 86.
Roche (Pierre de la), II, 212.
Roche-Esnard (de la), I, 351.
Rochefort (Louis d'Aloigny de),
II, 222.
Rochefort-sur-mor, I, 310, 324,
399, 402. II, 44, 127, 150,
161,200, 210.
Rochefoucauld (de la), II, 119,
167, 204, 222, 223.
Roche-Guyon (de la), II, 137,
139.
Roche-Pozay (Chasteigner de la),
II, 26.
Rocroy, II, 125, 260.
Rogié (François), I, 170, 171.
Rohan (duc de), I, 289. Il, 220,
221, 223, 232.
RoUin, II, 43.
Romagné, II, 104.
Roman, II, 52
Roses, II, 260.
Rossignol, I, 239.
Rouaille de la Rabrie, II, 129.
Rouen, 1,35, 208, 267, 276. II,
126.
Roufia (marquis de), II, 151.
Rouget, I, 12, 14, 30, 74, 92,94,
97, 230, 231, 314,
362,399.11, 43, 44,
54, 98, 224.
— de Gourcez (Mathieu),
— 312
I, 14, 76, 77, 79,
91, 92-100, 293,
302, 381. II, 55.
108, 127, 129, 192,
199.
Rouillé, I, 204. .
Rouillé, intendant (de), I, 231.
Rouleau, II, 257.
Rousseau, I, 126,214, 215,246,
247. II, 213, 224.
Rousseau (Pierre du), II, 117.
Roussel, I, 258.
Rous.set (Camille), II, 143, 144,
151.
Royrand (Nicolas), I, 246.
S.
Sables d'Olonne (les), I, 127. Il,
131, 147, 148.
Sabourin, I, 91, 279. II, 60, G3.
Sacher, I, 151, 170, 2!0, 342.
II, 205, 237.
Sagnier (Claude), I, 150.
Saillant (Jacques), I, 383.
Saintes, II, 110, 111, 158.
Sainte-Colombe (de), I, 174.
— Gemme, II, 147.
— Hermine, II, 172.
— Pezenne, I, 309, 323.
II, 183, 184, 242.
Saint-Aulaire (Françoise de), I,
138, 168.
— Gelais, I, 81, 114,212.
Il, 26, 120, 236.
— Georges (comte de), I,
127.
— Georges, sgr de Yérac
et Couhé, II, 139.
— (Germain de), I, 204.
Saint-Ghislain, II, 266.
— James (de), II, 175.
— Jean-d'Angély, I, 33,
225, 245, 388. II,
123, 201, 206, 209,
210, 291.
— Jean de Luz, H, 251.
— Liguaire, I, 187, 197.
II, 110.
— Maixent, I, 43, 178,
215, 224, 244, 264,
319. II, 10, 113,
131, 153, 154, 172,
175, 184, 222, 237,
249.
Saint-Malo, I, 8.
— Marc (Camille), I, 326.
— Marc-la-Lande, I, 247.
— Martin, I, 325, 398.
— Martin (Jehan de), II,
168.
— Maxire, I, 318, 353.
il, il3, 114.
— Michel-en-l'Herm , I ,
314.
— Paul (de), II, 195.
— Pardoux, II, 160.
— Pol, duc d'Estouleville
(de), II, 172, 174.
— Remy, I, 323. II, 113,
114.
— Sébastien, II, 264.
— Symphorien, II, 135.
— Thomas de Croisé, II,
26.
— Vianne(de), I, 264.
Sainton (Pierre), I, 331, 343.
347.
Sallard, II, 282.
Sarrasin (Pierre), I, 243.
— 313
Sarreau (Jacques), II, 173.
Saulquet, I, 386. II, 266.
Saumur. I, 319. II, 93.
Savarit (Jean), II, 70.
Savignac, I, 39, 189, 190, 243.
II, 41, 150, 215.
— (de), II, 237.
— de la Brumaudière, I,
391. II. 59.
— du Pissot, I, 243, 321.
— des Roches, I, 90. II,
59.
— du Vieux-Fourneau, I,
262. II, 202, 204.
Savignon (Audet), II, 212.
Saxe (maréchal Maurice de), II,
265.
Secondigny, II, 160.
Sedan, I, 8, 17.
Ségur (maréchal de), II, 247.
Senne (François), I, 181, 182,
184, 185, 199.
Sennectercft \markbai ii-) , II ,
128., 150, 162, 164, 196, 197.
Sergent (Pierre), II, 91.
Serjent (Daniel), I, 208,
Serraud, II, 256. •
Servant Duvivier (Jean), II, 50.
Sevreau, I, 136, 140, 205-207.
Siecq, I, 27, 28, 323.
Simon, s"" de la Figuerasse, II,
202, 204.
Simord, s"" de Vanves (Jacob), I,
221.
Soissons (Louis- de Bourbon,
comte de), II, 157-159.
Soubise (prince de), II, 268.
Souche, I, 340, 353.
Soulard, dit la Vigne, II, 242.
Soullant, I, 81, 305.
Soullet (Estienne), I, 173.
Suire, II, 163, 253.
Sully (marquis de Rosny, duc de),
I, 113, 221. II, 121,214-220,
223.
Surgères, I, 191.
Surrault, I, 362.
Sylvain (Hubert). II, 9.
Symon, I, 39, 42, 212, 249.
Symonnet (Antoine), II, 7.
T.
Tabago, II, 269.
Taillefert, II, 60, 129.
Talmond, II, 145.
Tardi,I, 351.
Tarquex (Guillaume), I, 21,29,
32, 81, 107, 112, 121, 246.
305, 365. II, 85, 87, 134,
208.
Tartax (Jehan), II, 83.
Talin (Jehan), II, 1 16.
Tauxier (Jehan), I, 174.
Taveau (Guillaume), I, 224.
Teille (Philippe), I, 243.
Tendron (Jean), I, 29.
Terrai (abbé), I, 75, 237.
Tesson (de), I, 52.
Testefolle, II, 146.
Texier, I, 142, 159, 160, 162-
167, 169, 172, 173, 175-178,
188, 195, 199, 205, 210-212,
219, 243, 359. II, 19, 220.
Thebault, II, 164.
Thelouse, I, 325.
Thilloye, I, 35.
Thomas de la Chapelle, I, 89,
328. II, 60, 64, 228.
— du Fief-Mauzay, II, 45.
— -ôlk —
Thibault, I, 43, 44, 50, 57, 59,
60, 73, 74, 84, 86,
92, 96, 116, 195, 198,
221, 243, 244,. 279,
370, 383. II, 59, 63,
129, 164, 165, 179,
199, 209, 237, 272,
281.
— de Boutteville (Pierre) ,
I, M, 24 , 37, 73 ,
74, 89, 90, 92, 292,
334. II, 30, 60, 63,
86, 148, 149, 272.
Thoreau, II, 26.
Thouars, I, 319, 401, 402. II,
131, 167, 175.
Tiffardière (la), I, 140, 205-207,
339, 341.
Tison (Héliot), I, 317, 318.
Tonnay-Charente, II, 163.
Toucquard, II, 17.
— s"" de r Herse (Gamaliel),
I, 342. 11, 217.
Touppe (Jacques), I, 19.
Tour du Pin (de la), II, 130.
Tournai, II, 261.
Tours, I, 43, 114, 150, 156,
220, 221, 316, 406.
Touzelet, I, 3S5.
Tréxoille (delà), II, 167, 169,
172, 174.
— marquis de Noirmou-
tiers (Louis de la), II,
221.
Trignac (Loys de), II, 236.
T.istand (Jacques), II, 285, 286.
Tromp (amiral), II, 143, 144.
Troye (Jelian de), II, 86, 87.
Trudaine fde), I, 255, 386.
Tuloux (Philippe), I, 275.
Tuffet (Pierre), II, 230, 253.
Turgot, I, 387.
Turpault, I, 243.
Tusson, II, 167.
u.
Urtebize, II, 60.
Utrecht, II, 252, 264.
V.
Yallade (François), II, 252.
Valleau (Bernard), I, 182, 183.
Varvarée (Jean), II, 60.
Vaslet, I, 90, 216.11, 187, 226,
227.
— s"" de la Ghasteaudrie,
II, 29, 32.
— du Malleray, I, 89,
328. II, 60, 73.
— du Puizac, I. 12, 64,
52,95.
Vauguyon (François), I, 26, 90,
92, 328.
— (Tristant), I, 32.
Vaux (de), Ii; 159.
Vedel, dit Lafleur, I, 352.
Vérac (m'^ de), II, 141, 187,
226-228.
Verdusan (ch" de), II, 183.
Yergne(port du), I, 140. 206^
207.
Vezien (Jelian), I, 186, 197.
— (François-Joseph de),
II, 72. 73.
Viard (René), II, 198.
Viault (Guillaume), I, 137, 139,
141.
— d'Aigonnay , 1 , 272 ,
— 315
275, II, 232.
Vicq (de), I, 43.
Vidaril, s"" des Bouchelières, II,
59.
Vieilleseigle (de), II, 139, 236.
Vien, I, 395.
Vienne, II, 265.
Viet (Philippe-Elisée), II, 60.
Vieuville (abbé de la), I, 128.
— (ciievalierde la), 1,128.
-■ (duc de la), I, 128. II,
122, 143-147, 224,
225, 260-262.
— (in'^ de la), II, 228.
Vignes (des), II, 228.
Viguier, II, 151.
Vilaine (m'^ de), II, 2i3, 244.
Villars (Jelian de), I, 210, 211.
Ville (m'Me), 192, 193.
Ville-Dieu d'Aulnay(la),'II, 167.
Villedon (dame de), I, 27.
Villefaignan,II, 167.
Villefrawt'iie, 11, '^^6o,
ViUeaiontée, intendant (de), I,
326, 403. II, 176,
232.
— (pont de), I, 326, 327.
Villemort, II, 167.
Villequier (duc de), II, 194.
Villiers (de), I, 39, 209, 212,
213. II, 59, 63,237.
Vincendon (Jacques), 1, 187, 190,
288.
Vinsonneau , s"" de la Pibuye
(Jehan), I, 264.
Vitré, II, 87.
Viviers, II, 203, 206.
Vizille, I, 388.
Vouste (de la), I, 24.
Voyer (m'* de), I, 392, 393.
Vuitry (maréchal de), II, 159.
X.
Xaintray, II, 160.
Y.
York-Town, II, 269.
Ypres, II, 265.
Yver (Jehan, II, 134.
w.
Wesel.II, 261.
Wilson (Jacques), II, 18.
LES REVENUS ET LES DÉPENSES DE L'HOTEL DE VILLE
IT 1789.
DEUXIÈME PARTIE
Les dépenses de l'hôtel de ville avant 1789
TABLE DES MATIERES
DES SIX DERNIERS CHAPITRES.
CHAPITRE IX.
Insta>uction publique.
§ 1 . — Les écoles et collèges 7
§ 2. — Cours d'obstétrique professé aux frais de la ville. . . 54
§ 3. La bibliothèque publique 55
Appendice 58
CHAPITRE X.
Etablissements religieux et assistance publique. ... 80
CHAPITRE XI.
Dépenses militaires.
§ 1. — - Défense et sûreté de la ville 113
— 818 —
§ 2. — Service dû par les forces urbaines dans l'armée royale.
Réquisitions de guerre imposées à la ville. Son con-
tingent dans les milices provinciales 133
§ 3. — Garnisons et troupes de passage. Logements militaires. 164
CHAPITRE XII.
Présents et allocations diverses 201
CHAPITRE XIII.
Réjouissances publiques 250
Appendice 270
CHAPITRE XIV.
Dépenses diverses.
§ 1. — L'abonnement aux gazettes 282
§ 2. — La poste aux chevaux 284
§ 3. — Le plan de la ville de Niort 294
Index alphabétique des noms de lieux et de personnes. . . . 295
Saint-Maixent. — Impr. Reversé.
/ X
^
REVERSE.
- _ 151
243Û 4
I
La Bibliothèque
Université d»Ottawa
Echéance
The Library
University of Ottawa
Date Due
I
a39003 0008i46i48t+b
CE HJ Ç470
oN5?P7 1888 V002
COO PROUST, HENP
ACC# Î407360
REVENUS ET